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Propos libres : quand la coutume s'imbrique dans la religion
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- Title
- Propos libres : quand la coutume s'imbrique dans la religion
- Creator
- Issa Hatimi
- Publisher
- L'Observateur Paalga
- Date
- July 12, 1996
- Abstract
- Ceux qui ont lu et compris le Coran, qui le traduisent à merveille, ne sont pas souvent ceux-là qui sont autorisés à parler ou à agir au nom de l'islam. C'est bien dommage!
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0002693
- content
-
Ceux qui ont lu et compris le Coran, qui le traduisent à merveille, ne sont pas souvent ceux-là qui sont autorisés à parler ou à agir au nom de l'islam. C'est bien dommage!
Frères musulmans, il est grand temps qu'on s'organise, qu'on accorde les violons, qu'on se trouve un règlement, un consensus dans les actions musulmanes. Cela veut dire aussi qu'il est temps de trouver le courage pour extirper des rangs ceux qui, coûte que coûte, tiennent à prendre les rênes des choses mais qui n'apportent rien à la religion de positif sinon fermer yeux et oreilles et laisser pervertir l'islam. (Peut-être par ignorance ou peut-être bien qu'ils trouvent leur compte dans le système). Un seul exemple que je prendrai parmi tant d'autres: le doua du 7e Jour d'un mort.
Je suis profane et je voudrais savoir si le doua du 7e jour est obligatoire dans l'islam. S'il ne l'est pas, je passe; mais s'il l'est, là se situe mon problème. On pourrait bien revoir, sinon le fond, du moins la forme de cette situation. Comment peut-on célébrer avec tant de faste le “doua" en dépouillant les ayants droit par un gaspillage inouï qui frise le ridicule et partant, fait pitié?
Un père de famille est décédé il y a juste deux ans. Son épouse le rejoint en laissant cinq enfants dont l'aîné va à peine sur ses vingt ans. Comment peut-on faire le doua de cette malheureuse en distribuant à une assemblée indifférente des dizaines de plats de galettes frites, avec des dizaines de litres d'huile, du riz, des friandises et autres? Qui a décidé cela? Certainement pas le premier fils.
Et tout cela, dans un charivari intolérable. On rit, on s'interpelle, on s'exhibe, on se bouscule... Des plats se renversent, des écharpes traînent, calomnies et médisances font rage, on parle sans s'écouter ni même écouter le diseur de versets qui psalmodie... (Certaines mauvaises langues parlent de longueur de temps quand le mort laisse derrière lui beaucoup de biens).
C'est écoeurant! Un doua, je crois savoir, est une prière, et les dons qu'on peut offrir vont aux nécessiteux et à la famille. Certaines coutumes voudraient qu'aux décès de vieux parents, on chante et danse, jour et nuit. Si les enfants ou petits-fils ont les moyens et veulent le faire savoir, ils font la bamboula. C'est leur droit. Ça, ce sont des coutumes. Encore que “la pompe des enterrements regarde plus la vanité des vivants que l'honneur des morts”, dit un penseur.
Les coutumes ne devraient pas se fondre dans la religion. Là se situe la responsabilité des responsables religieux. Ils devraient se voir pour revoir certaines pratiques qui n'honorent guère la religion. Ceux qui veulent bien confondre et pérenniser cette situation avancent que ça permet aux morts de “bien se retourner” dans leur tombe. Un mort “pourrait-il” bien se retourner dans sa tombe s'il se doutait qu'on dilapide ses biens en plongeant sa progéniture dans le dénuement? Ne confondons pas le zakat que le bon musulman fait souvent et dans l'anonymat avec ce bradage éhonté des biens des disparus. L'islam recommande d'assister moralement et matériellement la famille éplorée, de protéger les veuves et les orphelins et non de les piller par ces temps qui courent.
Honte donc à ceux qui s'accrochent à ces méthodes anachroniques comme à une bouée de sauvetage! Frères et soeurs musulmans, soyons sérieux! Disciplinons-nous. Pourquoi s'étonner et se fâcher quand on se gausse de nous alors? Si le doua s'apparente à la prière, pourquoi ne le ferons-nous pas dans une mosquée? On célèbre bien les mariages religieux là-bas, non? Ça ferait plus sérieux, dans le calme et le recueillement. Oserait-on même tiré à quatre épingles, ricaner et faire le farfelu dans ce lieu austère? Je pense que c'est le choix du lieu du doua (domicile) qui Invite à cette atmosphère de gala.
A cette idée de mosquée, bien de gens crieront au scandale! Pourquoi? Mohamed (PSL) n'était pas Dieu, il était prophète, souvenons-nous-en. Et c'est pourquoi n'a-t-il pas dit à ses disciples ceci:
“Après tout ce que Je vous ai enseigné, si vous voyez quelque chose qui peut faire du bien à la religion, faites-le. Tout ce qui peut nuire à la religion, abandonnez-le, même si Je l'ai enseigné...”
Issa Hatimi
N.D.L.R
Bien que nous n'ayons nullement le droit de nous mêler des idées qui sont exprimées sous cette rubrique, nous ne résistons pas à la tentation de faire écho à monsieur Issa Hatimi. Son écrit en effet interpelle, non seulement les musulmans, mais aussi les adeptes des autres religions qui versent trop souvent dans des dépenses somptuaires à l'occasion des baptêmes, mariages et autres funérailles. Il s'agit là d'hémorragies mortelles pour notre développement.
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