o:id 2880 url https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/2880 o:resource_template Newspaper article o:resource_class bibo:Article dcterms:title L'intégrisme religieux en marche au Faso ? dcterms:creator https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/14753 dcterms:subject https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/66 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/56 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/5 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/8 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/583 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/83 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/59 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/24 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/63372 Extrémisme https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/43 Salafisme dcterms:publisher https://islam.zmo.de/s/westafrica/item-set/2214 dcterms:contributor https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/858 dcterms:date 2013-02-25 dcterms:identifier iwac-article-0000650 dcterms:language https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/8355 dcterms:rights In Copyright - Educational Use Permitted dcterms:abstract Le péril islamiste est-il en train de prendre pied, petit à petit au Burkina où, depuis toujours, les différentes confessions religieuses vivent en bonne intelligence ? dcterms:spatial https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/546 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/357 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/542 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/351 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/277 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/309 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/550 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/60457 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/308 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/413 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/354 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/63374 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/376 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/386 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/549 bibo:content Le péril islamiste est-il en train de prendre pied, petit à petit au Burkina où, depuis toujours, les différentes confessions religieuses vivent en bonne intelligence ? C'est en tout cas la conviction de l'auteur de ces lignes, qui fonde son appréciation sur un certain nombre de faits qui sonneraient l'alerte. "Dans nos pays à démocratie balbutiante, où gouvernants et gouvernés sont plus préoccupés par la satisfaction des besoins élémentaires de survie alimentaire, la navigation à vue détermine le futur de la société ou plus prosaïquement de la Nation ou de l'Etat. C'est ainsi qu'un véritable danger n'est pris au sérieux qu'au moment où la solution devient plus difficile ou, en tout cas, hors de portée de nos moyens endogènes. Nos «intellectuels» se taisent ou restent emmurés dans des dialectiques éculées d'anti-impérialisme ou d'anticapitalisme. Nos «sociétés civiles» sont autant aphones que les organisations politiques sur des sujets vitaux dits «sensibles», mais en rapport avec la sécurité et la tranquillité publiques. Il en est ainsi de l'intégrisme islamique qui, tel un cancer, est en train de gangrener la société burkinabè aujourd'hui comme il l'a fait hier avec celle du Mali, ses conséquences désolantes étant toujours sous nos yeux. Le Forum national sur la laïcité, tenu du 27 au 29 septembre 2012 à Ouagadougou, semble être un heureux acte d'anticipation des autorités politiques, administratives, coutumières, religieuses et de la société civile. Que ne voit-on pas depuis, malgré l'encouragement au dialogue interreligieux proclamé dans le but de nous éloigner de l'hydre de la confrontation «religieuse» ? C'est qu'aucune annonce de l'exploitation des travaux du Forum national sur la laïcité dans le sens de la constitution d'un organe de réflexion sur les points de friction relevés n'est faite alors que s'accentue par contre un extrémisme porté par certains gourous patentés, d'obédience «salafiste» et d'un islam «sunnite» sur le modèle de ceux du Qatar, du Koweït, de l'Arabie Saoudite, des Emirats arabes unis ainsi que du Pakistan ou de l'Afghanistan. Ceux-ci sont entourés ainsi que réclamés, et leurs prêches, incendiaires, malheureusement suivis à la lettre par de plus en plus de musulmans. Hier au Mali, sous la houlette du «Haut Conseil islamique», des manifestations populaires avaient contraint le Président Amadou Toumani Touré à différer la promulgation d'un Code des personnes et de la famille, pourtant élaboré avec la participation de délégués de toutes les couches sociales et adopté par l'Assemblée nationale malienne en début année 2011. Le grief principal était que ce code contenait trop de dispositions en contradiction avec la charia, notamment en matière de partage de l'héritage entre hommes et femmes. Il a finalement signé le décret de promulgation juste avant le coup d'Etat de mars 2012 ! Des questionnements légitimes Lorsque la crise de 2012 a éclaté, l'un des responsables de ce Haut Conseil islamique, l'imam Mahmoud DICKO, a entrepris une médiation avec les islamistes coupeurs de bras et de jambes pour vol et lapideurs à mort pour adultère, tout en marquant son opposition à toute intervention étrangère. Par la suite, il a néanmoins fait amende honorable en se démarquant des condamnations des autorités du Qatar, de l'Egypte, de la Tunisie et de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) en déclarant : «C'est la France qui a volé au secours d'un peuple en détresse, qui avait été abandonné par tous ces pays musulmans à son propre sort. Nous parler de croisade anti-islam, c'est quelque chose que nous ne pouvons accepter en tant que responsables musulmans du Mali». Au niveau du microcosme politique, des opportunistes comme les «révolutionnaires» de la Coordination des organisations patriotiques du Mali (COPAM), les Pr Younouss Hamèye Dicko et Dr Oumar Mariko ainsi que le cinéaste Souleymane Sissoko, se sont faits, au nom d'un nationalisme étroit, les hérauts du coup d'Etat du Capitaine Amadou Haya Sanogo pour fustiger toute intervention étrangère, ce, dans un contexte où l'armée malienne était manifestement dépassée par les événements. Cette vision a été partagée ici au Burkina Faso, pour des raisons inconnues, par certains syndicalistes et activistes des droits humains. Au Burkina Faso, certains questionnements, exposés aux assises nationales sur la laïcité, semblent légitimes parce qu'ils touchent à l'incidence de la pratique de la foi des uns ou des autres sur la liberté religieuse et le vivre ensemble et en paix dans le respect de la diversité culturelle, cultuelle ou religieuse. Sont de ces questions les bases des fondamentalismes ou intégrismes religieux, la recherche de lignes de démarcation entre ces extrémismes et la pratique religieuse majoritairement considérée comme juste, la séparation des aspects purement culturels de la pratique religieuse d'avec les aspects liés à de véritables commandements religieux, et donc hautement dignes de foi, etc. Notons qu'un de nos respectés imams, intervenant à la télévision la «Voie de l'Amérique» après l'assassinat, par des manifestants, de l'Ambassadeur des Etats-Unis à Benghazi en Libye, attaque attribuée à des salafistes, a défini le salafiste comme «le musulman qui suit la trace de ses pieux prédécesseurs», pour conclure que «nous sommes tous des salafistes». Combien de ses coreligionnaires partagent cette opinion ? Si oui, quelle est la ligne de démarcation entre le bon salafiste, qui tolère la différence de l'autre et le mauvais salafiste, qui est prêt à intimider, à insulter, à agresser et même à tuer au nom de l'islam ? Cette tolérance de l'extrémisme nous interpelle, dans la mesure où c'est sur la base de telles conceptions que de «jeunes musulmans» ont bruyamment manifesté contre des responsables de la Communauté musulmane, accusés de «lèse islam» pour avoir fréquenté des «impies» ou des «cafres» à travers une visite de courtoisie faite à l'Archevêque de Ouagadougou. Cette même intolérance a conduit à la déscolarisation, en pleine année scolaire 2012-2013, de 75 élèves de parents musulmans du collège Notre-Dame de Pouytenga parce que la tenue scolaire obligatoire porterait des signes de la croix du Christ. Ainsi, une école conventionnée, dispensant un enseignement réglementé par l'Etat, est décriée parce qu'on lui dénie toute spécificité religieuse, alors que dans le même temps des écoles franco-arabes, en très grand nombre (1650 sur 2540 les écoles privées à la rentrée scolaire 2010-2011), dispensent un enseignement purement religieux et peinent à intégrer l'enseignement officiel de l'Etat, sans que cela n'émeuve grand monde. Cette éducation religieuse, déconnectée de l'enseignement laïc, prépare-t-elle mieux à l'intériorisation des valeurs de civisme et de solidarité inscrites dans la Constitution ? L'islam récuse toute idée d'Etat irreligieux Il résulte des observations faites dans des pays musulmans, tels la Tunisie, de l'Egypte ou la Libye, que des militants salafistes ont depuis le printemps arabe commis de nombreuses violences (expositions artistiques vandalisées, mausolées et bibliothèques soufis détruits, conseiller régional français battu, etc.). Les salafistes déclarent eux-mêmes que le concept de démocratie est insoluble dans une société islamique. Il nous semble inquiétant alors de lire dans la «Perception de la Oumah du Burkina Faso du concept de la laïcité» la déclaration suivant laquelle «le système juridico-politique de l'islam récuse toute idée d'Etat irreligieux». Cette reconnaissance est certes tempérée par l'affirmation que «rien n'indique que la communauté islamique du Burkina Faso rame à contre-courant des principes de l'Etat». Mais, les dérives ci-dessus citées et certaines postures prises pendant le Forum national sur la laïcité laissent dubitatif quant à la consistance de l'engagement pour la laïcité, la démocratie, la liberté de religion et de culte du plus grand nombre. Qu'entend-on par Etat irreligieux selon l'islam, sinon un Etat non islamique, l'islam étant, selon sa propre définition, la meilleure religion ? L'Etat irreligieux doit certainement être différent de l'Etat athée ou antireligion, qui combat les religions. Un autre aspect concerne la mode en vogue au Burkina Faso, dans certains milieux musulmans, du port du voile intégral noir (burka) ou du voile laissant voir le visage (niqab). Ces habits seraient, suivant des recherches effectuées sur Internet, des vêtements traditionnels de certaines contrées du Pakistan, de l'Inde et de l'Afghanistan. Leur port ne relèverait en conséquence pas d'une prescription de l'islam, qui recommande seulement à la femme musulmane de s'habiller avec décence. Peut-être que des raisons mercantiles ou de propagande religieuse n'incitent pas à éclaircir cet aspect de l'engouement. Il semblerait néanmoins que ces costumes soient recommandés pour les femmes wahhabites ou salafistes. Nous croisons les doigts afin qu'après la liberté de port de ces costumes il ne lui soit substitué l'obligation de son port, à l'exemple de ce que des «fous d'Allah» ont institué au Nord-Mali pendant leur domination dans cette zone. Sourate 2, verset 256 Il est heureux d'entendre rappeler que l'islam est une religion de paix. Une référence sur ce point est faite à la Sourate 2, verset 256 du Coran, selon laquelle : «Point de contrainte en matière de religion ! La voie droite se distingue de l'erreur. [..].». La flambée des marques d'intolérance religieuse, de par le monde, dans la sous-région et de plus en plus malheureusement au Burkina Faso, surtout en provenance des adeptes d'un certain islam, fait légitimement craindre un dévoiement de ce verset coranique. Il semblerait que ces radicalistes invoquent aussi en faveur de leur conduite des versets du Coran ou des Hadiths. C'est sur cet aspect qu'il faut approuver ceux qui estiment «qu'il va falloir mener une guerre idéologique et dénoncer ceux qui se disent musulmans et qui sèment la mort», la haine religieuse ou la «démarcation physique». Il faudrait que des érudits de l'islam dépassent la profession de foi sur un islam «religion de paix» pour démontrer en quoi les «fous d'Allah» se trompent et trompent les autres musulmans. Le Dr Jérôme Bougouma, ministre en charge de la Sécurité et des Cultes, dans sa communication introductive aux travaux du Forum national sur la laïcité, notait qu'au Burkina Faso «la laïcité est plus vécue comme un moyen de garantie de la liberté de conscience que comme un cloisonnement étanche du politique et du religieux», rejoignant en cela le Pr Jean Luc Ibriga, qui estime que notre laïcité est celle de la «forte prégnance du religieux dans la vie publique» et qu'elle est «plus vécue comme un moyen de garantie de la liberté de conscience que comme un cloisonnement étanche du politique et du religieux». Il appartient donc aux autorités compétentes burkinabè de faire l'inventaire de tous les écarts dangereux pour le maintien du contrat social et de leur apporter en conséquence les réponses adéquates au triple plan organisationnel, législatif et sécuritaire. Telles sont les conditions du maintien et du renforcement de la cohésion et de la concorde sociales. Que Dieu bénisse le Burkina Faso." --