o:id 77174 url https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/77174 o:resource_template Newspaper article o:resource_class bibo:Article dcterms:title Le silence des intellectuels, l'indifférence des religieux dcterms:creator https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/76884 Youssouf Barro dcterms:subject https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/43059 Ivoirité https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/46274 Parti Démocratique de Côte d'Ivoire dcterms:publisher https://islam.zmo.de/s/westafrica/item-set/57943 Le Jour dcterms:contributor https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/858 Frédérick Madore dcterms:date 1999-04-22 dcterms:type https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/67396 Article de presse dcterms:identifier iwac-article-0012052 dcterms:source https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/821 Centre de Recherche et d'Action pour la Paix dcterms:language https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/8355 Français dcterms:rights In Copyright - Educational Use Permitted bibo:content Le silence des intellectuels, l'indifférence des religieux Y a-t-il quelque chose comme une histoire universelle de l'humanité ? Telle est la question que se posait l'Américain Francis Fukuyama dans son célèbre essai. La fin de l'histoire et le dernier homme. Le noyau argumentatif de la réponse de Fukuyama à cette question est, à l'instar de ses maîtres à penser Hegel et Marx, que «l'évolution des sociétés humaines n'est pas infinie. Que le cycle naturel de la naissance, de la vie et de la mort ne va pas s'arrêter, que des événements importants ne vont pas non plus cesser de se produire. Cependant, il n'y aurait plus de progrès possible dans le développement des institutions fondamentales et des principes sous-jacents». Cette conception de l'histoire, comme on le voit, postule le retour (archétype) de certains événements, historiques, du fait de leurs caractères finis. On la retrouve d'ailleurs chez E. Mircea, dans le mythe de l'éternel retour. Si l'on se fonde sur ces vues et conceptions, n'y a-t-il pas lieu de s'inquiéter en Côte d'Ivoire, relativement au développement de l'exclusion et de la xénophobie ? En effet, l'histoire récente nous apprend que dès l'avènement de Hitler, le concept de race aryenne supérieure vit le jour. Puis, suivirent la nuit du cristal, l'antisémitisme et le génocide juif. Le silence, la complicité des intellectuels et les concessions des hommes politiques favorisèrent le développement d'une culture d'exclusion érigée en pensée dominante. Récemment chez nous en 1993, l'on se mit à distinguer les Ivoiriens de circonstance des Ivoiriens de souche, aux fibres multiséculaires. Depuis suivirent les expéditions contre les pêcheurs ghanéens à Jacqueville et à San-Pédro. Les Bozo maliens firent les frais des autochtones à Aboisso. Dans tous les cas, l'on évoquera les enjeux économiques et l'on niera les ressentiments nés de l'exclusion. Comme du temps de Hitler, les intellectuels sont en panne. Subventionnés grassement au sein de la Curdiphe ou de Racine, ils font l'éloge de l'ivoirité comme de la race aryenne jadis. Les religieux, eux aussi, comme tétanisés par «l'être de l'ivoirité», n'ont plus de force interpellativek. Pendant ce temps, les signes d'un embrassement annoncé sont en marche. Irrésistiblement comme la guerre de Troie que Hector, Andromaque et autres voulurent éviter. Le meurtre de Draméra n'est-il pas un présage ? Les concessions des hommes politiques et l'indifférence des religieux attestent de l'enracinement de cette culture de violence naissante : aucune déclaration spécifique sur cette haine meurtrière n'a été enregistrée chez les leaders d'opinion. Même le premier magistrat du pays de retour de France n'a daigné jouer un rôle pédagogique en condamnant le meurtre. Pas étonnant, le lynchage eut lieu sous les yeux du préfet, du juge et du commissaire de police. Personne parmi ces autorités n'a songé à son serment soit de défendre la loi, soit de défendre la justice soit de défendre un être humain, même en face du péril. Sans doute, «l'irrésistible esprit» semé par l'ivoirité a eu le pouvoir de créer l'amnésie. Pour s'en convaincre, référons - nous au contexte psychologique créé deux semaines plus tôt par la dénonciation de trois octogénaires par le secrétaire de section du PDCI. Il était reproché à ces «vieux» d'avoir usurpé la nationalité ivoirienne. Dans ce tableau lugubre d'une société en décadence, l'honneur revient à Alpha Blondy d'être le seul qui interpelle face au péril de l'intolérance, de la l'exclusion. Que Dieu protège la Côte d'Ivoire Car comme Caën, l'œil de Draméra regarde la République Barro Youssouf, Professeur bibo:numPages 1 bibo:shortDescription Le texte alerte sur la montée de l'exclusion et de la xénophobie en Côte d'Ivoire, établissant un parallèle avec l'Allemagne nazie et la théorie de la "fin de l'histoire". Il critique vivement le silence des intellectuels, l'indifférence des religieux et l'inaction des hommes politiques face à la promotion de l'ivoirité, qui engendre violence et intolérance. L'auteur déplore l'absence de condamnations officielles et souligne qu'Alpha Blondy est la seule voix à interpeller face à ce péril. --