Issue
An-Nasr Vendredi #128 (L'imam Aboû Hamid Al Ghazali : «l'argument de l'islam»)
- Title
- An-Nasr Vendredi #128 (L'imam Aboû Hamid Al Ghazali : «l'argument de l'islam»)
- Creator
- Daoud
- Publisher
- An-Nasr Vendredi
- Date
- February 10, 2006
- issue
- 128
- number of pages
- 4
- Spatial Coverage
- Médine
- Rights Holder
- Association des Élèves et Étudiants Musulmans au Burkina
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-issue-0000579
- content
-
ANH-NASR SX & i^cA ^& C* C n128 du 10 Fév. 2006
Lorsque vient le secours d'Allah, ainsi que la victoire, célèbre les louanges de ton Seigneur et implore ton pardon.
S'il est une grande figure du monde islamique qui continue à abreuver la Oummah actuelle de la richesse de sa personne mais surtout de sa science, c'est bien l'Imam Abou Hamid Al-Ghazali. Cet illustre homme de science a, par la profusion de ses enseignements, la richesse de ses paroles, la pertinence et la profondeur de ses réflexions, qui lui ont valu le surnom de « L'argument de l'islam » (HADJAT Al-Islam), bouleversé de nombreuses théories incompatibles avec le tawhid, faussement adoptées et développées par certains savants tant dans le domaine de la philosophie que du soufisme. Il alla jusqu'à confondre d'illustres philosophes tels qu'Aristote en révélant la superficialité de leur réflexion.
Sa vie, l'Imam Ghazali, également surnommé le... Deuxième Shafiî, naquit dans la ville de Tûs à Khorasan, l’actuel Iran, en 450 après l'hégire, soit en 1058 de l'ère chrétienne. Encore très jeune et déjà orphelin de père, il s'installa dans la ville de Jordôme à la recherche du savoir. L'une de ses spécialisations fut l'apprentissage « des sciences fondamentales en islam » (Usûl Ad-din). De retour dans sa ville natale, il regagna la cité de Naysabûr où il devint un disciple d'un compagnon de l'Imam Al Djuwayni, et ce jusqu'en 477 après l'hégire, date de décès de ce dernier. Assez instruit et déjà connu et respecté par les savants, Ghazali partit pour l'Iraq. Là, le souverain Nadhâm Al-Mulk, qui ne resta pas inattentif aux éloges faites à ce savant de renom et à sa réputation, l'accueillit et lui confia l'enseignement dans une école à Bagdad en 484 après l'hégire, université très réputée à l'époque. Après y avoir passé 4 ans à enseigner et à écrire de précieux ouvrages, l'Imam ressentit le besoin de se détourner des intérêts terrestres. C'était le début d'une quête mystique et d'un long voyage qui l'amena tour à tour en Arabie, notamment à Al-Hidjaz. An-nasr, vendredi n° 128 du 02 juin 2006, P. 75, puis à la Mecque et à Médine où il accomplit le pèlerinage en ces lieux saints et rencontra d'éminents savants. Il se rendit également en Palestine où il vécut 2 ans à Jérusalem, puis en Égypte, notamment à Alexandrie, d'où il partira après y avoir passé un certain temps pour sa ville natale Tûi.
Il consacra sa vie ainsi à la prière, à l'adoration de Dieu, aux actions pieuses. Cependant, il sera de nouveau sollicité par le roi Fakhr Al Mulk, le fils de Nidham Al Mulk, pour dispenser son savoir dans la même école, Al Madrasat Naysabûr. Mais la oummah n'aura pas pour longtemps l'imam à ses côtés puisqu'il quitta ce monde en 503 après l'Hégire (1111 de l'ère chrétienne) à l'âge de 53 ans, non sans avoir laissé de précieux ouvrages. Ses nombreux enseignements restent un témoignage de sa vie pieuse, non seulement, mais surtout un océan de savoir d'où les générations futures pourront. s'abreuver. Un océan de savoir. L'imam Al-Ghazali constituait à lui seul un océan de savoir. Très tôt chez lui à Tûs, il étudia la jurisprudence islamique et ne manqua point de se perfectionner sous d'autres cieux, notamment à Naysabûr. Étoile brillante parmi ses contemporains, l'imam, bien qu'élève, rédigea de nombreux ouvrages et épîtres de jurisprudence dont la qualité fit dire à l'un de ses professeurs : « Tu nous as enterrés de notre vivant, n'eus-tu pas attendu notre mort pour le faire ? »
Il devint très vite une référence en fiqh, si bien qu'en rentrant à l'école Nizamiyyah, il était l'imam du Khorasan, une référence sunnite des plus grandes, le maître incontestable des juristes de l'école shafi'ite, un théologien au savoir abondant et à l'esprit limpide, le philosophe encyclopédique. Il réfuta certaines théories philosophiques pour s'ériger non seulement comme imam du Khorasan, puis le plus brillant professeur, mais aussi comme un argument de l’islam et l'imam de. Bagdad. Écoutons plutôt l'imam Muhammad Mustafa Al-Marâghi, grand imam d'Al-Azhar (1935-1945) faire l'éloge du cheikh. « Si l'on cite des noms de savants, l'esprit va tout droit aux branches de la science et aux sections du savoir où ils se sont distingués ; si l'on cite Avicenne et Al-Farâbi, on pense tout de suite à deux grands philosophes. Si l'on cite Ibn Arabi, on pense à un soufi mystique ayant fait du mysticisme des opinions de poids. Si l'on cite Al-Boukhari, Muslim et Ahmad, on pense à des hommes jouissant d'une grande valeur dans le domaine de la mémorisation, de la sincérité, de la précision, et de la connaissance des hommes. Mais si l'on cite Al-Ghazali, l'idée de la ramification s'impose, si bien que l'on ne pense plus à un seul homme, mais à plusieurs, ayant chacun son propre poids et sa propre valeur. On pense à Al-Ghazali, l'adroit fondamentaliste, à Al-Ghazali, le libre faqih, à Al-Ghazali, l'orateur, imam de la sunnah et son protecteur, à Al-Ghazali, le sociologue avisé. An-nasr vendredi. n° 128 du 02 juin 2006 P. 76 expert dans les États du monde et en pensées et aspirations secrètes, à Al Ghazali le philosophe ou l'anti-philosophe qui a dévoilé ce que la philosophie avait caché sous de belles apparences, à Al Ghazali l'édificateur et le pédagogue, Al Ghazali le soufi mystique. Si vous voulez, dites que l'on pense à l’homme qui est une encyclopédie pour son époque, un homme qui a la soif de tout connaître, avide de toutes les branches du savoir.
L'imam Al-Iraqi dit de lui : « Lorsque son mot fut suivi, que sa renommée se répandit fort loin, l'on voyagea pour le rencontrer, qu'il fut obéi des gens, son âme se détourna de ce bas monde et eut la nostalgie de l’autre. Il rejeta alors le premier et s'efforça de gagner le second, moins éphémère ainsi que les âmes pures comme l'a si bien dit Omar Ibn Abd Al Aziz : j'ai une âme qui, lorsqu'elle y gagnait ce bas monde, eut la nostalgie de l'autre. »
Sa pensée. Par ses ouvrages, l'Imam contribua énormément à la promotion de la littérature islamique. Il fut sans doute parmi ceux qui contribuèrent le plus dans les débats épineux autour du soufisme et de la philosophie. En effet, un certain nombre de philosophes musulmans avaient développé des thèses inspirées de la philosophie grecque et notamment de la philosophie néoplatonicienne en contradiction avec de nombreux enseignements islamiques. D'autre part, certains qui se disaient injustement adeptes du courant soufi avaient manifesté des excès et des abus en négligeant des piliers de l'Islam comme la prière.
Grâce à son savoir incontestable en credo islamique, en fiqh et son expérience spirituelle raffinée, l'argument de l'Islam voulait rectifier ces tendances parmi les philosophes musulmans et parmi ceux qui avaient dévié en attribuant abusivement leurs attitudes au soufisme. En philosophie, l’Imam Abû Hamid manifesta son soutien à l'approche des mathématiques et des sciences dites exactes. Cependant, il utilisa avec rigueur et intelligence les principes mêmes de la logique aristotélicienne et les procédures néoplatoniciennes afin de révéler les failles et les imperfections de la philosophie néoplatonicienne et pour diminuer l'influence négative de l'approche aristotélicienne et d'un rationalisme excessif. Contrairement à certains philosophes musulmans qui suivirent aveuglément les enseignements des anciens, notamment Aristote sans pouvoir le corriger, Al Ghazali élabora un système de pensée nouvelle fondé sur le doute systématique. Il soutient l'incapacité de la raison humaine à cerner l'absolu et l'infini. La raison et l'entendement humains sont sans doute limités et ne peuvent transcender le fini.
Ainsi, par la force de ses arguments et la rigueur de ses raisonnements, l'Imam mit le doigt sur un juste milieu où la religion coexiste harmonieusement avec la raison : la première (non contradictoire à la raison), la religion par le biais de la foi accède aux sphères transcendantes de l'absolu et de l'infini ; la raison quant à elle ne peut dépasser la sphère. du fini. Selon Frank Griffel, titulaire d'un doctorat en histoire de la philosophie et spécialiste en théologie et philosophie arabe, « Descartes a été fortement influencé par le philosophe arabe du XIIe siècle, Al Ghazali ». Plus précisément, les premières « Méditations » seraient largement inspirées de l'autobiographie du penseur arabe, intitulée « La délivrance de l'erreur ». Toujours selon lui, les « Acharites », disciples d'Al-Ghazâli, et les cartésiens ont le rejet du système aristotélicien en commun : « La notion de scepticisme, ajoute le professeur, très présente dans la pensée arabe, a influencé la philosophie de Descartes ».
Pour ce qui est du Tasawwuf (soufisme) authentique, l'imam fut un brillant modèle parmi les savants, réunissant maîtrise du fiqh et beaucoup de raffinement dans sa gustation spirituelle soufie. Il souligna que tout écart par rapport aux deux sources primaires de l'Islam (le Coran et la Sunna) est étranger au Tasawwuf. Il est, à vrai dire, celui qui donna au soufisme ses lettres. de noblesse en le purifiant de tous ces courants extravagants et déviants qui voulaient, et qui veulent toujours, s’infiltrer dans le soufisme. Pour l'imam, le soufisme est la phase ultime dans le cheminement du fidèle vers Dieu. Mais pour lui, cette voie qui mène à la vérité absolue commence par le savoir, les actions pieuses, l'obéissance continuelle de Dieu et sa crainte révérentielle.
Ses œuvres L'imam Al Ghazali fut un sage à la plume prolixe. Selon l'imam Fakh Ad-Din Ar-Razi : « Ce fut comme si Allah avait rassemblé toutes ses sciences sous un dôme, et les montra à Al Ghazali. » Parmi ces écrits qui restent toujours comme des phares dressés vers le ciel et éclairent la terre, on peut citer : « L'incohérence des philosophes », « Les épîtres d'Al Ghazali », « La pénitence après le péché », ainsi que de nombreux autres ouvrages dont certains ont été traduits dans différentes langues. C'est notamment le cas de « La revivification des sciences religieuses ». Cette dernière œuvre qu'il écrivit à Tûs est Certainement le plus noble et le plus important. Elle aborde le sujet de la constante crainte révérentielle que l'on doit avoir dans ses relations avec Allah (Taqwa), l'illumination de l'âme à travers Son obéissance, y compris les niveaux de l'acquisition de la science par les croyants. L'œuvre montre comment personnellement Al Ghazali a perçu profondément ce qu'il a écrit et sa magistrale réponse à plusieurs centaines de questions. Ainsi, l'imam nous laissa-t-il des perles rares et des trésors inépuisables dans la littérature islamique avant d'aller auprès de Son Seigneur en 503 après l'Hégire (1111 ère chrétienne), à l'âge de 53 ans. Que Dieu soit satisfait de lui. An-nasr, vendredi n° 128 du 02 juin 2006, P. 78.
Part of An-Nasr Vendredi #128 (L'imam Aboû Hamid Al Ghazali : «l'argument de l'islam»)