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Islam : pour 800 millions de fidèles, le jeûne du Ramadan a commencé
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- Title
- Islam : pour 800 millions de fidèles, le jeûne du Ramadan a commencé
- Publisher
- Fraternité Hebdo
- Date
- July 27, 1979
- Page(s)
- 1
- 8
- 9
- number of pages
- 3
- Subject
- Intégrisme
- Spatial Coverage
- La Mecque
- Médine
- Damas
- Syrie
- Jérusalem
- Bagdad
- Irak
- Istanbul
- Istanbul
- Dakar
- Kaolack
- Bamako
- Brazzaville
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0007832
- content
-
ISLAM
Pour 800 millions de fidèles,
le jeûne du Ramadan a commencé
Lire en pages 8 et 9
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L'Islam
et les cinq piliers
L'Islam est à la fois religion, volonté de vivre ensemble, vision du monde : un même Livre – le Coran –, un même Prophète, une éthique très élevée qui doit se traduire en actes. C'est ainsi que le Coran déclare : « La piété ne consiste pas à tourner votre face vers l'Orient ou vers l'Occident. L'homme bon est celui qui croit en Dieu, au Dernier Jour, aux anges, au Livre et aux prophètes. Celui qui, pour l'amour de Dieu, donne de son bien à ses proches, aux pauvres, au voyageur, aux mendiants et pour le rachat des captifs. Celui qui s'acquitte de la prière, celui qui fait l'aumône. Ceux qui remplissent leurs engagements, ceux qui sont patients dans l'adversité, le malheur et au moment du danger, voilà ceux qui sont justes, voilà ceux qui craignent Dieu » (II, 177).
Le but de l'Islam, est-il dit, consiste à promouvoir les droits de Dieu et les droits des hommes, en se fondant sur la notion
suite en page 9
Apports de la science musulmane
Histoire, sciences politiques, sociologie
Ibn Khaldoun, dans son Histoire Universelle formula les lois qui régissent l'évolution, la grandeur et la chute des peuples. Dans son œuvre, l'histoire est conçue comme partie intégrante de la philosophie.
La scolastique chrétienne a largement puisé dans les écrits des auteurs islamiques, en particulier chez Ibn Sina et Ibn Roachd.
L'art musulman se révèle comme une synthèse des influences persanes, hindoues, chinoises et gréco-romaines.
Emile Mâle a établi, dans un parallèle entre la mosquée de Cordoue et les églises de l'Auvergne et du Velay, de nombreuses analogies entre l'art musulman et certains éléments de l'architecture romane.
Géographie
Persuadés que la terre était ronde, des géographes mesurèrent un degré de méridien terrestre en prenant la position du soleil à Palmyre et à Sinjar (nord de l'Euphrate) et obtinrent un résultat à quelques mètres près (environ 870 m de trop). Voyageurs hardis, observateurs de la faune musulmane, les marchands arabes parcoururent l'Asie, l'Europe de l'Est, l'Afrique. L'un d'entre eux, Suleiman, décrivit son voyage en Chine en 851, quatre siècles avant Marco Polo.
Vocabulaire
La langue française a pris à l'arabe, le plus souvent par l'intermédiaire de l'espagnol, bien des mots usuels, comme : alchimie, alcool, algèbre, amalgame, arsenal, café, camphre, chiffre, coton, douane, élixir, goudron, hasard, magasin, matelas, mousseline, mousson, quintal, satin, sirocco, sirop, sucre, tarif, zénith.
Chimie
Le travail des métaux fit la réputation de Damas (damasquinerie). L'industrie des cuirs, florissante à Cordoue (cordouannerie ou cordonnerie) et au Maroc (maroquinerie).
Physique
Au début du IXᵉ siècle, Al Kindi recherche les lois qui régissent la gravitation et l'accélération de la pesanteur. Al Hazen du Caire (mort en 1038) s'intéresse à l'optique et livre une description exacte de l'œil, des lentilles, de la vision binoculaire. Il a décrit les phénomènes de la réfraction et, le premier, mentionna l'usage de la chambre noire.
Médecine
La chirurgie générale, la prothèse dentaire étaient répandues et déjà très évoluées. Ali Ibn Isa – dont l'ouvrage *Memorandum des Oculistes* ne fut dépassé qu'au XIXᵉ siècle – peut être considéré comme le créateur de l'ophtalmologie. Avicenne ou Ibn Sina, qui vécut de 980 à 1037, a été appelé le « Prince de la Médecine ». Son *Canoun* ou *Règles de médecine* est resté la base des études médicales européennes pendant 600 ans.
800 millions
de fidèles dans le monde
De toutes races et de cultures diverses, huit cents millions de musulmans figurent sur un territoire qui constitue une sorte de vaste ceinture qui s'étend entre au nord l'Europe, la Sibérie et la Chine ; au sud la partie méridionale de l'Afrique, l'océan Indien et l'Australie. L'islam a donc recouvert, dans les vallées de l'Indus, de l'Amou-Darya, de l'Euphrate, du Nil, une partie du domaine des antiques civilisations classiques et il les a débordées.
Souvent, l'on confond les musulmans et les Arabes. C'est une grave erreur. Tous les Arabes ne sont pas musulmans : il existe dans l'Orient arabe plusieurs millions de chrétiens, auxquels, dès l'origine, la tolérance des empires musulmans a permis de garder leur foi et qui, d'ailleurs, ont joué, surtout durant les deux derniers siècles, un rôle considérable dans la civilisation et dans l'essor politique arabes. Et inversement, tous les musulmans ne sont pas arabes : les Arabes ne représentent pas plus du sixième ou du septième des quelque huit cents millions de musulmans répartis dans le monde et parmi lesquels Turcs, Iraniens, Pakistanais, Indonésiens, Africains noirs constituent les groupes les plus nombreux.
Cependant, l'Islam est né en milieu arabe, la langue de sa Révélation est arabe, sa liturgie continue de se dérouler en arabe.
● Les musulmans africains noirs. L'islam a trouvé sur place une culture traditionnelle et des formes religieuses auxquelles il s'est adapté.
● Le groupe turc déborde le territoire de la Turquie. L'islam turc s'est d'abord imposé à l'ancien empire byzantin et au monde méditerranéen. On le trouve implanté dans certaines régions d'URSS et de Chine où il coexiste avec le régime communiste. En Turquie, il est devenu un Islam nationaliste dans une nation laïcisée.
● Les Iraniens. Dans cet Islam s'est développé le chiisme. C'est une interprétation particulière de la tradition musulmane. Les « gens de la Maison du Prophète » et leurs descendants sont l'objet d'un culte et d'une ferveur particulière. On y trouve aussi des formes mystiques.
● Les Pakistanais, les Bengalis et les musulmans géographiquement de l'Inde, forment un groupe plutôt homogène, un groupe géo-culturel important, bien que nettement divisé.
● Les Malais et les Indonésiens. Ce grand groupe important ancestralement musulman a gardé des traditions ancestrales. L'islam n'y a sans doute déposé qu'un vernis assez superficiel.
Ces différents groupes restent fortement marqués par leur histoire et leur culture qui donnent à l'islam des visages variés. Ces formes variées restent pourtant représentatives d'un Islam authentique. Les musulmans n'y sont pas devenus des étrangers à leur culture d'origine.
Quelques dates
Vers 570 : Naissance à La Mecque (Arabie) de Mahomet, le Prophète de l'Islam.
Vers 610 : Mahomet prêche à ses compatriotes le Dieu unique.
622 : L'hégire : fuite de Mahomet et de ses compagnons vers Médine. Point de départ de l'ère musulmane.
630 : Retour victorieux à La Mecque.
632 : Mort de Mahomet. L'Arabie est acquise à l'Islam. L'ère des conquêtes commence.
636 : Les Arabes prennent Jérusalem.
656 : Ali suscite la dissidence chiite.
661-750 : Sous la dynastie des Ommayades, la capitale est transférée de Médine à Damas (Syrie).
707 : Les Arabes atteignent l'Indus.
711 : Tarik traverse le détroit de Gibraltar et envahit l'Espagne.
732 : (25 octobre) : Les musulmans sont battus à Poitiers par Charles Martel.
750 : Avançant encore vers l'Est, sous la dynastie abbasside, la capitale est transférée de Damas à Bagdad (Irak), qui devient un centre rayonnant de culture et de civilisation. Période de divisions et de schismes.
851 : Les navires arabes atteignent Canton (Chine).
1095-1270 : Les Croisades : elles restent dans le souvenir des musulmans arabes comme une invasion injustifiée et une volonté de conquête. Le grand Saladin, vainqueur des Croisés (1187), unifie l'islam sunnite (orthodoxe).
1250 - fin du XVᵉ siècle : Invasion des Mongols (prise de Bagdad en 1258). Arrêtés par les Mamelūks d'Égypte, ils proclament l'Islam religion d'État (vers 1300).
1453 : Les Turcs s'emparent de Constantinople ; l'empire ottoman se substitue à l'empire byzantin.
XVIᵉ siècle - début du XXᵉ siècle : Quatre États se partagent la plus grande étendue des terres d'Islam : l'Empire ottoman, capitale Istanbul (Constantinople) ; l'empire de Perse ou Iran ; l'empire indien des Grands Mo-gols ; l'empire chérifien du Maroc. L'Islam continue de se répandre en Afrique noire, où, déjà, au XVIIIᵉ siècle, on comptait quelque 40 millions de musulmans.
1571 : La flotte ottomane est battue à Lépante.
1683 : Nouvel et dernier échec des Ottomans devant Vienne.
A partir de 1919 : L'époque contemporaine. L'accession à l'indépendance de pays ou d'États musulmans qui avaient été transformés au XIXᵉ siècle en protectorats ou colonies des pays d'Occident.
1924 : Mustafa Kemal abolit le califat.
NDLR : Les documents publiés dans ces pages sont extraits de la dernière édition (n° 207 de juin 1979) de *Croissance des jeunes nations*, 163, Bd Malesherbes, 75849 Paris Cedex 17.
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Les 5 piliers de l'Islam
suite de la page 8
de l'Unité divine, qui n'est pas seulement une affirmation d'ordre métaphysique, mais une force unifiante, redonnant à l'homme sa véritable place dans l'univers : celle d'une créature faite pour adorer son Créateur. Cette attitude essentielle — se situer par rapport à une transcendance — va impliquer certaines obligations qui cimentent la Communauté.
1. Tout d'abord, la Profession de Foi, dont on pourrait plutôt dire qu'elle est la clé de l'islam. Il doit d'abord s'être sacralisé — les ablutions rituelles — spirituellement par l'intention, dans le temps, en se conformant aux heures fixées ; dans l'espace, en se tournant vers La Mecque, lieu de convergence de toutes les oraisons.
2. Tout musulman doit prier cinq fois dans la journée : c'est là le second pilier de l'Islam. Il doit d'abord s'être « sacralisé » de plusieurs manières : corporellement, par les ablutions rituelles ; spirituellement, par l'intention ; dans le temps, en se conformant aux heures fixées ; dans l'espace, en se tournant vers La Mecque, lieu de convergence de toutes les oraisons.
3. Le troisième pilier est le Jeûne. Pendant un mois par an, le Ramadhan, il faut s'abstenir de tout aliment — pas même une goutte d'eau — du lever du jour à la tombée de la nuit, afin d'avoir quelque chose à offrir à Dieu, et aussi de se rendre compte de ce que peuvent être la faim et la soif des plus démunis. Aussi est-ce une époque de partage fraternel.
4. Le quatrième pilier de l'Islam est la dîme : ce n'est ni une aumône, ni une charité, ni un impôt : c'est la remise volontaire — mais obligatoire pour tout croyant — aux pauvres de la Communauté de la partie des revenus qui est en superflu des besoins immédiats. L'usure et la thésaurisation sont interdites.
5. Enfin, le Pèlerinage à La Mecque constitue le cinquième pilier. On doit l'effectuer une fois au moins dans sa vie, si on le peut sans léser sa famille ou ses proches. Chaque année d'innombrables pèlerins — plus de deux millions en moyenne — se rassemblent pour exprimer à Dieu leur totale « remise » à Dieu.
Eva de Vitray-Meyerovitch, professeur à l'université Al Azhar du Caire
L'ISLAM EN AFRIQUE NOIRE
Il est, à vrai dire, impossible d'avoir des données absolues sur le nombre d'adeptes de chacune des grandes religions. On ne possède, pour chaque pays, que des pourcentages approximatifs.
En revanche, on détient des indications très précises sur le nombre de pèlerins de chaque pays qui se rend à la Mecque, ce qui donne une indication sur l'importance respective des différentes communautés musulmanes.
En ce qui concerne, donc, le nombre des pèlerins (selon les chiffres enregistrés en 1976), vient en tête le Nigéria, avec 51.764 pèlerins, puis le Soudan avec 42.804. A la suite, le Niger (7.030), le Tchad (4.921), le Cameroun (4.422), la Somalie (3.767), l'Ethiopie (3.473), le Sénégal (3.403), l'Ouganda (3.107), le Mali (2.628), l'Afrique du Sud (2.015), la Mauritanie (1.677), la Haute-Volta (1.578), la Côte d'Ivoire (1.165), le Ghana (1.105).
Ces chiffres, cependant, ne nous éclairent pas sur la place qu'occupe la communauté musulmane dans un pays donné. Par exemple si la Mauritanie envoie beaucoup moins de pèlerins que le Nigéria à La Mecque, c'est parce qu'elle est bien moins peuplée, et que sa population est plus pauvre. Il n'empêche que la Mauritanie est entièrement musulmane, alors qu'une importante minorité de la population nigériane est chrétienne.
Du fait de son importance démographique, c'est donc le Nigéria qui comporte la plus forte communauté musulmane d'Afrique de l'Ouest : on l'évalue à 45,2 % d'une population qui compte quelque 80 millions de personnes, en regard de 21,5 % de chrétiens, et de 3,3 % d'animistes.
Au Sénégal comme au Mali, le nombre des adeptes de la religion du Prophète a presque doublé entre 1962 et 1976. Dans le premier de ces pays, les musulmans représentent 84 % de la population, et les chrétiens seulement, alors qu'il reste encore 12 % d'animistes. Au Mali, l'Islam regroupe maintenant 68 % de la population, contre 30,7 % d'animistes, et 1,3 % de chrétiens. Le Niger, lui, est à 85 % musulman, le reste de la population étant presque uniquement animiste.
Dans d'autres pays, c'est encore l'animiste qui domine : la Haute-Volta (82 % d'animistes, 17 % de musulmans) ; la Côte d'Ivoire (59,6 % d'animistes, 24,6 % de musulmans, et 16 % de chrétiens) ; le Bénin (75 % d'animistes, 16 % de chrétiens, 9 % de musulmans) ; le Tchad (75 % d'animistes).
Au Cameroun, on observe un certain équilibre (29 % de chrétiens, 14 % de musulmans).
Au Ghana, les chrétiens (42 %) l'emportent, ainsi qu'au Gabon, où ils sont plus de 240.000, contre quelques milliers de musulmans seulement.
Cette rapide énumération nous rappelle deux caractéristiques de l'expansion de l'Islam. Celle-ci s'opère facilement (et a débuté dès le X siècle de l'ère chrétienne) dans les régions qui se trouvent au contact des musulmans « blancs », berbères notamment. En revanche, elle trouve un terrain réfractaire plus au sud, dans les zones forestières, plus attachées à l'animisme.
Il faut ensuite remarquer que l'islamisation, le plus souvent, s'est faite sans le support de la guerre et de la conquête. Il en a été ainsi notamment pendant la période des Almoravides (X siècle), qui fut celle de l'Islam des princes et des commerçants ; pendant celle de l'Empire malien (Islam des rois et des intellectuels), puis pendant la phase Sonrhaï (Islam de bourgeois et de commerçants), et enfin durant presque toute la période coloniale.
C'est seulement entre le XVII et le XIX siècle que la notion de « guerre sainte » a fait son apparition en Afrique sub-saharienne, avec, notamment, la fondation de l'Empire théocratique et militaire de Sokoto, peu après 1800, qui a aujourd'hui pour héritiers les sultanats peulh du Nord Nigéria et du Nord Cameroun. Vint ensuite la période des « Sabres de l'Islam », marquée par des affrontements de royaumes et des entreprises conquérantes qui fournirent souvent le prétexte des interventions coloniales.
Si l'on considère l'action actuelle de l'Islam en Afrique au Sud du Sahara, on a intérêt à se souvenir qu'elle repose sur trois idées-force :
Tout d'abord le refus des cadres sclérosés et une intense aspiration à une authenticité qui aboutit au non-alignement (l'influence de l'Islam a été considérable dans l'établissement des principes de Bandoung), avec les conséquences politiques que l'on connaît, notamment la tentative marxiste de s'emparer de cette tendance ; et, en corollaire, l'idée de « révolution », la « thawra », dans laquelle il s'agit d'instaurer la Communauté du Prophète, beaucoup plus que de se rallier à un socialisme ou à un marxisme dont le Coran est très éloigné, en tant qu'éthique.
Le Prophète
Né à La Mecque, en 570 de l'ère chrétienne, Mohammad était orphelin, illettré et pauvre. Il travaillait comme caravanier. Sa famille était dans l'ensemble idolâtre, comme c'était le cas pour les Mecquois moyens. Cependant, Mohammad, qui cherchait autre chose, avait pris l'habitude de se livrer à la retraite, dans une grotte des environs de La Mecque. C'est là, après des années, qu'après son quarantième anniversaire (610 après J.C.) lui vint une Révélation divine : « Lis par le Nom de ton Seigneur... » Mais Mohammad protesta qu'il ne savait pas lire. Durant 23 années, ces révélations allaient se succéder à des intervalles variables, par fragments qui furent ensuite réunis pour constituer le Coran, le Livre saint de l'Islam, qui se présente aujourd'hui à nous comme un volume composé de 114 chapitres, ou sourates, de longueurs inégales.
Le seul miracle revendiqué par l'Islam réside en cette Révélation même. Non seulement sa forme est d'une beauté inimitable qui, en 13 siècles, n'a jamais été égalée, en une langue qui, encore aujourd'hui, sert de modèle et de paradigme, mais l'unité profonde, sous-jacente à l'effritement des révélations, au cours de deux décennies, paraît, à vue humaine, inexplicable. En effet, au fur et à mesure de la descente de ces versets, chaque fragment fut classé dans tel ou tel chapitre parmi ceux qui restaient inachevés, à un endroit déterminé, conformément à un plan à la fois littéraire, logique et « propédeutique » de la prophétie à l'apostolat ; de l'appel adressé aux proches, puis à la cité, ensuite aux villes environnantes, enfin à l'humanité tout entière, le premier appel étant l'avertissement donné à Mohammad qu'il va recevoir un enseignement divin, le dernier étant l'annonce de la fin de sa mission, très peu de temps avant sa mort.
Si l'on ajoute à la rigueur et à la beauté d'un texte — au demeurant intraduisible à cause de cette « magie verbale » — la sublimité d'un enseignement qui guide dans le droit chemin — du berceau jusqu'à la tombe et au-delà —, on comprend mieux la gratitude éprouvée par 800 millions de musulmans à l'égard de celui qui a transmis ce message avec tant de fidélité et d'amour. Et c'est pourquoi, depuis treize siècles, son nom est répété chaque jour, à plusieurs reprises, dans les prières de l'Islam. Ajoutons qu'il ne s'agit en aucune façon d'un culte : Dieu Seul est objet d'adoration. Mohammad, à l'instar de tous ses envoyés, est un homme comme tous les autres hommes, investi en plus d'une mission prophétique.
Le cas du Sénégal
Ces généralités ne doivent pas faire oublier, cependant, la diversité de l'Islam, dont un bon exemple nous est offert par les confréries sénégalaises :
1° celle du Tidianes, issue de la prédication d'El Hadj Omar, qui compte plus d'un million de fidèles, et qui est d'ailleurs divisée en plusieurs branches : la principale, dont Khalife général est aujourd'hui El Hadji Abdoul Aziz Sy, descendant d'El Hadj Malick Sy, et qui a son siège à Tivouane ; celle des adeptes de Tall, qui regroupe essentiellement des Toucouleurs, et dont le père spirituel siège à Dakar ; celle des adeptes de Nyass, avec son centre à Kaolack.
2° Celle des Mourides fondée par Cheik Amadou Bamba, qui compte plus de 500.000 membres, et qui a essaimé également à Bamako, Brazzaville, Abidjan, et dans le Nord de la Côte d'Ivoire. Cette confrérie est très fortement structurée. Les dons — sous forme de travail ou d'argent — que les fidèles apportent aux marabouts lui confèrent une considérable puissance financière.
Le principal danger que court l'Islam en Afrique réside dans les tentatives d'utilisation politique qui peuvent en être faites par le marxisme, sous le couvert des principes de modernité et de collégialité des décisions. Les marxistes regardent d'ailleurs l'Intégrisme musulman comme leur pire adversaire : aujourd'hui, le carcan du colonialisme s'étant desserré, rien ne justifierait que les pays d'Islam, par une interprétation archaïque de la religion, se tiennent en dehors du mouvement mondial des idées, de leur progrès auquel le monde peut apporter beaucoup.
Or, chaque fois que l'Islam s'est cantonné dans les limites de sa foi ou agissant en tant qu'instrument de réflexion ou de connaissance, il a engendré des esprits admirablement puissants comme Omar Khayyam, scientifiques comme Averroès ou philosophiques comme Avicenne. Mais, chaque fois qu'il a été dévoyé sur un chemin qui l'éloignait de sa spiritualité, il n'a été que le « sabre » de conquêtes qui n'aboutissaient qu'à sa propre destruction.
L'ECHO DE L'AFRIQUE