o:id 75979 url https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/75979 o:resource_template Newspaper article o:resource_class bibo:Article dcterms:title Le message présidentiel dcterms:subject https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/892 Maurice Yaméogo https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/14718 Indépendance https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/55 Coopération https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/14425 Économie https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/13908 Éducation https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/13610 Colonialisme https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/63 Unité https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/76033 Décolonisation dcterms:publisher https://islam.zmo.de/s/westafrica/item-set/2200 Carrefour africain dcterms:contributor https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/858 Frédérick Madore dcterms:date 1961-04-16 dcterms:type https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/67396 Article de presse dcterms:identifier iwac-article-0011653 dcterms:source https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/415 Bibliothèque du Congrès dcterms:language https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/8355 Français dcterms:rights In Copyright - Educational Use Permitted dcterms:spatial https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/312 France https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/546 Burkina Faso https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/490 Niamey https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/456 Paris https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/284 Bobo-Dioulasso bibo:content LE MESSAGE PRÉSIDENTIEL Mes Chers Compatriotes, Les circonstances m'on paru justifier que je vous présente un exposé des récents développements de la situation africaine ; certes, vous avez eu connaissance des grandes lignes de l'évolution générale par voie de presse ; également, dans le cadre du Parti, un grand nombre d'entre vous, ont pu avoir connaissance d'un certain nombre de détails. Mais encore convenait-il de restituer l'ensemble de ces questions, dans un cadre qui nous touche de plus près ; c'est-à-dire de faire la synthèse à l'échelon de notre pays, afin qu'ensemble, nous définissions les perspectives qui, de ce fait, nous restent propres. Pour suivre l'ordre chronologique, je serai ainsi amené à évoquer les résultats de la Conférence de YAOUNDE, à établir le bilan actuel des négociations avec la République Française en ce qui concerne les futurs accords de coopération et enfin, à définir la situation actuelle de la Haute-Volta, tant sur le plan interne que dans ses relations Interafricaines. * * * La Conférence de YAOUNDE a été, comme vous le savez déjà, qualifiée de rencontre historique et je pense, pour ma part, que cet adjectif se justifie. Je dois tout d'abord souligner le discours d'ouverture magistral prononcé par le Président AHIDJO, et qui a contribué, dès le départ, à placer les travaux de la Conférence sur un terrain concret. En mettant l'accent sur l'indépendance économique dans ses rapports avec l'indépendance politique, il ne pouvait que rencontrer l'audience la plus attentive, puisque ces questions constituent notre préoccupation essentielle commune ; et a été amené, de ce fait, à traiter du problème non moins important de l'Unité Africaine. Certes, si en l'état actuel des choses, l'on doit par dessus tout, se garder de tirer des conclusions définitives, je pense que certains des résultats pratiques auxquels nous sommes parvenus, permettent d'affirmer que nous sommes sur la bonne voie. En effet, cette brûlante question de l'Unité Africaine a déjà fait couler suffisamment d'encre pour qu'il ne soit pas nécessaire d'en rajouter. Ce que je voudrais dire, et là-dessus je pense que tout le monde est d'accord, c'est que quelles que soient les doctrines ou formules pratiques envisagées dans le passé, cette notion répond à un certain nombre de nécessités fondamentales : — d'abord, assurer politiquement la plus grande vocation internationale de notre continent, dans ce monde d'aujourd'hui voué aux grands ensembles. — ensuite, constituer l'aire géographique la mieux adaptée aux réalisations d'envergure, en même temps qu'un marché aux possibilités colossales. — enfin, apporter le remède nécessaire à la tendance aux fractionnements et aux replis sur soi-même et ouvrir la voie à l'expansion et à l'unité de front, face aux dangers extérieurs communs. Placée au carrefour des continents et forte des immenses perspectives qui s'ouvraient devant elle, l'Afrique a dû attendre que germe de son sol un esprit nouveau, qui fût à la mesure de son destin. Nous avions de sérieuses raisons de craindre, que les théories ne soient pas encore assez débarassées d'arrière pensées immédiates ; nous étions en droit de redouter, que la technique du téléguidage et la division ne demeure en place ; des expériences encore récentes n'ont pu encore nous convaincre, que certaines habitudes mentales, tout en se présentant sous une nouvelle façade, n'avaient pas pour autant disparu. Peut-être, plus que les résultats pratiques dont je vous parlerai tout à l'heure, faut-il saluer dans la Conférence de YAOUNDE l'esprit nouveau et la conscience nouvelle dont elle aura permis l'éclosion. Désormais, chaque Africain trouvera, dans la ferveur de la construction nationale, la promesse de la patrie africaine ; de même que toute société solidement charpentée s'appuie sur la cellule familiale, l'Afrique de demain, se devra d'être bâtie à partir de nations solides et conscientes d'elles-mêmes, le sentiment de l'inéluctable solidarité du monde noir, tout entier, par-delà tous les accidents de l'histoire, devant en constituer le seul ciment. Pour en revenir maintenant aux réalisations pratiques, il faut citer les trois points d'accords principaux : — L'Organisation Economique Commune, — La Défense Commune, — La constitution de la Compagnie aérienne Air-Afrique. En ce qui concerne le premier point, je n'ai pas besoin d'en souligner l'extrême importance. En effet, quelles que soient les formules d'aide extérieures dont nous pouvons bénéficier et les programmes de planification interne que nous pouvons mettre en application, il importe de voir à plus longue échéance et d'assurer d'ores et déjà, les structures d'une économie africaine adaptée aux réalités du monde moderne. Il serait absolument inconcevable que nous ignorions les perspectives et les réalisations de nos voisins alors que de plus en plus la compétition économique a une vocation internationale. Ceci dit, je précise qu'il ne doit pas en résulter une quelconque dépersonnalisation au profit de l'ensemble ; bien au contraire, l'émulation reste plus que jamais la règle du jeu, puisqu'aussi bien le caractère compétitif de nos productions, leur apportera la certitude de trouver un marché pratiquement illimité. Sur ce point précis, je vous devrais des éclaircissements sur l'état actuel de nos prévisions et de nos programmes et d'une manière générale de la planification en Haute-Volta. Toutefois, cette question est appelée à dépasser le cadre de l'exposé que je dois vous faire et sera reprise ultérieurement avec tous les développements désirables. En ce qui concerne la Défense Commune, l'offre que nous avons faite de retenir la Haute-Volta comme siège de l'Organisation, n'a pas manqué, comme vous le pensez, de susciter les commentaires ; bien que j'aie essayé d'être net et clair dans les déclarations que j'ai eu à faire à ce sujet, on a quand même trouvé le moyen d'arranger, d'ajouter et de soustraire. Afin de parer aux interprétations, je suis encore amené à préciser que le peuple, le Parti et le Gouvernement n'entendent pas voir stationner de troupes étrangères autonomes sur notre sol. Nous ne voulons pas d'un Etat militaire dans l'Etat, avec, au surplus, toutes les conséquences dont témoigne une longue suite d'expériences. Etant donné les réactions que nous avons eu à enregistrer et dont je ferai état tout à l'heure, c'est toute la question du principe de notre indépendance qui se trouve posée. Sommes-nous réellement indépendants ou sous indépendance conditionnelle ? Cette question, qui peut paraître déplacée, se pose, parce que dans la mesure où notre souveraineté est reconnue comme réelle et intangible, nous ne comprenons plus ces mêmes réactions. Par contre, nous ne voyons pas d'abandon de souveraineté, dans la mesure où nous nous proposons pour accueillir certaines formations nationales africaines relevant de notre autorité commune. Certes, l'on nous a objecté qu'au sein de ses formations nationales, se trouveront nécessairement des responsables non-africains ; et alors que nous ne voulions pas de base, au lieu de 12, nous en aurons 13. Mes chers compatriotes, j'estime à peine nécessaire de vous montrer, tellement c'est évident, combien un tel raisonnement est léger. Je m'enorgueillis d'avoir eu à déclarer, en des circonstances suffisamment solennelles, pour qu'on ne puisse les mettre en doute, que la Haute-Volta était ouverte à tous les hommes de bonne volonté sans distinction de race ni d'origine, nous n'avons jamais su ce que c'était que le racisme. Nous savons que dans le monde, il existe des racistes, et ceux-là nous les plaignons comme de grands malades. Par conséquent, que cette armée commune comprenne des Européens, nous nous en réjouissons ; et cela, parce que nous voyons dans cette armée nationale commune un moule où bien des idées préconçues et bien des préventions sont appelées à tomber d'elles-mêmes. Rien ne vaut de se connaître, de vivre ensemble et d'être des hommes ; car l'esprit de ségrégation est avant toute chose un réflexe de peur et de faiblesse. Qu'ils y soient donc par milliers ; mais alors, quoiqu'il advienne, nous ne trouverons devant nous que des hommes de notre armée, des hommes qui nous connaissent et que nous connaissons ; et non pas une armée étrangère indépendante, dont la collaboration et chaque sourire, sont calculés et dictés. D'ailleurs, en pratique, il est vraisemblable que l'importance numérique de ces unités ne devrait pas atteindre des chiffres spécialement importants. Car, je vous pose franchement la question : En l'état actuel des choses qui pourrait sérieusement penser à nous attaquer ? Bien sûr l'on pourra nous citer des exemples de guerres localisées que les idéologies opposées ont pu susciter en certains points du globe. Mais mis à part le CONGO, dont le cas est très particulier, puisque l'on a commencé à tirer les ficelles avant que le pays ait eu le temps de prendre conscience de son existence en tant qu'Etat indépendant ; hormis ce cas particulier, je persiste à dire qu'en Afrique, les mêmes ficelles ne produiront pas les mêmes effets ; ou plus exactement aujourd'hui il est trop tard. Nous avons désormais les moyens de cisailler les ficelles. * * * Je suis amené maintenant à évoquer la question des négociations entreprises avec la République Française à l'échelon du Conseil de l'Entente. Comme vous le savez les questions à traiter s'analysaient en 6 rubriques : — Accord de Coopération en matière économique, monétaire et financière, — Accord de Coopération en matière d'Enseignement Supérieur, Primaire, Secondaire et Technique. — Accord Général de Coopération Technique en matière de personnel. — Accord de Coopération en matière d'Aéronautique Civile, de Marine Marchande, de Postes et Télécommunications. — Accord de Défense. — Traité diplomatique. Après une semaine de confrontation à NIAMEY, l'accord a pu se faire sur tous les sujets, à l'exception de l'Enseignement Supérieur et de la Défense, dont le règlement a dû être laissé aux soins des chefs d'Etat. En ce qui concerne l'Enseignement Supérieur, le point d'achoppement est constitué par l'exclusivité demandée par la République Française. Certes, nous bénissons cette chance que nous avons de bénéficier de la culture supérieure française, dont le rayonnement dans le monde n'est plus à souligner : mais, en même temps, nous nous devons de rester réalistes. Alors qu'il est de notoriété publique que les cadres enseignants français sont loin de suffire aux besoins internes français, alors que nous savons d'expérience les difficultés que rencontre annuellement la HAUTE-VOLTA pour recruter les professeurs dont elle a besoin, alors que les besoins de la formation supérieure de notre jeunesse devront atteindre rapidement des chiffres considérables, nous croyons dangereux de prendre l'engagement d'une exclusivité qui ne peut que nous faire courir le risque d'une stagnation en ce domaine. Au surplus, nous avouons ne pas très bien voir l'intérêt de cette stipulation. L'article Ier de notre Constitution précise bien que la langue officielle de notre République est le français ; il n'est pas question je pense d'en changer. Pourquoi alors se cantonner à l'exclusivité, puisque les professeurs non français auxquels nous pouvons éventuellement faire appel, ne pourront dispenser que cette même culture française ? Nous estimons d'ailleurs qu'il ne s'agit là que de difficultés nées d'une optique faussée et qu'il sera facile de régler à PARIS. Par ailleurs, en ce qui concerne la Défense, les éléments nouveaux dont je vous ai donné plus haut, devraient permettre, je pense, de conclure à la caducité des formules précédemment envisagées. * * * Avant d'aborder certains de nos problèmes purement internes, je pense qu'il n'est pas inopportun de vous faire un rapide tour d'horizon à propos notamment de notre passage en GUINEE, Monsieur le Président DIORI et moi-même. En dehors de l'accueil fraternel qui nous a été réservé, l'intérêt de cette visite se situe dans le fait que nous avons pu voir de nos yeux la situation telle qu'elle est ; et j'aime autant vous dire tout de suite que cette réalité n'a rien à voir avec les fables répandues à profusion. Nous avons trouvé une population, qui certes les épreuves n'ont pas manqué, mais qui n'en a gardé que la tranquille fierté de l'héroïsme sans tapage. En dehors des réalisations remarquables obtenues grâce à la foi de tout un peuple, et pour lesquelles nous ne cachons pas notre admiration, nous avons puisé, dans nos entretiens avec le Président SEKOU TOURE, un enseignement précieux. Nous avons pu constater à quel point les réactions passionnelles de la décolonisation, amplifiée par la solidarité occulte des puissants, ont réussi à faire toucher à cet homme le fond du courage humain ; il en est remonté avec un message qui est un chant à la gloire de l'AFRIQUE. Et c'est pourquoi, je tiens à lui rendre ici cet hommage exceptionnel. En ce qui concerne plus précisément la nombreuse documentation qui nous est habituellement servie, pour porter témoignage de l'inféodation de la GUINEE au bloc oriental, j'ai pu me convaincre qu'il s'agissait d'un mythe. Un homme qui coule n'a pas le choix de la branche à laquelle il se raccroche. Ceci dit SEKOU TOURE n'a pas cessé d'être un vrai Africain. Il reste notre frère. Peut-être nous sera-t-il donné de nous retrouver tous ensemble. C'est en tout cas un souhait que nous pouvons maintenant formuler. Et c'est la raison pour laquelle nous sommes plus que jamais décidés à aller partout dans le monde voir de nos propres yeux, ce qui s'y passe. La preuve est maintenant faite que presse et l'information restent trop souvent au service des doctrines ou des coalitions financières. Tant que nous ne pourrons disposer d'agences spécifiquement africaines d'information, l'esprit critique devra rester en éveil. En pratique, le Gouvernement se propose de multiplier les missions de bonne volonté et d'information dans tous les pays sans exception. L'expérience démontre trop chaque jour que dans ce monde qui n'avait pas été conçu pour comporter la « dimension noire », l'on s'est préoccupé, par une Survivance de je ne sais quel paternalisme, à multiplier les flèches pour nous indiquer la route que nous devions suivre. L'AFRIQUE n'a pas à être intégrée dans un jeu tout préparé. Elle seule, et personne d'autre, devra dire par quels chemins passe sa plus complète réalisation, par elle-même et pour elle-même. J'en viens maintenant à certains problèmes d'ordre purement interne que je classerai brièvement sous trois rubriques. 1°) les questions liées à l'africanisation des cadres. 2°) les difficultés pouvant résulter des derniers sursauts de l'esprit colonialiste. Sur le premier point, vous savez tous l'effort mené par le Gouvernement en vue d'une africanisation aussi poussée que possible. A la doctrine de l'africanisation de haute qualité dont nous ne discutons pas le bien fondé, nous avons dû confronter la réalité quotidienne, et cette réalité-là concluait que, dans la mesure ou la Haute-Volta est une République libre et indépendante, dont les vues pouvaient diverger de celles de la République Française, il devenait essentiel d'éviter aux agents de l'assistance technique les débats cornéliens. Nous n'avions pas le droit de les mettre en situation d'avoir le sentiment de trahir leur patrie. Ce sont des hommes comme nous, ayant autant que nous l'amour de leur pays. Nous devions donc être en mesure d'assumer intégralement, par nous mêmes, la responsabilité des divergences éventuelles avec l'ancienne métropole. C'est donc uniquement dans cet esprit que nous avons estimé indispensable d'africaniser à tous les échelons de responsabilité non techniques. Cela a-t-il toujours été compris ? Je crain que non. Des échos me sont parvenus de menaces de départs massifs ; de menaces de campagne de presse de dénigrement. Et bien ! je dis que dans la mesure où l'on dédaigne la main fraternellement tendue ; dans la mesure où à l'amitié l'on répond par le complexe de supériorité, nous n'empêcherons personne de partir. Nous prendrons simplement acte d'une mentalité que nous croyions révolue. Je traiterai, en même temps, le second point qui y est partiellement lié. La position nette prise par la Haute-Volta en ce qui concerne son refus d'autoriser l'installation de toute base étrangère sur son sol, n'a pas été sans provoquer des remous. Celà, évidemment, nous nous y attendions ; mais autant nous concevons les réactions de certains militaires (pour éviter toute équivoque, je précise tout de suite que Monsieur le Colonel JODIN n'est absolument pas en cause ; je tiens, au surplus, à rendre ici hommage à la parfaite correction dont il ne s'est jamais départi dans ses rapports avec le Gouvernement et lui en exprime nos remerciements) donc, autant ces réactions-là sont concevables, autant nous ne pouvons admettre le comportement de certains autres, et surtout lorsqu'ils se trouvent couverts par l'immunité parlementaire. J'ai eu l'occasion d'exprimer à Bobo-Dioulasso les problèmes particuliers que soulevait cette question de l'appartenance à l'Assemblée Nationale de non-Voltaïques. Il ne m'appartient pas de m'immiscer dans les affaires de l'Assemblée souveraine à qui incombe seule la responsabilité de ses décisions. Mais, en tant que premier responsable du pays, je dis que l'on n'a pas le droit de jeter le trouble et le désarroi dans l'esprit de nos anciens combattants. Ils ont versé leur sang pour une cause qui n'a pas été seulement celle de la Haute-Volta. Ils sont pétris du sens de l'honneur et du devoir. Il ne faudrait pas les amener à maudire leur passé. Car c'est là que l'on voit à quel point l'esprit colonialiste est fait d'inconscience. Nos anciens combattants sont des Voltaïques, fiers de l'être et qui n'ont rien à renier. Qu'on veuille leur laisser la paix ! D'autres problèmes demeurent, et notamment dans le fonctionnement des circuits commerciaux dont certains rouages grincent pour des raisons assez obscures. C'est vous dire mes Chers Compatriotes, que notre indépendance qu'il nous appartient de consolider, n'autorise pas encore l'euphorie. L'œuvre grandiose qu'il nous appartient de mener à son terme exige que nous serrions les dents, encors plus que par le passé. Les coups bas auxquels il faut que nous nous attendions font partie du programme du colonialisme en désarroi. Ne voyons-nous pas à quels excès doit faire face notre héros commun, le Général DE GAULLE ? Alors qu'il s'apprête à mettre un terme aux privilèges coloniaux et à l'exploitation de l'homme par l'homme, les colonialistes n'hésitent pas à porter le terreur et l'intimidation jusque sur le sol de la Patrie. Comment dans ces conditions, ne pas s'inspirer de la leçon de courage lucide que le Général DE GAULLE donne ainsi au monde ? Au bout du tunnel où nous sommes engagés, nous voyons poindre la lumière, nous sommes certains de vivre actuellement la difficile transition vers une ère nouvelle qui méritera bien tous les sacrifices que nous serons amenés à consentir. En peu d'années l'AFRIQUE s'est imposée comme un partenaire à part entière. Notre rôle à nous est de faire en sorte que la HAUTE-VOLTA y occupe la place qui doit être la sienne. Vive la République libre et indépendante de HAUTE-VOLTA bibo:numPages 1 bibo:pages 6 bibo:shortDescription Ce message présidentiel de Haute-Volta présente les développements récents en Afrique et leurs implications nationales. Il détaille les résultats de la Conférence de Yaoundé, soulignant l'importance de l'unité africaine, de l'indépendance économique et des accords sur une organisation économique et une défense communes. Le président aborde également les négociations avec la France, marquant des désaccords sur l'exclusivité de l'enseignement supérieur et la défense, tout en réaffirmant le refus de bases militaires étrangères. Enfin, il insiste sur l'africanisation des cadres et la lutte contre les survivances de l'esprit colonialiste pour consolider l'autodétermination de l'Afrique. --