Article
Résolution de la crise socio-politique en Côte d'Ivoire : le CNI demande l'implication de la France
- Title
- Résolution de la crise socio-politique en Côte d'Ivoire : le CNI demande l'implication de la France
- Type
- Article de presse
- Creator
- Moussa Touré
- Publisher
-
Le Patriote
- Date
- December 4, 2001
- DescriptionAI
- Le Conseil national islamique (CNI) de Côte d'Ivoire a sollicité l'intervention de la France pour organiser une rencontre au sommet entre les quatre principaux leaders politiques (Alassane Ouattara, Guéi Robert, Konan Bédié, Laurent Gbagbo) afin de résoudre la crise socio-politique. Lors d'une rencontre avec l'Ambassade de France, le CNI a exprimé un optimisme mesuré quant au forum de réconciliation nationale, pointant ses lacunes et la rigidité de Laurent Gbagbo. Le CNI a également fait état de relations tendues avec la Conférence épiscopale catholique, citant des publications jugées hostiles et des divergences sur des questions comme l'ivoirité et les massacres.
- pages
- 5
- number of pages
- 1
- Subject
- Conseil National Islamique
- Language
- Français
- Contributor
-
Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0007126
- content
-
Résolution de la crise socio-politique en Côte d'Ivoire
LE CNI DEMANDE L'IMPLICATION DE LA FRANCE
Touré Moussa
Le retour à la paix et à la stabilité en Côte d'Ivoire dépend de l'entregent que la France mettra à réunir autour de la même table Alassane Ouattara, Guéi Robert, Konan Bédié et Laurent Gbagbo. C'est la position défendue hier par le Conseil national islamique devant le représentant de l'Ambassadeur de France. De 12h30 à 14 heures, M. Laurent Souquière, premier Secrétaire de l'Ambassade de France en Côte d'Ivoire, a rencontré l'Imam Koné Idriss Koudouss et les membres de son cabinet au siège du CNI, à la Mosquée d'Aghien.
Le diplomate venait s'informer sur l'opinion que le CNI a du forum pour la réconciliation nationale, de son président, Seydou Diarra, et des rapports de cette organisation avec les autres communautés religieuses.
D'emblée, le CNI a indiqué qu'il affirme un optimisme mesuré quant au succès du forum. Il explique que son vœu de voir le forum célébrer la naissance de la nouvelle Côte d'Ivoire est quelque peu contrarié par les nombreux dérapages qui ont émaillé ces assises et par la raideur de Laurent Gbagbo. Ce dernier n'a-t-il pas en effet déclaré que le forum n'était ni un Parlement-bis, ni un Gouvernement-bis ? Pour le CNI, le forum doit être complété par une rencontre au sommet entre les quatre frères. Et « la France doit œuvrer à ce que cette rencontre ait lieu le plus rapidement possible, pour libérer la Côte d'Ivoire », a déclaré l'Imam Koudouss.
Le forum a eu ceci de positif qu'il a permis aux Ivoiriens de parler en toute liberté et de faire des révélations importantes pour l'histoire de la Côte d'Ivoire. Ainsi, a noté le CNI, un rescapé du charnier a pu témoigner devant le Directoire. Le saccage des mosquées et les agressions physiques ciblées contre les Musulmans ont été mis au grand jour. Pour ce qui concerne l'exigence d'une commission d'enquête internationale pour statuer sur l'origine des candidats, le CNI note que la plupart des intervenants ont réclamé que la vérité soit enfin dite. Pour ce faire, tous exigent soit une structure neutre, soit une commission d'enquêteurs internationaux. Ce qui traduit, selon le CNI, un manque de confiance des Ivoiriens envers leur justice. Pour ce qui concerne l'Ambassadeur Seydou Diarra, président du Directoire, le CNI pense qu'il fait de son mieux pour ramener la convivialité entre les Ivoiriens. Il lui reproche cependant trois erreurs graves.
La première, c'est d'avoir permis que des intervenants au forum lancent des appels publics au meurtre, sans que le Directoire ne les rappelle fermement à l'ordre. La deuxième erreur, c'est d'avoir laissé bastonner et agresser des témoins et des intervenants, sans saisir la police pour rechercher leurs agresseurs. La troisième, c'est le 13 septembre d'avoir invité le public à venir écouter des leaders politiques, dont il savait qu'ils ne seraient pas présents.
Pour ce qui est de ses rapports avec les autres communautés religieuses, le CNI affirme qu'ils sont bons, « par principe et par conviction ». Mais pour être honnête, a tenu à souligner l'Imam Koudouss, les rapports ne sont pas très cordiaux avec certains évêques membres de la Conférence épiscopale. De plus, a indiqué le président du CNI, certains documents confectionnés par l'épiscopat ne sont pas de nature à instaurer la cordialité entre la communauté catholique et la communauté musulmane. Il a cité le bulletin intitulé « L'Épître de Saint Paul » qui présente Mme Bony Bernadette comme une créature des Musulmans chargée de déstabiliser les Chrétiens, le livret « 30 jours de prière pour le monde musulman » qui prône la destruction de l'Islam et de ses représentants en Côte d'Ivoire, et un document de l'Épiscopat qui affirme que les mosquées ont été saccagées parce qu'elles recelaient des armes. Hormis ces contentieux graves, il y a d'autres points de divergences entre le CNI et l'Épiscopat ivoirien, que l'Imam Koudouss a rappelés. Il s'agit de l'ivoirité, des manifestations de xénophobie, du Code électoral de 1995, de la Constitution de 2000, du charnier qui serait un montage, de l'implication du Clergé catholique dans le processus électoral pour que trois candidats se retirent au profit de Laurent Gbagbo, des massacres en masse de Musulmans que le Clergé catholique a démentis. Pour Koudouss, ces divergences sont réelles, mais ne devraient pas amener à une confrontation religieuse. Il en a appelé à la France, fille aînée de l'Église catholique, pour qu'elle s'implique davantage dans le retour à la paix et au calme en Côte d'Ivoire. Et à cet effet, il a indiqué que la rencontre prévue le 16 décembre à la résidence de France entre les différents partis politiques, les chefs religieux et un évêque français, peut être porteuse du germe du retour à l'ordre nouveau.
T.M.