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El Hadj Boubacar Fofana : "L'Islam ignore le mot intégrisme"
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- Title
- El Hadj Boubacar Fofana : "L'Islam ignore le mot intégrisme"
- Creator
- Mahorou Kanazoé
- Publisher
- Le Pays
- Date
- October 28, 1994
- Abstract
- Porte-parole des imams, conseiller du président du CNI (Conseil national islamique), El Hadj Boubacar Fofana est une personnalité incontournable dans le milieu islamique ivoirien. Nous avons profité de son dernier séjour au Burkina pour aller plus en profondeur dans les problèmes que vit l'islam aujourd'hui. Et El Hadj Fofana, pour ceux qui le connaissent, ne mâche pas ses mots...
- Subject
- Aboubacar Fofana
- Intégrisme
- Laïcité
- Relations Côte d'Ivoire-Burkina Faso
- Civilisation occidentale
- Islamisme
- Language
- Français
- Source
- Le Pays
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0002754
- content
-
Porte-parole des imams, conseiller du président du CNI (Conseil national islamique), El Hadj Boubacar Fofana est une personnalité incontournable dans le milieu islamique ivoirien. Nous avons profité de son dernier séjour au Burkina pour aller plus en profondeur dans les problèmes que vit l'islam aujourd'hui. Et El Hadj Fofana, pour ceux qui le connaissent, ne mâche pas ses mots...
Le Pays : L'Islam est perçu aujourd'hui par l'Occident comme le nouveau péril, après la chute du communisme. Qu'en dites-vous ?
Boubacar Fofana (B. F) : Je pense que c'est tout à fait normal. D'abord la culture occidentale, dans une certaine mesure, est une culture qui sait tout le temps faire perdre quelque chose. Et quand on finit avec un objet de peur, on en crée d'autres. L'histoire a démontré que l'islam a été l'une des religions qui ont pu traverser l'océan pour aller s'installer en Europe. L'Europe, dans son esprit égocentriste et voulant se présenter comme le seul modèle valable pour le monde et dans tous les temps, ne peut qu'avoir peur d'une autre civilisation qui a déjà fait ses preuves dans l'histoire et qui, en ce moment même de la décadence de l'Europe, commence à sortir la tête. Cela, c'est sur un plan socio-historique.
Du point de vue géographique, l'islam est la religion qui pointe sur l'Europe par la Méditerranée. Le passage de l'Orient en Europe est très facile. L'on a peur que les données ne soient changées. Cela est aussi une autre peur.
Troisième élément de peur : la position géographique et stratégique du monde musulman et plus particulièrement du monde arabe. Si ces pays arrivaient à se regrouper, à s'organiser à organiser tout à fait leurs richesses souterraines, humaines et culturelles, cela voudrait dire qu'ils auront une présence civilisationnelle prédominante. Je pense que tous ces éléments sont de nature à effrayer l'Europe qui veut maintenir sa position de domination culturelle et civilisationnelle. Cependant, nous sommes dans un monde de communication où il faut accepter l'enrichissement de part et d'autre. Je pense que la solution, au niveau des Européens, c'est de reconnaître l'existence des autres et reconnaître qu'ils sont aussi capables d'apporter quelque chose. Mais, Il incombe aux musulmans une bonne diffusion de leur religion. Le langage qui est souvent tenu par les musulmans en Europe même n'est pas de nature à rassurer ou à apaiser l'Inquiétude. Les musulmans ont une très belle religion, mais à côté, Il y a souvent une très mauvaise communication.
Le Pays : A votre avis, la lutte Islamiste est-elle politique ou religieuse ?
F : Avant de répondre à votre question, il est bon de définir au préalable la région et la politique, et la limite entre les deux
Dans les sociétés laïques, comme c'est le cas en Occident, on a essayé, ne serait-ce que d'une manière apparente, de faire la différence entre la religion et la politique ; cela n'est pas forcément le cas dans les pays musulmans. Dans la plupart de ces pays, la Constitution stipule que l'Islam est la religion de l'Etat. Comme la religion n'est pas seulement en elle-même un phénomène de prière et de jeûne - il y a d'autres dimensions - il est tout à fait normal que d'autres personnes se réclament de la totalité de l'Islam et non d'une partie de l'islam. Cela est normal, quand on admet que l'islam est la religion de l'Etat.
On comprend aussi une autre partie de la population qui veut que l'islam s'arrête à la prière, à la mosquée, etc. Et cela pose l'équation de la culture et de la politique, c'est-à-dire la dimension civilisationnelle de la politique. La politique est un moyen souvent au service d'une culture, d'une civilisation. Je pense, et c'est mon humble avis, qu'à un moment donné, il peut y avoir un choc entre la civilisation occidentale, qui a pénétré dans le monde islamique, s'y est installée, et la civilisation musulmane qui réclame son retour. La civilisation occidentale moderne a séparé la religion et la politique alors que la civilisation musulmane, dans son fondement, dans les pays islamo-arabes, dans tous les textes d'origine islamique, dit que cette séparation n'est pas faite entre le temporel et le spirituel SI nous voulons retourner au fond culturel de ces peuples, ils vont forcément poser le problème de leur Indépendance culturelle, ils réclament le retour civilisationnel sur la scène Internationale, ils veulent que la politique soit au service de leur religion qui est en soi une civilisation. Je pense qu'il y a une certaine incompréhension entre l'Occident judéo-chrétien moderne et l'islam tout court.
Dans le cas purement algérien, les Algériens dans un premier temps se sont battus pour leur Indépendance au nom de l'islam. C'était alors une guerre des musulmans (on ne disait même pas les arabes) contre tes Français. A un moment donné, il y a eu rupture entre l'Islam en tant que religion à vision globale et la pratique de tous les jours où on est passé dans le domaine de la civilisation occidentale. En même temps, on a formé des gens dans des écoles islamiques, d'arabisation. Et cela a été soutenu par les autorités algériennes pendant au moins une vingtaine d'années.
Des générations ont été envoyées dans les pays arabes qui ont appris l'Islam et l'arabe. D'abord, au sein même de la société algérienne, il y a une querelle de culture entre ceux qui sont formés en France et qui ne veulent que le Français et ceux qui ont reçu l'islam.
Je pense que les problèmes de l'Algérie se situent dans le processus de la lutte d'indépendance, a commencé dans un premier temps politiquement qui s'est débattu au plan économique avec plus ou
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