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Le départ pour La Mecque : le bloc-notes d'un journaliste togolais
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- Title
- Le départ pour La Mecque : le bloc-notes d'un journaliste togolais
- Creator
- El Hadj Tâzi Sant-Anna
- Publisher
- Togo-Presse
- Date
- January 5, 1977
- Abstract
- Dans mon précédant article, je vous parlais des conditions à remplir avant d'aller à La Mecque, de l'arrivée du pèlerin à Djeddah, puis à Médine et de ce qui l'attend dans chacune de ces villes. Aujourd'hui, je vais vous entretenir du départ de Médine et de l'arrivée à La Mecque : la seconde étape, étape décisive du pèlerinage.
- Page(s)
- 4
- number of pages
- 1
- Subject
- Hadj
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0006090
- content
-
Dans mon précédant article, je vous parlais des conditions à remplir avant d'aller à La Mecque, de l'arrivée du pèlerin à Djeddah, puis à Médine et de ce qui l'attend dans chacune de ces villes. Aujourd'hui, je vais vous entretenir du départ de Médine et de l'arrivée à La Mecque : la seconde étape, étape décisive du pèlerinage.
Lorsque le pèlerin quitte Médine le 8e jour de son arrivée pour la Mecque, il doit en arrivant aux « Miquate », c’est-à-dire aux points fixés qui jalonnent les routes menant à la Ville Sainte, se dépouiller de ses vêtements habituels cousus qui sont un signe de sa position sociale.
Après avoir pris un bain, il entre dans un état de sacralisation « Ihram », c’est-à-dire qu’il revêt l'habit de pèlerin. Cet habit est composé pour l’homme de deux morceaux de tissu blanc sans couture, dont l’un est porté autour de la taille et l’autre jeté sur les épaules, laissant le bras droit libre. Les hommes ne sont autorisés à porter que des pantoufles.
Quant aux femmes, elles peuvent porter des vêtements ordinaires, qui doivent être simples. Leurs habits cousus ou non doivent toutefois atteindre les chevilles, les femmes peuvent se coiffer, porter des chaussures, mais ne doivent pas se couvrir le visage ou porter des robes partiellement ou entièrement teintes au safran.
A partir de ce moment (tenue de sacralisation) le pèlerin doit s’abstenir de toutes paroles amoureuses, d’employer du parfum, de se raser ou de se couper les ongles, de s'abandonner à la méchanceté ou aux querelles aux actes de violence.
Dieu a défendu ses actes :
« Le pèlerinage a lieu en des mois connus. Pour qui s'acquitte du pèlerinage nulle galanterie nui libertinage, nulle discussion au cours du pèlerinage ».
Le pèlerin doit consacrer tout son temps à glorifier Allah, son créateur, en répétant la formule suivante : « Labayka, Allahuma Labayka, Labayka, Lacharika Laka Labayka...». « Me voici,
O mon Dieu, me voici en ta présence, répondant à Ton appel me voici. Toi mon Dieu qui n'a pas d'associé, me voici, à Toi la louange, la grâce et la royauté. Allah est Très-Haut...»
Quand nous quittions Médine le 6 décembre 1975 pour La Mecque, à S h 30 (locale), il faisait un froid exceptionnel. Et ce jour-là nous devrions nous débarrasser de tous nos habits habituels et rester dans l’état de sacralisation. Imaginez notre appréhension !
LA SECONDE EMOTION
En approchant de La Mecque, lorsque le pèlerin jette le premier regard à la Kaaba, la Maison de Dieu, il doit prier ardemment, car c’est un moment propice à l’exaucement des prières. La vue de la Kaaba, cite premier et primordial, créé par Allah avant toute création sur Terre, provoque une seconde émotion aussi profonde que celle provoquée par la visite du Tombeau du Prophète à Médine.
Tout juste le temps de courir réserver un coin de chambre où coucher durant tout le temps qu'il faudrait rester à La Mecque. Nous étions onze grands gaillards dans une petite pièce de 5 mètres sur 6 à peine avec toutes nos cantines, nos valises et nos garde-manger. Nous devrions nous estimer heureux, car il y en a eu qui ont passé des semaines qui dans les escaliers, qui sur le pas des portes. Et ce n’est pas gratuit. Car dans ce pays la générosité n’a pas sa place.
C’est la période où le propriétaire, le marchand, le chauffeur, le guide veut faire le plus d’argent possible. Le pèlerinage, c’est tous les ans ! les prix des aliments passent du simple au double, du matin au soir. A notre arrivée à la Mecque le 6 décembre à 22 heures locale, nous avons acheté 5 baguettes de pain pour un Riyal séoudien, soit 65 F cfa. Le 3e jour, pour avoir le même nombre de baguettes il a fallu débourser deux Riyals et demi.
Une boîte de jus de mangue coûtait jusqu’à 130 F, soit le double de son prix normal.
Le devoir sacré pour lequel nous étions là nous imposait de ne pas protester et de tout supporter, même les conditions de séjour déplorables.
TAWAF AL QODOUM
Le pèlerin ne peut entrer à La Mecque sans faire ses ablutions. Et quand il y arrive il doit sans tarder faire en tenue d'Ihram, le premier « Tawaf », le Tawaf Al Qodoum ou le Tawaf de l’arrivée ; faire deux Rakkas au Maqam Sidna Ibrahima, résidence d’Abraham qui est à une dizaine de mètres de la Pierre noire.
La visite de la résidence d’Abraham fait partie du rituel du pèlerinage.
La Pierre noire a été préservée par l’Ange Gabriel lors du Déluge qui emporta la première KAABA. Abraham reçut de Dieu l’ordre de reconstruire la Maison Sainte disparue. Quand il a eu besoin d’une pierre angulaire pour terminer cette Maison, l'Ange Gabriel lui apporta la Pierre noire qu’il avait gardée au Mont ABU-QUBAYS.
La KAABA est au centre de la grande Mosquée de la Mecque aux sept minarets de 90 mètres chacun. Elle date du deuxième siècle après Jésus Christ ; c’est une bâtisse de 15 mètres de haut sur 12 de large, recouverte d’un tissu de brocart noir brodé de calligraphies. Elle contient la Pierre noire sacrée, qui est encastrée dans l’angle sud-est à 1 m. 50 du sol.
Le pèlerin fait sept fois le tour de la KAABA en laissant le bâtiment vers sa gauche ; les trois premiers tours il les fait rapidement ; les quatre autres, à une allure normale. La circumambulation autour de la KAABA est un hommage rendu à Adam qui aurait, le premier construit ce temple, à Abraham, à Ismaël et à Mahomet, qui chassèrent l’idolâtrie de ces lieux et prièrent un Dieu Unique, que les musulmans tournent autour de la KAABA aujourd’hui.
Il faut dire qu'à chaque fois que le pèlerin fait ce tour de la KAABA, il doit, s’il n’est pas empêché par la foule, embrasser la Pierre noire, ou la toucher. S’il ne peut ni l’embrasser ni le toucher, il lève la main et dit « Dieu est grand » chaque fois qu’il se trouve en face de l’un de ses coins.
Les pèlerins qui ne peuvent accomplir leur TAWAF à pied, les malades ou les personnes âgées, peuvent le faire, transportés sur des chaises à porteurs.
Le rite suivant est la course entre SAFA et MARWA, deux collines distantes de 380 mètres, situées à une centaine de mètres de la KAABA. Il ne peut être sépare du «TAWAF AL QODOUM». Et consiste à parcourir sept fois cette distance en prononçant des prières appropriées.
C'est pour commémorer la marche perdue d’Agar lorsqu’elle recherchait de l'eau pour son fils Ismaël.
Agar fit sept fois la distance entre ces deux collines jusqu’au moment où l’eau jaillit de Zamzam. Entre quatre vingts et cent mille personnes font ce va-et-vient à la fois. Ceux qui ont fait le tour de la KAABA en chaises à porteurs peuvent accomplir ce rite en voitures d'infirmes guidées par un jeune Moutawif dans un couloir réservé au milieu du parcours.
LE PELERINAGE PROPREMENT DIT En attendant le départ pour le Mont ARAFAT qui aura lieu le 8e jour du mois de Dhoul Hijja, le pèlerin peut, soit garder en permanence la tenue de pèlerin « l'Ihram » jusqu’à ARAFAT, soit l’abandonner immédiat e m e n t moyennant un sacrifice de sang (mouton, vache ou chameau). Le pèlerin passe le reste du temps à la prière et au recueillement.
Le 8e jour du Dhoul-Hijja, en 1976 c'était le 10 décembre, tous les pèlerins sont en état de sacralisation. Aux premières heures de la matinée à 4 h. 30 locale, soit 01 h. 30 GMT ils quittent La Mecque pour la ville de Mina, à 5 km de la KAABA. Ils y restent jusqu’au lendemain matin 11 décembre qui tombe un jeudi. En partant, le pèlerin prend sa couchette, sa nourriture et s’approvisionne en eau pour les 4 jours qu’il va passer à Mina.
A suivre
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