o:id 5907 url https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/5907 o:resource_template Newspaper article o:resource_class bibo:Article dcterms:title Islamistes : un an après, que sont-ils devenus? dcterms:creator https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/1152 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/1183 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/14411 dcterms:subject https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/67 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/114 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/116 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/23138 dcterms:publisher https://islam.zmo.de/s/westafrica/item-set/2214 dcterms:contributor https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/858 dcterms:date 1995-09-01 dcterms:identifier iwac-article-0002676 dcterms:source https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/416 dcterms:language https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/8355 dcterms:rights In Copyright - Educational Use Permitted dcterms:abstract “D'abord relayée par Radio France Internationale, la nouvelle a fini par se confirmer hier vers 11h30 lorsque le chef de la diplomatie burkinabé, monsieur Ablassé Ouédraogo l'a annoncée officiellement au cours d'une conférence de presse..." C'est par ces mots que nous attaquions dans notre livraison n°3737 du 1er septembre 1994, la relation de ce qui a fait l'actualité en son temps. La vingtaine de réfugiés (dont un Marocain et une femme), précédemment assignés à résidence dans une caserne désaffectée de Folembray (Nord de la France) pour leurs liens supposés ou réels avec les intégristes algériens, et expulsés la veille de France, avaient en effet été “parachutés" le 31 août 1994 en terre "hospitalière et humanitaire" du Burkina. dcterms:spatial https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/376 bibo:content “D'abord relayée par Radio France Internationale, la nouvelle a fini par se confirmer hier vers 11h30 lorsque le chef de la diplomatie burkinabé, monsieur Ablassé Ouédraogo l'a annoncée officiellement au cours d'une conférence de presse..." C'est par ces mots que nous attaquions dans notre livraison n°3737 du 1er septembre 1994, la relation de ce qui a fait l'actualité en son temps. La vingtaine de réfugiés (dont un Marocain et une femme), précédemment assignés à résidence dans une caserne désaffectée de Folembray (Nord de la France) pour leurs liens supposés ou réels avec les intégristes algériens, et expulsés la veille de France, avaient en effet été “parachutés" le 31 août 1994 en terre "hospitalière et humanitaire" du Burkina. Cela fait donc exactement un an, jour pour jour, que ceux qu'on appelle les "barbus" sont à Ouagadougou. Alors, monsieur Ablassé Ouédraogo expliquait que: "Si nous avons accepté de les accueillir, c'est purement et simplement dans un cadre humanitaire et c'est à la demande des autorités françaises et des personnes concernées elles-mêmes que nous avons décidé de leur offrir ces refuges". Mais personne ne savait si le "colis" de Charles Pasqua, alors ministre français de l'Intérieur, était seulement en transit (et pour combien de temps) ou si le Burkina était leur destination finale. Toutefois, Ablassé Ouédraogo parlait "d'attendre que les conditions soient propices pour leur retour dans leur pays d'origine" (manifestement elles ne le sont toujours pas); et d'ajouter. "Quand on est réfugié, on sait quand on sort, mais on ne sait pas quand on rentre". Il ne pouvait si bien dire. Car voilà 365 jours que ça dure. "... Ils sont venus nous souhaiter bon anniversaire", plaisante l'un d'eux quand mardi soir, nous nous sommes rendus à la cité SOCOGIB de la Zone du bois où ils sont maintenant logés après avoir transité par les hôtels "OK.INN" à Ouagarinter, et "Le Provence" à Larlé. Ils étaient vingt à leur arrivée; quinze sont aujourd'hui toujours à Ouagadougou. Les cinq autres(l)? évaporés... “Ils se sont évadés, répondent-ils. Ils sont en Europe mais pas en France. D'autres ont voulu les imiter mais ils ont été rattrapés par les services de sécurité burkinabè". A la cité, douze sont dans trois villas F3 de 4 chambres chacune. La femme et son mari dans une quatrième villa et le quinzième, maître Ahmed Simozrag, avocat du Front islamique du salut (FIS), lui, gîte dans un appartement (deux chambres plus un salon) au 2e étage d'un immeuble. C'est là que nous avions rendez-vous le mardi 29 août avec lui. Quand nous arrivons à l'heure convenue, le locataire des lieux est descendu pour régler un “petit” problème. Un jeune homme, la trentaine, nous ouvre la porte. Moussa qu'il s'appelle. Assureur de formation, il joue maintenant les interprètes à la mosquée du coin où maître Simozgrag va prier. “Nous parlons seulement religion; je parfais en quelque sorte ma formation religieuse" dit-il. Il a l'air bien sympa et en tout cas, fort affable. Sur la table d'apéritif, quelques exemplaires du Saint Coran et d'autres livres religieux trônent au milieu de cassettes sur lesquelles sont enregistrées des psalmodies de l'avocat du FIS à la mosquée, tels “Universalité et objectifs de l'Islam"; “L'histoire du prophète Joseph"; “Les grands discours de l'Islam"; “Naissance, maladie et décès du Prophète”; “Fin du monde, l'enfer et le paradis ", etc. En attendant, nous écoutons quelques versets “chantés" par un magnétophone de marque "Sanyo” au-dessus duquel se trouve un poste téléviseur "Samsung". Notre interlocuteur viendra quelque trente minutes plus tard avec deux autres de ses camarades: Mohamed Doumi qui était commerçant à Marseille. 11 veut bien se laisser prendre en photo, mais est peu bavard (peut-être parce qu'il bégaie); l'autre qui n'a pas sa langue dans sa poche, a contrario, n'aime pas les objectifs des appareils photos; lui, répond au nom de Mustapha Boukrid et était libraire à Paris avant l'assassinat le 3 août 1994 à Alger de cinq agents diplomatiques et gendarmes; ce qui leur avait valu leur internement à Folembray. “Certains ont peut-être intérêt à nous retenir ici". C'est lui qui ouvrira les débats quand nous leur poserons la question de savoir comment ils ont vécu ces 365 derniers jours. "Péniblement", répond-il sans hésiter une seconde. - Et pourquoi donc? "Pour de multiples raisons, poursuit monsieur Boukrid. Car on est là malgré nous et nous ne pouvons repartir. Si on vous met dans un pays sans votre famille, sans vos enfants, vous imaginez la douleur que vous pouvez vivre? on vous mettrait au paradis de force que vous refuseriez". Mais au-delà de ce déchirement intérieur, de ces bleus à l'âme, dans quelles conditions ont-ils vécu depuis qu'ils sont là? "Nos rapports avec la population, assurent-ils, sont très bonnes. Nous avons découvert un peuple chaleureux, accueillant et travailleur. Par contre, avec les autorités, il y a beaucoup de choses à dire. Nos rapports ont toujours été épineux... ” Les hôtes du Burkina reprochent en effet aux autorités burkinabè de ne pas s'occuper de leur problème, de ne rien faire, pour qu'ils puissent partir d'ici et retrouver leurs familles. “Peut-être que cette situation arrange certaines autorités", ose monsieur Boukrid qui se dit sympathisant du FIS. - Pour quelles raisons donc le régime en place à Ouagadougou voudrait-il que vous restiez ici? demandons-nous. "Vous pouvez le devinez aisément. S'il y a eu un contrat sur nous par exemple, il faut bien qu'il soit respecté", laisse-t-il échapper. Jusque-là, celui avec qui nous avions pris rendez-vous, visiblement plus posé, se taisait. Mais il ne tardera pas à sortir de sa réserve. "... Cela fait maintenant une année que nous nous sommes retrouvés au Burkina et privés d'un de nos droits les plus élémentaires, à savoir la vie en famille, opine-t-il. Donc, cette situation a engendré de nombreux problèmes sur le plan professionnel, des problèmes d'ordre familial, social également, dans la mesure où certains de nos frères ont des familles en difficulté en France; des familles qui, par exemple, n'arrivent pas à régler le loyer. Certaines d'entre elles ont été expulsées, d'autres menacées de l'être. Il y a aussi des problèmes de scolarité chez nos enfants en France, une scolarité perturbée à cause de notre absence. Egalement des problèmes d'ordre professionnel en ce sens que certains de nos frères ont perdu leur emploi, d'autres leur commerce. Imaginez un fonds de commerce fermé pendant un an; cela donne droit au propriétaire de résilier le bail et reprendre le local. Je ne parle pas des problèmes de soins, des difficultés psychiques... Ceci n'est qu'un aperçu des difficultés vécues par nos familles..." Le débit de maître Simozrag devient plus saccadé et sa voix plus ferme quand il évoque "l'injustice” dont ils auraient été victimes. "... Je le dis et je le redis, nous sommes victimes d'une injustice commise par Pasqua et que la nouvelle direction politique, à savoir le gouvernement Juppé doit réparer. L'action politique, les agissements de Pasqua ont été rejetés et condamnés par les Français eux-mêmes. La preuve, il n'a pas été reconduit. Par conséquent, cet acte déplorable doit prendre fin... " Au fait, maître, où en sont les différents recours qui avaient été intentés par les incriminés? “L'affaire est en justice, dit-il. Elle se trouve actuellement au niveau du conseil d'Etat mais ne parlons pas de justice car elle a des procédures qui risquent de mettre beaucoup de temps, de trainer longtemps. Ça peut aller même jusqu'à cinq ans. Parlons plutôt de l'aspect politique des choses car s'agissant d'un problème politique, il doit être résolu politiquement. Autrement dit, on ne doute pas que la justice va nous donner raison". "C'est bien bien beau de parler d'action humanitaire, lance monsieur Boukrid, mais je crois que l'acte le plus hamanitaire est de nous permettre de rejoindre nos familles, sinon nous risquons de soupçonner l'Etat burkinabè de complicité avec Pasqua". Ils ont en effet l'impression d'avoir été enlevés et séquestrés, les islamistes. "Nous avons même demandé, expliquent-ils, d'être repris et traduits en justice, quille à aller en prison si on nous accusait de quoi que ce soit, mais rien de tel... On est surveillé 24/24, nos déplacements sont limités, les personnes que nous devons voir doivent obligatoirement en avoir l'autorisation... Toute cette atmosphère est devenue invivable... " 545.000 FCFA mensuels par personne Lorsque nous voulons savoir si depuis qu'ils sont là ils ont des contacts suivis avec les autorités burkinabè, ils affirment que la seule personne qui entre en contact avec eux, c'est celle qui vient leur donner de l'argent (une "pension", disent-ils) en début ou en fin de mois et “qui vient donner des ordres à ses sbires" (sic). Ce serait un certain adjudant-chef Barry de la garde présidentielle. "Chaque fois, on nous promet ferme que bientôt notre problème sera résolu, que nous pourrons bientôt rejoindre nos familles, mais l'échéance est toujours remise à plus tard, reportée aux calendes grecques, en somme. " Ils pensent cependant que leur départ de Ouagadougou est une question de semaines car, si l'on en croit ce qu'ils disent, Blaise Compaoré, à son retour de Paris où il a assisté au défilé du 14-Juillet à côté de son homologue français, leur aurait fait dire qu'ils sont presqu'au bout du tunnel En attendant, ils perçoivent 245.000 fcfa/mois, auxquels on ajoute 300.000 Fcfa pour leurs frais de téléphone afin notamment de leur permettre de communiquer avec les leurs restés en France. “Tout cela en espèces et sans aucune décharge, se plaint monsieur Boukrid qui enchaîne, c'est la sécurité burkinabè qui nous remet la somme. Nous avons exigé de savoir d'où provenait cet argent, même si nous imaginons que ce sont les Français qui le donnent. Nous refusons moralement cet argent si ce n'était pour manger, parce qu'il ne vient pas de la sueur de notre front". C'est vrai que les musulmans qu'il sont, appellent ce genre de gains “haram" qui serait un péché. En sus de ces 545.000 francs mensuels par personne (2), lu baraques sont aussi prises en charge et un cuisinier est affecté à chacune d'entre elles. Mais les sous qu'ils utilisent pour acheter des journaux ne leur sont plus remboursés, ce qui fait dire à monsieur Boukrid, le plus bavard du groupe, qu'avant on les choyait, mais que depuis environ six mois, leurs conditions ont commencé à se dégrader et on leur aurait coupé le téléphone. Pour autant, ils ne veulent pas que les Burkinabé pensent qu'ils vivent à l'aise à Ouagadougou, qu'ils sont des "aristocrates". "... Lu dernière fois, raconte Mustapha Boukrid, j'ai vu un couple apparemment de condition modeste, mais les voir rigoler tous les deux, ça m'a touché et je n'ai pas pu m'empêcher de dire à mes camarades: regardez ces gens n'ont rien mais ils sont heureux d'être ensemble et vous, on vous donne tout et on vous enlève l'essentiel". Qui plus est, ceux que nous avons rencontrés disent souffrir de leur "absence le statut". "On n'a pas de carte de séjour, on n'a pas de passeport, on n'est pas des touristes... On a aucun statut juridique, on est seulement des expulsés, dans une situation spéciale et nous demandons aux autorités burkinabé de faire en sorte que cette situation inconfortable cesse", déclare maître Simozrag. De fait, au-delà des responsables de ce pays, les islamistes pointent le doigt accusateur sur le Haut-commissariat des Nations-Unies pour les Réfugiés (HCR) et, dans une moindre mesure, le MBDHP et l'opinion nationale. Monsieur Boukrid: "Personne n'a voulu bouger pour nous. Le Mouvement burkinabè des droits de l'homme est venu nous voir au tout début. Moi même, j'ai été les voir il n'y a pas longtemps pour qu'ils interpellent le HCR que nous avons contacté pour notre statut. Ils sont effectivement intervenus pour nous au niveau du HCR mais ont estimé que c'était un problème politique et qu'ils ne pouvaient rien faire pour nous. C'est la même chose au HCR où depuis une année que nous sommes là, on a bloqué le dossier disant qu'il y a un veto quelque part. Nous, nous dénonçons cette complicité entre le HCR et le pouvoir burkinabè". “Notre départ n'est plus qu'une question de semaines” Plus que le statut de réfugiés, certains ne cracheraient d'ailleurs pas sur la nationalité burkinabè car, à ce qu'il semble, quelques uns en auraient émis le voeu. - Est-ce vrai, maître? "... Je ne suis pas au courant, assure-t-il; mais ça ne m'étonnerait pas. A défaut de statut... Mais on ne peut pas la demander du simple fait qu'on est dans une situation spéciale. En tout cas, moi personnellement, je ne la refuserais pas." En réalité, pour l'avocat du FIS, la demande de nationalité pourrait constituer une seconde étape, la première, celle qu'ils vivent présentement consistant à attendre la solution de leur situation. Quand tout espoir se sera envolé de ce niveau, là interviendra l'étape suivante. - Y a-t-il un échéancier dans ce chronogramme? A entendre Ahmed Simozrag, on n'aura pas le temps d'en arriver là, car leur retour était prévu pour le mois d'août, mais comme il y avait des troubles en France, des perturbations, ça été reporté pour ce mois de septembre. “C'est pourquoi nous n'avons même pas le temps de penser à celte seconde phase". En vérité, on peut se demander si avec la vague d'attentats qui secoue actuellement les territoires de France et de Navarre et qui installent petit à petit l'Hexagone dans une psychose généralisée et surtout une peur, pour ne pas dire une haine, de tout ce qui est Algérien, le gouvernement Juppé peut prendre le risque maintenant de "rapatrier" des gens suspectés à tort ou à raison, d'être des terroristes, des poseurs de bombes. Car si présentement, après les attentats à la gare RER Saint-Michel et place de l'Etoile à Paris et la découverte à temps d'une charge explosive sur la ligne du TGV Lyon-Paris, l'étau qui se refermait sur Abdelkarim.... un Algérien vivant en Suède, suspect numéro 1 pour certains, bouc-émissaire pour d'autres, si l'étau donc s'est desserré tant soit peu, la piste des islamistes algériens n'est pas pour autant complètement abandonnée. L'Algérie serait tout simplement en train de transplanter son terrorisme en France. - Qu'en pensent nos "hôtes"? Mohamed Doumi qui ne cache pas son appartenance au FIS et qui assistait presqu'en spectateur passif, s'enflamme: “Avant de savoir qui sont les auteurs et quelles sont leurs revendications, je crois qu'il est difficile d'en parler. Mais on se demande pourquoi la France a les yeux braqués sur les musulamns d'Algérie. Pourquoi on n'indexe pas les nombreuses sectes, les mouvements et toutes ces autres nationalités qu'il y a là-bas? Il y a bien les Serbes, les Turcs, les Kurdes et même entre eux, les Corses, etc. Il y a des mouvements révolutionnaires de jeunes qui ont commis l'année passée des attentats en plein centre de Paris. Pourquoi on n'accuse que les Algériens? Tenez, un exemple éloquent en la matière est l'attentat dans un immeuble d'Oklahoma aux Etats-Unis. On a aussitôt visé les islamistes pour se rendre compte après que c'était un forfait de l'extrême droite américaine. Nous n'avons rien à voir ni de près ni de loin dans ces histoires”. C'est vite dit. Reste peut-être le plus dur, celui de convaincre Jean-Louis Debré, Je successeur de Pasqua, au 20, rue Monsieur, de cette innoncence. Avec nos interlocuteurs du jour, nous avons aussi évoqué la situation intérieure en Algérie où le président Liamine Zéroual promet les élections présidentielles pour novembre prochain. "Quelles élections? s'interroge maître Simozrag? Zéroual est en train de les préparer, c'est vrai; mais les grands partis représentatifs de l'opinion algérienne tels comme le FIS, le FLN (NDLR: l'ancien parti unique) ou le FFS, les trois fronts comme on les appelle, ont manifesté leur refus de participer aux élections. Je ne vois pas comment il peut avoir des consultations électorales alors que ces partis qui représentent 95% de l'électorat ne cessent d'appeler au boycott. A moins qu'ils n'organisent ça entre eux pour plébisciter leur candidat. Ce n'est que de la poudre aux yeux, de l'intox pour tromper l'opinion internationale afin que Zéroual et ses sbires puissent bénéficier de l'aide du FMI, de la Banque mondiale et de certaines puissances qui ne veulent pas voir la réalité en face". "Comment peut-on, s'ingurgent-ils, vouloir tenir un scrutin alors que les rues sont jonchées de chars, que l'Algérie est pleine de ninjas, de militaires, de gendarmes, qui sèment la terreur... à moins de conduire les électeurs qui ont peur aux urnes par la force, le flingue sur la tempe?" Les islamistes entament ainsi à partir d'aujourd'hui leur deuxième année dans la patrie des hommes intègres, mais les journées leur semblent longues et surtout amères. Qui plus est, ils regrettent l'absence de faits politiques majeurs à se mettre sous les dents comme on en voit fréquemment en France et ailleurs. "Depuis que nous sommes ici, déplore monsieur Boukrid, seule l'affaire Nongoma est venue donner un peu de relief à l'atmosphère politique d'ordinaire calme. Ils l'ont foutu en prison avec les prisonniers de droit commun alors qu'il est président de parti. Nous n'avons certes pas à nous ingérer dans ces affaires, mais il faut reconnaître que c'est venu créer l'événement... " “Je m'installerai volontiers ici” Mardi, le maître de céans s'est levé à 8h30 mns. Entre les multiples prières quotidiennes, il a écouté les informations à la radio comme à la télé, a lu L'Observateur et le Coran, entre autres, puis, au déjeûner à 12h30, il a pris une salade en entrée, un ragoût de mouton comme plat principal; au dessert, il y avait des mangues et des bananes, puis, pour terminer, un café. Mais les moments de distraction sont très rares. Ainsi, pour eux, les jours se suivent et se ressemblent tous. Certains font un peu de sport mais pour le sympathisant du FIS qui cite un verset du Coran "la meilleure vue que tu puisses avoir est celle de la femme et de les enfants. Comment pouvez-vous vous distraire alors qu'on vient de vous annoncer au téléphone que votre enfant de deux ou trois ans est gravement malade pendant que vous êtes à des milliers de kms de là? On essaie seulement de tenir par la patience et la prière et on demande toujours à Dieu de nous venir en aide...' Curieusement, c'est la première et unique fois, sauf erreur, en une heure, que le nom de Dieu sera invoqué alors qu'on a l'habitude avec des pratiquants comme eux d'entendre sériner sans cesse le nom du Très Haut. En fait, s'ils promènent leur ennui au fil des jours, ils ont aussi effectué deux sorties touristiques: d'abord à Pô "sur invitation du président" (sic) pour visiter la réserve animale de Nazinga, mais ils n'ont finalement pas pu voir les animaux parce qu'il pleuvait beaucoup; ensuite, une autre sortie à la mare aux crocodiles sacrés de Sabou, quelques temps après. Hormis cela, ils sortent tous les jours pour tourner en ville "mais on nous file discrètement”, précisent-ils. En réalité, certains ne seraient pas mécontents de s'établir ici et de faire venir leurs familles respectives. Maître Simozrag: “Chacun a en fait une situation qui diffère de celles des autres. Moi par exemple, j'ai des biens en France; j'ai des enfants scolarisés en France, de sorte que je ne peux pas m'installer ici du jour au lendemain. Il faudrait d'abord que je règle ma situation là-bas. Autrement, je veux bien transférer mes biens ici; c'est même un voeu que j'émets. Mais il faut une procédure, un laps de temps pour tout organiser... " Il l'a dit, c'est un voeu. Et si malgré les promesses qui leur ont été faites de retourner le pli à l'envoyeur, et leur certitude subséquente qu'ils rentreront bientôt en Gaule d'où ils étaient venus, il y a maintenant un an, et si malgré tout ça disons-nous on s'acheminait progressivement vers cette logique... Par: Ousséni Ilboudo Simon Yaméogo Emmanuel B. Bama Notes: (1)- Les cinq (5) absents à l'appel ont pour noms: Jaffar El Houari, Mohamed Aïssawi, Hamid Ali Amar, Madani Abderrahamane et Chebani Boualem. (2)- Soit 5.450 FF c'est-à-dire un peu moins que le SMIG, le salaire minimum interprofessionnel garanti en France. --