o:id 65628 url https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/65628 o:resource_template Newspaper article o:resource_class bibo:Article dcterms:title Drôle de démocrates dcterms:creator Dembélé Al Sémi dcterms:subject https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/59 dcterms:publisher https://islam.zmo.de/s/westafrica/item-set/39797 dcterms:date 1992-02 dcterms:language https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/8355 dcterms:isPartOf https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/44757 bibo:content DROLES DE DÉMOCRATES Le 31 décembre 1991, au journal de 07 h 00 sur la RFI (Radio France International) on pouvait entendre : "le conseil constitutionnel Algérien a rendu les résultats du 1er tour : 188 sièges pour le FIS, 25 pour le FFS, 15 pour le FLN ET 3 pour les indépendants(...) Du coup l'armée reste la seule force organisée capable de freiner le FIS et de protéger les institutions. On se demande ce que fera le président mais beaucoup de démocrates souhaitent l'intervention de l'armée..." Non, vous ne rêvez pas ! c'est la radio d'état du pays qui se veut le plus démocratique du monde, la France, qui lance cet appel. La question qui vient immédiatement à l'esprit est la suivante : Qu'est-ce que la démocratie ? Dans les collèges et les lycées, on nous a toujours dit que "c'est le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple !! Le démocrate alors, n'est rien d'autre que celui respecte le choix du peuple. On nous a toujours dit également que le peuple était souverain ; il a pour ainsi dire la primauté sur la forme institutionnelle régissant l'Etat. C'est donc lui qui décide de vivre sous une république (comme en France), sous un royaume (comme en Grande Bretagne), sous un empire (comme du Japon). La forme institutionnelle ne s'impose pas au peuple mais bien au contraire est sujet à modification par ce dernier. Alors pourquoi en Algérie, au nom des institutions des "démocrates" en appellent-ils à l'armée ? La réponse, elle est simple et c'est Bamba Alex du journal le "Démocrate" qui nous la donne dans l'émission "Reflets média" de radio Côte d'Ivoire du 03/1er/92 "La démocratie, elle n'est jamais totale..." Le mot est lâché. En effet, la démocratie n'est jamais totale. Elle ne l'a d'ailleurs jamais été. Rappelez-vous qu'à Athènes ou elle est née, il y avait 40.000 hommes libres qui décidaient et 110.000 esclaves qui n'avaient pas le droit au chapitre...Aussi, est-ce le plus logiquement du monde que ce Dembélé Al Sémi même Bamba Alex poursuit "les Algériens ont peur, il y a des intellectuels occidentaux... et des femmes qui ont été à l'école, qui ont vécu dans la liberté... vous avez vu les 300 mille personnes dans la rue à l'appel du FFS contre le FIS ?... le peuple Algérien veut se ressaisir..." Effectivement, pour nos "démocrates", le peuple, ceux pour qui la démocratie doit exister et fonctionner, ce sont les intellectuels occidentaux(et ceux qui épousent leurs convictions et valeurs)et les femmes (en fait toutes celles qui se dénient au profit des valeurs occidentales). Peu importe si pour cela la volonté de millions de personnes qui pensent autrement ou qui défendent des valeurs différentes et de loin la majorité, est foulée aux pieds. Les démocrates comme personnes acquises à la cause de la souveraineté du peuple, lui reconnaissant sa primauté, et prêtes à accepter sa volonté, ça n'existe que dans l'esprit. Et la démocratie elle-même comme liberté de presse, de conscience et le choix n'est qu'illusion. Tout fonctionne comme s'il y avait des moules préfabriquées dans lesquelles tout le monde devait couler. Ces moules charrient des valeurs qui doivent être acceptées par tous. Est partant, tous ceux qui évolueraient en dehors de ces moules deviendraient des hors-la-loi. Rien d'autre que cette logique implacable à la limite du machiavélisme n'explique ses propos de Diegou Bailly (un autre moralisateur et directeur de conscience) dans notre "temps N°37 du 15 janvier 1992" De toute façon, la victoire du FIS porte déjà en elle les facteurs du dévoiement du processus démocratique..." Tous les "démocrates" en arrivent donc à se renier et à nier les principes et valeurs qu'ils réclament à hue et à dia dès lors que la ligne qu'ils défendent est vaincue. Recourir à tous les moyens pour défendre sa conception des choses élevée au rang de dogme immuable n'est-ce pas là le vrai intégrisme et la forme achevée de l'intolérance ? Dans ce domaine, Abolé Ogou de "La voie" N°111 du 06 janvier joue les oiseaux de mauvais augure, lui qui prédit : "vainqueur du suffrage universel, la suprématie du FIS lui sera contestée dans la rue. Ce jeu-là ne comporte-t-il pas de risque de devoiement du processus démocratique M. Diegou Bailly ? Il y-a lieu de devenir plus sérieux et de prendre les choses avec lucidité. Crier à l'intégrisme à tout bout de chant pour empêcher une forme de société, une idéologie réclamée par le peuple d'exister (alors que d'autres idéologies et formes de société dites laïques ont largement fait la preuve de leur faillite) relèvent purement et simplement de la dictature. Peu importe qu'elle soit imposée par les médias, les "intellos" ou l'armée. Les différents efforts fournis par ceux qui veulent faire croire, qu'il en est autrement font d'eux de drôles de démocrates. bibo:issue 5 bibo:numPages 1 bibo:pages 2 --