Issue
Le CERFIste #6
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Burkina Faso
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- Articles de journaux (3615 items)
- Title
- Le CERFIste #6
- Publisher
- Le CERFIste
- Date
- November 2007
- issue
- 6
- Abstract
- Bimestriel d'information et de formation du Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques
- number of pages
- 12
- Subject
- Abdoulaye Guitti
- Mohammed Kindo
- Aïd al-Adha (Tabaski)
- Association des Élèves et Étudiants Musulmans au Burkina
- Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques
- Mouvement Sunnite du Burkina Faso
- Aïd el-Fitr
- Civilisation occidentale
- Hadith
- Rights Holder
- Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-issue-0000541
- content
-
Bimestriel d’Information et de Formation du Cercle d’Etudes, de Recherche et de Formation Islamiques 250 F CFA (CERFI) N. 006
EDITORIAL ZOÉ, PAS COMME NOÉ !
"Je suis prêt à travailler avec toutes les associations islamiques"
ISLAM
L'islam aux USA
DOSSIER
Le portrait physique du Prophète Muhammad (SAW)
IBRAHIM : UN INDIVIDU, UNE NATION
VIE DU CERFI
CONFERENCE BIMESTRIELLE DU CERFI
Réussir sa vie conjugale
EDITORIAL: ZOÉ, PAS COMME NOÉ !
L'Arche de Zoé ! Un nom atypique, que celui de cette association humanitaire française. Quand l'arche de Noé devient l'arche de Zoé, on ne peut que s'attendre au spectaculaire et au scandale. Ce qui devait arriver à Zoé, arriva. Et le déluge se produisit, au Tchad. Au début du mois de novembre, les autorités tchadiennes interceptent un convoi d'enfants, prêts à embarquer pour la France, pour soi-disant les sortir du bourbier du Darfour en les faisant adopter par des familles françaises. L’arche de Zoé est au centre De cette action humanitaire aux relents de trafic d'enfants. Donc contrairement à l'arche de Noé, celle de Zoé a pris le large, et dans une sale affaire. Au nom de l'action humanitaire, si noble, elle a voulu purement et simplement procéder à un commerce d'enfants au profit de parents européens en quête de progéniture. Il faut avoir le courage de le dire ; il y avait de l'arnaque dans cette opération de bienfaisance. Aux géniteurs des enfants, on a promis une vie meilleure à leur progéniture en France où ils pourront même bénéficier d’un enseignement islamique, comme cela est de coutume chez eux. A leurs parents adoptifs, en plus de la somme versée, ils pourront par leur geste, sauver des enfants des affres du Darfour et, par ailleurs, ils réaliseront enfin le rêve d'être père ou mère.
Malgré tout, cette affaire aurait pu rester un simple fait divers si elle n'avait pas connu une aussi grande implication de l'Etat français. D'abord elle a donné lieu à une cacophonie d'une part entre l'Etat français et l'association et d'autre part, entre les différents organes de l'exécutif français : le gouvernement et la présidence de la République. Tout compte fait, il apparaît clairement que l'opération était illégale. Telle a été la position de l'État français avant et pendant la tentative d'enlèvement des enfants. En effet, tout en avouant avoir été informé de ce que tramaient les membres de l'Arche de Zoé, le gouvernement français jure qu'il les avait prévenus de l'illégalité de leur opération.
Cette prise de position a donné lieu à une levée de boucliers d'une partie de l'opinion française qui a reproché au gouvernement, en plus de ne pas soutenir des citoyens français, de les avoir livrés en pâture au Tchad. Cela a suffi pour que Nicolas Sarkozy fasse un show médiatico-diplomatique en prenant son avion et en allant chercher une partie de ceux qui avaient été arrêtés au Tchad ; en deux heures de temps seulement. Cet acte décrié avec vigueur dans les rues de N'Djamena nous a replongés dans les périodes les plus sombres de la francafrique où le tout-puissant toubab dicte allègrement les ordres aux roitelets nègres. Nicolas Sarkozy, qui avait pourtant promis le changement dans les relations de la France avec l'Afrique, fait pire que tous ses prédécesseurs, en si peu de temps. Malgré tous les remous que cela a créés, il reste égal à lui-même et affirme qu'il ira chercher les autres, quel que soit ce qu'ils ont fait. Heureusement que cette menace n'a pas été mise à exécution. Du moins, pour l'instant.
En attendant, le Tchad fait semblant de tenir bon après le premier compromis fait à la France. Tout comme les responsables de l'arche de Zoé qui ont entamé une grève de la faim afin de se faire entendre par les autorités judiciaires tchadiennes et mettre la pression sur l'État français. Mais à moins de vouloir défendre à tout prix des nationaux français au nom d'une certaine fierté nationale, l'acte des membres de Zoé est condamnable et doit être jugé au Tchad. C'est peut-être l'attitude que les autorités françaises ont décidé. d'adopter. Car qui que l'on soit, il est difficile de défendre un tel dossier. Vraiment l'arche de Zoé n'est pas celle de Noé. Qu’est-ce qui les a d'ailleurs pris de prendre un tel nom ?
La rédaction Le Certiste N° 006 Novembre & Décembre 2007
L'islam aux USA
"Transmettez de ma part ne serait-ce qu'un verset", a dit le prophète lors de son pèlerinage d'adieu. Les compagnons et les musulmans qui suivirent se sont appropriés ce hadith. Ainsi l'islam s'est répandu aux quatre coins du monde.
La présence de la communauté musulmane aux USA est fortement liée à l'histoire du peuplement de ce pays continent. En effet, les États-Unis sont une terre d'immigration par excellence ; les musulmans comme les autres communautés sont arrivés par flux migratoires. Selon le professeur Souleymane Nyang de l'université de Howard, auteur du livre "The Islam of America", on distingue cinq étapes dans la présence musulmane aux USA dont les quatre premières sont controversées. La 1ère étape est l'époque précolombienne. Selon le Professeur Nyang, les éléments de cette présence se trouvent dans les académies indiennes et arabes. La 2e étape se situe dans l'époque de l'esclavage. On rapporte que 10% des esclaves étaient des musulmans ; pour d'autres, leur nombre était plus du quart des effectifs. En effet, on rencontre des noms d'esclaves comme Yéro Mahamoud de Georgetown, immortalisé dans le musée d'histoire naturelle ; Souleymane Diallo, un hafiz du Coran dont la biographie est retracée dans l'ouvrage "L'esclave bien chanceux" ; ou encore Ibrahim Sory, affranchi pour avoir sauvé le père de son maître grâce à ses connaissances des écritures arabes.
La 3e étape coïncide avec l'établissement du Canal de Suez qui favorisa le commerce international avec les Ottomans, les Syriens, les Libanais. Ce fut la période des grandes vagues d'immigration. Les musulmans s'y installent en provenance de toutes les régions du monde. Ils arrivèrent, poussés par plusieurs motifs et s'organisèrent en de petites communautés. communautés pour la pratique de leur culte. La 4e étape est l'acceptation de l'islam par les Américains autochtones. Ce sont notamment les Européens comme Alexandre W. Mohamoud, un diplomate qui créa une organisation de daawa et qui publia la 1ère revue "Islamic World". Il y a aussi les Afro-Américains, avec Timotee Droo Mamadou, assassiné à Chicago. Puis la célèbre organisation de "The Nation of Islam" de Farad Elijah Mohammad. C'est Malcolm X, le plus connu de l'organisation, qui va changer le concept de la société. Il réussit à transformer les jeunes noirs et à les mettre sur la voie originale de l'islam. La création de la Muslim Student Association (MSA) dans les universités américaines vient clore ce processus. C'est avec les MSA que les étudiants musulmans réclament des repas halal dans les restaurants universitaires. Les MSA gèrent les mosquées dans les campus.
La 5e étape marque incontestablement la présence musulmane aux États-Unis et débute avec la date tragique du 11 septembre 2001. C'est une période où les projecteurs se tournent vers cette communauté minoritaire dans un État fortement protestant. La communauté musulmane, c'est environ 10% de la population américaine. Ce nombre s'est accru après le 11 septembre par les multiples conversions d'Américains à l'islam. Dans la communauté hispanique, le taux de musulmans augmente chaque an de plus de 30%. C'est aussi une communauté qui s'organise dans tous les secteurs de la vie pour faire face à son destin. Infrastructures éducatives (de la maternelle à l'université), et Suite page 6...
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Tirage : 1000 Exemplaires
sociales, mosquées, commerces..., tout est conçu pour que la communauté soit en harmonie avec sa foi musulmane. En effet c'est plus de 2000 mosquées et centres islamiques, des écoles, de la maternelle à la terminale, qui allie sciences islamiques et sciences modernes. Le supérieur n'est pas en reste avec des universités islamiques offrant des cours de fiqh, de tadjwid... en présentiel comme en ligne. L'islam américain, c'est surtout l'action de plusieurs organisations comme les MSA, la Société Islamique d'Amérique du Nord, la plus puissante des organisations islamiques basées dans l'État de l'Indiana. Ce sont aussi des organisations islamiques de défense de la liberté. Notamment le Council on American-Islamic Relations (CAIR), groupe de plaidoyer et de droit civique.
Le Cerfiste N° 006 Novembre & Décembre 2007
Le portrait physique du Prophète Muhammad (SAW) d'après 'Ali, son gendre, le Prophète était de stature moyenne, de carrure solide ; il avait la tête forte, le teint coloré, les joues lisses, la barbe fournie, les cheveux ondulés. Une veine, qui se gonflait sous l'effet du Mécontentement, s'élevait sur son front de la naissance de son nez aquilin, entre ses sourcils, bien arqués et très rapprochés. Les prunelles de ses grands yeux, encadrés de longs cils, étaient d'un noir profond, traversé de quelques reflets rouges, et son regard était d'une extraordinaire acuité. Sa bouche était grande, comme il convient pour l'éloquence. Ses dents, que l'on comparait, pour leur blancheur, à des grêlons, étaient légèrement écartées sur le devant. La paume de ses mains aux doigts allongés, était large et douce au toucher comme une étoffe de soie fine. Enfin, le Sceau de la Prophétie (qu'avait découvert le moine Bahîra), se trouvait au-dessous de sa nuque, entre les épaules ; semblable à la trace d'une ventouse, ce signe était de couleur rougeâtre et entouré de quelques poils. Le Prophète marchait avec une lenteur grave et majestueuse ; il avait l'esprit présent en toutes circonstances ; lorsqu'il se retournait, c'était de tout le corps, et non comme les gens étourdis qui tournent le cou en agitant leur tête sur leurs épaules. S'il montrait quelque chose, il le faisait avec la main tout entière, et non avec un ou deux doigts ; s'il éprouvait un étonnement, il glorifiait Dieu, tournait vers le ciel la paume de ses mains, hochait la tête, et se mordait les lèvres. Lorsqu'il affirmait une chose, il frappait avec le pouce de sa main droite, sa main gauche grande ouverte, pour appuyer son affirmation.
Était-il courroucé, son visage s'empourprait ; il passait sa main sur sa barbe et sur sa figure, respirait profondément, et s'écriait : “Je m'en remets à Dieu, le meilleur des mandataires". Il parlait avec peu de mots, mais chaque mot comportait des sens nombreux, les uns évidents et les autres cachés. Quant au charme de son élocution, il était de nature surhumaine, il allait droit au cœur, et nul ne put jamais y résister.
Le Prophète ne riait jamais au-delà du sourire, et, lorsqu'un excès de gaieté le gagnait, il se couvrait la bouche avec la main. Il était d'un caractère égal, sans morgue ni raideur. Aucun de ses compagnons ne l'appelait sans qu'il répondît immédiatement : "Me voici." Il s'amusait avec leurs enfants qu'il pressait contre sa noble poitrine. Il plaçait sur un rang les fils de son oncle Al-'Abbâs, promettant une récompense à celui qui arriverait à lui le premier, et tous se précipitaient entre ses bras et s'asseyaient sur ses genoux. Il s'intéressait aux affaires de tous, des esclaves aussi bien que des nobles, et il assistait aux funérailles des plus humbles croyants. Un jour il entra dans une violente colère parce qu'on avait négligé de le prévenir de la mort d'un pauvre [...], balayeur de la Mosquée ; il se fit indiquer sa tombe, et s'y rendit pour prier. Lorsqu'un solliciteur cherchait à approcher ses lèvres de son oreille, pour lui parler en secret, il se tenait penché vers lui jusqu'à ce que l'autre eût terminé. Et jamais, il ne retira sa main le premier, lorsqu'un visiteur l'avait prise ; il attendait que celui-ci retirât la sienne, de son propre mouvement. Il a dit : “On n'est un bon Musulman que si l'on souhaite pour autrui ce que l'on souhaite pour soi-même". Jamais, de sa main bénie, il ne frappa une femme ni un de ses esclaves. Anas, qui le servit pendant dix années, a déclaré : "Jamais il ne me blâma ; jamais même il ne me demanda : as-tu fait ceci ? Ou pourquoi n'as-tu pas fait cela ?" Abü Zarr l'a entendu proclamer : "Ce sont vos frères, ces serviteurs que Dieu a placés sous votre autorité ; quiconque est maître de son frère doit lui donner ce qu'il mange lui-même et l'habiller comme il s'habille lui-même". Un des Arabes qui prirent part à la bataille de Hunayn a raconté : "J'avais les pieds chaussés d'épaisses sandales, et, dans un moment de la mêlée, je marchai involontairement sur le pied du Prophète, qui me cingla d'un coup du fouet qu'il tenait à la main, en s'écriant : "Par Dieu ! Tu m'as fait mal !" Et je passai la nuit tout entière à me reprocher d'avoir fait mal à l'Envoyé de Dieu. Le lendemain, à la première heure, il m'envoya chercher, et j'arrivai devant lui, tout tremblant d'émoi : "C'est toi, me dit-il, qui a écrasé mon pied, hier, sous ta grosse semelle et que j'ai cinglé d'un coup de mon fouet ? Eh bien ! Voici quatre-vingts brebis ; je te les donne, emmène-les avec toi". Et, depuis cet incident, la patience du Prophète devança sa colère. Avec sa nature aimante, il avait cruellement souffert d'être privé, si jeune, de tendresse maternelle ; aussi se préoccupa-t-il constamment des rapports entre les enfants et leurs mères. Il les résumait dans cette phrase : "Le Paradis d'un fils se gagne aux pieds de sa mère". Et, lorsque, pendant les oraisons, il entendait un enfant pleurer, il accélérait la prière, pour permettre à sa mère d'aller le consoler, car il savait bien combien souffre une mère, en entendant les pleurs de son enfant. Son intuition merveilleuse de l'âme des humains et de l'essence des choses, qui fit de lui le plus grand des psychologues, ne l'empêchait point de consulter ses compagnons, dans les moindres circonstances ; et 'A'icha a dit : "Je n'ai jamais vu personne chercher les avis et les conseils avec autant de soin que le Prophète". Si des sentiments de dignité bienveillante interdisaient au Prophète la raillerie vulgaire ou blessante, il était néanmoins d'un caractère enjoué ; il aimait la plaisanterie, qui n'est pas blâmée par Dieu lorsqu'elle contient une parcelle de vérité. Un jour, pour s'amuser, il déclara à Safiya, sa tante paternelle : "Les vieilles femmes n'entreront pas dans le Paradis". La noble vieille femme, d'un âge déjà avancé, fondit en larmes ; alors il ajouta : "Mais toutes seront ressuscitées avec l'aspect de femmes âgées de trente-trois ans, comme si elles avaient été toutes enfantées le même jour".
Il aimait tellement la prière, que ses pieds s'étaient enflés par suite de stations debout trop prolongées, durant ses oraisons ; mais il considérait le droit de prier aussi fréquemment comme une des prérogatives de son rôle de Prophète, et il n'admettait pas qu'on imitât son exemple. Il blâma 'Abdallâh Ibn 'Amrû Ibn Al-'As à ce sujet : "Ne m'a-t-on pas dit que tu restais debout, la nuit, à prier, et que tu jeûnais le jour ? Si tu continues, tu perdras tes yeux et tu useras ton corps. Ton devoir, pour toi et les tiens, c'est de jeûner et de rompre le jeûne, de te lever la nuit et aussi de dormir."
[Son] amour pour les femmes le rendit plein de sollicitude à leur égard ; en toute occasion, il chercha à améliorer leur sort. Tout d'abord, il supprima la monstrueuse coutume de l'enterrement des filles vivantes, dont nous avons parlé. Plus nombre des épouses légitimes ; encore recommanda-t-il aux Fidèles d'observer ce verset du Coran : "Si vous craignez d'être injustes, prenez qu'une seule épouse." (S.IV.3) Puis, après avoir déclaré : "Entre toutes les choses licites, celle qui est la plus désagréable à Dieu, c'est le divorce", il accorda à la femme le droit de le réclamer si son époux manquait aux obligations du mariage. Enfin, grâce à ses prescriptions, la vierge ne fut plus mariée. malgré elle ; la dot, qui était versée par le mari entre les mains du père de la fiancée, dut être versée entre les mains de cette dernière. C'est la coutume, si sage, de cette dot que les ennemis de l'Islam ont qualifiée d'achat d'une femme. Ils ignorent sans doute la terrible riposte que leur font les musulmans, lorsqu'ils constatent qu'en certains pays d'Occident la dot est versée par le père de la jeune fille entre les mains du fiancé ! De plus, le mari musulman doit pourvoir à l'entretien du ménage sans toucher à la fortune de son épouse, fortune sur laquelle il ne possède aucun droit.
Le Prophète accorda aussi à la femme un droit dans les successions. Si ce droit n'est que d'une demi-part, il faut tenir compte de la compensation que la femme trouve dans la dot et les frais d'entretien de la maison. Le Prophète aimait les parfums, parce qu'ils sont le complément de la purification par les ablutions, et que celui qui exhale une odeur agréable sera plus digne et saura mieux faire respecter son honneur que celui dont l'odeur provoque le dégoût. Il se parfumait avec du musc, et faisait brûler du santal, du camphre et de l'ambre. Il oignait sa chevelure avec de la pommade et laissait pendre quatre tresses, deux de chaque côté, le long de ses oreilles. Il taillait sa barbe et ses moustaches avec des ciseaux, et les entretenait avec un peigne en ivoire ou en écaille de tortue. Il noircissait ses paupières avec le "Khôl" qui aiguise les regards et fortifie les cils. Il soignait ses dents en les frottant fréquemment avec le "miswâk" (morceau de bois tendre d'arak), dont les fibres, quand on en mâche l'extrémité, produisent l'effet d'une brosse.
Ses vêtements se composaient généralement d'une tunique de coton courte de manches et de taille, et d'un manteau long de quatre coudées, large de deux, tissé en Oman. Il avait également un manteau yéménite, long de six coudées et large de trois, qu'il revêtait le vendredi et les jours de fête. Il avait enfin le manteau vert, dont héritèrent les Khalifes, et un turban appelé "As-Sahâb", dont hérita 'Ali son gendre. Le Prophète prenait de sa personne un soin extrême, poussé jusqu'à une élégance très simple, mais très raffinée. Il se regardait dans un miroir, ou, à défaut de miroir, dans un vase plein d'eau, pour peigner sa chevelure, ou ajuster les plis de son turban, dont il laissait retomber une des extrémités entre ses épaules. Il disait : "En soignant notre extérieur, nous faisons œuvre agréable à celui dont nous sommes les serviteurs". En revanche, il condamnait sévèrement le luxe exagéré dans les vêtements, et, en particulier, l'usage de la soie, qui est, pour les riches, une occasion d'orgueil à l'égard des pauvres ; mais il l'admettait pour ceux chez lesquels une raison de santé le rendait nécessaire. Son souci de justice et de charité s'étendait aux animaux. Il a dit : "Un homme vit un chien tellement altéré qu'il lapait de la boue. Prenant une de ses babouches, cet homme s'en servit pour puiser de l'eau, qu'il offrit au chien, et il répéta ce manège jusqu'à ce que l'animal fût désaltéré. Dieu sut gré à cet homme de son action et l'accueillit au Paradis.
Cette bonté et le rayonnement mystérieux qui se dégageait de la personne de Muhammad impressionnaient les animaux, voire les objets inanimés, aussi bien que les humains. Lorsqu'il gravit les degrés d'une chaire nouvellement construite dans la Mosquée de Médine, l'humble tronçon de palmier sur lequel il avait coutume de monter pour prêcher, se mit à pousser des gémissements, et ne se calma que sous l'imposition de ses doigts bénis.
Le Prophète travaillait de ses propres mains : on le voyait traire ses brebis, rapiécer ses sandales, raccommoder ses vêtements, nourrir ses chameaux, dresser sa tente, etc., sans accepter l'aide de personne. Il rapportait lui-même ses emplettes du marché, répondant à un Fidèle qui voulait s'en charger : "C'est à l'acheteur qu'il incombe de porter ses achats". Il condamnait ainsi, Par son exemple, l'habitude de ces riches qui achètent nombre d'objets, dont ils chargent leurs serviteurs sans s'inquiéter du poids. Il poussait aux dernières limites le mépris des biens de ce monde. Voici, d'après 'A'icha, ses paroles à ce sujet :
"Dieu me proposa de changer pour moi, en or pur, tous les cailloux des environs de la Mecque, et je lui répondis : ‘O Seigneur ! Accorde-moi seulement d'avoir faim un jour et d'être rassasié le lendemain ; le jour où j'aurai faim, je t'implorerai, et le jour où je serai rassasié, je te remercierai" ; "Qu'ai-je à faire avec les biens de ce monde ? Je suis comme un voyageur qui s'étend à l'ombre d'un arbre ; le soleil, en tournant, le rejoint, et il quitte cet arbre pour n'y plus revenir" ; "O Seigneur ! Fais-moi mourir pauvre et ressuscite-moi dans les rangs des pauvres !"
La sobriété du Prophète était extrême ; jamais il ne prenait deux sortes de nourriture au même repas ; s'il mangeait de la viande, il se privait de dattes, et s'il mangeait des dattes, il se... privait de viande. Il avait une prédilection pour le lait, qui apaise à la fois la soif et la faim. Fréquemment, plusieurs mois se passaient sans que, dans aucune des maisons du Prophète, le feu ne fût allumé pour la cuisson du pain ou de quelque autre aliment ; pendant ce temps, il ne se nourrissait, lui et sa famille, que de dattes sèches, et il ne buvait que de l'eau pure. Lorsque la faim tenaillait trop cruellement ses entrailles, il appliquait sur son ventre une pierre, qu'il sanglait avec une ceinture. Il sortit de ce monde sans être rassasié d'aucun mets, pas même de galette d'orge. De son corps, qu'il entretenait dans un état de pureté parfaite par d'incessantes ablutions, il se souciait peu, au point de vue du bien-être. Il dormait souvent sur une natte rugueuse, dont les traces s'imprimaient profondément dans sa chair ; son oreiller était fait de fibres de palmier, et son lit, d'un manteau plié en deux. Une nuit, 'Aïcha ayant plié le manteau en quatre, le Prophète se fâcha trouvant sa couche trop moelleuse, et donna l'ordre de la rétablir dans l'état habituel. Avant de mourir, il avait affranchi tous ses esclaves, et distribué le peu de biens qu'il possédait encore. Il jugeait inconvenant de se présenter devant son Seigneur avec de l'or en sa possession. On ne trouva dans sa demeure que trente mesures d'orge pour l'achat desquelles il avait dû déposer sa cuirasse en gage, chez un usurier.
Tels sont les principaux caractères du portrait du Prophète, conservé par la tradition. Les Musulmans l'admettent comme véridique, mais il n'est, pour eux, que semblable à l'image d'une étoile reflétée sur la surface des eaux. La lueur tremblotante est descendue à portée de la main, mais elle reste insaisissable, et combien pâle en comparaison de l'astre qui l'émet, et qui brille, au plus haut des cieux d'un éclat resplendissant.
Extrait de La vie de Muhammad ; Etienne DINET et Sliman BEN IBRAHIM ; Ed. Maison d'Ennour ; Paris 2003 ; pp. 388-398.
... suite de la page 3 :
Cette organisation, à la base, travaille sur 3 trois objectifs principaux qui sont l’égalité des musulmans avec leur homologue non musulmans, la communication (relation publique) avec les médias et le plaidoyer des affaires musulmanes auprès du gouvernement. Ainsi, les musulmans tout comme les autres minorités religieuses et raciales, bénéficient des espaces de libertés et s'organisent de plus en plus. Ils ont pris conscience que dans ce pays continent, seuls les lobbies sont consubstantiels au pouvoir politique. Elle (la communauté) a donc su créer une certaine unité de destin et a réussi à privilégier les intérêts stratégiques pour faire front commun. L'élite se déploie à mesure de ses moyens sans perdre son identité. On a vu aux dernières élections législatives l'entrée du 1er député musulman au parlement. Mais tout est-il aussi rose pour les musulmans? Malgré ce satisfecit général, certains parlent de restriction de liberté avec la loi patriote et de véritable "profiling" (fichage) pratiqués par les services secrets. La communauté musulmane Aux USA se construit progressivement, elle est certes politiquement jeune, comparée aux lobbies juifs et chrétiens et économiquement faible. Mais incontestablement, elle est celle qui croit en effectif de jour en jour. Espérons qu'un jour les mutations au sein de la communauté permettront aux musulmans américains de peser sur la politique de leur pays.
Idama COULIBALY
Le Cerfiste N° 006
Novembre & Décembre 2007
IBRAHIM : UN INDIVIDU, UNE NATION
À l'occasion de la célébration de l'Aid el Kebir et de l'accomplissement des rites du pèlerinage à la Mecque, nous vous proposons un sermon sur la vie du Prophète Ibrahim (AS). Car sa vie est intimement liée à ces évènements. C'est l'intégralité du sermon de l'imam Guitti Abdoulaye, prononcé à la mosquée du siège de l'Association des Élèves et Étudiants Musulmans au Burkina (AEEMB) que nous vous donnons de lire à travers les lignes suivantes.
Frères et sœurs en Islam ! Quand on a en charge la présentation de la biographie d'une personnalité de la trame du prophète Ibrahim, il convient de dire qu'il est malaisé de le faire en si peu de temps. À tout point de vue, Ibrahim apparaît comme un exemple à suivre en tout temps et en tout lieu. C'est en outre, l'un des personnages qui ont marqué le Moyen-Orient dont la Mecque actuelle. On lui accorde plusieurs dénominations ; Ibrahim (ou Abraham) (AS) est tantôt appelé père du monothéisme ; Abou Daïfin c’est-à-dire le père des étrangers, chaque terme ayant une signification historique et un sens particulier. Lorsque les gens du livre (juifs & chrétiens) discutaient de la nationalité de Ibrahim, le Coran répond sans ambages : "Abraham n'était ni juif, ni chrétien. Il était entièrement soumis à Allah, c'est-à-dire musulman. Et, il n'était point du nombre des associateurs" 3/67. L'Imam Ahmad a rapporté ce hadith d'après Anas Ben Malik qui dit : "Un homme appela le Prophète Muhammad 'O Meilleur des humains'. Le prophète (SAW) riposta en disant : 'C'est Ibrahim (AS) qui mérite cette appellation'." Au juste, qui était cet homme, le Prophète... de Dieu, mieux cet intime de Dieu ? Quels sont les traits de sa personnalité qui valurent qu'Allah dise : Abraham était à lui seul une nation (Ummah) voir 16/120. Ibrahim ; un individu ; une nation ; cela mérite une réflexion. En effet, chaque séquence, chaque épisode de la vie de Ibrahim (AS) doit être pour nous des moments de rappel, et surtout des leçons à tirer.
Frères et sœurs en Islam ! Pour bien situer l’histoire de Ibrahim (AS), il est important de savoir d'abord les conditions socio-historiques qui prévalaient à Ur, pays natal de Ibrahim. Peuplé de 500 000 âmes, Ur était un centre commercial. Ainsi, les commerçants de Pamir, Nilgri & Anatolia, y convergèrent. La plupart des habitants de Ur étaient des artisans ou des marchands professionnels. Ils étaient matérialistes et très poussés vers la recherche du profit et l'accumulation des richesses. Ils pratiquaient l'usure et étaient ennemis les uns des autres. Au plan social, les habitants de Ur étaient divisés en 3 classes : les Amelu, les Mushkenu, et Les Ardu. Les Amelu étaient la classe supérieure, constituée de prêtres, d'officiers de l'État, et d'officiers militaires. Les Mushkenu étaient des artisans, des marchands et des fermiers. Enfin, les Ardu étaient des esclaves.
Frères et sœurs en Islam ! Ibrahim (AS) naquit dans une telle cité, ainsi stratifiée socialement. À cette époque, la cité de Ur comptait 5 000 idoles et chaque cité avait plusieurs idoles parmi lesquelles se trouvait une idole qui était la plus vénérée et reconnue comme la plus grande divinité de la cité. Celle de Ur était nommée Nannar, le dieu de la lune. La dynastie qui régnait sur Ur à l'époque du Prophète Ibrahim était fondée par Nammu ou Namru en arabe.
Ibrahim (AS), né dans un tel contexte, n'adora jamais ces divinités, même une seule fois de sa vie. Jeune, il désavoua ces divinités et se mit à rechercher le véritable Dieu. Écoutons à présent le Coran où le meilleur des narrateurs, Allah, dit : "Rappelle le moment où Ibrahim dit à Azar, son père : "Prends-tu des idoles comme... divinités ? Je te vois, toi et ton peuple, dans un égarement évident !" Ainsi avons-nous montré à Abraham le royaume des cieux et de la terre, afin qu'il fût de ceux qui croient avec conviction.
Quand la nuit l'enveloppa, il observa une étoile et dit : "voilà mon seigneur !" Puis lorsqu'elle disparut, il dit : "je n'aime pas les choses qui disparaissent". Lorsque ensuite il observa la lune se levant, il dit : "voilà mon Seigneur !" Puis lorsqu'elle disparut, il dit : "si mon seigneur ne me guide pas, je serai certes du nombre des gens égarés". Lorsque ensuite il observa le soleil levant, il dit : "voilà mon seigneur, celui-ci est plus grand" puis lorsque le soleil disparut, il dit : "O ! Mon peuple, je désavoue tout ce que vous associez à Allah. Je tourne mon visage exclusivement vers celui qui a créé à partir du néant les cieux et la terre, et je ne suis point de ceux qui Lui donnent des associés" VI/74-79.
Frères et sœurs en Islam, nous allons étudier à présent quelques traits de sa personnalité. Ibrahim, très rusé, veut amener son peuple à reconnaître l'absurdité de l'adoration de leurs idoles. En voici sa démarche. Il est dit dans le Coran : "Il les mit en pièces hormis la statue la plus grande. Peut-être qu'ils reviendraient vers elle. Ils dirent : qui a fait cela à nos divinités ? Il est certes parmi les injustes. Certains dirent : nous avons entendu un jeune homme médire d'elles ; il s'appelle Abraham. Ils dirent : amenez-le aux yeux des gens afin qu’il puisse témoigner. Alors ils diront : est-ce toi qui a fait ça à nos divinités, Abraham ? Lui de répondre : c'est la plus grande d'entre elles que voici qui l'a fait. Demandez-leur donc si elles peuvent parler ! Se ravisant alors, ils se dirent entre eux : c’est vous qui êtes les vrais injustes." Puis ils firent volte-face et dirent : "Tu sais bien que celles-ci ne parlent pas." Alors Ibrahim dit : "Adorez-vous donc en dehors d'Allah ce qui ne saurait en rien vous être utile ni vous nuire ? vous nuire non plus ? Fi de vous et de ce que vous adorez en dehors d'Allah ! Ne réfléchissez-vous pas ?
Son épreuve et sa confiance en Allah
Nous citons plusieurs niveaux d'épreuves chez Ibrahim :
- le châtiment par le feu ;
- Ibrahim et les deux rois despotes ;
- Ibrahim et l'épreuve de sa première épouse Sarah.
Le châtiment par le feu
À chaque niveau de ses épreuves, Ibrahim était sorti victorieux. En effet, lorsque Ibrahim a tourné en dérision son peuple, et après avoir démontré l'absurdité de leur adoration, son peuple décida de lui infliger le plus grand châtiment. On demande à tous les habitants de réunir des fagots de bois. On y alluma. Un homme du nom de Khaïzan trouva la mauvaise idée de fabriquer une catapulte afin de pouvoir propulser Ibrahim au milieu du feu (voir S21/V69). Pendant qu'il était en l'air, on raconte que plusieurs anges vinrent à son secours. Tour à tour, l'ange de la pluie, l'ange du vent... À chaque tentative de le sauver, Ibrahim ne cessait de dire : "Je n'ai pas besoin de votre aide, je me confie à Allah et Allah me suffit, et quel meilleur secoureur". Le feu est une créature de Dieu, Allah parla directement au feu. Nous dîmes : "O feu, soit pour Abraham une fraîcheur salutaire" 21/70.
Ibrahim et les rois despotes
En voyage, Ibrahim traversa une région gouvernée par un roi despote et pervers. Ce roi s'emparait des plus belles femmes qui traversaient sa contrée et tuait les époux. Ibrahim se trouva aux mains des gardes de ce roi, et Sarah sa femme fut retirée de force, et envoyée auprès du roi. Ici encore, Allah rassura Ibrahim que rien ne toucherait à sa femme. En effet, quelle que soit la distance parcourue et les obstacles traversés, Ibrahim pouvait toujours voir sa femme. C'est avec ce roi que Sarah eut une esclave noire du nom de Hadjara ou Haggar qu'elle demandera à Ibrahim d'épouser, car elle-même était stérile.
Namroud était le 2ème roi despote, qui a contrarié Ibrahim : voir II/258. Namroud s'était élevé au rang de divinité. En guise de punition, Allah lui envoya une mouche qui pénétra dans l'une de ses narines et rongea son cerveau jusqu'à ce que mort s’en suive.
Ibrahim et l'épreuve de sa première femme : Sarah
La bonne intention de Sarah se transforma en jalousie, voire en haine, envers sa coépouse Haggar. Après la naissance de Ismail, les tensions se sont ravivées. Ibrahim fut contraint d'isoler Haggar et son fils dans une zone désertique.
S14/v37
Lorsqu'il les y laissa et tourna le dos, Haggar attrapa ses habits et lui dit : "O Ibrahim, où vas-tu en nous laissant sans provision ?" Ibrahim ne répondit guère. Elle insista, mais en vain. Elle demanda à Ibrahim : "C'est Dieu qui t'a ordonné de faire ça ?" Il répondit, oui. Alors elle dit : "Tu peux partir, Allah ne nous abandonnera pas." C'est cette région qui est devenue la Mecque actuelle, et certains rites liés au pèlerinage remontent à l'histoire de cette femme.
c) Sa générosité et son respect de l'engagement
La générosité de Ibrahim n'est plus à démontrer dans la mesure où on l'a surnommé Abou Daïfin, le père des étrangers. On le voit recevoir les anges en tuant un veau, voir 11/69. C'est encore lui qui avait aménagé des jarres et donnait à manger et à boire aux marchands qui traversaient sa région. Pour ce faire, Ibrahim fut traité de sot. Il affirma que même si Dieu lui donnait un fils, il le lui sacrifierait : un engagement suivi de son respect. En effet, il eut Ismail, son premier fils. Allah lui rappela son engagement et le voilà qui se tourna vers son fils : "O ! Mon fils, je me vois en songe en train de t'immoler. Vois donc ce que tu en penses" 37/102. Ismail de répondre : "O ! Mon père, fais ce qui t'est commandé : tu me trouveras, s'il plaît à Allah, du nombre des endurants." Ibrahim confirma sa vision et respecta son engagement envers Allah 37/103-104.
d) Son sens du pardon
Comme nous l'avons vu, malgré l'entêtement et la persistance de son père dans la mécréance, Ibrahim implora le pardon de Dieu pour lui. Mais Allah le lui interdit. Voir S19/41-47. Même au jour dernier Ibrahim va continuer à demander pardon pour son père. Al Bokhari rapporta ce hadith d'après Abou Houreira : "le Prophète de Dieu a dit : Lorsque Ibrahim rencontrera son père Azar le jour de la résurrection, ce dernier aura le visage couvert de poussière ; Ibrahim alors lui dira : "Ne t'avais-je pas dit de ne pas me désobéir ?". Son père lui répondra : "Aujourd'hui, je ne te désobéis pas". Et Ibrahim de répondre : "Mon Dieu, tu m'as promis qu'au jour de la résurrection tu ne me couvriras pas de honte, mais voilà que je suis humilié à cause de mon père !" Et Dieu lui répondra : "J'ai interdit aux infidèles l'accès au Paradis". Puis on lui dira : "Ibrahim, qu'est-ce qu'il y a devant tes pieds ?" Il regardera et verra un animal égorgé se débattant dans son sang qu'on prendra par les pattes et jettera au feu". Qu'Allah nous guide sur le droit chemin.
Le Cerfiste N° 006 Novembre & Décembre 2007
INTERVIEW - "Je suis prêt à travailler avec toutes les associations islamiques" l'occasion de la tenue du congrès ordinaire du Mouvement Sunnite qui a eu lieu les 2, 3 et 4 novembre dernier à Ouagadougou, l'une des décisions les plus importantes a été la création d'un conseil des Ulémas et qui a à sa tête le Docteur Mohamed KINDO. Ce personnage est omniprésent dans le paysage islamique du Burkina Faso depuis son retour de l'Arabie Saoudite en 2004. Directeur de la radio Al Houda, Imam de la grande mosquée sunnite de Ouagadougou, médiateur dans la réconciliation des factions du Mouvement sunnite, le CERFiste est allé à sa rencontre pour mieux le faire connaître de ses lecteurs et connaître ses ambitions pour son association et l'islam au Burkina en général.
Le Cerfiste : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Dr Mohamed KINDO (MK) : Je suis Dr Mohamed KINDO, ressortissant du Yatenga précisément à Sitougou vers Séguénega. Je suis né en 1961 à Abidjan car mes parents y étaient. Mon père était imam et maître coranique, cet environnement aidant, très tôt j'ai commencé la lecture coranique ; mais il y a une croyance chez Docteur Mohamed KINDO. Nous qui veut que l'enfant ne reste pas chez son père pour apprendre le Coran. J'ai donc été envoyé chez un de ses amis, lui aussi maître coranique, pour y terminer la lecture coranique. J'ai ensuite été envoyé à Ségou chez le grand maître Aboubakar Thiam au Mali où j'ai passé 2 ans à l'école medersa. Après je suis revenu à Bobo-Dioulasso où j'ai poursuivi mes études de medersa à Sikasso-Sira. Ainsi, j'ai obtenu le CEP à Bobo-Dioulasso.
Après l'obtention du CEP, j'ai bénéficié d'une bourse pour poursuivre les études à l'université islamique de Médine. C'est là-bas que j'ai terminé le cycle secondaire pendant 3 ans puis j'ai entamé les études supérieures, 4 années durant pour obtenir la licence puis j'ai préparé le Master en 4 ans et le doctorat en 6 ans. J'ai passé au total 22 ans en Arabie Saoudite. Tout ce temps je l'ai consacré aux études.
En nous accordant la bourse, l'objectif des donateurs était de former des gens pour le travail islamique. Après notre retour au pays, nous nous sommes effectivement investi dans ce domaine. C'est en 2004 que je suis revenu au pays. Depuis lors, les choses vont bien. Ouagadougou étant la capitale, j'ai choisi de m'y installer.
Depuis votre retour il y a 3 ans, quelles sont concrètement vos activités ?
Je me suis donné pour but de contribuer à l'avancée des connaissances de la religion car sur ce plan, notre pays accuse un grand retard. Il existe certes de nombreuses écoles, medersas mais qui ont besoin d'être organisées. Il n'existe pratiquement pas d'école supérieure. Je veux contribuer à relever ces défis. Nos aînés ont fait de grands efforts. À mon retour du Burkina Faso, j'ai rencontré certains d'entre eux et nous avons échangé sur les voies et moyens pour développer l'enseignement. On a l'exemple du Docteur Doukouré qui a bâti une université à Ouaga 2000. La fondation Abdallah Ibn Massoud en a fait de même du côté de Tanghin. dispense des cours dans ces 2 universités. Le mouvement Sunnite dispose d'une école mais limitée seulement au secondaire. J'y dispensais des cours en classe de terminale.
En ce qui concerne l'appel, il y a lieu de remercier Dieu, les musulmans ont pu obtenir la radio Al Houda. J'ai servi comme directeur dans cette radio. J'y animais une émission chaque semaine qui a suscité l'intérêt du grand public.
Au niveau du mouvement sunnite, il y avait des mésententes ; nous avons travaillé à rapprocher les deux factions protagonistes de sorte qu'aujourd'hui on a tourné la page de cet épisode. À l'ouverture de la grande mosquée sunnite l'an dernier, j'ai été désigné comme Imâm. En dehors de cette fonction, j'anime des prêches pour faire connaître la religion. Nous animons également des séances d'études que nous avons instaurées au sein de la mosquée. Ces séances se tiennent chaque vendredi pour les arabisants uniquement, les samedis sur le commentaire de Sahih Boukhari en langue moré et les dimanches à l'endroit du grand public. public. Nous effectuons des visites à nos frères musulmans dans les autres localités. Nous organisons également des séminaires. Il y a bien d'autres projets, mais il faut du temps pour les mettre en œuvre.
À l'issue du dernier Congrès du mouvement Sunnite, vous avez été retenu comme président du Conseil des Ulémas. Comment appréciez-vous cette fonction ?
Le Conseil des Ulémas n'existait pas. Nous avons trouvé que pour un mouvement de cette nature, le savoir vient avant tout. C'est pourquoi j'ai contribué à asseoir le Conseil des Ulémas à côté du Bureau Exécutif. Dans une structure islamique, il y a à côté des questions religieuses, des questions sociales. De ce point de vue, il faut un organe de conseil et d'orientation. C'est l'idée qui a sous-tendu la création de ce conseil. Il s'agit d'un groupe de personnes qui sont chargées de délibérer sur des grandes préoccupations, sur les questions religieuses. Je pense que cela va renforcer l'organisation du mouvement Sunnite et accroître son efficacité. Les choses se construiront progressivement après la rupture. Tout ceci n'est possible qu'à travers la sincérité dans l'action et la demande du soutien de Dieu. Au Burkina Faso, il existe plusieurs structures islamiques, la Communauté Musulmane du Burkina Faso, Ittihad, la Tidjania, le CERFI, l'AEEMB et bien d'autres. Ne pensez-vous pas que vous seriez plus utile si vous restiez à équidistance de tous ces mouvements et collaboriez avec tout le monde ?
Il existe effectivement plusieurs associations islamiques. Cette situation n'a pas sa raison d'être. Les musulmans devaient être unis car ils ont un seul Dieu, un seul Prophète, et un seul Coran. Ce ne sont pas les dénominations qui posent problème parce qu'on peut fonder plusieurs structures à cause de l'immensité des tâches à exécuter. Nous avons par exemple un seul gouvernement mais avec différents départements ministériels. L'organisation des musulmans devait être une chose similaire. Mais les divisions ne sont malheureusement pas de cette nature. Membres de chaque groupe se considèrent comme étant sur le droit chemin et les autres dans l'égarement. C'est là que se situe le problème. C'est ce qui ne devait pas être. On a constaté en effet que mes actions vont beaucoup à l'endroit du mouvement Sunnite, mais cela ne signifie pas que j'ai fait ce choix au détriment de tous les autres. Dans le cadre de la religion, je suis prêt à travailler avec tous les mouvements ; mon but est de faire bénéficier à tout le monde le fruit de mes études. De ce point de vue, je n'ai pas choisi le Mouvement sunnite aux dépens des autres. Les opinions et les niveaux de savoir étant différents, si vous appartenez à un groupe, vous portez systématiquement l'étiquette de ce groupe. C'est ce qui se passe, sinon je suis prêt à travailler avec tous. Notre religion ne peut progresser sans la contribution de tous dans l'unité. Le choix du mouvement Sunnite s'inscrit dans une volonté de faire régner l'entente dans ce mouvement. Si des gens inter- Le Cercle N° 006 Novembre & Décembre 2007
INTERVIEW
prêtent cela autrement, c’est leur opinion. Quelle appréciation faites-vous de l'état de l'Islam au Burkina Faso ?
On remercie Dieu du fait que les Burkinabè ont connu la religion islamique. Il existe des pays plus peuplés que le nôtre, mais dont la population n'a pas connu l’islam de cette façon. En réalité, les musulmans constituent la majorité de la population burkinabè, en plus des progrès qui sont réalisés. Mais cela ne signifie pas qu'il n'y a pas de problème. Nous demandons toujours l'assistance de Dieu, car il y a toujours des questions qui nous divisent. En plus, les musulmans ne sont pas instruits. Quand on n'est pas instruit, même si on est animé de bonne volonté, on ne peut pas construire. Les gens ont besoin d'éclaireurs pour raffermir leurs engagements et leur connaissance de la Je ne perçois pas les musulmans de notre pays comme des rebelles qui sont animés d'esprit malsain, mais plutôt comme des gens qui manquent de savoir, d'éveil des consciences. J'espère que cela va changer, aussi bien sur le plan du savoir que de l'entente.
Quel doit être le rôle de nos intellectuels dans l'éveil des consciences et la sensibilisation des musulmans ? Cette question est fondamentale. Parce qu'il faut des gens pour guider et conduire cette mission. En toute chose, il faut des intellectuels (des savants), des spécialistes ; ce sont ces derniers qui sont les mieux indiqués pour cette mission. Dieu nous enseigne que chacun doit mettre son savoir au service de la religion. Il y a deux grands domaines : la religion à proprement parler et les autres domaines. Ces intellectuels doivent donc se compléter dans le travail islamique, dans l'éveil des consciences des masses.
Mais le problème est qu'il existe des gens qui ont fait de longues études même à l'extérieur mais les conditions de vie étant Précaires au Burkina Faso, ils ont baissé les bras par rapport à l'enseignement de la religion. Ils ont adopté des pratiques qui contrastent avec leur discours. C'est bien dommage ! Face à l'ampleur de la mission, certains se sont lassés ou découragés tout simplement. C'est la raison pour laquelle ceux qui ont étudié sont nombreux mais ils ne sont pas unis de sorte à développer les idées et les initiatives pour faire avancer la religion. Cette situation décourage même les bonnes volontés. En plus, il y a une distance entre eux et les arabisants. Les catégories d'intellectuels devraient pourtant se compléter pour l'efficacité de l'appel. Ce sujet constitue une préoccupation pour moi et j'y réfléchis.
Qu'est-ce que vous projetez comme action qui puisse faire avancer l'islam au Burkina Faso ? La première des choses c'est l'enseignement car il faut préparer la relève. Il faut organiser l'enseignement de sorte que les enfants musulmans puissent accéder au savoir religieux et profane. En plus, il faut coupler à L'appel, la prise en considération des questions de santé, de nutrition. Cela fait partie des enseignements de l'islam. Cela est bien possible si les musulmans s'unissent et s'organisent bien. On pourrait initier des projets dans ce sens.
L'autre problème, c'est le manque de documentation pour des gens qui font la recherche sur l'islam. C'est pourtant la base de tout. En plus, on a besoin de centres islamiques qui vont servir de cadre permanent du savoir religieux pour tous ceux qui en ont besoin. J'ai des ambitions sur tous ces projets, mais la réalisation appartient à Dieu.
Votre mot de fin. Je demande à Dieu de raffermir notre foi. Aux leaders religieux de notre pays, je dis que la religion doit être une préoccupation pour tous. Elle appartient à Dieu, s'il a confié la responsabilité à certains, qu'ils prennent conscience de son poids. On ne doit pas faire de la religion un fonds de commerce ou une voie pour parvenir au pouvoir. Si on recherche seulement l'agrément de Dieu, les choses iront mieux. Rechercher nos propres intérêts, travaillons dans la franchise, dans la cohésion et transmettons un islam assaini aux populations. On ne peut atteindre la perfection mais ce qui compte c'est l'intention, la volonté de bien faire. Dans ces conditions, même s'il y a une erreur, Dieu pardonne.
Entretien réalisé par Abdoussalam OUEDRAOGO
Traduction et transcription : Kadré SAWADOGO
Le Cerfiste N° 006 Novembre & Décembre 2007
VIE DU CERFI
CONFERENCE BIMESTRIELLE DU CERFI
Réussir sa vie conjugale
La section provinciale du CERFI a organisé, conformément à son programme d'activité annuel, sa dernière conférence bimestrielle sur le thème : "Comment réussir sa vie conjugale ?" Pour la première fois, cette activité de formation islamique a connu deux innovations majeures : les communications ont été organisées sous forme de panel ; ce qui a permis de varier les interventions et de favoriser le débat et les échanges. échanges. L'activité a ensuite enregistré au niveau des intervenants, la participation d'une personnalité non musulmane qui a permis d'élargir le champ de vision des militants du CERFI, habitués à entendre toujours un seul son de cloche. La conférence, qui a eu lieu le dimanche 9 décembre 2007 dans l'enceinte du siège du CERFI, a connu la participation de nombreuses personnes venues entendre les enseignements de leur religion et apporter leur contribution sur un thème qui est au centre de la vie de chacun et de tous. C'était donc un rendez-vous fort enrichissant du donner et du recevoir.
Le panel s'est déroulé en trois phases importantes, correspondant aux interventions des personnes invitées. Ainsi, c'est à la cellule d'écoute du CERFI que l'honneur est revenu de prendre la parole en premier. C'était donc l'occasion pour elle de se faire mieux connaître par les militants et sympathisants. Elle a dévoilé ses missions qui visent globalement le bien-être des familles musulmanes, et l'union et l'entente des couples. Par ailleurs, et découlant de ses missions, la cellule a fait part aux participants des différentes activités qu'elle mène depuis sa création et son installation. Enfin, elle a saisi l'occasion pour insister sur le programme qu'elle a conçu pour la formation des nouveaux couples, d'autant plus que c'est le fondement du bonheur, de l'entente et du bien-être dans le couple.
En second lieu, ce fut au tour de M. Damiba, conseiller conjugal, collaborateur du journal d'État, Sidwaya, sur les questions matrimoniales et responsable d'un cabinet de conseils. Il a été certainement l'attraction de cette activité par sa simple présence dans un milieu musulman. Il a axé son intervention sur quatre éléments essentiels que sont : la définition des conflits conjugaux, la typologie des conflits conjugaux, la définition même de couple et les méthodes de résolution des conflits. On retient principalement de son exposé que chaque élément du couple doit accepter la différence de l'autre sans chercher à ce que l'autre Nous ressemble à tout prix. Enfin, l'assistance est restée attentive tout au long du panel. M. Damiba a conclu que chacun doit admettre que les conflits font partie de la vie du couple. L'imam Tiégo Tiemtoré, qui a fermé la marche, a fait d’abord l'état des lieux des couples musulmans en insistant sur les difficultés qu'ils rencontrent et les obstacles au bonheur des foyers musulmans.
Il s'est ensuite appesanti sur la communication au sein du couple qui constituerait un outil important de stabilisation du foyer et une arme déterminante contre les conflits. Il a enfin relevé la nécessité de créer des espaces de distraction et de divertissement au sein des foyers ; toute chose qui manque avec acuité dans les foyers musulmans. Son intervention était bien sûr ponctuée par des exemples édifiants du saint prophète qui demeure dans ce domaine (et partout d'ailleurs) un modèle pour le genre humain.
Toutes ces interventions ont été Bien appréciées par le public qui n'a pas manqué de poser des questions pertinentes et d’apporter surtout des contributions, ce qui a permis d'agrémenter le débat. Tout compte fait, le temps imparti ne pouvait suffire à épuiser un tel sujet dont l'importance n'est plus à démontrer. Ce fut donc une introduction à une vaste réflexion qui se veut permanente et une interpellation à chacun pour qu'il œuvre à son propre bonheur et à celui de son conjoint. Cette conférence bimestrielle qui s’est achevée sur une note de satisfaction est aussi le témoignage que l’œuvre entreprise par le CERFI dans la formation des musulmans est une œuvre louable qui demande la participation de tous, sans exclusive.
Hamadé BAMBARA
Le Cerfiste N° 001 octobre & novembre 2006