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Menaces Jihadistes dans le Nord du pays : la réponse peu rassurante du ministre de la défense
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- Title
- Menaces Jihadistes dans le Nord du pays : la réponse peu rassurante du ministre de la défense
- Creator
- Robert Krassault
- Publisher
- Notre Voie
- Date
- June 17, 2015
- Abstract
- Une semaine après la première attaque jihadistes dans le sud du Mali, le gouvernement ivoirien n'a pas encore la pleine mesure de la menace qui plane sur la Côte d'Ivoire. Pourtant, tout porte à croire qu'elle pourrait être une cible comme la Radio France International (Rfi) l'a rapporté, le jeudi 11 juin dernier, dans ses éditions matinales.
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0006881
- content
-
Une semaine après la première attaque jihadistes dans le sud du Mali, le gouvernement ivoirien n'a pas encore la pleine mesure de la menace qui plane sur la Côte d'Ivoire. Pourtant, tout porte à croire qu'elle pourrait être une cible comme la Radio France International (Rfi) l'a rapporté, le jeudi 11 juin dernier, dans ses éditions matinales.
"Un gendarme tué, deux personnes blessées, des véhicules et motos brulés, c'est le bilan de l'attaque qui s'est déroulée tôt dans la matinée du mercredi 10 juin contre une localité malienne du sud. Une attaque attribuée aux jihadistes qui ont hissé leur drapeau dans un camp militaire de la ville avant de disparaître. C'est la première fois qu'une attaque attribuée aux jihadistes se déroule dans la région malienne de Sikasso, frontalière avec la Côte d'Ivoire et le Burkina-Faso. Misséni, le long de la localité malienne où s'est déroulée l'attaque, est même située à 20 km du premier village ivoirien. Si les assaillants ne venaient probablement pas de la Côte d'Ivoire, ce pays ".
Pour Souleymane Ouattara, député malien appartenant à la majorité présidentielle et qui a été interrogé par Rfi, il peut y avoir des cellules dormantes de djihadistes, ou bien ces jihadistes ont pu franchir la frontière en venant de Côte d'Ivoire
. " Comme c'est une zone qui fait frontière avec la Côte d'Ivoire, si des jihadistes ont été repoussés du nord de la Côte d'Ivoire, ils ne pourront trouver refuge que dans cette zone frontalière avec le Mali ", a fait remarquer le parlementaire malien à Rfi.
Malheureusement, à l'instar du gouvernement ivoirien qui reste muet sur la question, toutes ces informations de première main n'intriguent pas outre mesure Paul Koffi Koffi, le ministre ivoirien auprès du chef de l'Etat, chargé de la Défense.
Au cours d'une rencontre avec la presse, le lundi 14 juin, à son cabinet au camp Gallieni, à Abidjan-Plateau, sur l'ouverture très prochaine à Yamoussoukro de la session de lancement de l'Institut d'études stratégiques et de défense, il est resté évasif sur la menace qui plane sur la Côte d'Ivoire après cette première attaque jihadiste dans le sud du Mali.
"Ces évènements ne doivent pas perturber la Côte d'Ivoire, mais doivent nous amener à renforcer davantage nos frontières comme nous le faisons dans les frontières ouest du pays. Mais aussi amener les Maliens à garder leur sang-froid et à persévérer dans le dialogue. Naturellement, il faut apprécier la menace pour trouver les solutions appropriées", a-t-il déclaré.
On ne peut pas nier que Paul Koffi Koffi ne reconnaît pas que la menace des islamistes radicaux sur la Côte d'Ivoire est réelle puisque l'attaque jihadiste a été effective. Si cette attaque a été possible dans le sud du Mali, elle peut traverser la frontière pour atteindre aisément la Côte d'Ivoire.
Et quand le ministre chargé de la Défense dit que "ces évènements ne doivent pas perturber la Côte d'Ivoire, mais doivent nous amener à renforcer davantage nos frontières comme nous le faisons dans les frontières ouest du pays ", peut-il rassurer les Ivoiriens que des mesures ont été prises pour effectivement sécuriser nos frontières ?
On ne peut répondre par la négative. Parce que Paul Koffi Koffi se contente juste de dire, une semaine après l'attaque au Mali, qu'il faut apprécier la menace pour trouver les solutions appropriées. Cela veut dire que le gouvernement ivoirien n'a pas encore bien apprécié la menace que les islamistes radicaux font peser sur le pays.
C'est ce qui est inquiétant. Est-ce que les Ivoiriens doivent craindre que leur pays devienne un pays aux mains des jihadistes qui sèment partout la mort sur leur passage ?
Les Ivoiriens attendent du gouvernement Ouattara qu'il les rassure en leur disant que leurs frontières sont sécurisées et qu'ils ne risquent rien à l'intérieur.
Quand Paul Koffi Koffi dit que des mesures ont été prises, il ne parle pas ce qui a été fait exactement pour rassurer ses compatriotes qui pourraient alors dire : "la menace jihadiste est de l'autre côté et qu'elle ne va pas nous atteindre ".
Etant avant tout le ministre chargé de la Défense de l'Etat, Paul Koffi Koffi en cette qualité, de la même façon qu'il indique que le gouvernement a installé des bataillons dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, il devrait dire clairement quelles sont les dispositions qui ont été prises pour préserver l'intégrité du territoire national.
Les Ivoiriens attendent donc de lui qu'il dise : "On a pris telle ou telle mesure. On a installé un bataillon ici ou on a mis des gens là pour surveiller la frontière. Ou bien encore dire si c'est l'islamisme radical qui est menaçant, dire qu'il faut faire des contrôles sur les lieux de cultes et/ou suivre les prêches des gens qui radicalisent. Il faut faire du renseignement pour que la Côte d'Ivoire ne sombre pas dans le jihadisme".
Malheureusement, les réponses que Paul Koffi Koffi donne face à l'inquiétude grandissante des populations ne sont vraiment pas rassurantes. Surtout lorsque il dit qu'il appartient à la Côte d'Ivoire de contrôler ses frontières.
Parce que rien ne dit que ce sont des gens qui sont venus du nord du Mali, qui ont attaqué au sud du Mali. Il pourrait s'agir des cellules des gens qui sont sur place, qui ont été radicalisés par des prêches de radicaux comme l'indique le député malien Souleymane Ouattara.
Il ne s'agit pas forcément d'une question de frontière. Il peut s'agir d'une radicalisation d'une frange de la population par rapport à un discours à caractère religieux. C'est peut-être déjà le cas de la Côte d'Ivoire. Et c'est ce qui effraie.