o:id 76419 url https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/76419 o:resource_template Newspaper article o:resource_class bibo:Article dcterms:title Élections 95 : le plan secret d'ADO pour devenir président dcterms:creator https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/76412 Jean-Pierre Vandale dcterms:subject https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/23606 Alassane Ouattara https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/43067 Élection présidentielle ivoirienne de 1995 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/46178 Front populaire ivoirien https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/43069 Félix Houphouët-Boigny https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/62196 Philippe Yacé https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/43055 Henri Konan Bédié https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/46274 Parti Démocratique de Côte d'Ivoire https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/728 UNESCO https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/76268 Politique https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/14425 Économie https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/76269 Élections https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/76280 Gouvernement https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/15 Corruption https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/75967 Développement dcterms:publisher https://islam.zmo.de/s/westafrica/item-set/61320 Le Nouvel Horizon dcterms:contributor https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/858 Frédérick Madore dcterms:date 1993-05-28 dcterms:type https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/67396 Article de presse dcterms:identifier iwac-article-0011705 dcterms:source https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/821 Centre de Recherche et d'Action pour la Paix dcterms:language https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/8355 Français dcterms:rights In Copyright - Educational Use Permitted dcterms:spatial https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/298 Côte d'Ivoire https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/60484 Dakar https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/46248 Yamoussoukro https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/269 Abidjan https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/63402 Cocody https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/357 Mali https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/76488 Sakassou https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/76482 Tiébissou https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/63412 Kong https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/48427 Odienné bibo:content ELECTIONS 95 (2) LE PLAN SECRET D'ADO POUR DEVENIR PRÉSIDENT A la recherche du Nord Mainmise sur l'économie La pêche aux musulmans --- Page 2 --- Le plan se ELEC PAR JEAN-PIERRE VANDALE Alors que son plan de stabilisation et de relance économique vacille dans son application, M. Alassane Dramane Ouattara aspire irrésistiblement à la magistrature suprême. Le Premier ministre ivoirien a un autre plan : devenir président de la République. Quelle est sa stratégie ? Suivons son parcours et la tactique qu'il met en œuvre. Février 1990. Le pouvoir du PDCI, violemment secoué par une avalanche de grèves perlées, se trouve dans la rue. Des réunions secrètes se tiennent dans la alcôves du pouvoir. Pour les barons du régime, avec à leur tête le grand Chancelier Germain Koffi Gadeau, il faut de toute urgence mettre fin aux troubles sociaux. Ils suggèrent, à cet effet, et malgré eux, la légalisation des partis politiques alors clandestins qui alimentent la contestation sociale. Pour Houphouet -Boigny, il faut bien plus : relancer les négociations interrompues avec les bailleurs de fonds. Mais il n' a personne dans son écurie, semble-t-il, pour mener à bien ces négociations. Tous les cadres de l'Etat, également dignitaires de son régime, ont activement participé au pillage systématique de l'économie ivoirienne. C'est pourquoi la lettre confidentielle de M. Serey Eiffel, successeur du tout puissant Antoine Cesario de la Direction des Grands Travaux, lui apparaît comme une bouée de sauvetage. Celle-ci désigne indirectement le gouverneur Ouattara de la BCEAO. Jusqu'alors inconnu de la classe politique, M. Alassane Dramane Ouattara devient dès lors l'homme du compromis historique entre les bailleurs de fonds de l'Etat de Côte d'Ivoire et l'oligarchie trentenaire du PDCI. L'homme est, en effet, politiquement neuf, non encore trempé dans les magouilles du régime d'Houphouet. Il peut aisément faire siennes les revendications de rigueur, de transparence, de compétence et de mérite de l'opposition naissante. M. Alassane Ouattara est surtout le banquier central dont l'Etat PDCI a besoin pour renouer un nouveau bail de confiance avec ses partenaires économiques, y compris le FMI où il avait dirigé le département Afrique. Dans la logique du pouvoir PDCI l'implosion sociale et politique de 1990 trouve son origine dans les grandes crises cycliques du libéralisme économique avec ses répercussions mondiales. Dans le cas de la Côte d'Ivoire, elle a été accentuée, selon M. Jean Konan Banny, monté au créneau pour expliquer le phénomène dans les médias, par la détérioration des termes de l'échange du coût des matières premières. La prise de fonction d'un économiste de renom pour la gestion des affaires courantes permettait non seulement d'assurer la survie du régime mais elle donnait l'espoir de voir enfin juguler la crise. Arrivé donc de Dakar où il était en poste, M. Alassane Ouattara, après avoir dit -on, procédé à un audit des structures de l'Etat, présente son programme de stabilisation et de relance économique. L'opposition était plutôt préoccupé par des revendications politiques. Elle annonce de manière péremptoire : le programme Ouattara n'en est pas un ; ce n'est qu'un plan d'ajustement structurel. Cependant, la critique du plan Ouattara amorcée par la presse de gauche naissante engendre son effet contraire : un soudain regain d'empathie pour Alassane Ouattara. Sa déclaration sur la nécessité du remboursement des impôts incite une vague de sympathie dans le milieu des affaires et le corps diplomatique étranger. C'est une grande première dans l'histoire du PDCI. Plusieurs observateurs étrangers louent ce courage dans les coulisses et voient dans les critiques acerbes du plan Ouattara le dogmatisme d'une opposition de gauche qui rechigne à opérer la nécessaire rupture d'avec le dirigisme étatique, dans un monde de plus en plus ouvert à l'économie de marché sans restriction. L'opposition s'avise. Les leaders de gauche, comme les dignitaires des diverses coteries du parti au pouvoir et cela malgré leurs divergences sur le principe unitaire, s'arrangent à ne pas bloquer la mise en application du plan Ouattara. Ils émettent tous des réserves sur les pratiques de Ouattara pour des raisons, disent -ils de souveraineté nationale face aux secteurs stratégiques. En vérité, ils connaissent les pratiques inhérentes au système d'Houphouet et ne souhaitaient pas se voir attribuer la cause de l'échec de l'entreprise d'Alassane Ouattara. Sur le front social et politique, malgré une décennie de gel des salaires de fonctionnaires qui accentue la crise de confiance entre le pouvoir et le peuple et grossit considérablement les rangs de l'opposition, la mobilisation autour des mots d'ordre politique ne sera pas suffisante pour donner le coup de grâce au régime. Le plan Koumoué de réduction salariale avorté, chaque ivoirien est retourné à son insouciance trentenaire, vociférant des critiques de salon. Un calme relatif est revenu et la vie continuait comme par le passé. Entre temps, les premières élections pluralistes ont été organisées par le gouvernement d'Houphouët avec M. Alassane Dramane Ouattara comme président d'un comité interministériel. Emaillées d'irrégularités, ces élections qui ont enregistré la participation de l'opposition à toutes les échéances ont donné la majorité au PDCI, seul parti organisateur. Avant ces élections, M. Alassane Ouattara se taille une place de choix dans les instances dirigeantes de ce parti dans lequel il n'avait jamais milité auparavant. A Yamoussoukro, lors de la première partie du neuvième congrès du PDCI, il avait présenté son programme actuel comme celui du PDCI (vivement applaudi dans le temps) et où il accepte d'être nommer numéro deux du parti après Houphouet - Boigny. Dès lors, sa nomination au poste de Premier ministre, après la victoire du PDCI aux élections de 1990, le met en position de deuxième personnalité de l'Etat et du parti au pouvoir. Ainsi, président d'un comité interministériel sans être ministre, puis Premier ministre d'un Etat dont il a acquis la nationalité seulement deux ans plus tôt, M. Alassane Dramane Ouattara apparaît comme le champion de la rebelote. Sa fulgurante ascension dans les marches du pouvoir augurait déjà que son parcours politique le conduirait à la magistrature suprême. Selon certaines sources pourtant, M. Alassane Ouattara ne serait pas venu avec l'intention de prendre le pouvoir. Les statuts de la BCEAO autorisant ses cadres à porter leur concours aux pays en difficulté, il a d'autres ambitions ! Venu pour sauver notre économie, sans y être parvenu, --- Page 3 --- et d'ADO (2) VS 95 aurait débarqué à Abidjan comme un technocrate avec des recettes toutes faites en provenance des institutions de Bretton Woods, pour relever l'économie ivoirienne. Seulement, le président Houphouet-Boigny est d'un certain âge. Aucun dignitaire de son régime trentenaire ne peut voler de ses propres ailes sans sa caution politique et le succès préalable du plan économique de Ouattara. château de style Savoyard, édifié sur le lot N°68 du quartier des ambassades, à Cocody, non loin de la résidence privée du chef de l'Etat. A un pas du pouvoir. Plus tard, il s'évertuera à convaincre, au cours d'une conférence de presse, qu'il avait normalement droit à un domicile de fonction d'une valeur de quatre milliards de nos francs. Il aurait donc fait économiser à l'Etat ivoirien tout un pactole en s'offrant de toutes les administrations africaines présentait les caractéristiques suivantes : personnel pléthorique, efficacité douteuse, rendement à l'avenant, laxisme ambiant, salariés fictifs, corruption généralisée et gabegie officieuse. Pourtant, la Fonction publique engouffre la presque totalité du budget de l'Etat. Prenant prétexte d'une telle faiblesse structurelle, M. Alassane Ouattara se donne cent jours pour restructurer l'administration en combattant les lourdeurs bureaucratiques et la corruption paralysante. L'objectif qu'il se fixe est de donner aux cadres et agents compétents de l'administration publique les meilleurs moyens de leur efficacité. Il nourrit son action de beaux discours : "Il faut rationnaliser les méthodes de travail dans chaque ministère et simplifier le fonctionnement de l'administration publique pour les rapprocher des usagers. Assurer une meilleure cohérence de l'action gouvernementale par une concentration des moyens de l'administration et un regroupement approprié des fonctions pour une grande efficacité dans la gestion - confier la direction des nouvelles structures à des hommes et femmes dont la compétence est reconnue et l'intégrité irréprochable..." (Conférence de presse du 21 février). SUITE PAGE 13 A LA RECHERCHE DU NORD Malgré sa majorité affective, l'opposition n'a pas de leader qui soit connu de la communauté financière internationale et donc qui pourrait revendiquer son soutien. M. Alassane Dramane Ouattara se sent donc l'âme d'un Othello, le Maure de Venise, qui veut chambouler les schémas de succession du régime d'Houphouet. L'annonce à peine feutrée de son éventuelle candidature aux présidentielles de 95 au cours d'une émission télévisée et radiodiffusée, le ler octobre dernier, apparaît dès lors, comme une volonté politique mûrie depuis seulement deux ans. Elle trahit toutefois une stratégie d'accession au pouvoir en cinq phases concomitantes, nourrie des injonctions souterraines d'Houphouet qui entend activer la rivalité Bédié - Ouattara pour prolonger son règne et orchestrée par une cour de nouveaux prédateurs autour du Premier ministre ivoirien. Or, 1990 est l'ère des Premiers ministres, l'année où les technocrates africains exerçant dans les hautes sphères des finances internationales se sont senties la fibre nationaliste pour relever les économies africaines malades des tyrans néo-pharaoniques. Avant de prendre fonction à Abidjan, M. Alassane Dramane Ouattara a noté avec satisfaction l'ascension vertigineuse de l'un de ses anciens collaborateurs au FMI, au sommet de l'Etat béninois. Il a accueilli avec une agréable stupéfaction la nomination de Soumana Sacko, son condisciple du Mali, à la Primature du gouvernement de transition à la chute de Moussa Traoré. Convaincu que son heure a sonné, M. Alassane Ouattara calcule méticuleusement ses actes, faits, gestes, actions et décisions pour sauvegarder son intégrité, sans jamais écarter la possibilité d'être candidat en 1995. La première phase de sa stratégie est l'immigration. De Dakar à Abidjan, M. Alassane Dramane Ouattara a effectué un aménagement des plus somptueux, d'une durée de deux ans au moins. Le Premier ministre s'est offert un majestueux un domaine de 300 millions de nos francs. La leçon est entendue. Le technocrate néo - bourgeois annonce, par scandales interposés, son appartenance à l'oligarchie dirigeante. Mais il prend soin de faire remarquer que seul l'effort personnel lui a permis de se hisser à l'aristocratie que la naissance lui a refusée. On comprend dès lors la suffisance du Self made man devant les barons du régime. Et, tout naturellement pour habiter ce château, il lui faut une épouse, Dominique Folleroux, anciennement égérie de Feu Aboulaye Fadiga, gouverneur de la BCEAO. Mariage de raison ou d'amour, cette alliance positionne davantage M. Alassane Ouattara plus près de son objectif. Elle connaît les rouages du pouvoir et elle maîtrise mieux l'échiquier politique. Elle sait comment sont disposés les pions du système Houphouet et par quel le méthode mâter les adversaires de son mari au PDCI. Cette première phase prendra donc fin avec ce qui a constitué le scandale des 19 tonnes 300. Pour meubler leur nouvel habitat, M. et Mme Ouattara auraient frauduleusement fait rentrer cinq conteneurs d'effets personnels d'une valeur de 127 millions de nos francs. Ni le verdict du procès, ni les colères feintes du Premier ministre ni même l'autoaccusation des autorités douanières n'ont pu convaincre de l'innocence du couple primatural. Ainsi, le Premier ministre, qui symbolisait le changement, avait rejoint les éléments de sa classe naturelle qui ont saigné le pays pendant trente ans. Mais, scandale voulu ou indésiré, M. Alassane Ouattara aura sur eux une longueur d'avance : il n'a pas commis d'intêlicatesse dans la gestion des affaires publiques dit-il. La seconde phase de son plan concerne la restructuration de l'administration, une véritable épuration de l'armée régulière, la police et la gendarmerie nationale ainsi que tous les services publics. Au moment où Alassane Ouattara prenait fonction, l'administration publique, à l'image --- Page 4 --- Le plan d'ADO Suite de la page 9 Le bilan de cette vaste restructuration se transforme en une épuration de l'admiration qui privilégie en réalité trois critères dans les nominations : être militant du PDCI, être du Grand Nord. Tous les responsables de services et de département de l'administration civile soupçonnés de militer dans l'opposition sont démis de leurs fonctions. Les Bédiéistes gênants de l'administration civile et de la magistrature sont décrits auprès d'Houphouet comme des opposants déguisés et envoyés précipitamment à faire valoir leur droit à la retraite anticipée. Pour sauvegarder le caractère confidentiel des documents sous son administration, M. Alassane Ouattara n'a cure de la transparence, pourtant la clé de voûte de sa politique de stabilisation et de relance économique. Ainsi, les barons du précarré baoulé tels que Angoua Koffi (de Sakassou) à la douane, Aphing Kouassi (de Tiébissou) "cadastres et titres fonciers", Lambert Konan à l'EECI et Amari Goly (de Sakassou) aux impôts ont été remerciés au profit de jeunes cadres qui sont redevables à Ouattara. Ainsi le précarré baoulé est destabilisé à travers le limogeage voilé de ses figures emblématiques qui occupaient ces postes depuis l'indépendance ou presque. Les fidèles d'Houphouet lui-même, jugés trop gênants, sont écartés par un premier remaniement ministériel ou envoyés à l'UNESCO. Pour ces hommes, l'argument est tout trouvé : ils sont payé les entreprises ou les services qu'ils avaient en charge. Ce qui ne serait pas très loin de la vérité. Concomitamment, M. Alassane brade toutes les sociétés relativement prospères de l'ère du parti unique et qui se trouvent en situation de difficulté de gestion aux grandes firmes d'investisseurs étrangers. Son prétexte : seul le phénomène de privatisation mondiale reconnue peut donner un souffle nouveau aux caisses de l'Etat. Lorsque toute la presse de gauche reprochait à Alassane Ouattara d'offrir un empire à Bouygues, elle ne croyait pas si bien dire. Et, le réveil des Bédiéistes au Parlement était bien trop tardif. A la suite d'une privatisation très privée, le groupe Bouygues est devenue le propriétaire à lui tout seul, de l'électricité, de l'eau, et peut-être du gaz de Côte d'Ivoire. Qui peut raisonnablement diriger un tel Etat sans la caution morale d'un tel individu qui en est le détenteur de tous les secteurs vitaux ? L'invention de M. Martin Bouygues sur les antennes de la télévision nationale en 1990, au moment où la Côte d'Ivoire était engagée dans le processus électoral pluraliste, est à cet effet très significative. Mais, le groupe Bouygues saura bien sûr faire montre de sa gratitude à celui qui lui a offert un empire sur un plateau d'or en temps opportun. Pour l'heure, M. Alassane Ouattara a réalisé, par le biais des privatisations tous azimuts, un véritable trésor de guerre pour les élections de 1995. Pendant ce temps, se met en branle le réseau national et international de communication du Premier ministre Ouattara. A ce niveau, il a su gérer une ambivalence : Laisser à la presse privée son autonomie et sa liberté d'initiative et dans le même temps, contrôler la vérité le concernant. Il ne s'est impliqué dans aucune structure de presse pour mieux accroître la crédibilité des organes qui lui sont fidèles. La ligne politique de ses supports de presse est connue : Houphouet est bon ; tous les hommes de son entourage sont mauvais sauf Ouattara qui veut sauver les lambeaux de la mauvaise gestion des barons autour d'Houphouet. A l'hebdomadaire "Le Patriote" il a été confié la sale besogne de dénigrement systématique des leaders de l'opposition et de tous ceux qui, dans la guerre interne du PDCI, sont du clan Bédié ou soupçonnés tels. Son directeur de publication, propriétaire d'une imprimerie et d'une radio privée, M. Alassane fait également les yeux doux à la presse de gauche, jouant à fond sur la fragilité de la presse privée en cette période de crise aigüe. Inutile de rappeler que les médias d'Etat sont à ses bottes. Pour qui connaît la tradition dans ses milieux, nul n'est surpris de la loyauté de certains confrères. La réaction est pratiquement au niveau de presse internationale où certains confrères qui se croient nantis de toute science, essaient de monnayer leur crédibilité pour des prébendes. De source bien informée, le silence de certains organes de presse internationaux sur les dossiers comme "Alassane vent et rachète" (Notre temps" et "affaire 19 tonnes 300" (Nouvel Horizon) aurait été obtenu à la suite d'une promesse d'octroi de réseau d'exploitation et d'émissions audiovisuelles à partir d'Abidjan. Fonctionnant ainsi, le réseau national et international de communication d'Alassane Ouattara le présente comme un homme politique naïf victime d'une opposition intolérante et d'un régime politique pourri. Pris dans cet étau, Ouattara rechercherait son salut dans le Nord et la pêche aux musulmans. La cinquième phase de la stratégie de Ouattara est bien sûr la recherche du Nord. Cette recherche est marquée par sa récente visite officielle et officieuse à Kong, sa ville natale qu'il ne connaissait que par sa vaste connaissance de l'histoire du Grand Nord. Tout le monde se souvient de cette visite historique qu'il a effectuée sur les traces de Samory Touré, après la remarquable raclée que lui a infligée la majorité parlementaire issu de son parti. Mais en fait, ce voyage pourrait être situé dans la logique de son discours du ler octobre 1992 au cours de l'émission "A la Une", où il s'était montré très favorable au soutien tribal et régionale d'une faction séditieuse qui désirait créer une République sécessioniste du Grand Nord. Par cette stratégie de caution factive, M. Alassane Ouattara compte exacerber le sentiment de rejet de la population du Nord de la Côte d'Ivoire qui verrait en lui un fils égaré dans le magma des migrations Haute Côte -Base Côte. Il faut également noter, dans cette perspective qu'aux élections de 1990, les dignitaires du PDCI se sont entendus sur une sortie de "gentleman agreement" pour conserver le pouvoir. Les cadres du Sud étant fragilisés dépuis le départ d'Emmanuel Dioulo, ceux de l'Ouest soupçonnés de connivence avec l'opposition ou écartés avant les mutations de 1990, ce pacte secret Nord-Centre-Est se cristallisait auront du charisme d'Houphouet. Certains cadres du Nord y ont adhéré en espérant qu'après leur chef historique, aucun dignitaire du Centre ne songerait réellement à prendre le pouvoir. Le Premier ministre étant la deuxième personnalité de l'Etat et du parti, il devrait succéder à Houphouet tandis que Bédié, le dauphin constitutionnel, se chargerait d'attirer le courroux d'une opposition en mal d'alternance. Ainsi, Alassane Ouattara aurait -il le calme social nécessaire à la réussite de son plan de redressement. Ce pacte Nord-Centre-Est s'est soldé en la reconduction en 1990 d'un découpage électoral inégalitaire qui donne 87 députés PDCI d'avance au Nord et au Centre-Est pour une population de seulement 3 millions d'habitants. En nouant ce pacte, les cadres du Centre-Est croyaient que ceux du Nord accepteraient d'être des éternels seconds. Le voyage d'Alassane Ouattara à Kong, et bientôt à Odienné à une mobilisation de gros sous, matérialise donc l'échec du pacte. L'entente ne durera qu'aussi longtemps qu'Houphouet pourra symboliser l'unité du PDCI. Dès qu'il s'est agi d'envisager l'après Houphouet, le "gentelman agreement" s'est effrité. Et, malgré la décision d'Houphouet de colmater les brèches dans un conclave dont les ultimes décisions sont favorables à son Premier ministre, les risques d'une implosion demeurent. Alassane en est si conscient qu'il s'organise à réaliser une pêche moissoneuse de voix dans la communauté musulmane qu'accroît une forte diaspora d'Africains non-Ivoiriens à qui la loi électorale actuelle prévoit le droit de vote. Il compte surtout sur l'accentuation de l'antagonisme artificiel et le mariage politique impossible entre Bédié -Gbagbo. Il se rapproche de plus en plus du Sud-Est avec qui il escompte un partage du pouvoir en sa faveur. M. Alassane s'est toujours appuyé, depuis sa prise de fonction, sur le président Philippe Yacé et son ancienne équipe et tous ceux qui s'étaient cru un destin national et qui s'étaient vus écartés au profit de M. Henri Konan Bédié. Il écarte toute possibilité de gouverner avec l'opposition, suivant ainsi le conseil du président Houphouet qui le lui a déconseillé, voire interdit, au moment de la formation de son gouvernement. Cela ne l'empêche cependant pas d'envisager la coopération d'opposants pour ses échéances futures. Ainsi donc, M. Alassane Dramane Ouattara rêve d'être président de la République de Côte d'Ivoire. La finalité de sa stratégie est de se présenter comme le candidat des bailleurs de fonds et des opérateurs économiques nationaux en 1995. Il est inlassablement à la recherche de cette caution. ADO est convaincu également que seul le succès de son programme d'ajustement structurel lui permettra d'obtenir cette caution. Pour cela, il pressure le peuple sans pitié. Déflation intensive, cartes de séjour, carte jeunes, augmentation du prix des timbres des cartes nationales d'identité et des passeports et augmentation des impôts parallèles. Voilà les traits saillants de l'application des théories macro-économiques du technocrate ivoiro -burkinabé. Quant aux revendications sociales... il leur réserve un traitement énergique. J.P.V. bibo:numPages 4 bibo:pages 1 8 9 13 bibo:shortDescription Alassane Dramane Ouattara a élaboré un plan secret pour accéder à la présidence ivoirienne en 1995. Sa stratégie consistait à s'imposer comme technocrate pour redresser l'économie, à restructurer l'administration par des purges et des nominations ciblées, et à privatiser des entreprises d'État pour financer sa campagne. Il a également mis en place un réseau de communication contrôlé et cherché le soutien du Nord et de la communauté musulmane. Ces actions s'accompagnaient de mesures économiques rigoureuses imposées à la population. --