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Séminaire international BID - CERID sur la ZAKAT et AWKAF : comment appliquer la Zakat au Bénin et quel est son rôle dans la lutte contre la pauvreté ?
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- Title
- Séminaire international BID - CERID sur la ZAKAT et AWKAF : comment appliquer la Zakat au Bénin et quel est son rôle dans la lutte contre la pauvreté ?
- Creator
- Ephrem Dossavi-Messy
- Publisher
- La Nation
- Date
- May 30, 1997
- Abstract
- Le séminaire international sur les «Applications contemporaines de la ZAKAT et AWKAF dans la lutte contre la pauvreté et le sous-emploi au Bénin qui s'est ouvert dimanche dernier au Centre International de Conférence de COTONOU, poursuit ses travaux. Plusieurs communications ont animé les travaux et fait objet de débats fort intéressants.
- Page(s)
- 3
- Subject
- Banque Islamique de Développement
- Cercle d'Études et de Recherche Islam et Développement
- Constitution du 11 décembre 1990
- Développement économique
- Laïcité
- Mohamed Bachir Soumanou
- Pauvreté
- Pluralisme religieux
- Wakf
- Zakat
- Spatial Coverage
- Cotonou
- Rights Holder
- La Nation
- Language
- Français
- Identifier
- iwac-article-0003285
- content
-
Le séminaire international sur les «Applications contemporaines de la ZAKAT et AWKAF dans la lutte contre la pauvreté et le sous-emploi au Bénin qui s'est ouvert dimanche dernier au Centre International de Conférence de COTONOU, poursuit ses travaux. Plusieurs communications ont animé les travaux et fait objet de débats fort intéressants.
Parlant de l’application de la ZAKAT au Bénin, Mohammed Bachirou Soumanou a fait observer en liminaire que les œuvres de charité sont destinées aux besogneux, aux mendiants, à ceux qui s’occupent de ces œuvres, aux sympathisants, aux esclaves, aux sinistrés, aux combattants pour la cause de Dieu, aux voyageurs: c’est là, dira le conférencier un arrêt de Dieu qui est ommiscient et plein de sagesse. Mohammed Bachirou Soumanou indique que Allah décrète huit catégories de bénéficiaires de la Zakat et se demande s’il faut toujours répartir la Zakat dans ces 8 catégories en tout temps et en tous lieux ou s’il faudrait cibler cette Zakat en tenant compte des priorités sociales d’une nation donnée. A cet égard, souligne le conférencier, les fouqaka demandent d’observer une flexibilité puisque Allah s’adresse aux hommes qui réfléchissent. Paraphrasant le professeur Abdel Hamid Brahim, Mohammed Bachirou Soumanou expliquera que l’Islam nous enseigne que la lutte contre la pauvreté passe d’abord par la création d’opportunités d’emploi au profit des gens dépourvus de ressources. L’emploi, selon les propos de Soumanou, permet à l’individu de gagner sa vie dans la dignité et en fait en même temps un agent économique actif, productif et utile à la société.
Permettre à chacun de se prendre en charge
Le Conférencier avertit que le but de cette croisade de la Zakat contre la pauvreté est de permettre à chaque individu de se prendre en charge dans la société avec dignité et noblesse: l’homme riche jouissant de la quiétude qui résulte du fait d’avoir prélevé la Zakat et l’homme pauvre satisfait d’avoir perçu son droit.
Il partage avec l’assistance la notion de revenu d’existence comme celui qui est attribué non pas pour exister, mais qui est attribué parce que l’on existe et qu’on est reconnu comme participant potentiel à la communauté.
Le conférencier le justifie à travers les millions de dollars de bénéficie réalisé par les entreprises de produits pharmaceutiques, de protection infantile et maternelle, du simple fait de la naissance d’un nouveau-né. Alors, dit M. Soumanou, refuser de reverser à ce dernier une partie des bénéfices engrangés du fait de sa naissance est criminel... Pour le conférencier Bachirou Soumanou, l’idée du revenu d’existence règle le problème de la pauvreté et le défi de sa mise en œuvre peut être relevé par le genre humain. Car il peut éradiquer la misère, soulagera les pauvres de leur fardeau quotidien de quête de subsistance et les riches de leur devoir d’assistance aux pauvres.
Quelle structure pour l'appliquer?
Abordant le second volet de son exposé, Bachirou Soumanou s’est référé à l’article 23 de notre Constitution du 11 décembre 1990 qui prône la liberté de pensée, de conscience, de religion, de culte, d’opinion et d’expression dans le respect de l’ordre public établi par la loi et les règlements. L’exercice du culte et l’expression des croyances s’effectuent dans le respect de la laïcité de l’Etat.
Pour Bachirou Soumanou, les institutions, les communautés religieuses ou philosophiques ont le droit de se développer sans entraves. Elles ne sont pas soumises à la tutelle de l’Etat. Elles règlent et administrent leurs affaires d’une manière autonome. Tout cela pour dire que la dimension juridique de l’établissement d’une institution zâkataire au Bénin ne pose pas de problèmes car nous sommes régis par la loi de 1901 relative aux ONG. Bachirou Soumanou y voit alors un organe national léger chargé de l’orientation et de la stratégie prospective, qui servira d’instrument de péréquation, de supervision et de contrôle au niveau des différentes structures départementales. Et ceci de façon décentralisée jusqu’au niveau villageois avec brie autonomie de gestion mai-s dépendant de la structure centrale qui devra vérifier si les différentes sous-structures ont un fonctionnement ou un rendement optimal. L’installation et la mise en œuvre d’une telle institution nécessite une adhésion collective de la communauté musulmane du Bénin à condition que règne la confiance dont Bachirou Soumanou détermine les différentes sources en treize points distincts (moyen d’union, représentativité, crédibilité et disponibilité, choix consensuel, s’occuper des problèmes des pauvres, innover là où il n’y a rien etc...)
Quel impact sur le budget de l'Etat?
Pour sa part, le professeur Omar E-Kettani de l’Université Mohammed IV de Rabat Maroc, dans une communication fort appréciée et intitulée «l’impact de la ZAKAT sur le budget de l’Etat» a défini le rôle de l’Etat du point de vue islamique, le cadre général de la Zakat en tant que ressource particulière de l’Etat. Il a, par ailleurs expliqué l’impact de la zakat sur les recettes de l’Etat, les recettes fiscales et ses relations avec l’impôt sur le revenu. Le professeur El-Kettani n’a pas oublié son impact sur les dépenses de l’Etat...
On retiendra essentiellement que dans un régime évoluant vers un système économique islamique, on pourrait s’attendre à une diminution progressive des recettes fiscales de l’Etat parallèlement au développement des recettes de la Zakat. Pour le professeur El-Kettani, l’évolution des dépenses de l’Etat vers plus d’investissement social est au coeur de la réflexion économique dans les pays sous-développés. Ce social prend actuellement la forme de microentreprises ou de valorisation des ressources humaines. La Zakat peut jouer à ce niveau un rôle de support financier important pour l’Etat... Enfin, bien qu’absent, la communication du professeur Abdel Hamid Brahim, directeur du Centre d’Etudes Magrebines à Londres sur le thème «le rôle de la Zakat dans la lutte contre la pauvreté» a été présentée aux participants. Nous y avons retenu qu’il n’existe pas de remède miracle pour vaincre la pauvreté. Le seul miracle réside dans la mobilisation des énergies internes et dans la remise au travail des gens dans ces pays dans le cadre d’une stratégie alternative de développement. Il s'agit de concevoir cl de mettre en œuvre une nouvelle stratégie qui concilie la lutte contre la pauvreté avec le développement économique dans le cadre d’une approche islamique globale.