Article
Affaire "Il n'y a pas un nord musulman contre un sud chrétien" de Soro : or donc la rébellion reposait sur des arguments fallacieux
- Title
- Affaire "Il n'y a pas un nord musulman contre un sud chrétien" de Soro : or donc la rébellion reposait sur des arguments fallacieux
- Type
- Article de presse
- Creator
- Robert Krassault
- Publisher
-
Notre Voie
- Date
- August 4, 2017
- number of pages
- 1
- Subject
- Alassane Ouattara
- Henri Konan Bédié
- Ivoirité
- Laurent Gbagbo
- Rattrapage ethnique
- Forces Nouvelles
- Robert Guéï
- Guillaume Soro
- Language
- Français
- Contributor
-
Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0006971
- content
-
AFFAIRE « IL N'Y A PAS UN NORD MUSULMAN CONTRE UN SUD CHRÉTIEN » DE SORO
Or donc, la rébellion reposait sur des arguments fallacieux.
Robert KRASSAULT
ciurbaine@yahoo.fr
Quand Guillaume Soro confie au journal en ligne Le Point Afrique que « la thèse d'un Nord ivoirien musulman faisant face à un Sud chrétien est éculée et ne rattache à aucun paradigme sociologique sérieux » et qu'il conclut que cette thèse n'est qu'« un raccourci simpliste » qui « ne correspond en rien à la réalité », on peut aisément dire que la rébellion armée pro-Ouattara de 2002, qui a débouché sur une guerre civile entraînant des milliers de morts suite à la crise post-électorale de 2010-2011, reposait sur des arguments fallacieux. Pourtant, ce n'est un secret pour personne que c'est à partir du 19 septembre 2002 que la question de la marginalisation du Nord, développée par Alassane Ouattara et ses partisans, est tombée avec brutalité dans le champ politique.
À en croire Alassane Ouattara et ses partisans, la partie septentrionale de la Côte d'Ivoire, qui n'était pas déjà favorisée par la nature parce que faite de savane, est sous-développée et sous-administrée, parce qu'elle a été manifestement abandonnée à son propre sort et que ses cadres ont été, de tout temps, exclus des hautes fonctions de l'État. Mais en plus d'être exclus du développement, disaient-ils également, les ressortissants du Nord étaient surtout brimés pour leur appartenance religieuse. Tout le monde se souvient encore de cette phrase d'Alassane Ouattara qui avait plongé, en 2005, toute la Côte d'Ivoire dans l'émoi : « On ne veut pas que je sois président parce que je suis musulman, du Nord et panafricaniste. »
SUR LA BASE DE CLIVAGES ETHNICO-RELIGIEUX
C'est sur cette base d'un Nord musulman exclu de tout développement et de toute promotion dans les hautes fonctions de l'État que M. Ouattara et ses hommes ont combattu tous les régimes successifs à la tête de la Côte d'Ivoire. Et qu'ils ont reçu le soutien de la communauté internationale et du guide libyen Mouammar Kadhafi. Même si, bien plus tard, ce dernier se ravise quand il comprend que l'objectif qui était visé était d'évincer Laurent Gbagbo du pouvoir. Mais les Occidentaux, eux, vont les accompagner jusqu'au bout en versant, le 11 avril 2011, le président Gbagbo, déclaré vainqueur à l'issue des élections présidentielles de 2010 et investi comme tel par le Conseil constitutionnel.
Les Ivoiriens n'ont donc pas été surpris que, lorsqu'il accède au pouvoir d'État, Alassane Ouattara n'hésite pas à mettre sur pied ce qu'il a appelé le rattrapage ethnique. Un concept qui vise à faire des ressortissants du Nord les détenteurs exclusifs de la direction de la Côte d'Ivoire. « Il s'agit d'un simple rattrapage. Sous Gbagbo, les communautés du Nord, soit 40 % de la population, étaient exclues des postes de responsabilité. S'agissant des hauts cadres de l'armée, j'ai eu à négocier avec les officiers des ex-Forces nouvelles [FN, ancienne rébellion nordiste], qui voulaient tous les postes. Et j'ai réussi à imposer cet équilibre dans la hiérarchie militaire, jusqu'au niveau de commandant le n° 1 issu des FN, flanqué d'un n° 2 venu de l'ancienne armée régulière. Tous grades confondus, il y a 12 % de nordistes dans la police, 15 % dans la gendarmerie et 40 % environ dans l'armée... Sur ce terrain-là, on ne peut rien me reprocher », justifiait-il, le 25 janvier 2012, au journal français L'Express alors qu'il était en visite d'État en France.
Guillaume Soro, qui a conduit la rébellion armée pro-Ouattara, ne disait pas, en son temps, autre chose. En meeting à Koumassi, en mai 2014, il avait notamment déclaré : « Je me suis révolté à cause de l'Ivoirité. Je suis allé en mission, au front, pour équilibrer les forces. J'ai été contrôlé sur le pont De Gaulle parce que je n'ai pas ma pièce d'identité et que je m'appelle Soro, alors on me traite d'étranger. Face à la terreur, la révolte est le droit... ». Aujourd'hui encore, on peut lire sur guillaumesoro.ci les raisons de sa « révolte » : « En 2000, quand ce jour-là, revenant de Cocody, j'ai été arrêté sur le pont De Gaulle, ce jeune soldat m'a demandé ma pièce d'identité que je n'avais pas. Pas parce que je suis étranger, mais parce que les turpitudes de l'administration n'avaient pas permis que j'aie ma carte nationale d'identité. J'ai compris ce jour-là qu'il fallait équilibrer les rapports de force. »
Guillaume Soro ne peut pas aujourd'hui nier les clivages ethnico-religieux entre un Nord musulman et un Sud chrétien qu'il n'a pas arrêté de dénoncer, surtout sous l'ex-régime, et qui auraient justifié qu'il lève une rébellion armée. S'il le fait, il aura alors menti à tout le monde. D'abord à tous les Ivoiriens. Ensuite à tous ces jeunes gens qui ont cru en lui et l'ont suivi dans son aventure. Et enfin à toute la communauté internationale qu'il a entraînée dans « sa révolte » contre les institutions ivoiriennes. On connaît les conséquences : des milliers de morts, des milliers de déplacés, des milliers d'exilés... Des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité. Guillaume Soro devra alors répondre de ses actes. En toute responsabilité.