o:id 77927 url https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/77927 o:resource_template Newspaper article o:resource_class bibo:Article dcterms:title Interview. Moustapha Soumahoro (Pdt A.J.M.C.I) : le contexte Algérien est différent du nôtre dcterms:creator Ryabak Nagbé dcterms:subject https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/59 Intégrisme dcterms:publisher https://islam.zmo.de/s/westafrica/item-set/39797 Plume Libre dcterms:date 1994-12 dcterms:type https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/67396 Article de presse dcterms:language https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/8355 Français dcterms:isPartOf https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/44804 Plume Libre #34 bibo:content Interview Moustapha Soumahoro (Pdt A.J.M.C.I) Le contexte Algérien est différent du nôtrre Du 13 au 15 août 1994, l'Association des Jeunes Musulmans de Côte d'Ivoire (AJMCI) a tenu au Collège Moderne la Colombe de Koumassi son premier congrès ordinaire. Pour en savoir davantage, nous nous sommes entretenus avec le président reconduit. Plume Libre : Oustaz Soumahoro Moustapha, le premier congrès ordinaire de l'AJMCI vient de vous renouveler sa confiance. Sous quel signe placez-vous ce nouveau mandat ? Soumahoro Moustapha : Au lendemain de notre premier congrès ordinaire, je suis animé d'abord par un sentiment de joie pour la confiance que les frères m'ont renouvelée, ensuite j'éprouve des craintes pour les responsabilités que j'aurai à assumer. Notre premier mandat nous a permis d'implanter l'AJMCI qui est devenu maintenant une réalité en Côte d'Ivoire. Selon les résolutions du congrès la formation et l'intégration socio-économique des militants doivent être les objectifs majeurs de notre mandat. P. L. : Que constatez-vous concrètement au niveau socio-économique ? S. M. : A ce niveau le congrès a recommandé la création d'une entreprise digne de ce nom. Nos départements techniques concernés viennent de boucler le montage du projet d'un coût de 20.000.000 F repartis en 8.000 actions de 2.500 F. Il s'agit d'une entreprise dénommée Agro-Ivoire qui s'occupera de l'agro-industrie. Ainsi nous nous occuperons de la collecte et de la distribution des produits vivriers dans la première phase du projet, ce qui devra permettre la création de 200 emplois pour nos militants. La 2e phase consistera à installer de jeunes agriculteurs qui soumettront à notre analyse des projets intéressants. Dans la 3e phase nous comptons transformer les produits vivriers et offrir un millier d'emplois. P. L. : Ce projet n'est-il pas trop ambitieux pour l'AJMCI ? S. M. : Il est certes ambitieux mais il est à la mesure de nos objectifs. Si les deux premières phases marchent, cela va engendrer la 3e phase au terme de laquelle les bénéfices permettront de réaliser des œuvres d'intérêts publics (écoles, dispensaires etc.) au nom de la communauté musulmane au service de la nation. P. L. : Qui peut être actionnaire dans cette société ? S. M. : Tout musulman intéressé par le projet peut être actionnaire. La fin des souscriptions est fixée au 10 janvier 1995. P. L. : Moustapha, hier à l'AEEMCI, aujourd'hui à l'AJMCI et au CNI. Que veut Moustapha ? S. M. : La vie est un choix. En tant que musulman nous devons avoir l'ambition de progresser. On peut-être musulman à plusieurs niveaux : le musulman ne s'occupant que des actes cultuels ; celui qui se comporte ainsi, c'est son droit mais celui qui veut avoir beaucoup plus de récompenses, Dieu lui demande plus parce qu'il est demandé dans le Coran aux musulmans de ne pas commettre des actes blâmables et ils sont encouragés vers les actes recommandés par Dieu. Cela ne peut s'obtenir que dans l'action. C'est donc une progression normale dans notre parcours. Quand nous étions à l'école, le cadre idéal était l'AEEMCI. Après nos études nous avons constaté qu'une frange de jeunes (les déscolarisés et les jeunes travailleurs) n'étaient pas encadrés. Nous n'avons fait que leur apporter notre petite expérience afin d'organiser ce secteur. Quant au CNI qui est une structure fédérative nous estimons qu'il mérite soutien et encouragement pour l'organisation de l'Islam en Côte d'Ivoire. Toutes ces activités ne me permettent pas d'accorder assez de temps à ma famille. Mais puisque c'est un travail qui est fait pour Dieu, nous le prions afin de nous aider à encadrer notre famille surtout que mon épouse partage entièrement mes convictions. Ainsi s'occupe-t-elle de l'encadrement des enfants à la maison. P. L. : Que pensez-vous des rapports entre le C.N.I et le pouvoir ? Ils ne semblent pas être au beau fixe. S. M. : Il n'y a pas de problème majeur. A un certain moment, les musulmans se sont sentis lésés de certains droits. Ils les ont réclamés et cela a été rétabli. C'est plutôt certaines personnes qui essaient de créer des problèmes dans leur seul intérêt. P. L. : Et pourtant le CNI, semble-t-il, n'a pas répondu à une réunion convoqué par un conseiller à la présidence en vue de réconcilier le CNI et le CSI. S. M. : Nous répondons à ces questions parce qu'en tant que membre du CNI nous participons à certaines réunions. Pour tenter de résoudre la crise qui semblait exister entre le CNI et le pouvoir, un comité de trois membres (les ministres, Lamine Fadiga, Essy Amara et Saliou Touré) a été mis sur pied. Il a été retenu que seul ce comité était habileté pour toutes les médiations. C'est donc les seules personnes reconnues auxquelles il faut ajouter le ministre Nemin Noël. Nous avons donc été surpris par l'action du ministre Balla Kéita qui, à certain moment avait résolu effectivement des problèmes du vivant du Président Houphouët. P. L. : Quelle est la frontière entre l'AEEMCI et l'AJMCI ? S. M. : La cible de l'AEEMCI ce sont les élèves et les étudiants. L'AJMCI vient compléter l'action de l'AEEMCI parce que quand on entre dans la vie active il y a un vide. Et ce vide est comblé par l'AJMCI en prenant en compte aussi les jeunes chômeurs qui sont dans les quartiers. La frontière est donc mince. A Bouaké il y a des frères qui appartiennent aux deux structures sans qu'il y ait des problèmes. Il faut surtout que les responsables comprennent cela et permettent aux jeunes de militer comme ils l'entendent dans les deux structures parce qu'ils œuvrent pour Dieu. P. L. : Des étudiants sont actuellement à la grande mosquée de la Riviéra pour une grève de la faim. Quelle appréciation portez-vous sur cet acte dans le temple de Dieu ? S. M. : C'est une démarche que nous trouvons logique. C'est pourquoi le CNI a entrepris une action de médiation avec les autorités gouvernementales afin de trouver des solutions. Le président du CNI a eu des contacts avec les grévistes afin qu'ensemble des solutions puissent être envisagées. L'acte en soi n'est pas mauvais. En choisissant la mosquée, ces étudiants montrent que l'Islam a une certaine importance et qu'avec l'intervention des responsables religieux musulmans des solutions peuvent être trouvées à leur problème. Nous souhaitons donc que leurs vœux soient exaucés. P. L. : Que pensez-vous des actions du FIS ? S. M. : Faisons une mise au point avant de répondre. Généralement quand on pose ces genres de question, c'est pour mettre le musulman dans une situation de culpabilité. Pour nous, je pense qu'il y a lieu d'opérer une rupture avec les contextes. Le contexte algérien est différent du nôtre. Depuis un certain temps, tant dans la presse nationale qu'internationale l'on laisse croire que les intégristes sont aux portes ivoiriennes. Alors que les musulmans ivoiriens n'ont jamais posé d'actes de nature à troubler l'ordre. Les problèmes des musulmans ivoiriens se sont toujours résolus par la voie du dialogue et de la négociation. En Algérie il faut comprendre que c'est une réaction de personnes dépossédés de leur pouvoir. Sans toutefois cautionner la violence, il faut souligner que la presse généralement ne présente que les conséquences des actes du FIS sans souligner les causes. Au regard même des communiqués de presse, la violence est de deux côtés (pouvoir et FIS). La réaction de la communauté internationale est injuste. En Haïti, les américains ont aidé le Père Jean Aristide à retrouver son pouvoir pendant qu'ils tirent à boulets rouge sur Abbassi Madani. P. L. : Votre mot de fin. S. M. : Nous remercions Plume Libre pour le travail qu'il fait pour aider la communauté musulmane à s'organiser. L'AJMCI est disposée à aider Plume Libre dans sa distribution.* Propos recueillis par Ryabak Nagbé bibo:issue 34 bibo:numPages 1 bibo:pages 4 --