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Démission de Blaise Compaoré : chronologie d'une chute de régime
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Burkina Faso
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- Title
- Démission de Blaise Compaoré : chronologie d'une chute de régime
- Creator
- Idrissa Diarra
- Publisher
- Le Pays
- Date
- October 31, 2014
- Abstract
- Depuis la chute du régime de Blaise Compaoré, chacun y va de son analyse. Pour l'auteur du point de vue ci-dessous, cette révolution populaire et démocratique n'avait que trop durant, tant tous les ingrédients étaient déjà réunis. Lisez donc pour en savoir davantage.
- Subject
- Assimi Kouanda
- Blaise Compaoré
- Bénéwendé Stanislas Sankara
- Congrès pour la Démocratie et le Progrès
- Chef de File de l'Opposition Politique
- Collectif des Organisations Démocratiques de Masse et de Partis Politiques
- Révolution de 2014 au Burkina Faso
- Gilbert Noël Ouédraogo
- Luc-Adolphe Tiao
- Mouammar Kadhafi
- Norbert Zongo
- Assassinat de Norbert Zongo
- Philippe Ouédraogo
- Roch Marc Christian Kaboré
- Salif Diallo
- Simon Compaoré
- Sénat et article 37
- Thomas Sankara
- Yacouba Isaac Zida
- Zéphirin Diabré
- Spatial Coverage
- Ouagadougou
- Language
- Français
- Source
- Le Pays
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0000110
- content
-
Depuis la chute du régime de Blaise Compaoré, chacun y va de son analyse. Pour l'auteur du point de vue ci-dessous, cette révolution populaire et démocratique n'avait que trop durant, tant tous les ingrédients étaient déjà réunis. Lisez donc pour en savoir davantage.
Alea jacta est ! Selon l'expression latine, « le sort est jeté » ! Ou encore, « le vin est tiré et il faut le boire » maintenant, ni plus ni moins ! C'est par certaines de ces expressions, que beaucoup ont reçu la décision prise par le président Blaise Compaoré, le mardi 21 octobre. Je me rappelle encore vivement du commentaire du Grand frère Rémis Dandjinou sur la TV Canal 3, dans son émission du vendredi 24 octobre 2014, quand il décernait avec arguments suffisamment solides, fondés sur les recommandations du Collège de sages, un « carton rouge » au président du Faso. Il prévenait, sans manquer de citer un 3e acteur qui peut agir à tout moment. Ainsi, dans une pensée en langue dioula, le Grand frère affirmait : « so yééh… kènè yé ! » pour dire, « voici le cheval, voici le terrain de course à cheval… donc à vos marques, … partez ! »
Les faits sont là aujourd'hui avec cette date historique du 30 octobre, qui fait chanceler subitement le régime. Dans le feu de l'action, pendant les courses-poursuites au niveau de l'Assemblée nationale, certains organes de presse ont été témoins de scènes insolites. Des députés dans la rue, quasiment à terre, ont été surpris, en train d'appeler au secours à Jésus. Eux qui ont fait fi, dans leurs aveuglements, des conseils, appels incessants et des préoccupations des communautés religieuses. Je salue cependant un tel réflexe, même si c'était tardif. Le recours à Dieu ! Après tout, Dieu n'est-il pas le dernier rempart ?
Une façon de dire qu'une bonne partie des clés de l'histoire, se trouve dans les mains de Dieu, ni plus ni moins ! Malheureusement, le temps ne m'a pas permis d'écrire un article sur l'Homme et l'histoire, en rapport avec la situation nationale.
Hegel a pourtant prévenu que l'Homme, contrairement à ses illusions, les grands Hommes ne font pas l'histoire ! Partageant en partie cette thèse hégélienne, l'invitation est faite ici à chacun, de constater cette évidence aujourd'hui. Si le grand souverain Nabuchodonosor dans l'Antiquité, Sadam Hussein et Moammar Kadhafi au tournant 20e et 21e siècles ont pu tomber, qui d'autre peut résister encore ! Et pourtant, si ce n'était pas l'aveuglement doublé de mépris manifeste dans les interviews sur les médias internationaux à l'extérieur, l'évidence de l'impopularité du projet, crevait l'œil. En tout cas, on ne peut nous reprocher de n'avoir pas prévenu. Que l'on m'accorde que je parle sans complaisance, parce qu'au moins, j'ai fait mon « boulot » de citoyen (…)
UNE TENTATIVE DE « MONARCHISATION » EVIDENTE, TOMBEE DANS L'ECHEC …
Après avoir échoué son funeste projet de « monarchisation » de notre République par un coup d'Etat constitutionnel, suite à l'aval de son gouvernement et des députés de la majorité - d'antan -, sur le projet de modification de l'article 37 de la Constitution, Monsieur Blaise Compaoré que certains avaient naïvement pensé être un peu reconverti, n'a rien trouvé d'autres, que de faire recours à ses vieux réflexes des années 1980, c'est-à-dire de l'autre siècle. C'était visiblement ignorer que le peuple, notamment dans sa frange JEUNE, détient désormais un POUVOIR DE MOBILISATION et de rue terrible via les Techniques de l'information et de la communication (TIC). Le rôle stratégique que les radios et télévisions qu'il suffisait de contrôler pour réussir un coup d'Etat militaire dans les années 1980, est aboli aujourd'hui. Ce pouvoir de communication est désormais, dans la rue, totalement démocratisé. Chaque citoyen connecté sur les réseaux sociaux (facebook, tweeter, blogs, mails, etc.) détient une parcelle de ce pouvoir, ouvert au monde entier à l'instantané. Les médias internationaux aussi par anticipation, présents sur ces lieux lorsqu'ils pressentent les crises, permettent aux citoyens, d'adresser des messages divers, quelques fois même, des avertissements forts à d'autres interlocuteurs, notamment aux dictateurs, à travers le monde. Certains auteurs appellent ce phénomène, « démocratie Internet ». Après Flichy, le sociologue Pierre Mercklé parle, quant à lui, de Démocratie 2.0.
Le désormais ancien gouvernement Tiao 2 et les députés de la l'ex-majorité, se sont rendus à certains égards, coupables au même titre que Monsieur Compaoré, eu égard à leur volonté ferme, disciplinée et affichée sur tous les médias, de modifier la Loi fondamentale dans une disposition capitale à l'alternance, comme l'a voulu le Constituant originaire et le peuple burkinabè en 1991.
Une alternance nécessaire, pour que nous autres, JEUNES GENERATIONS, puissions accéder au pouvoir un jour. Ce dispositif se justifiait par le fait qu'il fallait éviter qu'un chef à la tête de l'Etat ne soit tué du fait de l'appétence doublée d'impatience d'autres aspirants.
Blaise avait aussi négligé que le peuple burkinabè, dans toute ses composantes, avec un potentiel jeune, et en marche avec le cours de l'histoire du 21e siècle, était déterminé et résolument tourné vers le CHANGEMENT. Ce réflexe militaire, ce n'était rien d'autre que procéder simplement par un coup de force, en décrétant l'état de siège, qu'il affirme tirer de la Constitution, une Constitution qu'il s'est toujours cru en dessous de lui, semblait-il. Monsieur Luc Adolphe Tiao, Premier ministre, n'avait-il pas affirmé que le président fût au-dessus des institutions pendant la médiation autosaisie de Jean-Baptiste Ouédraogo ? Affirmation vite démentie par nos éminents constitutionnalistes, le Pr Augustin Loada, dans le journal « Le Pays ». Pour dire, qu'il y avait une volonté manifeste et entretenue, de maintenir certains citoyens dans le faux et dans l'ignorance, car la bavure était trop grossière.
A voir de près, cette mesure d'état de siège semblait se situer dans la logique du projet et de l'agenda planifié par le célèbre triste « théoricien et idéologue maison », Me Hermann, dans un récent article, paru dans les médias (à lire au lien :http://news.aouaga.com/h/34989.html). Ce dernier y développait une défense du projet de modification, largement et soigneusement détaillé pour montrer sa conformité avec les textes constitutionnels et avec la charte de l'Union africaine. L'ami de ce dernier, Fidèle Hien, ayant foi de l'histoire, n'a pas manqué de rappeler son vieil ami à l'ordre !
(à lire au lien : http://www.lefaso.net/spip.php?article61395). Dans son écrit aux allures d'un manifeste d'autoritarisme, on voyait Me Hermann déjà comme un imminent Premier ministre, en train de partager les portefeuilles ministériels, réservant « la part du lion » au Front dit républicain pour, dit-il, raison de cohérence ou cohésion, je ne sais plus.
Dans une interview radiodiffusée sur Oméga FM le 30 octobre 2014 dans la journée, le Pr Augustin Loada, a aussi vite fait de mettre les points sur les « i » face au journaliste, en disant net: « VOUS PARLEZ DE QUEL PRESIDENT ? S'il s'agit de Monsieur Blaise Compaoré, il n'a plus aucune prérogative de se référer à une Constitution dont il a préféré se mettre au- dessus. C'est le vrai visage, de ce régime-là comme ça, que vous venez de voir. Un maquillage démocratique ». Puis, poursuit-il : le fait que le Peuple mette le feu à l'Assemblée est la signification claire, que « Monsieur Compaoré n'a plus aucune légitimité pour décider de quoi que ce soit encore à la tête de l'Etat. L'OPPOSITION NE DOIT PAS TOMBER DANS LE PIEGE et faire perdre au peuple et à la JEUNESSE, sa victoire par la Révolution, comme on en a connu en Egypte et ailleurs ».
LE BIEN-FONDE DE L'ATTEINTE A LA REPUBLIQUE …
De fait, d'un point de vue constitutionnel, les députés de la majorité avaient décidé de donner « un ticket vert » à Monsieur Compaoré, certainement pour « un pouvoir à vie », ce qui serait un passage en force, pour une MONARCHIE. La Constitution de juin 1991, se verrait alors, vidé de son sens, de son esprit, par une usurpation de prérogative que ni le président du Faso ni les membres du gouvernement ni même les députés n'avaient. Cette prérogative que tous ces organes tentaient d'usurper revenait de droit au peuple, par le Référendum, sans équivoque. Mais le référendum lui-même était contesté par la majorité des citoyens dans la rue. Constatant d'avance l'échec dans une telle aventure, les faits semblent révéler à l'évidence que l'intention qui sous-tendait cette entreprise, était de court-circuiter cette voie référendaire contestée, en passant rapidement par les députés, d'où l'accélération du cours des évènements.
La trahison se voit alourdi par les blessures graves et la mort irréversible des enfants de la République, qui ont eu le courage de sortir dans la rue, pour dire non. Trop, c'est trop ! Ces sangs versés, ne peuvent être gratuits. Non ! Chacun de nous, encore vivant, aurait pu connaître ce terrible sort, car des balles réelles nous ont côtoyées dans les rues, même dans nos derniers retranchements. Un jeune manifestant, juste à côté de mon ami et frère, a connu ce triste sort dans la rue. Ce vaillant fils de la République tombé sous les balles, s'est trouvé honoré par les témoins qui étaient juste là dans son voisinage, et qui l'ont recouvert, des couleurs nationales.
III. « UN HOMME FORT » INDISPENSABLE PEUT-IL FAIRE L'HISTOIRE DE TOUT UN PEUPLE, TOUT LE TEMPS ?
Tentatives de rebondir de Monsieur Compaoré ?
Plus tard dans la nuit du 30 octobre, Monsieur Compaoré appelle la presse, alors que la situation s'était un peu calmée, pour un fameux discours. Cette fois, il prend sur lui d'annuler l'état de siège qu'il s'est découvert inopportun (état de siège annoncé plus tôt par la Chef d'état-major général des armées, le Général Honoré Nabéré Traoré), certainement, face au rapport de force, face à la résistance et à la virilité de l'Opposition politique et de la société civile, une virilité oh, combien salutaire ! Aussi Monsieur Compaoré saluait dans ce discours, le professionnalisme des forces de l'ordre et de sécurité, autrement, « l'irréparable se serait produit », disait-il. Que croyait-il ? Devrait-il croire que ces forces allaient sauvagement abattre son propre peuple dans lequel il se reconnaît totalement, face à une revendication juste et légitime, - pour le faire baigner dans le sang ? Non ! Une armée qui, tôt dans la mi-journée du 30 octobre, avait traduit son ralliement au peuple, à travers la présence de certains de ses hommes du camp Guillaume Ouédraogo et du Général à la retraite, Kouamé Lougué - sur la Place la Nation, de nouveau « rebaptisée », « place de la Révolution ».
Aussi, ce discours à la limite, paradoxal, venait de semer une confusion jadis diffuse dans l'opinion publique. En effet, plus tôt dans la journée du 30 octobre, autour de 18 heures, une information répandait un déni de la promesse du président qui, semble-t-il, avait clairement dit plus tôt, devant les leaders du Collectif anti-référendum, notamment Hervé Ouattara, en visite au palais de Kosyam, son intention de démissionner dans les heures suivantes (…).
Conseils et avertissements gratuits donnés à M. Compaoré à titre préventif.
Une multitude d'interlocuteurs ont tenté d'avertir et de prévenir le pire par divers canaux de communication pour une remise sereine du pouvoir à l'échéance 2015.
Intellectuels, OSC et partis politiques sur le net avec les commentaires sur le forum : participation 2.0
Par son dernier discours pour tenter de rebondir, Monsieur Compaoré traduisait lui-même, sans le savoir, son attitude non responsable face aux risques de dérapage et son mépris, face aux appels incessants, notamment faits par la presse, par la marche des femmes avec la spatule le lundi 27 octobre et mieux, face à la marche monstre qui a mobilisé des « millions » de citoyens à travers tout le pays. Que n'ont pas fait les intellectuels qu'il convient d'honorer, certains dans une totale discrétion et d'autres, de façon ouverte, entre autres, Debrsèoyir Christophe Dabiré, Touorizou Hervé Some, Cynthia Benao, Sidi Mohamed Ahémine Sidibé « le rasta », Sango Abdoul Karim, Nestor Samné, Etienne Traoré, etc., les journalistes des différents organes de presse, entres autres, « Le Fou » des Editions « Le Pays », « Toégui » dans ses élucubrations dans l'Observateur Paalga, L'Evènement, Le Courrier Confidentiel (…) et sur les médias en ligne comme Lefaso.net, Burkina24, etc. pour prévenir le président Blaise Compaoré, dans cette aventure à l'évidence, perdue d'avance. Monsieur Sidi Sidibé a même prévu dans une publication, que le Référendum n'aurait pas lieu, à cause de l'intégrité (« burkinité ») du Peuple burkinabè ! Dans un blog publié le 28 octobre, Bruno Jaffré, biographe de Thomas Sankara, affirmait que « Blaise Compaoré [était] fini (…) ». Personnellement, j'ai proposé d'urgence, une sortie honorable en 10 points, développée sur 9 pages, bien élaborée et publiée sur les sites de Lefaso.net et de Burkina24.com, juste avant la marche monstre du mardi 28 octobre, qui devait lancer le mot d'ordre de « politique »! (A lire au lien : http://burkina24.com/2014/10/29/sortie-honorable-du-president-les-quelques-propositions-didrissa-diarra/ ).
L'Opposition et les OSC sur le terrain, lors des concertations et des marches
L'Opposition aussi dans son ensemble, à travers marches coordonnées avec la société civile, y compris les communautés coutumières et religieuses ont alerté à maintes reprises, depuis 2013, Monsieur Compaoré, quand il tentait de mettre en place le Sénat, ou de passer par référendum, pour modifier l'article 37. Et ces marches sont allées croissantes en termes de mobilisation. La première, très impressionnante et gigantesque, est intervenue le 18 janvier, suite aux démissions massives enregistrées au sein du CDP. A cette occasion, Saran Sérémé a pu dire que la roue de l'histoire était en marche et que celui qui lui résiste risquait de sortir par un petit trou. L'artiste-musicien Smokey du Balai citoyen enfonçait le clou en disant que la porte de devant étant déjà fermée et « cadenassée », le président Compaoré n'avait plus d'autres choix, que de fuir par la fenêtre de l'arrière. Avec du recul, c'était comme une prémonition, mais non, la justesse de ces jugements tenait de l'objectivité de la réalité quotidienne des aspirations vécues avec le peuple.
La Communauté internationale
Dans le cadre des relations diplomatiques, François Hollande a envoyé, en début octobre, une lettre à Monsieur Compaoré, publiée aujourd'hui sur le site de Jeune Afrique, pour une proposition de poste afin de faciliter son départ ; l'Union européenne et les Etats-Unis ont envoyé des signaux inquiétants et des dépêches qui ont fusé jusqu'aux dernières minutes du début de l'ultime crise, dans la matinée du 30 octobre, jour fatidique du vote, après avoir interné à l'Hôtel Azalaï, les députés sous une sécurité impressionnante du RSP (Régiment de sécurité présidentielle), semble-t-il. Du jamais vu, comme si les députés étaient pris en otage.
Les accompagnateurs de M.
Compaoré, dans sa perte
Que croyaient ses supporters irréductibles ? Que c'était par loisir en prédilection, que mon oncle Touorizou H. Somé s'adonnait à de telles abondances combien édifiantes, dans ses écrits ? Dans le même temps, certains de ses supporteurs qui ne se sont pas gênés d'exhiber leurs titres académiques de PhD ou « d'agrégés » ont défendu le projet de modification du « 37 ».Vigilants et sans se laisser intimider, les forumistes (internautes) les ont vite débusqués et identifiés comme « foulosophes ». Eux, ils ont préféré sciemment suivre la mauvaise voie, au mépris de la rigueur scientifique et de la déontologie philosophique, pour des raisons « cantinistes » selon l'expression « debrsèoyirienne », c'est-à-dire du philosophe burkinabè Debrsèoyir Christophe Dabiré (…). Le sens du mérite pour des causes nobles, veut que leurs noms ne soient pas cités ici, à moins qu'ils s'excusent publiquement, dans un mea culpa sincère. N'est-ce pas en effet, que la NOBLE MORALE élève l'Homme à la DIGNITE HUMAINE, constamment menacée (…). Aussi l'impératif de dignité pour une VIE qui a PLEIN SENS, fait-elle des luttes morales nobles par conséquent, une nécessité partout et pour toute la vie.
Pour ces raisons, le parti politique de Monsieur Compaoré, le CDP dirigé par le Dr Assimi Kouanda, ses alliés de la famille politique comme l'ADF/RDA dirigé par Me Gilbert Noël Ouédraogo, le Front dit républicain, ses simulacres d'opposants jadis membres du Gouvernement, ont préféré le flatter, pour profiter des avantages du pouvoir, sinon quoi d'autre ? Quand le superflu vient remplacer l'essentiel, la lucidité et la vérité, c'est la chute dans l'abîme qui risque de suivre (…).
Et pourtant, la perte de légitimité crevait l'œil
Un regard objectif de la réalité suffisait à Monsieur Compaoré, - lui qui est suffisamment expérimenté, étant aux affaires, depuis 3 décennies (au moins 30 ans) -, à comprendre que son projet de pouvoir à vie avait perdu toute légitimité, lui qui, semble-t-il, aura été voté rarement par plus que ces nombres de citoyens, mobilisé dans les différentes localités lors des récentes marches de l'Opposition. Un rappel pour ceux qui l'ignorent : en 1991, le nombre total d'électeurs votants était de 870 707, soit moins de 1 million d'électeurs et un taux de participation de 25,12% (I. Diarra, La participation politique au Burkina Faso, depuis l'avènement de la IVe République, Mémoire de DEA en Science politique, UFR/SJP, Université Ouaga II, p. 109., extrait de Sidwaya n° 1911 du 9 décembre 1991, p. 3). Un simple calcul logique, suffisait à comprendre la perte de légitimité, mais n'étant pas démocrate, comme il vient de nous le démontrer, il a préféré méprisé son peuple dans ses revendications oh combien nobles.
Un mode de Gouvernement par « le pouvoir du silence » ou par « le silence du pouvoir »
En rappel, depuis janvier 2014, même suite à la démission de plusieurs militants de poids de son parti, M. Compaoré a rarement daigné faire une déclaration à la Nation. Peut-on encore dans ce 21e siècle, véritablement gérer une République dans le silence, même face aux multiples enjeux et marches impressionnantes de son Peuple ? Barack Obama, Angela Merkel, François Hollande ou encore Alassane Dramane Ouattara, ne serait-ce que pour une fusillade ou un otage de leurs concitoyens, s'expriment toujours à l'attention de leurs Nations.
On avait fini par avoir l'impression que si le Chef de l'Etat prenait la peine de s'exprimer, c'était par contraintes, dans les pays démocratiques étrangers, face à la pléiade de journalistes tenaces. Et pour dire quoi souvent ? Parfois, pour faire des déclarations, à la limite, indigestes pour ses concitoyens. On se rappelle encore, la réplique combien historique, mais osée cependant, face à Barack Obama, le puissant président des USA, en août dernier, sur cette fameuse histoire « d'hommes forts » et d' « institutions fortes » (Lire le lien : http://burkina24.com/2014/10/15/analyse-les-institutions-fortes-et-les-hommes-forts-dobama/ ). On se souvient aussi de cette déclaration pendant le bras de fer face à l'Opposition, relatif au Sénat, pour soutenir qu'une marche dans la rue, n'a jamais fait lever une loi. Et pourtant, tous les indicateurs d'aujourd'hui disent que ce sont les marches qui seront à l'évidence, la cause de lui-même son départ.
L'Histoire était déjà scellée par une lutte de longue date : le Burkina Faso, un pays béni
La succession sera merveilleusement assurée avec la bénédiction de Dieu, après Blaise Compaoré. Oui, le Burkina est béni, rien qu'à voir comment plusieurs circonstances depuis Norbert Zongo en 1998, ont empêché l'adoption d'une Loi, pour assurer un pouvoir à vie ou « pouvoir à mort », selon une autre expression « debrsèyorienne » : le CODMPP (le Collectif), les émeutes de la faim en 2008 et 2009, le rapport du « Collège de Sages », l'activisme de la société civile avec ceux que j'ose qualifier de pionniers dans la défense du 37, que la presse a appelé « les 4 Mousquetaires » avec la pétition contre la modification de l'article 37 (Pr Augustin Loada, Siaka Coulibaly, Me Guy Hervé Kam et Youssouf O. Minoungou), la presse, le dynamisme des associations, entre autres, Le Balai citoyen, le CAR (Collectif anti-référendum), les mouvements sociaux en 2011 suite à la mort de Justin Zongo, la démission massive des militants du CDP avec à leurs têtes, ceux que la presse nomme « RSS » (Roch Marc Christian Kaboré, Salif Diallo et Simon Compaoré) en janvier 2014, la nomination du Cardinal Philippe Ouédraogo par le Pape François, l'attitude républicaine des citoyens et de l'Armée, l'organisation oh combien rigoureuse de l'Opposition et son union pour une cause commune, le leadership du CFOP, etc. Tous ces éléments doivent concourir à ce que j'appelle une bénédiction divine qui corrobore, une fois de plus, la thèse d'Hegel. L'Homme ne fait pas toute l'Histoire, il joue seulement sa partition, dans le cadre d'une orientation globale - résultante d'interactions diverses -, qu'il ne fait qu'accompagner. C'est Dieu qui est le Maître Absolu de l'Univers.
UNE N-IEME RUSE DE MONSIEUR COMPAORE EST-ELLE ACCEPTABLE ENCORE ?
Son discours, tard dans la nuit, mettait à nu la cacophonie. La contradiction était flagrante avec la déclaration du Chef d'état-major de l'armée, qui avait tout l'air « d'un coup d'Etat », selon certains commentaires dont celui du Pr Abdoulaye Soma, Constitutionnaliste, sur une radio. Monsieur Compaoré parlait encore, dans son discours, d'Opposition et de majorité, alors que ces deux instances n'existent plus, vue la dissolution de l'Assemblée nationale bien avant, vers 18 heures, par l'Armée, observation que le Pr Luc Marius Ibriga a relevée.
Me Stanislas Sankara, sur RFI, a vu dans la proposition de pourparlers de M. Compaoré, une ruse pour « abattre » ses opposants, au regard des expériences connues avec lui, durant tout son long exercice.
Par ailleurs, Pr Augustin Loada a été on ne peut plus clair ! Monsieur Compaoré a eu abondamment, sinon trop de « fenêtres d'opportunités », qu'il a refusé de saisir dans la paix …Le Pr Ibriga, Sam's K Le Jah, s'inscrivent dans le même sens. Ce dernier a été catégorique sur RFI : « Blaise Compaoré, par sa faute, a laissé mourir une trentaine (30) de manifestants dans la rue et de nombreux blessés, répondant au mot d'ordre de DESOBEISSANCE CIVILE. La situation a déjà dégénéré et le recul n'est plus possible. Si l'Armée ne prend pas ses responsabilités en dehors d'un proche de Blaise aux commandes, le peuple ira jusqu'à Kosyam, pour libérer les lieux. » Quel propos énergique, n'étonnant pas évidemment d'un rasta engagé, d'un défenseur des causes citoyennes nobles et de l'identité noire.
CONSIGNES DE L'OPPOSITION ET DE LA SOCIETE CIVILE
L'Opposition et la société civile œuvrent à l'occupation de l'espace public par l'appel à un regroupement impressionnant en permanence dans les rues, pour venir à bout de toute résistance au départ de Monsieur Compaoré…
UN AVENIR PROMETTEUR, PAR L'ANIMATION DE LA SCENE POLITIQUE ET LA DEMOCRATIE REELLE
Le moins que l'on puisse dire d'avance et de salutaire pour notre République, c'est que le prochain Président au moins, ne fera pas du silence, son moyen de communication favorite, jusqu'au bout, jusqu'à aller prendre le risque d'être emporté par lui, – ce silence communicationnel. Zéphirin Diabré communique, Me Bénéwendé Stanislas Sankara communique (1er accessible parmi les personnalités politiques), Roch Marc Christian Kaboré communique, Saran Sérémé communique, Tahirou Barry communique, Emile Paré communique, Laurent Bado communique. Ces deux derniers qui d'ailleurs communiquent à profusion n'ont pas manqué très tôt d'exiger la démission de Monsieur Compaoré de la Présidence du Faso, dès les premières heures. Emile Paré, allant plus loin, annonçait, dès le 30 octobre, l'avènement d'un « printemps noir » pour balayer les dictatures sur le continent, à l'image du « printemps arabe ».
C'est justement la Démocratie 2.0 véhiculée par l'outil Internet et les téléphones portables, vulgarisés chez les Jeunes, par lesquels ils suivent des « conférences écrites » sur la citoyenneté, données par des citoyens engagés, que ce « printemps noir » pour l'avènement d'une démocratie réelle, va s'accélérer. Ces « conférence écrites », interactives via les forums, sont de véritables enseignements habituellement absents dans les cours académiques classiques. Cette absence d'enseignement civique entretient souvent, à la limite, l'ignorance citoyenne et la résignation des citoyens dans le statu quo.
C'est le lieu de saluer une fois de plus, le rôle des médias en lignes et des multiples contributions de citoyens engagés. N'est-ce pas que Touorizou H. Somé avait souligné l'importance de la Jeunesse dans une publication, où il demandait au Pouvoir en place, s'il avait déjà obtenu l'accord des jeunes, avant d'entreprendre des actions pour la modification du « 37 ». Interrogation brillamment illustrée par la métaphore africaine « du margouillat qui s'était autoproclamé roi, contre les conseils obstinés de sa femme, qui n'a pas manqué de lui rappeler la nécessité d'avoir a priori l'accord des enfants. »
Aussi, quand on voit la richesse des ressources humaines de notre pays, faite de cadres qui ont fait leurs preuves, aussi bien dans les gouvernements passés, dans les professions libérales, dans l'Administration publique et dans les Institutions internationales et OSC, quand on voit la compétence de la jeunesse et son engagement politique et démocratique, quand on voit comment les marches massives ont drainé du monde depuis 2013 et dans le respect des dispositions républicaines, on peut être sûr au moins d'une chose : le chaos et le déluge tant annoncés par les cassandres de l'intérieur, comme de l'extérieur, n'auront pas lieu, simplement parce que le peuple burkinabè, respectueux et respectable, sait prendre son destin en main, en toute souveraineté.
HONNEUR AUX FILLES ET FILS DE LA REPUBLIQUE QUI SONT TOMBES SUR LE CHAMP DE BATAILLE : LA PATRIE OU LA MORT, NOUS VAINCRONS
Aussi, qu'est-ce qu'on fait de ceux qui ont déjà versé leur sang pour sauver notre République ? Ils sont morts en tant que martyrs pour défendre la République dans le ferme espoir que les survivants, citoyens intègres et démocrates, continuent la lutte. Nous leur rendons un vibrant hommage et leur affirmons qu'ils ont lutté utilement. La lutte se poursuit pour une démocratie réelle, sans fard, sans subterfuge, pour garder leurs mémoires vives et éternelles pour la République. Monsieur Compaoré doit dignement tirer toutes les conséquences de son entreprise et démissionner dignement pour nous éviter autres effusions de sang. Pour ce faire, je lui propose encore volontiers, et avec respect, une ultime solution. C'est de prendre un hélicoptère ou un avion, vers une destination de son choix, et permettre au peuple d'organiser sereinement sa transition. Heureusement, juste avant de poster cet article, France 24 annonçait sa démission autour de 13h 30 mn. Ainsi, il préserve le peu de dignité qui lui restait. Cependant, on n'avait pas besoin d'en arriver là.
Par ailleurs, cette vacance de poste crée un vide qui ne va certainement pas tarder à stimuler et à aiguiser les appétits des aspirants et des candidatures qu'on n'imagine peut-être pas, y compris au niveau de la hiérarchie militaire. Bientôt, dans l'après-midi, le Chef d'état-major général des armées, le Général Honoré Nabéré Traoré, s'auto-désigne Chef d'Etat, mais cette décision heurte l'opposition de la société civile, qui le trouve trop proche de Monsieur Blaise Compaoré, et les tractations devraient se poursuivre avec le lieutenant-colonnel Yacouba Isaac Zida, Commandant au RSP, pour une autre proposition.
Les 30 et 31 octobre 2014 se gravent dans l'itinéraire politique du Burkina Faso, comme des jours historiques ! Certains spirituels diront que l'ombre du Président Thomas Sankara planait dans ce mois d'octobre, depuis la célébration le 15 octobre dernier, du 27e anniversaire de son assassinat. Beaucoup de faits viendront à nouveau, alimenter l'Histoire du Burkina Faso.
Aussi, à ces deux dates, le Palais royal du Mogho Naaba aura enregistré les visites des hautes personnalités politiques du pays, à un rythme extraordinaire, - rythme à lui seul qui suffirait à comprendre non seulement que quelque chose d'extraordinaire se passait au Burkina Faso, mais en plus, à comprendre toute l'importance de « l'Institution coutumière », dans la gestion de la politique moderne dans notre République.
Honneur à tous ceux qui ont lutté dans l'ombre
Honneur à tous ces braves filles et fils, qui ont lutté ouvertement, mais dont les noms n'ont pu être expressément cités ici, pour des raisons pratiques. Cette victoire est celle du peuple dans toutes ses composantes, pour le triomphe de la démocratie burkinabè ! Nous sommes les dignes héritiers et successeurs des aînés qui ont fait le soulèvement populaire du 3 janvier 1966 contre la monocratie !
Les larmes aux yeux, nous adressons, au nom du peuple burkinabè, toutes nos condoléances aux familles attristées des citoyens décédés sur le front de la résistance citoyenne. Ces martyrs de la République, que le Seigneur Dieu, les accueille dans Son paradis éternel, eux qui ont lutté pour le triomphe de la justice et de l'équité.
Que la vraie démocratie triomphe au Burkina Faso et que le pouvoir réel revienne au peuple ! Que Dieu nous sorte grandis de ces troubles et bénisse le peuple du Burkina Faso ! Amen !
Ouagadougou, le vendredi 31 octobre 2014
Idrissa DIARRA
Géographe politologue
Membre-fondateur du Mouvement de la
Génération Consciente du Faso (MGC/F).
Courriel : diarra.idrissa@rocketmail.com
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