o:id 2836 url https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/2836 o:resource_template Newspaper article o:resource_class bibo:Article dcterms:title Intelligence de la foi : trois défis pour le dialogue interreligieux ! dcterms:creator https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/14561 dcterms:subject https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/44 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/115 dcterms:publisher https://islam.zmo.de/s/westafrica/item-set/2214 dcterms:contributor https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/858 dcterms:date 2014-04-09 dcterms:identifier iwac-article-0000606 dcterms:language https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/8355 dcterms:rights In Copyright - Educational Use Permitted dcterms:abstract Pourquoi favoriser le dialogue interreligieux aujourd'hui ? Comment, pour les chrétiens, concilier les exigences de l'annonce de l'Evangile avec celle du dialogue avec les autres croyants ? bibo:content Pourquoi favoriser le dialogue interreligieux aujourd'hui ? Comment, pour les chrétiens, concilier les exigences de l'annonce de l'Evangile avec celle du dialogue avec les autres croyants ? La réponse à ces questions nécessite une prise de conscience des défis à relever en matière de dialogue interreligieux. Trois me paraissent particulièrement importants : la connaissance mutuelle, le besoin de conversion et la recherche d'une compréhension nouvelle de la vérité. D'abord la connaissance mutuelle : il est important que nous travaillions à connaître la religion des autres. «Connaître la religion de l'autre signifie plus qu'être informé au sujet de sa tradition religieuse. Cela implique entrer dans la peau de l'autre, marcher avec ses souliers, voir le monde, en un sens, comme l'autre le voit, poser les questions à l'autre, pénétrer dans le sens qu'a l'autre d'être un hindou, un musulman, un juif, un bouddhiste, ou quoi que ce soit» ( F. Wahling). En tout cas, si nous tenons à préserver la paix civile dans nos pays, dans nos villes, dans nos quartiers, comme sur l'ensemble de la planète, si nous souhaitons que la diversité humaine et religieuse se traduise en une coexistence harmonieuse plutôt que par des tensions génératrices de violence, nous ne pouvons plus nous permettre de connaître vaguement les autres, de manière approximative, superficielle, grossière. Nous avons besoin de les connaître avec subtilité et dans leur intimité. L'intimité d'une religion, c'est l'ensemble de ses croyances, de ses pratiques, de sa littérature, de sa spiritualité et de la vision qu'elle se fait de l'homme. Quelles que soient nos origines religieuses, nous sommes tous, dans ce monde, des «compagnons de voyage» appelés à construire un monde habitable pour tous. Second défi : le besoin de conversion. Il ne s'agit pas de s'obliger à devenir musulman ou chrétien. Le besoin de conversion peut s'exprimer par la formule suivante : « la conversion réciproque ». Mgr Teissier, ancien archevêque d'Alger, est à l'origine de cette belle expression. En août 1975, à la Semaine de missiologie de Louvain, il faisait la déclaration suivante : «Le respect que nos frères musulmans attendent de nous est le signe que la conversion n'est pas à sens unique, que les temps sont venus de la conversion réciproque dont Dieu seul connaît les conséquences sur chacun de nous et sur chacun de nos groupes. C'est dans la recherche ensemble de la volonté de Dieu sur nous, chacun selon notre itinéraire propre, que nous nous rendrons disponibles à l'Esprit de Dieu. Il nous convertira les uns par les autres à un meilleur acquiescement à sa volonté et à un plus grand amour». En tout cas, pour le chrétien, le Christ ressuscité ne pratique aucune discrimination. Dieu ne fait pas de différence entre les hommes qui l'adorent et font ce qui est juste. Le dialogue suppose la conversion réciproque. Et la conversion réciproque est une sorte de «retournement» qui s'effectue à l'égard de notre propre foi, par la médiation de l'autre croyant, en direction du Règne de Dieu. Sous le regard de l'autre, nous pouvons nous découvrir nous-même. L'amour du frère ne s'arrête pas à la porte du temple, de l'église ou de la mosquée. Enfin, la recherche d'une compréhension nouvelle de la vérité. C'est ce que le théologien Claude Geffré appelle «le partage de la vérité». Qu'est-ce à dire ? Eh bien, on peut dire que dès qu'il s'agit de la foi, on n'est jamais dans une possession totalitaire de la vérité. Autrement dit, comme l'affirme le pape François, «si quelqu'un dit qu'il a rencontré Dieu avec une totale certitude et qu'il n'y a aucune marge d'incertitude, c'est que quelque chose ne va pas. Si quelqu'un a la réponse à toutes les questions, c'est la preuve que Dieu n'est pas avec lui, que c'est un faux prophète qui utilise la religion à son profit». L'enjeu majeur donc, pour toutes les religions, c'est de créer la possibilité concrète de «partage de la vérité». Cela signifie que grâce au dialogue interreligieux chaque religion peut dépasser une conception insuffisante de sa propre vérité pour accéder à une vérité plus haute. En fait, ce qui est vrai dans le domaine de tout dialogue interhumain l'est aussi dans le domaine du dialogue interreligieux, à savoir que, d'une certaine façon, nous avons besoin de passer par la vérité des autres pour mieux comprendre la vérité dont nous nous réclamons. Ce propos n'est pas banal. Il concerne tout dialogue qui va jusqu'au bout de ses exigences. Non seulement il permet de mettre à l'épreuve nos propres convictions, mais grâce à ce dialogue nous pouvons découvrir que nous n'avons pas toujours vérifié intellectuellement ou existentiellement la vérité dont nous nous réclamons. Mgr Pierre Claverie, ancien évêque d'Oran en Algérie, nous a laissé un message fort avant son assassinat en 1996 : «Le vrai dialogue n'existe qu'à partir du moment où l'autre est peut-être porteur d'une vérité qui me manque. Tout en gardant sa particularité, on peut s'enrichir mutuellement». Relever ces trois défis n'est pas chose facile. Les familles africaines, qui vivent souvent avec différentes traditions religieuses en leur sein, ont un grand rôle à jouer. --