o:id 8052 url https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/8052 o:resource_template Newspaper article o:resource_class bibo:Article dcterms:title Portrait : j'ai été député malgré moi dcterms:creator https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/13715 dcterms:subject https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/862 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/42 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/880 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/5 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/892 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/912 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/83 dcterms:publisher https://islam.zmo.de/s/westafrica/item-set/2215 dcterms:contributor https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/858 dcterms:date 1982-06-15 dcterms:identifier iwac-article-0003742 dcterms:source https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/416 dcterms:language https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/8355 dcterms:rights In Copyright - Educational Use Permitted dcterms:abstract Prince par sa mère, Toumani TRIANDE est rentré en Volta sur le dos d'un chameau au fond d'un panier, un matin de 1928, quelques mois après sa naissance dans un village non loin des bords du Lac Tchad. Il avait pour toute escorte un soldat de la promotion 14-18 en fin de carrière, une princesse des Lamidos, grands rois peuls du Nord CAMEROUN et quatre bambins: ses frères. Le voyage a duré un an. Le bébé princier ne cherchait pas son royaume, il l'avait laissé derrière lui. Il n'effectuait pas non plus le retour au pays natal, il en ignorait la géographie. dcterms:spatial https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/284 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/349 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/376 bibo:content Prince par sa mère, Toumani TRIANDE est rentré en Volta sur le dos d'un chameau au fond d'un panier, un matin de 1928, quelques mois après sa naissance dans un village non loin des bords du Lac Tchad. Il avait pour toute escorte un soldat de la promotion 14-18 en fin de carrière, une princesse des Lamidos, grands rois peuls du Nord CAMEROUN et quatre bambins: ses frères. Le voyage a duré un an. Le bébé princier ne cherchait pas son royaume, il l'avait laissé derrière lui. Il n'effectuait pas non plus le retour au pays natal, il en ignorait la géographie. Il saura seulement plus tard que sa souveraineté est petitement plus étendue que son berceau et qu'elle s'appelle WARMINI, en plein cœur de OUAGADOUGOU. Sans sceptre et sans couronne, il s'y arrête le temps d'un regard, puis part pour PO dans les souliers de son tirailleur sénégalais qui vient d'obtenir une place de garde de cercle. Il attend ses onze ans pour mériter un banc à l'école régionale de OUAGA-CENTRE après avoir porté les premières couleurs du deuil de sa marâtre. ICTERES ? PAS ICTERES ? Il passe à saute-mouton deux classes et boucle le cycle primaire au bout de quatre années d'études. Normalien à KOUDOUGOU, il en sort avec un parchemin qu'il forcit de deux années supplémentaires de pédagogie. Jeune instit, il est envoyé à SAMOROGOUAN en 1948. Il y découvre très vite la solitude de la "brousse" et s'inscrit à l'Institut ABC de PARIS en vue de préparer le bac par correspondance. Il n'y arrivera jamais et se retrouve patient au lazaret de BOBO d'abord, au cabanon de OUAGA ensuite. On lui donne ce que les psychiatres appellent la camisole chimique doses et overdoses de calmants. A-t-il été l'objet d'un surmenage ? d'un empoisonnement ?" Je ne le crois pas. Je me rappelle simplement que c'était à la suite d'une fièvre qui a duré deux jours... On a dit que ce devait être des ictères mal soignés". Ictères ? Pas ictères ? Il est des matricules que la maladie tatoue sur la peau de ceux qu'elle a visités. TRIANDE y a échappé par miracle, "On m'a raconté que mon père a fait une prière dans laquelle il a demandé à ALLAH de me guérir... même en échange de sa vie. Et sans un moindre mal, il a eu la température et est mort le deuxième jour dans son lit. Mystérieusement, j'ai recouvré tous mes sens... les vingt-quatre heures qui ont suivi... "Surprise et incrédulité du corps médical. Tests, examens, analyses... Karam-saaba(l) a congédié son démon pour une année blanche faite de convalescence psychique. L'hygiène de son âme islamique ne cédera désormais en rien à celle de son corps, quoiqu'il montât en 1959 sur un cheval de bataille nommé Laïcité, emprunté en LOZERE (FRANCE)dans l'écurie LIE (Ligue Internationale de l'Enseignement.) "J'ai créé la Ligue Voltaïque des Oeuvres Laïques (LVOL, aujourd'hui AVOLA) pour rétablir l'équilibre entre l'école publique et la confessionnelle catholique qui prenait des proportions énormes et injustes." LA REGLE A CALCUL Militant engagé de cette philosophie, ses adversaires lui battent froid pour mieux répondre la suie des menteries sur ses actions. Ils le présentent priant avec des missels marxistes pour qu'on le prenne en contre: "Lorsque l'Etat a pris en charge l'enseignement privé catholique on a dit aussitôt que c'était le souhait et l'œuvre de la LVOL. Aussi a-t-on volontairement tu que ce même Etat a décidé des affectations prorement arbitraires concernant des camarades de la LVOL... Communiste, moi ? C'est mal me connaître. Ma curiosité m'a conduit à voir ce qu'était la grand-messe rouge, mais jamais je n'ai milité, signé ou pris une carte de cette église". Il a beau veiller la nuit pour mesurer la Ligue avec sa règle à calcul, l'Etat brise son outil. En 1968, il ferme boutiques, à la sixième et à la cinquième heures de l'année scolaire. "Cela a été un coup très dur pour moi. Il faut toutefois ajouter que la LVOL n'a pas pu surmonter les difficultés. Nous ne nous sommes pas entendus avec nos homologues internationaux, notamment français. Tout ce que nous faisions ici l'était par nos propres moyens". Bardé de surperbe indignation, il chante des goualantes, dépose craie et chiffon en classe, se lave momentanément les mains et prend le chemin du musée national. L'initiateur de sections artisanales à l'école va enfin se consacrer à son violon d'Ingres, lui qui ne répugne pas à montrer la partie la plus nue du corps humain : son visage. "La plasticité de l'art voltaïque est l'une des plus belles et des plus authentiques de l'Afrique." Il l'a surtout remarqué lors des festivals, foires, expositions et salons de l'art. A PARIS comme à DAKAR, de LAGOS à ALGER, des USA en RFA. Il pourrait vous le répéter avec une flûte (il en a une magnifique collection personnelle), cet objet à la fois symbole et porte-voix, deux données essentielles en politique. NON, MON GENERAL "J'ai fait de la politique très tard...Certes, j'ai été député sous la Première République. C'était contre mon gré. Je n'ai jamais été candidat. Vous connaissez la situation à l 'époque? Parti unique, on dresse une liste, on vous désigne candidat national sans solliciter au préalable votre avis. Refuser vous met naturellement le parti à dos." Ah, la République ! La Jacquerie de 3 janvier 1966 vide l'Assemblée de ses locataires, squatters et régimistes. TRIANDE pousse un "ouf" de délivrance, passe à la questure et oublie qu'il a été parlementaire pendant un mois. Au demerant, entre la députation et la modeste fonction de conseiller municipal, il penche nettement pour la seconde dont il a assumé longtemps des responsabilités à l'Hôtel de ville de OUAGADOUGOU. Le virus de la politique ne le saisira vraiment qu'en 1978, date à laquelle il abandonne son fauteuil d'égérie auprès d'Azara (sa charmante épouse, étoile d'antan dans le ciel politique national) pour s'en aller inoculer au EDA, en toute démocratie, son point de vue afin de "l'apprêter à participer au retour à une vie constitutionnelle normale en VOLTA. Malheureusement l'Eléphant pousse deux barrits. TRIANDE colle sur son front son refus de tirer les marons du feu pour le Général LAMIZANA." "Le soutenir, c'était l'illégalité pour moi. "Il rejoint donc Joseph OUEDRAOGO, le leader RDA qui a préconisé le "Non au Général". Dès lors, on dira de TRIANDE qu'il est un phulax Joséphiste, faute d'en être le bagage accompagné. Le RDA du Général lui dame quand même le pion aux présidentielles. Cependant, il ne se prend pas la tête entre les mains en se demandant s'il avait choisi la bonne voie et s'il n'avait pas galvaudé la chance que le vieux militaire lui aurait offerte. Tant pis. Il revendique pleinement son choix, n'appartenant pas à cette race de politiciens qui ne se jugent responsables de rien, même pas de ce qu'ils ont fait quand les choses vont mal et qui, lorsqu'elles vont bien, se veulent responsables de tout, y compris de ce qu'ils n'ont pas fait. C'est sa conviction et sa foi, celles de l'homme qui a effectué deux pélérinages importants dans sa vie. La premier en 1980 à la MECQUE, le second un an plus tôt au château de sa mère. "Elle voulait que l'un au moins de ses enfants retourne un jour dans son pays qu'elle n'a pas revu jusqu'à sa mort en 1963 pendant mon stage au Musée de L'homme à PARIS. Je lui ai fait le serment d'y aller... En 1978, après un séminaire à YAOUNDE j'ai remonté plus de mille kilomètres par la route ... j'ai passé une nuit dans des grottes de montagnes. J'ai vu les amis d'enfance de maman, mon oncle Guibérou, mon sosie ...C'était extraordinaire." ADIEU CARNAVAL Bon fils, il l'a été pour ses parents au point même d'avoir accepté en 1951 de se marier par retour du courrier avec une fille de l'ami de son père. "Il a décidé de me donner la main de Jeanne (ainsi s'appelait-elle) qui fréquentait la même école primaire que moi. Papa m'a fait la proposition dans une lettre" Tendresse d'amour filial jurant un peu avec l'attachement du fan des rings. " Je suis non violent, voire pacifiste, mais j'adore la boxe. "Le noble art lui a bien rendu sa passion, puisqu'il l'a élu Président de sa Fédération et du Comité Olympique. Toumani TRIANDE a fondé il y a quelques années le carnaval dodo. C'est pourtant au cœur de cette aventure qu'il a eu le plus pimenté souvenir de son existence. Membre du jury au quatrième carnaval, des concurrents malheureux ont failli lui faire son affaire, n'eût été la haie des gendarmes dressée au sous-sol de la Maison du Peuple pour le protéger. Mais il ne regrette point sa création, il souhaite plutôt qu'elle lui survive pour la fortune de la culture nationale. Arrosant les huit planches de légumes qu'il cultive en rotation chez lui, il attend paisiblement sa retraite en 1984. Malgré son âge, il garde le même rythme de vie, travaillant en semaine comme en week-end, ignorant la sieste et les vacances. "On me dit que je ne vieillis pas. Sans doute cela est-il dû au fait que je suis un homme actif." Il est vrai que ce muséologue de 53 ans ne fait pas musée, surtout au milieu de ses cinq petits enfants. (1) Instituteur PATRICK ILBOUDO --