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Pieuse célébration de nos 16 ans d'Indépendance
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Togo
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- Title
- Pieuse célébration de nos 16 ans d'Indépendance
- Publisher
- Togo-Presse
- Date
- April 28, 1976
- Abstract
- Au lieu du traditionnel défilé ou d'un festival d'animation qui font souvent le clou des festivités marquant notre nationale, ce sont des offices religieux qui ont marqué hier la célébration du 16è anniversaire de la proclamation de l'indépendance du Togo.
- Page(s)
- 1
- 4
- 5
- number of pages
- 3
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0006467
- content
-
Au lieu du traditionnel défilé ou d'un festival d'animation qui font souvent le clou des festivités marquant notre nationale, ce sont des offices religieux qui ont marqué hier la célébration du 16è anniversaire de la proclamation de l'indépendance du Togo.
Cette journée commémorative a été placée cette année sous le signe de la simplicité. Le peuple Togolais tout entier s'est rendu en masse dans les églises pour rendre grâce à Dieu.
A Lomé, l'anniversaire a été marqué par des cultes catholique, protestant et musulman, célébrés en commun à la Maison du Rassemblement du Peuple Togolais.
Les officiants, Mgr Dosseh, archevêque de Lomé, le pasteur Ayivi, modérateur de l'Eglise évangélique et l'Imam Limiou, se sont succédé sur le même autel pour invoquer dans leurs prières la grâce de Dieu sur notre peuple et ses dirigeants. Les sermons mettaient l'accent sur la « vie humaine » la liberté et l'espérance » et la « victoire ». Le chef de l'Etat, le général Gnassingbé Eyadéma a assisté aux prières, entouré pour la circonstance de ses hôtes le premier ministre guinéen, le Dr Lansana Béavogui et le ministre algérien des Anciens Moudjahedines M. Mahmoud Guennez, accompagnés des membres de leurs délégations respectives.
Ont également marqué de leur présence les cérémonies commémoratives, les membres du gouvernement, du comité central, ceux des bureaux nationaux de l’UNFT, de la CNTT, et de la JRPT.
Les membres de la mission diplomatique accréditée au Togo étaient au grand complet.
La salle des congrès de 3000 places, bercée par les cantiques de louanges à Dieu, était archicomble, envahie par des militants du RPT en uniforme et de nombreux fidèles.
A Lomé, la joie, a régné, tôt le matin, la population a été réveillée par le bruit sourd des 21 coups de canon, annonciateurs de la fête. Toute la ville bourdonne de remue ménage. La circulation est devenue bruyante. Les rues regorgent de monde, qui convergent vers la place de l'indépendance.
Les uns après les autres, les militants viennent se masser sur l'esplanade de la Maison du RPT, où attendaient depuis le matin, prêtres, pasteurs, imams et autres personnalités.
ARRIVEE DU CHEF DE L'ETAT
Les banderoles s'étaient de toutes parts « Grâce à Eyadéma un seul peuple, une seule nation, une même foi ».
La fanfare de la musique principale des Forces Armées Togolaises a joué l'hymne national Guinéen et « Terre de nos aïeux.» Le président Eyadéma qui était en compagnie du premier ministre Guinéen, s'est immobilisé devant le drapeau togolais.
Les deux hommes d'Etat ont ensuite passé en revue un détachement des FAT qui rendait les honneurs. Puis ils ont gagné la salle des congrès au milieu des ovations des assistants.
Ce fut le début des cérémonies. D'abord, la messe catholique, concélébrée par Mgr Dosseh assisté de plusieurs prêtres.
La vie humaine a été le thème développé dans son sermon par l'archevêque de Lomé.
«Considérée collectivement et dans les limites de cette existence terrestre, la vie humaine offre en effet le même spectacle que la nature entière. Partout c'est comme un mouvement circulaire où tout déclin est suivi d'une aurore, où toute fin appelle une renaissance.
L'Ecclésiaste a décrit magnifiquement ce cycle mouvant des choses : «Le soleil se lève, atteint son midi, se couche et revient à l'Orient, les fleuves se perdent dans la mer puis leurs eaux retournent alimenter leurs sources. Ainsi une générative passe, une autre arrive. Qu'adviendra-t-il.
Ce qui est advenu déjà, car il n'y a rien de nouveau sous le ciel. » (Eccl. 1/4 à 10)
« On perçoit une séduction triste, un charme mélancolique et dangereux dans la contemplation de ce renouvellement continu et continuel qui change les acteurs sans changer la scène du monde. Le spectateur court le risque d'y perdre ou d'y amoindrir, avec le sentiment de sa personnalité responsable, la conscience du devoir et le courage de l'accomplir. Et les sophistes ne manquent pas pour prêter à cette défaillance du cœur, l'appui national d'une fausse métaphysique. « L'homme, dit-on, ne fait pas exception à la loi du mécanisme universel où sa vie est engagée. Poussé par le flot qui la suit pressé par le milieu qui l'enserre attiré par le vide que l'avenir ouvre devant lui, l'individu fait fatalement son œuvre et sa destinée, se perd dans celle de l'espèce.
« La conclusion, vous l'entrevoyez déjà; : l'effort volontaire est une illusion, se mouvoir, c'est être mû, travail et inertie se confondent. Dès lors, reposons-nous laissons-nous vivre, laissons le cycle vital travailler pour nous.
« Non ! l'histoire de notre peuple s'inscrit en faux contre ces rêves doucereux et nous comprenons autrement les leçons sublimes du philosophe inspiré dont on voudrait faire avec autant d'impertinence que d'impiété, un allié d'Epicure. Pour nous, pour notre peuple, pour le Togo, la vie est dans l'effort et la continuité. La vie humaine n'est pas comme le monde intérieur, un spectacle : elle est une œuvre. L'histoire ne se tisse pas d'elle-même comme l'enchevêtrement inextricable de multiples et nombreux fils au dos d'une savante tapisserie : elle se construit.
Voilà pourquoi, tandis que le monde tourne sur lui-même, la vie humaine marche en avant. Sans doute les existences individuelles comparées entre elles, rappellent un type commun, mais considérées isolément, chacune a son rôle et sa place dans l'histoire, et c'est par la liberté qu'elle le remplit, s'y montrant tour à tour, égale ou inférieure, et s'approchant ou s'éloignant de sa véritable destinée.
L'essentiel, doit nous situer dans l'effort et la continuité.
« Liberté et espérance » ce sont les termes autour desquels a été bâti le sermon du pasteur Ayivi qui a rappelé, citant le texte de l’alliance, l'intervention capitale de Dieu dans la vie des peuples.
« Au début du pacte, Dieu réaffirme ainsi avec force sa Seigneurie et sa Souveraineté sur toutes les puissances de ce monde, puissances que personnifiaient dans l'Egypte ancienne Pharaon et son règne. Il affirme également qu'il est le Dieu et Maître de l’histoire et qu'il lien: en sa main la destinée des hommes, des peuples et des nations : c’est moi qui t’ai fait sortir de la maison de servitude.
« Le 19e siècle vit dit-il, le parcage de l'Afrique entre les grandes puissances européennes de l’époque. Le siècle suivant, Dieu devait susciter ici et là, partout en Afrique des hommes, des libérateurs, des Moïses, porteurs du message suivant aux Pharaons: «Laisse partir mon peuple ». La Conférence des Eglises de Toute l'Afrique devait professer (reconnaître et déclarer publiquement) en sa 2e Assemblée que Dieu et son Christ œuvraient pour la libération de l’Afrique...
Et, depuis 16 ans nous sommes indépendants. Aujourd’hui, Dieu nous rappelle l’événement d'il y a 16 ans : « C’est moi, le Seigneur, ton Dieu, qui t’ai fait sortir de la maison de servitude ». Dieu réaffirme à nos oreilles sa Seigneurie. Le Togo a toujours reconnu la main du Seigneur dans ses luttes. Il a toujours exalté le Seigneur et lui a toujours rendu grâces de ses délivrances. Et ce matin encore il est ici pour ces obligations.
« Continuez dans cette voie » nous encourage le Seigneur. « Appuyez sur moi, vous êtes sûrs du salut et sûrs de ne pas retomber dans de nouvelles formes de servitude.
Aussi anime-t-il ici notre foi et nous interpelle à la vigilance. Car là où se rassemblent les enfants de Dieu, Satan est présent, rôde autour cl cherche à mettre du désordre. C’est moi le Seigneur ton Dieu cela veut dire aussi : Ne craignez rien. Recommandez voire sort à l’Eternel, mettez en lui votre confiance, et il agira. (Ps. 37 : 5) Ceux qui espèrent en Dieu ne sont jamais confus.
D'autre part, Dieu veut rester Seigneur dans vos vies personnelles, dans nos communautés, dans nos relations les uns avec les autres. Quand Dieu est Seigneur dans ce domaine, nous ne pourrons que nous aimer les uns les autres, que bien nous conduire et désirer vivement l'unité comme le Fils par le St-Esprit est uni au Père.
RESTER ATTACHE A DIEU
Mais qu'est-ce que cette loi à laquelle il veut nous soumettre : « Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face », la loi étant elle-même déjà une servitude ? Du calme ! Dieu en ces paroles vient nous proposer de renouveler son alliance avec nous, avec le peuple togolais à qui il a toujours prêle main forte en diverses périodes et péripéties de son histoire. Dans ce premier commandement, d a n s son amour, il se donne à nous pour que demeure notre liberté. (Il ne veut pas que nous la perdions). Mais l'unique possibilité de la conserver c’est de rester attaché à lui, l’avoir pour seule source d’inspiration : le laisser vivre en nous et nous en lui. Dieu ne veut pas de partage. Il nous veut en entier. Car nul ne peut servir deux maîtres à la fois : Ou c'est Dieu ou c'est Mammon. Dieu désire notre adhésion sincère et totale à sa parole et à sa Seigneurie.
Quelle exclusivité, quelle jalousie : Oui, c'est toujours pour prévenir du danger qu'il y a à avoir en plus de lui ou purement et simplement à sa place des objets ou des idées qui donnent l’illusion qu'ils pourraient valablement le remplacer. C'est la catastrophe. C’est le mépris de la dignité humaine. C'est le désordre. Dans tout brouillard, c'est la liberté qu'on perd en premier. Il faut choisir : ou c’est la lumière c’est-à-dire la liberté et l'espérance de Pâques ou c’est les ténèbres de ce monde et le désespoir inéluctable ?
Dans son sermon, El Hadj Kassim a rappelé la puissance de Dieu, notre refuge notre protection à nous tous. Il a exhorté le peuple togolais à se recommander à Dieu.
Rappelant celle journée commémorative qui est celle de notre victoire a arrachée aux colonialistes insatiables, El Hadj Kassim a défini le but de notre rassemblement en ce jour anniversaire : se rappeler nos engagements envers le Créateur, rechercher ses conseils et ses lumières à travers les sermons, solliciter son agrément et son appui constant et indéfectible ».
Et El Hadj de poursuivre : « Lorsque nous remontons l'histoire de l'indépendance de notre pays à la lumière des paroles divines précitées en patriotes croyants, responsables et objectifs, nous constaterons avec la plus grande amertume que le peuple togolais après sa victoire remportée sur l’impérialisme, n'a pas su l'emporter sur son propre penchant aveugle et partant, ouvrir son cœur à Dieu le Donateur de cette victoire afin qu'il fasse descendre la tranquillité dans nos cœurs et parachève sur nous son bienfait.
En effet, le peuple togolais fut un exemple dans la lutte anti-impérialiste sous le glorieux étendard de la non-violence. Et c'est comme un seul homme qu'il s'est lancé à l'assaut de l'ennemi redoutable, avec ces moments pathétiques où l'on admirait avec étonnement des femmes même en grossesse, d'autres leurs enfants au dos, des adolescents, des jeunes et des vieux agenouillés sous la chaleur tuante du soleil au zénith, implorant le Seigneur des armées des cieux et de la terre pour la délivrance de la Patrie.
Le très clément entendit donc les supplications de son peuple en détresse et nous tendit sa puissante main secourable. Nos maigres efforts furent couronnés de succès par la volonté du Seigneur. Il nous fit donc grâce de goûter une miséricorde après plusieurs années de détresse sous le joug de l'oppression et de l'injustice.
DANS L'ANARCHIE
Mais chers frères en Dieu, qu'advient-il aussitôt après cette victoire décisive et historique ? Le peuple s'est-il montré respectueux des préceptes du Seigneur ? S’est-il efforcé de se maintenir dans cette voie lumineuse tracée par sa soumission, par ses prières ferventes et par le sang de nos martyrs ?
Hélas ! vous le savez tous. Vous savez que c'est avec une arrogance impitoyable que des irresponsables ont stratégié un stratagème et ont dévié la masse innocente de la voie de Dieu ; et chacun se livrait à cœur joie aux délices de la liberté retrouvée puis inconsciemment ou non, nous sommes tombés dans l'anarchie, le désordre et la violence. Les règlements de compte étaient la règle : le pays vivait sous une terreur permanente. Notre cher pays basculait imperceptiblement vers le gouffre de la perdition et de la mort.
Envahi par la surenchère du gain et la passion des richesses, le peuple s'est conduit en ingrat vis-à-vis de Dieu, les assemblées pieuses très fréquentes en période de lutte sont devenues inexistantes : la tolérance, l'amour du prochain s'est enfui de nos cœurs ainsi que la paix de nos sombres foyers.
Eh bien chers frères, ce n’est pas Dieu qui nous manque, mais nous nous sommes manqués à nous-mêmes.
Abordant le thème de la vie, et de la vérité, El Hadj Kassim a souligné :
Monsieur le Président de la République,
Je vous entends encore déclarer : « La vie n’est pas difficile, ne cherchez donc pas à la compliquer ».
Vous disiez à une autre occasion : « L’homme peut connaître quand débute un événement, mais ne peut prévoir quand et comment il prendra fin ».
En grand philosophe, le guide ne voudrait-il pas nous rappeler, chers compatriotes que « La vie n’est pas difficile lorsque nous sommes conscients de nos responsabilités vis-à-vis de nous-mêmes et de la patrie ? La vie n'est pas difficile lorsque nous savons nous plier et nous humilier devant les lois immuables de la nature qui régissent la vie ? Elle n’est pas difficile lorsque nous savons écouter et obéir étant donné que l’obéissance exigée ne constitue pas une désobéissance à Dieu Seigneur de la vie. Elle ne l’est pas lorsque nous savons nous abstenir de mentir et de créer le désordre sur la terre alors que l’ordre et la paix y règnent ».
Oui si nous savons tout cela et l’appliquons fidèlement, nous constaterons comme le guide, que la vie n'est vraiment pas difficile ; et que le contraire serait pour la compliquer.
Mais, Monsieur le Président de la République, votre deuxième phrase de rappel semble alourdir quelque peu l’atmosphère au-dessus de nos têtes. Est-ce sous la hantise de la peur que vous est venue cette inspiration, cette pensée philosophique d’une si grande dimension ? Ou bien par elle, en tant que croyant convaincu dans les desseins de Dieu, avez-vous voulu vous découvrir encore plus à votre Créateur et à votre peuple que vous avez la lourde charge de conduire ?
En vous faisant l’interprète fidèle de la suprême volonté divine pour le plus haut idéal que nous sommes appelés à réaliser dans le monde d'ici-bas, vous avez adopté les principes des collaborations saines, spontanées et volontaires d’où qu’elles viennent, soit de l’intérieur soit de l’extérieur et ce, invariablement pour la défense de la vérité et du travail bien fait ayant comme centre de gravité la crainte du Seigneur. Aussi Allah vous-a-t-il secouru d’un puissant secours à Sarakawa, faisant ainsi triompher votre vérité sur le mensonge des impérialistes.
VEILLER A NOTRE LIBERTE
L’homme, le matérialisme, l’argent, les idéologies, les cultures souvent étrangères, la science, la technologie, la puissance, le pouvoir, nos désirs, nos passions, nos ambitions, les flatteurs, les séductions, les mensonges, ... lorsqu'on se fie à ces choses, elles font facilement de nous leurs esclaves. Le premier commandement nous demande d’être lucides et vigilants. Nous devons veiller à tous moments à notre liberté. I Jn. 4:1 nous dit : Bien-aimés, n'ajoutez pas foi à tout esprit : mais éprouvez, les esprits, pour savoir s’ils sont de Dieu, car plusieurs faux prophètes (et l’antéchrist) sont sortis dans le monde.
Enfin lorsque nous acceptons Dieu comme seul Seigneur et Maître, nos rapports avec la nature et ses mystères cessent, eux-mêmes d’être ceux du maître à l’esclave, de I'adoré à l'adorateur. Elle, (la nature) devient le lieu où nous rencontrons les perfections invisibles et visibles, la sagesse, les merveilles, les richesses, la bonté du Seigneur, mis à notre disposition. Dès lors, nous sommes appelés à nous comporter comme des fils vis-à-vis des biens, des richesses, de l'héritage dans la maison du Père. Car en effet, le monde est créé pour nous et non pour lui ».
REJOUISSANCES POPULAIRES A LOME
Les Loméens, chacun à sa manière, ont fêté hier le 27 avril, que ce soit dans les rues, chez des amis, dans les bistrots ou autour d'un pot de tchoukoutou. Mais malgré la simplicité voulue à ce 16è anniversaire de notre accession à la souveraineté internationale, divers groupes ethniques se sont retrouvés hier pour des réjouissances populaires.
Le quartier Zongo, le Camp du RIT, des lieux comme « Quatrième zone », les abords de la Rue de Bè la cour du Lycée technique et la plage, en face de l'Hôtel Lily, ont connu dans l'après-midi une affluence toute particulière. Hommes, femmes et enfants ont dansé au son des tam-tams jusque tard dans la soirée.