o:id 12083 url https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/12083 o:resource_template Newspaper article o:resource_class bibo:Issue dcterms:title Le CERFIste #5 dcterms:subject https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/106 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/5 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/909 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/28 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/569 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/571 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/124 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/84 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/85 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/87 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/23138 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/12891 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/24 Islamisme https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/33 Terrorisme https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/63372 Extrémisme dcterms:publisher https://islam.zmo.de/s/westafrica/item-set/2206 dcterms:contributor https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/858 dcterms:date 2007-09 dcterms:identifier iwac-issue-0000542 dcterms:source https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/571 dcterms:language https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/8355 dcterms:rights In Copyright - Educational Use Permitted dcterms:abstract Bimestriel d'information et de formation du Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques dcterms:spatial https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/284 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/376 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/377 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/269 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/443 dcterms:rightsHolder Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques bibo:content Bimestriel d’Information et de Formation du Cercle d’Etudes, de Recherche et de Formation islamiques 250 F CFA (CERFI) n° 005 EDITORIAL ETRE LOYAL ENVERS SA RELIGION, SON PAYS ET SES COMPATRIOTES p.2 ISLAM LES SIGNES DE DIEU LA PHILOSOPHIE DE RAMADAN LA PHILOSOPHIE DE RAMADAN IQRA Islam, les questions qui fâchent de Bruno ETIENNE VIE DU CERFI Le CERFI lève le voile sur un sujet tabou CONFERENCE D'OUVERTURE EN INTEGRALITE EDITORIAL ETRE LOYAL ENVERS SA RELIGION, SON PAYS ET SES COMPATRIOTES Dans notre pays, les populations sont conviées chaque cinq (05) ans aux urnes pour choisir leurs différents représentants. Et à chaque période électorale (présidentielle, législative ou communale), le magma social se met en ébullition. Les partis politiques légitimement sollicitent les voix des citoyens. Les populations musulmanes font l'objet en ces moments de vives sollicitations. Les dons abondent les mosquées et les lieux de dou’a. Les musulmans comme l’ensemble des composantes de Notre pays s’acquittent tant bien que mal de leur devoir ou droit de vote, c'est selon. Même si l’on peut rigoureusement avancer que beaucoup doit être fait pour améliorer la participation des citoyens aux différentes élections, il faut relativement admettre que le niveau de participation est acceptable. Mais quel sens peut-on donner à l’acte de voter ? Intrinsèquement, c'est un acte citoyen que de choisir son ou ses représentants. L’homme politique étant celui qui à un moment donné incarne l’aspiration d’un peuple. Chaque individu, chaque groupe, participe aux élections avec plus ou moins d’espérances et d’attentes. Les musulmans ne sont pas en reste. Quels peuvent être leurs espoirs et attentes quand ils choisissent les premiers responsables de notre pays ? Sans doute s’attendent-ils au «développement» de notre pays. Un mot générique et pansémique qui si on y prend garde, ne voudra plus rien dire. Tout au moins espèrent-ils l’amélioration de leurs conditions de vie ou simplement, attendent-ils des Leaders des formations politiques le respect des engagements pris. Naturellement, les musulmans sont en droit d’attendre d’être plus impliqués dans les sphères de prise de décision et d’action. Si pour le respect des engagements, il est un lieu commun de constater que les politiques ont peu d'égard pour la parole donnée lors des campagnes électorales, en ce qui concerne la désignation des musulmans aux postes de responsabilité, il faut s’étonner du nombre, voire de la qualité. En effet, les quelques personnalités musulmanes responsabilisées comprennent pour la plupart en tout cas, très peu les besoins des musulmans (l’exception confirmant la règle). À tout le moins, ils ne s'y intéressent que peu. Ils sont pour certains complexés de vivre ouvertement leur religion. Comme s’il était impossible, voire interdit, d’être loyal envers sa religion, son pays et ses compatriotes. Comment peut-on comprendre que les personnalités d’autres confessions religieuses au plus haut niveau de responsabilité vivent Sereinement et ouvertement leur religion alors que les musulmans se cachent pour le vivre ou ne le vivent tout simplement pas? Où sont les ministres musulmans, où sont les maires et les députés musulmans? Complexés que sont la plupart jusqu'à la moelle des os! Pendant que leurs collègues chantent et dansent dans leurs lieux de culte! Déjà qu'ils sont en petit nombre dans les sphères de décision, si la minorité qui s'y trouve est amorphe, insipide et incolore, qu'est-il possible d'espérer et d’attendre d’eux? Il est curieux que nous soyons fortement sollicités en périodes électorales et jetés aux oubliettes quand vient le moment des désignations aux postes de responsabilité. Cet état de fait en plus de bien d’autres facteurs se traduit par un dynamisme en deçà des possibilités sur le plan socio-économique des musulmans et un cloisonnement entre les intellectuels et ceux qui sont chargés de conduire les communautés et les associations musulmanes. Toute chose, à ne pas s’y tromper, qui a des effets néfastes. sur la marche de notre pays vers davantage de prospérité. Il faut en tout état de cause rappeler aux musulmans le besoin d'un investissement citoyen plus accru et une saine participation politique. Il y va de l'intérêt général. La Rédaction Le Cerfiste N° 005 septembre 2007 Ben Halima Abderraouf qu'on ne présente plus dans le milieu de la jeunesse musulmane a séjourné pendant trois (03) semaines au Burkina Faso. À cette occasion, il a animé des conférences et surtout pratiqué la roquia à Ouagadougou, à Bobo-Dioulasso et à Ouahigouya. Votre journal n'a pas manqué de recueillir pour vous ses avis sur divers points. Lisez plutôt ! Le Cerfiste : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Abderraouf Ben Halima (ABH) : Je m'appelle Abderraouf Ben Halima, j'ai 40 ans donc né en 1967. Mon père est Tunisien, ma mère Américaine. J'habite en France depuis 1986. Je suis de formation ingénieur, statisticien, économiste; je suis aussi mathématicien. Je suis dans l'Islam depuis l'âge de 15 ans. J'ai milité beaucoup avec la da'wa, puis après j'ai fondé une maison d'édition. J'ai écrit plusieurs livres éducatifs ; j'ai traduit la vie des compagnons. Après je suis venu dans la Roquia c'est-à-dire le traitement des gens contre la sorcellerie, le mauvais œil. Je fais des tournées en Afrique pour vendre les livres et former les gens à la roquia et faire des conférences et de la da'wa. Le Cerfiste : Comment définissez-vous la Roquia ? ABH : C'est le fait de soigner la sorcellerie, la possession des djinns et le mauvais œil avec le Coran et la médecine prophétique. Le Cerfiste : Pourquoi avez-vous choisi de vous investir dans cette pratique ? ABH : Je n'ai pas choisi ; c'est venu quand ma femme était possédée par un djinn. On a essayé de la soigner, j'ai connu les gens qui soignent, je les ai accompagnés. Ça n'a pas été volontaire mais ça a été extrêmement bénéfique. Je la pratique de façon professionnelle depuis 1996. Le Cerfiste : Cette pratique nourrit-elle son homme ? ABH : Je vis de ça ; mes conférences sont gratuites ; la da'wa c'est gratuit mais les livres que j'écris sont à bas prix, c'est dire Ben Halima Abderraouf en conférence que je ne cherche pas de bénéfice. Je vis de la Roquia ; je vis dans les activités islamiques. Certaines sont gratuites et d'autres me rapportent de l'argent et ça fonctionne bien. Le Cerfiste : Comment vous appréciez ce que vous faites et quelles sont les réactions des gens autour de vous ? ABH : Al Hamdoulillah ! C'est très apprécié parce qu'il y a beaucoup de gens qui sont soignés et qui sont guéris. Ce que je fais est Halal et conforme à l'Islam. Il y a des résultats et les traitements deviennent de plus en plus faciles. Quand quelqu'un est bloqué pendant des années, et qu'après ça se débloque et il trouve du travail et se marie, on ne peut qu'être content. Le Cerfiste : Quelles sont les exigences de cette pratique ? ABH : Cette pratique a effectivement des exigences. Il faut pouvoir lire le Coran, il faut un certain niveau de piété, être attaché à Allah. Il faut également un Niveau de vigilance pour contrer les représailles car ça vient tout le temps. Donc il faut toujours être prêt à réceptionner les djinns qui viennent se venger pour les tuer. Il faut aussi se soigner toute l'année soi-même et sa famille parce que les sorciers ne vont pas manquer de vous faire des sorcelleries, mais quand vous vous lavez avec l'eau du Coran toute l'année, c'est comme si vous prenez de la nivaquine toute l'année contre le paludisme. Et si jamais il nous arrive quelque chose, il faut faire un maximum de doa pour qu'Allah extermine le sorcier qui veut nous barrer la route. Une fois qu'on fait tout ça, Al Hamdoulillah on n'a plus beaucoup de problèmes. Le Cerfiste : On vous a souvent entendu dire "j'ai tué le djinn". Comment tue-t-on un djinn ? ABH : Quand le djinn vient dans le rêve, il est extrêmement vulnérable. Sa seule force, c'est que nous avons peur de lui. C'est comme un enfant qui vole une banque avec un pistolet en plastique. Si nous avons peur, il fait tout ce qu'il veut et s'en va avec. l'argent. Mais si nous comprenons qu'il ne peut rien faire, on va le taper pour qu'il ne recommence plus. À partir du moment où on t'explique que le djinn ne peut rien faire, s'il te poursuit, au lieu de fuir, retourne-toi ; attrape-le et récite le Coran ; il va mourir. Si un djinn ou un djeniya vient pour te violer ; attrape-le et récite le Coran ; il va mourir. Essayez et vous verrez ; c'est facile. Le Cerfiste : Avez-vous déjà vu un djinn ? ABH : Dans le rêve, j'en ai vu plusieurs fois et Al hamdoulillah, j'en ai tué beaucoup. Mais dans la réalité non. Quand ils sont chez les humains, ils bougent, ils parlent ; nous leur parlons à travers les humains mais on ne les voit pas. ... suite page 4 Le Cerfiste N° 005 septembre 2007 ... suite de la page 3 Le Cerfiste : Comment appréciez-vous votre séjour au Burkina ? ABH : La dernière fois où je suis venu au Burkina, j'étais sous-exploité et je m'étais dit que je n'allais plus revenir, que j'allais donner la préférence à d'autres endroits mais les frères ont Encore formulé la requête et ont beaucoup insisté. Al hamdoulillah, cette fois-ci, je ne suis pas déçu. Mon exigence est qu'il n'y a pas de temps libre quand je vais quelque part. Au niveau de la mobilisation, avec les frères du CERFI, de l'AEEMB et ceux de la Roquia et avec Salif qui a tout organisé, je remarque que ça va. La seule chose qui nous a manqué, c'est la couverture médiatique au niveau de Ouagadougou, mais la prochaine fois on va y songer. Le Cerfiste : On pense généralement que les maladies liées aux génies sont le propre des Africains. Qu'en dites-vous ? ABH : Non ! Ça existe dans toutes les cultures sauf chez les occidentaux du Nord. Même en Italie, en Espagne, au Portugal, il y a beaucoup de sorcellerie et quand vous allez à l’Est en Russie, en Chine... dans tous ces endroits, il y a beaucoup de sorcellerie sans parler de l'Amérique du Sud. Dans toutes ces contrées, les gens connaissent et pratiquent la sorcellerie mais ça varie selon les pays, mais il reste que le podium est tenu par l'Afrique et les Antilles. C'est ancestral chez les Africains parce qu'à la base, la plupart des pays sont animistes, fétichistes. Le Cerfiste : Existe-t-il le même engouement en Europe comme en Afrique ? ABH : Il n'y a pas le même engouement, essentiellement parce qu'il n'y a pas le même besoin. Il y a moins de sorcellerie, donc moins de gens qui en expriment le besoin. Là-bas, ce n'est ni un problème public, ni un fléau social. C'est une minorité de gens qui sont concernés. Si on initie un grand discours sur la roquia, ça n'intéresse pas beaucoup de monde. Mais ici ça concerne beaucoup de gens. Par exemple, en Europe les Chrétiens ne pratiquent pas l'exorcisme ; donc il n'y a pas ce fait que les gens vont quitter l'islam à cause de ça. Le problème en Europe a une acuité beaucoup moindre. Le Cerfiste : Parlez-nous de quelques expériences qui vous ont le plus marqué dans votre croisade contre les mauvais génies. ABH : (rire) Alors là il y en a tellement. On a fait venir le chef des djinns de Vatican ; on l'a converti ; ça a été impressionnant. C'était en Côte d'Ivoire ; quand il est venu, il s'est écrié "sacrilège, sacrilège". On l'a amené du Vatican par la puissance de Dieu. C'est une supériorité que Dieu a donnée aux humains sur les djinns. Il était chrétien et a vécu depuis Jésus (AS). Quand on l'a fait venir, je lui ai dit "mon frère" et il me dit "tu oses m'appeler ton frère après ce que tu m'as fait ? Mais j'étais en prière". Alors on lui a demandé de nous écouter ; il nous dit qu'il n'avait pas envie mais qu'il n'avait pas le choix. Je lui ai alors demandé s'il voulait la lumière ; il me regarda méchamment et me dit "lumière de toi non" ; je lui ai dit "une lumière de Dieu". Il s'est adouci et a dit calmement "la lumière de Dieu ?" je dis Oui celle d'Allah ; il dit mon Dieu c'est Jésus. Je lui ai dit de répéter "Mon Dieu, montre-moi qui tu es. Allah ou Jésus". Quand il a répété cela, Allah lui a montré la vérité et il s'est converti. Nous lui avons fait répéter qu'Allah est Dieu et Jésus un de ses Prophètes. Ensuite, nous l'avons envoyé convertir les autres restés au Vatican. Après deux jours, quand on l'a rappelé, il avait fait convertir sept autres génies. Par la suite, on lui a dit d'aller à la Mecque approfondir ses connaissances et emmener d'autres qui vont l'aider à faire la da'wa. Quand on l'a rappelé après, la récolte était maigre et nous avons ramené le nouveau chef qu'on a encore converti. Nous avons par la suite amené mille autres qu'on a envoyés prêcher. Après cela, on a pu convertir tous les djinns du Vatican. Comme autre expérience, une fois, j'ai fait une intervention dans une mosquée à Abidjan et à "Le Cerfiste" Récépissé de déclaration N° 012697/CAO-TGI/OUA/P.F. du 10 novembre 2006 01 BP 6394 Ouagadougou 01 Burkina Faso Tél : 76 61 57 67/ 50 36 08 03 / Email : cerfiben@fasonet.bf Siège social sis 1200 logements derrière le centre CIJEF Directeur de Publication Président du CERFI Rédacteur en Chef Hamidou YAMEOGO Rédaction BAMBARA Hamadé OUÉDRAOGO A. SAIam OUÉDRAOGO A. Wahid TOE Aboubacar la fin, un homme s'est levé pour me dire qu'une femme était possédée par un djinn depuis une vingtaine d'années et qu'elle avait frappé sans succès à presque toutes les portes ; elle n'arrivait pas à se marier et elle avait beaucoup de problèmes. Je lui ai dit d'envoyer la femme et d'amener une caméra. Après la séance de traitement, elle est revenue nous confier que quand on lui a dit que le djinn a été tué elle n'y croyait pas car en une séance on ne peut tuer un djinn qui vous fatigue depuis vingt ans. Elle a demandé à Allah de lui montrer ce qui s’est passé et après elle l'a vu en rêve qui se noyait et perdait du sang aux parties où elle avait des ventouses. Le Cerfiste : Etes-vous satisfait de ce que vous faites ? Suite page 6... SAWADOGO Ousmane YAMÉOGO Hamidou Secrétariat de Rédaction Alizéta OUEDRAOGO PAO & Impression Altesse Burkina : 50 39 93 10 Tirage : 1000 Exemplaires Le Cerfiste N° 005 septembre 2007 RAMADAN MUBARAK A la faveur du mois béni de Ramadan, le Cerfiste revient, à titre de rappel, sur des données qui ne nous sont pas étrangères mais qui, comme l'affirme le Coran, vont profiter certainement aux croyants. BON À SAVOIR Définition et Institution du jeûne musulman Le jeûne est un culte d'abstinence prescrit aux musulmans, comme il l'a été aux croyants d'avant eux. C’est une pratique cultuelle consistant à s'abstenir de boire, de manger, d'avoir des relations sexuelles de l'aube au coucher du soleil. Jeûner en Islam, c'est s’abstenir de tout mal. Le jeûne est rendu obligatoire dans la Sourate 2 Verset 183 du Coran. C'était en l’an II de l’hégire : «Ô vous qui avez cru, on vous a prescrit le jeûne, tout comme on l'a prescrit à ceux d'avant vous. Ainsi atteindrez-vous la piété.» Préparation spirituelle du jeûne Le musulman envisage cette préparation longtemps à l’avance. Il se convainc de sa volonté de respecter au mieux les règles du jeûne et l'espoir d’améliorer son comportement. Il se débarrasse alors de ces réflexions parfois saugrenues du genre "le jeûne de cette année sera ceci ou cela !..." Ainsi, le musulman se persuade du but poursuivi qui n'est ni une simple mortification, ni une privation inutile, encore moins un régime d'amaigrissement. Le but affiché du jeûne est finalement l’élévation spirituelle en vue d'atteindre la piété comme le verset ci-dessus l'indique. Qui doit jeûner ? Le jeûne de Ramadan est une obligation pour tout musulman et pour toute musulmane pubère. Par contre, sont dispensées les personnes suivantes : les vieillards fatigués, et les malades incurables. Les femmes en état de menstrues ou qui allaitent, les femmes en état de lochies, les femmes enceintes, les voyageurs devront jeûner plus tard. Conditions du jeûne de Ramadan Le début du mois de Ramadan Le début du jeûne est soumis à la vision de la lune. Le mois lunaire musulman est de 29 ou 30 jours. Le mois de Cha'aban, celui qui précède Ramadan, doit obligatoirement finir avant qu'on ne commence le jeûne. Les modalités Dès la vision de la nouvelle lune, le musulman formule l'intention de jeûner. Il commence avant l'aube. Par un déjeuner appelé "souhour" (littéralement traduit par repas de bénédiction) et prend fin le soir, avant la prière du crépuscule, avec "iftar" (la rupture). Ainsi, la particularité du jeûne musulman est d'obéir aux injonctions d'Allah pendant Ramadan. Le comportement du jeûneur Celui qui jeûne doit s'abstenir de manger, de boire, tout en s'éloignant de toute turpitude du lever au coucher du soleil. Le jeûneur retient sa langue de mauvaises paroles, de mensonge, de calomnie, de commérage ; il évite de regarder, d'écouter tout ce qui est en rapport avec ce que Dieu a interdit. Importance du jeûne de Ramadan Le jeûne est important à plus d'un titre. Il apparaît comme une régulation de la nature humaine sur le plan spirituel, physique et moral. En somme, il s’agit d'un recyclage comportemental. Le Ramadan est un mois de ferveur religieuse et spirituelle. C'est le mois dans lequel le Coran, guide suprême des musulmans, a été révélé pour servir de guidance et de direction aux hommes (Coran, Sourate 2 Verset Les cas de nullité du jeûne 1. Cas de nullité exigeant une simple réparation par un jeûne du ou des jours manqués, sans punition expiatoire : - le fait de manger et de boire par oubli ou sous la contrainte, - le vomissement volontaire, - l'accouchement et l'écoulement du sang, - le fait de manger ou d’avaler une substance quelconque, même si elle ne nourrit pas, entraîne la nullité du jeûne, - l'intention de rompre, entraîne sa nullité même si elle n’est pas réellement exécutée, - le fait de se tromper de manger, de boire ou d'accomplir l'acte sexuel en pensant que c'est l'heure du coucher du soleil ou qu'il n'est pas encore l'aube. 2. Les cas où la nullité du jeûne entraîne une punition expiatoire : Le fait de manger, de boire, d'accomplir l'acte sexuel sans contrainte ni oubli pendant un jour de ramadan entraîne une punition expiatoire consistant, soit en l'affranchissement d'un esclave, soit au jeûne de deux mois consécutifs, soit au fait de nourrir soixante pauvres. Cette expiation s’applique pour chaque jour de jeûne manqué. "Allahomma laka soumtou wa bika amantou wa ala rizkika aftartou fataqabal minni". «Ô! Seigneur, j'ai jeûné pour Toi, j'ai cru en Toi, je romps avec ce dont Tu m'as pourvu. Accepte donc de moi ce jeûne !» La nuit d'Al Qadr C'est la meilleure et la plus sainte nuit de l'année. Elle est la quintessence d'une période bénie. Ramadan est un mois saint, Lailatoul Qadr est un moment dans un moment saint. Les œuvres accomplies pendant cette nuit sont meilleures que celles de toute une vie, c'est-à-dire plus de mille (1000) mois, soit environ quatre-vingt-trois (83) ans d'adoration. La tradition prophétique nous recommande de rechercher cette nuit merveilleuse dans les dix (10) dernières nuits du mois de Ramadan. Il y est fortement recommandé de faire beaucoup d'invocations durant ces moments bénis : la mère des croyants Aïcha (Dieu l'agrée !) dit : "j'ai dit :" O Envoyé de Dieu ! si je parviens à connaître la nuit du destin, qu'est-ce que je dirai ? Et le prophète (psl) répondit : Allahoumma innaka afouwoun touhiboul afwa fa'afou anna Ô! Seigneur, Tu es indulgent, Tu aimes le Pardon, pardonne-nous donc. Source : Assiyam 2006 (revue et corrigée par la Rédaction du Cerfiste) Le Cerfiste N° 005 septembre 2007 QUAND LE PROPHETE PARLE LUI-MEME DE RAMADAN ! Le texte qui suit est un sermon que le prophète (SAW) a prononcé à l'occasion de Ramadan. Discours pathétique, saisissant et hautement spirituel, il sert, aujourd'hui comme hier, à éclairer notre lanterne sur un des piliers de notre religion. “Ô vous les gens ! Le mois (Ramadan) d'Allah est arrivé avec sa grâce et sa bénédiction. Aux yeux d'Allah, ce mois est le meilleur de tous les mois, ses jours sont les meilleurs parmi les jours, ses nuits sont les meilleures parmi les nuits et ses heures parmi les heures. C'est le mois où Allah vous invite à jeûner et à prier. Allah vous donne l'occasion au cours de ce mois de recevoir les honneurs, Il est Miséricordieux. Dans ce mois sacré si vous jeûnez vraiment comme il vous a été Recommandé, alors chaque souffle aura la récompense du "tasbih" (glorification divine). Et votre sommeil aura la récompense d'une prière. Vos bonnes actions sont récompensées mieux que d'habitude et vos invocations acceptées. Alors vous devez invoquer votre seigneur de façon très dévouée avec un cœur qui est libre de tout péché et de toute souillure; et vous devez prier pour qu'Allah vous aide à faire le jeûne et à réciter le glorieux Coran. Oui ! Celui qui ne reçoit pas la grâce et la bienveillance d'Allah en ce mois est en effet très infortuné. Pendant que vous êtes en train de jeûner, rappelez-vous la faim et la soif du jour du jugement dernier. Respectez les personnes âgées, ayez de la compassion pour les jeunes et soyez aimables envers vos parents et vos familles. Gardez vos yeux de voir les choses interdites et vos oreilles d’entendre les sons qui ne doivent pas être entendus. Soyez aimables envers les orphelins de telle sorte que quand vos enfants deviendront orphelins qu'ils bénéficient de la même compassion. sympathie des autres. Invoquez Allah pour qu'il pardonne vos fautes. Élevez vos mains au moment des invocations car c'est le meilleur moment pour demander sa grâce. Quand nous L'invoquons en ce moment-là, Il entend nos prières, quand nous L'appelons, Il nous répond et quand nous demandons quelque chose, Il nous exauce. Ô ! vous les gens, vous avez fait de vos consciences l'esclave de vos désirs, libérez vos consciences en invoquant Allah pour qu'Il vous pardonne. ... suite de la page 4... ABH : J'ai franchement le sentiment de rendre service par la grâce d'Allah. Au Burkina cette fois-ci, on a fait plus de tapage que les autres fois. On a fait une émission à la télé qui va passer, ça va avoir un impact incha'Allah. En Côte d'Ivoire, les frères nous disent que vraiment ça a changé l'Islam dans ce pays. Parce que jusque-là les musulmans n'avaient pas de solution à ce problème de djinn et de sorcellerie. Ce sont les autres confessions qui avaient de la force. Mais avec ce que nous faisons, les choses se sont... Inversées et ça a augmenté la confiance des musulmans. Beaucoup de frères y ont appris la roquia et la pratiquent. Si j'ai un message pour les Burkinabé, c'est de mieux s'organiser, de mieux s'unir pour avoir de la force. L'exemple de la Côte d'Ivoire est le meilleur que je puisse voir. Toutes les associations fonctionnent ensemble, ainsi que les Imams, les intellectuels, les femmes, les jeunes ; ce qui fait que les musulmans parlent d'une seule voix. Si quelque chose est décidée, c'est décidé pour tout le monde et donc ça va très vite. Interview réalisé par Abdoul Salam OUEDRAOGO Vos dos se courbent sous le poids de vos péchés, prosternez-vous devant Allah à intervalle de temps long et régulier pour qu'il rende vos charges légères [...] Ô vous les gens ! Si quelqu'un parmi vous organise le "IFTAR" (le dîner pour rompre le jeûne au coucher du soleil) pour d'autres croyants, Allah lui donnera une récompense égale à celle prévue pour la libération d'un esclave. Et Allah lui pardonnera ses péchés mineurs [...] Quiconque peut au cours de ce mois aider un peu les domestiques, en faisant lui-même le travail qu'ils faisaient, Allah allégera son compte le jour du jugement. Quiconque ne causera pas d'ennuis aux autres au cours de ce mois, Allah le protégera de sa colère au jour de la rétribution. Quiconque respecte et traite avec générosité un orphelin au cours de ce mois, Allah le traitera avec générosité au dernier jour. Quiconque traitera bien ses parents au cours de ce mois, Allah lui accordera sa grâce le jour du jugement dernier alors que quiconque maltraitera ses parents pendant ce mois, Allah lui retirera sa grâce. Quiconque fait ses prières surérogatoires (soun-nah) au cours de ce mois, Allah le sauvera du feu de l'enfer. Ô ! vous les gens, les portes du paradis sont toutes ouvertes pendant ce mois, priez pour que ses portes ne vous soient pas fermées au nez. Cependant, les portes de l'enfer sont fermées, priez pour que ses portes ne soient jamais ouvertes pour vous. Lorsque la lune apparaîtra marquant le début... du mois de Ramadan, priez et dites "O lune, mon seigneur et ton seigneur est Allah le seigneur des mondes. O Allah bénis-moi pendant ce mois avec la paix, la sécurité et la tranquillité. O Allah, fais que ce mois soit plein de bénédictions pour moi, accorde-moi la bonté, aide-moi dans ce mois à m'éloigner de la méchanceté et des mauvaises actions.” Le Cerfiste N° 005 septembre 2007 LES SIGNES DE DIEU Beaucoup ont cru que la civilisation occidentale, fortement scientiste et matérialiste, de par ses prouesses technologiques et sa maîtrise de plus en plus spectaculaire de la matière, ferait le bonheur de l'Homme. Il nous est donné cependant de constater que les gens, en Occident comme dans le reste du monde culturellement colonisé par l'Occident, souffrent beaucoup plus par absence de fin, que par manque de moyens. Ce faisant, les interrogations sur le sens de la vie se multiplient. Suffit-il de cumuler le maximum de biens pour réussir son séjour terrestre ? N'y a-t-il pas lieu de régler d'abord la question du sens de la vie ? Or la question du sens de la vie et de la mort débouche sur celle de Dieu. Dieu ? Comment se convaincre de son existence, surtout quand on est de plus en plus éduqué et habitué à une lecture cartésienne des choses ? Dans cet exercice délicat d'explication de l'existence de Dieu, il y a lieu, avant tout débat au fond, de se départir de ce réflexe naturel qui, chez l'Homme, caractérise son approche du réel, son acquisition des connaissances. En effet, l'approche humaine du savoir est dualiste. Nous déterminons le jour par rapport à la nuit, le grand par rapport au petit, le chaud par rapport au froid, etc. Autrement dit, comme disent les sémanticiens, "le sens est fondé sur la différence : il y a du sens lorsqu'il y a de la différence" (Analyse sémiotique des textes, p.13). Or Dieu, Sa Gloire, Sa Puissance, Sa Grandeur, bref Ses Attributs sont uniques et ne permettent pas une comparaison dualiste. Il n'est pas un astre parmi les astres, Il ne peut être classé dans une catégorie, dans un genre ou une espèce. L'évidence et l'éclat de sa manifestation nous aveuglent et marquent les limites de notre savoir" (Hani RAMADAN, La foi musulmane, p. 17). C’est pourquoi les textes islamiques, au lieu des représentations imagées, imaginées et imaginaires de Dieu, vont attirer l'attention de l'homme sur les traces, les signes de Dieu, étant entendu qu'Il est Lui, le Caché (al Batîn). C'est ainsi que les auteurs anciens et contemporains, s'appuyant sur le Coran et la tradition prophétique, admettent une typologie trilogique des signes de Dieu. PREMIER SIGNE : L'UNIVERS Les hypothèses sur les origines de la matière sont innombrables et beaucoup d'entre elles, qui restent au stade expérimental, ne franchissent guère la porte des laboratoires. Quoiqu'il en soit, la thèse d'une naissance de l'univers en dehors d' "une main extérieure" est de moins en moins soutenable. Au-delà même de l'argument simple mais imbattable, qui veut qu'il n'y ait pas de création sans sujet créateur, les découvertes dans le domaine de L'infiniment grand et l'infiniment petit sont telles que les scientifiques les plus sceptiques n'écartent plus la thèse d'une force première ayant présidé à la naissance de la matière primitive. On lira avec intérêt les travaux de Harun Yahya sur la théorie du big-bang, de l'expansion de l'univers, de la mort future du soleil et bien d'autres. En effet, la complémentarité et les dépendances mutuelles entre les éléments naturels, les coïncidences déconcertantes des phénomènes sont telles qu'il ne serait pas raisonnable de soutenir que le hasard gouverne ce gigantesque système. "L'ordre des choses nous détermine et nous conduit à une connaissance certaine : Dieu est. En considérant un ouvrage de broderie exécuté avec la plus exquise délicatesse et recouvrant les plus fins motifs, pourquoi devrions-nous croire - au nom de quelle science aveugle ? - que ces ornements sont le fruit du hasard, et bien plus, qu'une aiguille ait pu seule composer cet ouvrage, sans le recours d'une main habile ? Ou encore, que le fil est venu se glisser fortuitement dans le chas de cette aiguille ? Une fleur qui croît sur de la boue infecte et fade, mais qui profite tout autant du soleil et des pluies, qui donne son parfum et offre sa couleur, couleur qui est un langage pour les abeilles et les insectes en quête de nourriture, grâce à laquelle est produit le miel qui est si doux à notre palais, constitue une preuve évidente et éclatante de l'existence de Dieu." (Hani RAMADAN, op. cit. p. 25) Mais c'est le Livre de Dieu qui se charge d'illustrer le mieux cet état des choses : "En vérité, dans la création des cieux et de la terre, et dans l'alternance de la nuit et du jour, il y a certes des signes pour les doués d'intelligence, qui, debout, assis, couchés sur les côtés, invoquent Allah et méditent sur la création des cieux et de la terre (disant) : Notre Seigneur! Tu n'as pas créé cela en vain." (Coran S3 V190) "...Certes, dans la création des cieux et de la terre, dans l'alternance de la nuit et du jour, dans le navire qui vogue en mer chargé des choses profitables aux gens, dans l'eau qu'Allah fait descendre du ciel, par laquelle Il rend la vie à la terre une fois morte et y répand des bêtes de toute espèce, dans la variation des vents, et dans les nuages soumis entre le ciel et la terre, en tout cela il y a des signes, pour un peuple qui raisonne" (Coran, S2 V163-164). DEUXIÈME SIGNE: LA FITRA OU LA CONSCIENCE INNÉE DE DIEU En plus des signes contenus dans l'univers qui témoignent de l’existence de Dieu, le second témoignage de la transcendance n'est pas en dehors de l'homme mais en lui-même. En effet, aux termes du verset 172 de la sourate 7, tous les êtres humains sont liés à Dieu (exalté soit-Il) par un pacte qu'on peut qualifier de pré-existentiel : "Et quand ton Seigneur tira une descendance des reins des fils d'Adam et les fit témoigner sur eux-mêmes : "Ne suis-Je pas votre Seigneur ?" Ils répondirent : "Mais si, nous en témoignons...", afin que vous ne disiez pas au jour de la Résurrection : "Vraiment, nous n'y avons pas fait attention." Est-ce cette marque divine congénitale qui amène certains non-croyants - mêmes ceux qui revendiquent un athéisme radical et extrémiste - à aimer la vérité et le bien, à exécrer le mensonge et le mal, et surtout à se poser des questions existentielles : d'où je viens ? Pourquoi suis-je ? et après la mort ? etc. Mais les influences extérieures sont énormes et multiformes (la famille surtout, mais aussi l'école, les médias, les traditions, les amis...) à telle enseigne que l’instinct religieux finit par se muer, dans le meilleur des cas, en une indifférence vis-à-vis de la religion, et dans le pire des cas, en sa négation (athéisme) ou sa perversion (polythéisme). Le Prophète (psl) disait en ce sens : "Tout enfant naît selon la Fitra ; ce sont ses parents qui en font un juif, un chrétien ou un Zoroastrien." (Hadith rapporté par Boukhari & Muslim). Suite page...8 Le Cerfiste N° 005 septembre 2007 LA PHILOSOPHIE DE RAMADAN Le jeûne du Ramadan se présente en islam comme une obligation qui s’insère dans l'histoire des Révélations qu'elle poursuit et complète : "Ô vous qui croyez, le jeûne vous est prescrit comme il l'a été à ceux qui vous ont précédés (aux religions antérieures). Peut-être atteindrez-vous la piété." [1] Ce verset a été révélé durant la deuxième année de l'hégire, à Médine, alors que la communauté musulmane se constituait en société organisée. Et s'il était tout à fait clair, pour toutes les musulmanes et tous les musulmans, que cette obligation engageait leur personne à respecter, de façon personnelle, l'injonction divine, il leur paraissait tout aussi explicitement que les privations durant ce mois sacré devaient s'accompagner d’un surcroît d’engagement pour le bien et la solidarité sociale. Aujourd'hui comme hier, sans boire, ni manger, loin des habitudes de la vie quotidienne et de ses plaisirs, les musulmans cherchent à se rapprocher de Dieu. Cette rupture d'un mois par rapport à la normalité est propre, plus que tout autre à développer en eux les aspirations spirituelles et la vie du cœur. Ensemble, ils se doivent de pratiquer et de rompre le jeûne et ensemble ils se retrouvent pour les prières de la nuit (tarawîh) qui sont un supplément dans la pratique quotidienne. Car le Prophète Muhammad avait encouragé les musulmans à redoubler d'efforts dans l'accomplissement de la prière de la nuit, à lire le Coran, à effectuer une retraite spirituelle et à multiplier les dons : "La meilleure des aumônes est celle effectuée pendant le mois de Ramadan." C'est dire combien ce mois devrait être un mois de recueillement, de recul par rapport aux préoccupations du monde. En ce sens on ne saurait trop dire combien est trahie cette spiritualité quand on observe le comportement de certains musulmans qui, confondant la nuit et le jour, dorment pour jeûner et préparent des festins journaliers pour se nourrir. L'esprit du jeûne exige très exactement l'attitude inverse et le Prophète de l’islam avait exprimé, dans le sens bien compris de la plénitude de cet acte de foi, que le meilleur des jeûnes était celui du cœur. Pour peu donc que l’on se débarrasse des tares ingurgitées depuis l'enfance, pour peu que l'on observe attentivement les signes ; l'on se tournera vers Dieu "tout comme la plante s'oriente vers le soleil, ou comme le nouveau-né se tourne d'instinct vers le sein de sa mère" (Hani RAMADAN, op cit, p25). TROISIÈME SIGNE : LA RÉVÉLATION La révélation est le signe ultime et évident de la transcendance. En effet, l'on peut passer facilement à côté des signes contenus dans l'univers ; quant à la fitra, comme évoqué plus haut, elle n'est pas à l'abri des influences externes. Par conséquent, abandonné à lui-même, l'homme peut se perdre. Durant ce mois, plus que durant tout autre, les musulmans doivent s'unir pour défendre la justice sociale. Car jeûner c'est aussi, pour chaque fidèle, faire l'expérience de la privation, de la faim et de la soif. Pour tous, c'est le rappel qu'il existe des droits élémentaires et qu'il convient de se mobiliser ensemble contre les fléaux de la misère et de la faim. sous-alimentation. Cette dimension de solidarité participe du même acte de culte, de la même sacralité ; elle en épouse tous les contours et inscrit en l'homme, au moment même de sa reconnaissance du Créateur, la réalité de son destin avec les hommes. Son humanité. Le Prophète Muhammad s'est toujours efforcé de rendre clair à la conscience des croyants cet horizon de la solidarité essentielle et impérative. Et ce jusqu'à l'imposition de la zakat al-fitr (aumône très recommandée) que les musulmans doivent verser juste avant la fête de la fin du Ramadan et qui est destinée prioritairement aux pauvres. Même sans la lumière de la révélation, l'homme risque fort de se perdre dans sa quête de Dieu malgré sa bonne foi et sa bonne volonté, malgré la quantité des signes qui l’entourent. Combien sont-ils ceux qui, malgré une soif aiguë de spiritualité, ont fini dans l'escarcelle des gourous, des sectes ou de quelques marchands de "Ciel" ou de "Vie éternelle" ?! Et les philosophes dans tout ça ? Eux aussi ont proposé des réponses. sur l'origine et le sens de la vie, de la mort, du temps, de l'espace... Mais leurs thèses, si elles ne se contredisent pas entre elles, finissent par s'effondrer sous l'effet du temps ou de l'Histoire. C'est pourquoi les penseurs les plus sages et modestes ont dû se résoudre à reconnaître les limites de la pensée humaine sur les questions aux pauvres : "Épargnez-leur la mendicité en ce jour (jour de fête)", parce que c'est leur droit, à tout le moins, de pouvoir rester dignes en ce jour. C'est par ce même élan qui doit offrir un jour, au moins, de "plus de justice" que les musulmans devraient être mus, le reste de l'année, pour relever le défi d'aujourd'hui où quarante mille personnes par jour meurent d'inanition. Parce que ce ne peut être acceptable, parce que c'est un non-sens... Les croyants, comme tous les hommes, sont responsables devant Dieu de cette folie. Pratiquer le jeûne, dans l'intime proximité de Dieu, c'est ne jamais l'oublier : "Il n'est pas croyant celui qui parmi vous dort repu, alors que son voisin a faim. [3] [1] Coran 2/183 [2] Tradition prophétique (hadith) rapporté par Tirmidi [3] Rapporté par Boukhari Tariq RAMADAN existentielles et métaphysiques. Et bien, où s'arrêtent les réflexions et les pensées les plus élaborées, commence la révélation, c'est-à-dire, discours de Dieu aux hommes par le biais d’hommes pris parmi eux, afin de leur rappeler Dieu et de les guider sur le chemin qui mène à Lui. Mais si la révélation est le signe des signes, la dernière révélation est la révélation des révélations : - parce que sur le plan de la forme, elle constitue un chef-d'œuvre littéraire, - parce que dans le fond, elle fait l'économie de ses devancières, énonce des vérités scientifiques et édicte des règles juridiques et sociologiques que ni le temps, ni l'espace ne rendent obsolètes. H. YAMEOGO Le Cerfiste N° 005 septembre 2007 Islam, les questions qui fâchent de Bruno ETIENNE L'auteur Voilà ce que dit de lui un site indépendant (le petit palace) pris au hasard sur Internet : Bruno Etienne est un universitaire de renommée internationale. Ses travaux sur les religions et la politique sont unanimement appréciés. Et pourtant, il n’a pas peur de quitter les sentiers battus pour inviter son public à une gymnastique intellectuelle des plus ébouriffantes. Il appartient à cette catégorie de personnes qui sait nous faire comprendre qu'il n'y a rien de plus stérile qu'un regard figé sur des événements. C'est ce que j'ai l'habitude d'appeler la "conversion du regard" : apprendre à regarder autrement, modifier son propre point de vue (au sens quasi géographique du terme), se détacher de la pensée dominante, tourner et retourner les faits dans tous les sens, penser tous les protagonistes, cultiver une réflexion mobile. Chercheur et enseignant, Bruno Etienne dirige l’observatoire du religieux à l'Institut d'Etudes Politiques d’Aix-en-Provence. Il est l'auteur de nombreux ouvrages dont Les amants de l'apocalypse (édition de l'Aube), La France et l'islam, L'islamisme radical, Être bouddhiste en... France aujourd'hui, La France face aux sectes (Hachette). Comme Mohamed Arkoun, Régis Blachère, Louis Massignon, Denise Masson, Maxime Rodinson, etc., Bruno Étienne fait partie de ces orientalistes qui s'intéressent à la question islamique. Mais à l'inverse de la plupart des orientalistes de France, Bruno Étienne est de ce cercle restreint de chercheurs qui se distinguent par leurs efforts d'objectivité dans l'approche de la question islamique, par leur refus de verser dans la haine viscérale et le subjectivisme contre l'Islam; toute chose qui leur vaut un lot de qualificatifs désagréables tendant à les discréditer aux yeux d'un grand public occidental pas toujours au fait de l'histoire et des valeurs culturelles islamiques, et par conséquent malléable à souhait par les médias téléguidées et les intellectuels suffisants. En effet, B. Étienne paie souvent cher son refus de s'aligner dans la pensée unique et dominante en Occident. L'on se souvient des attaques multiformes qu'il avait essuyées de la part de Certains de ses collègues (universitaires et chercheurs) et de certains auteurs français, lorsqu'il avait accepté de présider la soutenance de la thèse que Tariq RAMADAN a soutenue à la faculté des Lettres de Genève sur l'œuvre de Hassan al Banna. À cette occasion, une pourfendeuse acharnée de T. RAMADAN, Caroline Fourest, dans son livre Frère Tariq : Discours, stratégie et méthode (véritable compilation d'attaques contre T. Ramadan) n'a pas eu honte d’écrire que le grand professeur émérite B. ETIENNE est un "Orientaliste peu exigeant au niveau scientifique et surtout complaisant vis-à-vis de certains mouvements se revendiquant de l'islam politique" et ayant "mis sa caution universitaire au service de Tariq Ramadan." Elle poursuit : "En 1998, il (Bruno Etienne) lui (T. RAMADAN) a permis de valider une thèse à la gloire de Hassan al-Banna (le fondateur des Frères musulmans) qu'un premier jury, composé de fins connaisseurs du réformisme musulman comme Ali Merad, avait jugé trop partisane pour être considérée. comme "académique". Vous comprenez donc que des intellectuels comme B. ETIENNE n'ont pas de chance d'être connus du grand public d'ici et d'ailleurs, car les grands lobbys médiatiques, ou bien rechignent à les médiatiser, ou bien le font en noircissant leur portrait. Même si le point de vue d'un Bruno ETIENNE, tout comme celui d'un François BURGAT ou d'un Roger GARAUDY, au regard de leur éducation ou appartenance religieuse, de leur parcours académique, leur environnement socio-culturel et de leur profil de chercheur indépendant, peut souvent se discuter du point de vue de l'orthodoxie musulmane, il reste que c'est un devoir de mémoire et de justice, de faire connaître leurs travaux. Votre journal s'y est engagé. L'ouvrage Islam, les questions qui fâchent comporte 171 pages réparties en quatre (04) sections : Section 1 : Islam et Religion(s), p15 à 55 Section 2 : Islam et Histoire, p55 à 67 Section 3 : Islam et Politique, p67 à 109 Section 4 : Islam et Modernité, p109 à 141. Le titre de l'ouvrage de Bruno Etienne peut tromper. Pourtant, il n'en est rien. Il le dit lui-même tout de suite au préambule : "À propos de l'islam, un certain nombre d'interrogations caractéristiques reviennent chez les Français non musulmans. Loin d'être toutes pertinentes, ces questions retiennent notre attention dans une perspective pédagogique : y répondre contribue à lutter contre les fantasmes, les brouillages, les amalgames rapides et les approximations devenus dramatiquement répétitifs ces dernières années, que ce soit à propos de l'Algérie ou plus récemment les événements du Proche et du Moyen-Orient. Un certain nombre d'événements, concernant apparemment l'islam, s'est produit durant les trente dernières années, qui nous obligent à regarder au-delà de notre petit espace français. Ils s'inscrivent dans une perspective politique, géostratégique et économique (hydrocarbures, risque de prolifération nucléaire,...). Ils ne sauraient donc se réduire à leur seule dimension religieuse". Islam et religion(s) Bruno Etienne, se demande Qui sont les musulmans ? Dans cette section de loin la plus longue, l'auteur s'évertue à décrire les musulmans, en introduisant la notion de l'unité dans la diversité. Il donne d'abord un chiffre : les musulmans sont environ un milliard d'individus répartis sur tous les continents. Statistique que l'auteur s'empresse de nuancer étant donné que cette donnée quantitative cache souvent une réalité plus élevée. Il s'ensuit une précision sur la nécessité de ne pas confondre musulmans et arabes. "Les enlèvements d'otages en Indonésie en 2001 et la guerre en Afghanistan (2001-2002) ont fait réaliser aux Européens qu'il y avait plus de musulmans "asiatiques" que d'Arabes ! Il explique bien qu'il existe des Arabes non musulmans en Égypte, au Liban, en Syrie, des Chrétiens palestiniens et des Juifs arabophones venus du Yémen ou du Maroc, sans oublier les musulmans berbérophones, turcophones, slaves bosniaques, albanais, mongols, etc. Il faut donc se garder de présenter, positivement ou négativement, l'islam comme un. uni, unique, univoque, identique. Islam et histoire Une question importante soulevée dans cette partie, c'est cette question que se posent beaucoup d'occidentaux qui méconnaissent le rôle et la place de la raison chez les musulmans : pourquoi l'islam ne peut-il aujourd'hui faire usage de la raison critique à l'égard de la production du Coran et à l'égard de sa tradition. Question impertinente à la réalité car l'auteur démontre que la raison, le libre arbitre, la liberté ne sont pas étrangères à la pensée musulmane, bien au contraire. Mais il précise que l'obstacle à l'utilisation de la raison critique tient donc à une tout autre cause : les musulmans croient en l’inimitabilité et au miracle du texte révélé, incréé, à sa perfection liée à "une langue claire et évidente". À la fin de cette rubrique, dans un chapitre intitulé "vers un retour de l'intelligence libre", l'auteur estime que la fermeture des portes de l'ijtihad est due à la dictature politique dans la plupart des pays arabes et non à une impossibilité générale ou essentielle de raisonner. Il nous semble aussi qu'une des raisons profondes de la fermeture des portes de l'ijtihad se trouve dans la peur de falsification du texte original (Coran), donc au souci de protection du texte sacré contre la démultiplication des pensées et des visions plus ou moins déviantes. ... suite page 12 Le Cerfiste N° 005 septembre 2007 COLLOQUE INTERNATIONAL SUR LA LAÏCITÉ Le CERFI lève le voile sur un sujet tabou Le Cercle d'Etudes, de Recherche et de Formation Islamiques a organisé du 24 au 26 août 2007 à Ouagadougou un colloque international sur la laïcité sous le parrainage de M. Sékou BA, Ministre des Ressources animales et placé sous la thématique générale : "Quelle laïcité pour une société plurielle et prospère ?" Cette importante manifestation qui a réuni des sommités du monde musulman, des représentants de la société civile et de l'administration publique, des universitaires... a permis de donner aux participants des bagages et des arguments nécessaires Pour mieux faire face aux réalités nouvelles d'un monde en proie aux interprétations de tous bords du concept de la laïcité, la cérémonie d'ouverture qui a eu lieu le vendredi 24 août dans la salle de conférence du Conseil Burkinabè des Chargeurs (CBC) a enregistré la présence de nombreuses autorités religieuses et administratives et d'un public composite venu suivre la conférence prononcée par le frère Yacoub Mahi de Belgique sur le thème "Quelle laïcité pour une société plurielle et prospère ?". Il a appelé, au-delà du concept de la laïcité, à une compréhension du processus historique et à une conception philosophique qui est née de la tradition de la Renaissance et plus tard des Lumières. Les travaux du colloque se sont déroulés sur trois jours et ont été marqués par des communications et des panels. Ainsi, la première communication a porté sur l'approche conceptuelle et juridique de la laïcité. Cette communication présentée par le Pr. Luc Ibriga de l'Université de Ouagadougou, a consacré l'éclairage sur L'approche de la laïcité comme un concept unique dans son principe, mais pluriel dans son vécu. La démocratie étant son cadre d'éclosion, c'est l’universalité des principes, mais la relativité dans la pratique. La deuxième communication a été prononcée par le Pr. Momar Kane sur le thème : "Le fait religieux et l'école laïque". Il s'est agi pour lui d’élucider dans un premier temps les termes impliqués dans la formulation du thème et dans un second temps d'élaborer des axes qui plaident pour un enseignement spirituel dans l'École de la République. Ainsi, plusieurs définitions seront proposées pour le mot laïcité dont l'essentiel se résume dans le partage des aires d'influence de la religion et de la politique. Le Professeur s'est appesanti sur le processus qui en France, a mené à la laïcisation de l'éducation nationale. C'est en réaction à un certain nombre d'exactions de l'Église à l'égard de la science et des savants, de son intolérance interne et de son implication avec le pouvoir féodal que le mouvement Intellectuel a prôné l'école laïque. Pour le Professeur, la justification d'un enseignement spirituel à l'école de la République tel qu'il le prône tire sa source entre autres des raisons qui suivent : - La nécessité de repenser une école qui répond aux besoins de nos pays en voie de développement ; - La relance de la scolarisation chez les populations islamisées ; - La restauration de la vocation de l'école qui forme dans sa totalité y compris sur le plan de la spiritualité ; - Le caractère de moins en moins convaincant et opératoire dans nos sociétés où l'école laïque héritière de celle coloniale n’a pas résolu les problèmes. La dernière communication a été animée par Maître Ahmed Simozrag sur "Religion et appartenance à une nationalité". Pour le conférencier, le musulman peut habiter partout sur la terre où bon lui semble. Il doit seulement faire le bien et éviter le mal. L’humanité confère à l'homme une appartenance universelle. Dieu a envoyé le prophète (psl) pour toute l'humanité. Le caractère universel de L'Islam fait donc du musulman un citoyen du monde. La communauté est basée sur l'appartenance à une même foi, à un même témoignage. L'affiliation communautaire constitue l'affiliation réelle. S'agissant des panels, le premier qui a porté sur "Écoles confessionnelles et laïcité" a été animé par Yacoub Mahi, le Pr. Cissé Amidou de l'Université de Ouagadougou et Yacoub Traoré du CERFI. Le deuxième panel qui a porté sur "Pratique religieuse et problématique de la laïcité" a été animé par Maître Ahmed Simozrag, Dr. Traoré Bakary du Département d'Histoire et Archéologie de l'UO et Ismaël Tiendrebéogo du CERFI. Le dernier panel quant à lui portait sur "Quel engagement politique des religieux dans un État laïc ?" et a connu la contribution de trois communicateurs : le Pr Momar Kane du Sénégal, Mamadou Drabo et Ismaël Tiendrebéogo tous deux du Burkina (CERFI). Aux termes des travaux, les participants ont adopté une (01) motion de remerciement à l'endroit des communicateurs et trois (03) motions de recommandation. portant sur : "Les écoles confessionnelles musulmanes" ; "L'institutionnalisation du colloque" ; "La création d'un observatoire sur la laïcité". En marge des travaux du colloque, des conférences publiques ont été organisées. Ainsi, on a eu : "Citoyenneté et spiritualité" avec Yacoub MAHI ; "La longue marche des musulmans : défis et enjeux" avec Momar KANE et "Zakat, Waqf et Développement" prononcée par Me Ahmed Simozrag. En plus, ces trois conférenciers ci-dessus cités ont assuré du 27 au 29 août une session spéciale de formation islamique sur le thème "Comprendre les sources de l'islam". Ainsi, les participants ont pu suivre avec intérêt de riches prestations sur les sujets suivants : "L'immuable dans le coran à la lumière de l'histoire" ; "Repenser la place de la sunnah en islam" et "Fonction et finalité des piliers de l'islam". Synthèse de Hamadé Bambara (Source : Rapport Général du Colloque) Le Cerfiste N° 005 septembre 2007 CONFERENCE D'OUVERTURE EN INTEGRALITE Quelle laïcité pour une société Plurielle et prospère ? Le CERFI a organisé à Ouagadougou du 24 au 26 août 2007, un colloque international sur la laïcité. À l'occasion de la cérémonie d'ouverture de cette importante rencontre, Yacoub MAHI, Professeur de religion islamique à Bruxelles en Belgique, a prononcé une conférence sur le thème du colloque : "Quelle laïcité pour une société plurielle et prospère ?". Nous vous proposons en intégralité cette riche communication. Il est important de préciser le parcours du concept et définir les contours de cette notion tout en définissant les paramètres de la laïcité. La réflexion est importante quand on sait combien la mise en situation des représentations négatives de l’islam est d'actualité. Nous allons éviter de tomber dans un simplisme caricatural considérant la laïcité comme anti-islamique ou antireligieuse. Ainsi, il est important de comprendre l'ensemble des articulations, car au-delà du concept, il faut comprendre le processus historique et la conception philosophique qui sont nés de la Tradition de la Renaissance et même des Lumières. Ainsi, la laïcité est une forme d'organisation juridique qui émane du processus de sécularisation, qui va fonder en société toute une nouvelle structuration socio-politique. Il faut avoir à l'esprit que le processus de sécularisation avait pour souci d’acquérir l'autonomie de l'homme et la séparation des sphères entre Religion et État. L'acquis est alors, la distinction des domaines et des champs de réflexions. Il faut savoir également que ceci est lié à la tradition catholique. Ainsi, la laïcité vise l'autonomie de l’être face à l’autorité du dogme. L'Église imposait de ne penser qu'à l'intérieur de son champ de référence. La Renaissance sera donc, le début de l'autonomie du champ rationnel face au champ religieux; c'est la révolte de la raison face à l’oppression de l’institution. Étant un processus de libération, la laïcité donne donc naissance à: - Séparation de la Religion/État, le champ politique est fondé par le bas. sur la Raison et le champ du dogme est fondé par le haut, sur base de la Révélation. - Liberté de conscience sur le plan individuel, l’homme est libre de croire ou pas ; - Liberté du culte sur le plan collectif, droit à l'organisation d'un culte ; - Neutralité de l'État face aux religions dans un traitement égalitaire avec tous. Ainsi, le champ de l'adoration, de la foi et celui des transactions sociales sont distincts. Cet acquis permettra le droit à s'organiser et à se structurer ainsi qu'à revendiquer sa citoyenneté pour tous. - Promotion de l'individu et de l'autorité de la raison ; - Liberté de l'homme de choisir ou pas ; - Progrès défini par la notion de séparation des sphères ; - Pluralisme, diverses conceptions peuvent vivre ensemble. Au moment où des peuples entiers sont amenés à vivre ensemble dans une société en quête d'horizon, les religions interpellent nos sociétés en vue d’élaborer un projet humaniste. Celles-ci ne peuvent être cantonnées à l'espace privé car des questions d’ordre Philosophique, touchant à la vie publique persistent, tant à propos de la mort que de la vie. La laïcité, résultat d'un long processus de sécularisation, est le fruit d'un combat de la société civile contre l'emprise du dogme sur la vie publique et contre l'institutionnalisation du religieux comme seule autorité suprême sur la vie des hommes. Elle engendra la privatisation de la foi afin d'être libre socialement. La sécularisation, dimension juridique de la laïcité, n'est pas l'effacement de Dieu ou du religieux mais une distanciation face à sa structuration. Ceci étant, il est tout à fait possible d'inscrire la religion dans l'espace public sans verser dans le laïcisme qui serait l’effacement, la "mort de Dieu", sa non-évidence. Bien qu'il ne faille pas confondre la foi et une réalisation temporelle de celle-ci, faut-il créer une bipolarité entre public et privé tout en sachant que le spirituel n'est nullement antinomique avec la société civile ? La religion est une médiation entre le privé et le public. Elle motive individuellement l'action du champ social. Écarter le religieux du champ public reviendrait à éveiller des revendications identitaires, qui s'érigeraient en une volonté de régulation institutionnelle idéologique et communautariste. Le religieux et le politique sont deux sphères inter-communicantes. L'espace du religieux est celui d’une entreprise et d'une exploration du possible pour y affirmer et confirmer une "citoyenneté spirituelle", une présence et un engagement responsable, façonnés par le cheminement de la foi. Cet espace serait inspiré par cette dernière, sans en dogmatiser l'approche citoyenne. La religion crée un repérage spatial, une incorporation à un ordre du monde, du fait de sa connexion à des pratiques publiques. En Europe, la validation du croire est ancrée en la législation et nos sociétés portent une forte charge culturelle des formulations de la foi judéo-chrétienne. ...suite page 12 Le Cerfiste N° 005 septembre 2007 VIE DU CÉRFI Suite de la En effet, c'est une culture dominante qui s'approprie de façon naturelle les critères de références de son univers et, chaque société y fait face selon son type de régulation du religieux par des mécanismes qui participent de son histoire. Aujourd'hui, il est impossible de nier le multiculturalisme qui interpelle tant les structures et la philosophie qui sous-tendent notre société sécularisée. Cette pluralité des systèmes normatifs en leurs sources juridiques, engendrant un dynamisme philosophico-théologico-éthique, favorise le "vivre ensemble" dans un équilibre des sphères, en fonction de la vertu de la distance, au sein de l'espace public, lieu de construction d'une raison collective. Ce "vivre ensemble" consiste en une exigence, celle de savoir avancer, se repenser, se déplacer, mais toujours en fidélité avec ses sources. Notre société est celle des dieux de la laïcité, du sectarisme, de l'athéisme, du relativisme, de la post-modernité, du nihilisme. La nécessité d'une nouvelle culture, Celle d'un "polythéisme" sociétal, est la condition sine qua non de la sauvegarde de notre humanité. Il ne s'agit pas d'un polythéisme juxtaposant plusieurs monothéismes parallèlement en une coexistence institutionnelle et structurelle, mais bien d'une espérance de voir naître une "théologie" vivante et intégrative de l'autre, une "théologie de témoignage co-inclusif". C'est donc au système juridique de veiller à établir une échelle des valeurs au sein de l'encadrement hiérarchique qu'est l'État, en vue de la sauvegarde de l'intérêt général et particulier. La référence devra y être triple : juridique, éthique et philosophique. Le consensus moral public en serait le modus operandi. Notre société se définit comme neutre. Un espace "neutre" n'est pas un espace libre de toute conviction religieuse. Cela reviendrait à faire de l'éradication de toute expression religieuse une règle de droit positif ; ce qui constitue une logique totalitaire. À une neutralité "négative" consistant à effacer toute visibilité du religieux, s'oppose une neutralité dite "positive" qui tolère l'expression des spiritualités en public. La neutralité n'entrave pas et n'étouffe pas les convictions religieuses mais ne les laisse pas influer sur l'État, ni même sur le multiculturalisme sociétal. La neutralité veille à ce que l'expression et la visibilité du religieux soient un droit, elle consiste en un horizon à entretenir en vue de permettre au droit d'y être exprimé. L'exemple de l'islam est significatif, car il n'est pas une religion au sens religieux du terme, ... suite de la page 9 Quoiqu'il en soit, l'auteur estime que l'ouverture se fait du côté de l'Occident avec des penseurs musulmans comme Souheib Ben Cheikh, Tariq Ramadan, etc. Islam et politique Les questions fondamentales soulevées dans cette section sont : l'Islam peut-il séparer le spirituel du temporel, le politique du religieux ? Que comprendre par laïcité ? Quel est le rapport de l'islam à la République ? Cette dernière interrogation est de loin la plus importante dans L'ouvrage mérite d'être lu à plus d'un titre. L'auteur y situe historiquement la présence musulmane en France (XIe, XIIe s.), le rapport du Maghreb avec la France, pour en venir à cette vérité que la république française doit aux musulmans, plus que les musulmans ne lui doivent comme on l'entend pour la tradition chrétienne. Adhésion au projet divin, il se veut être le lien avec le Transcendant, mais aussi avec la société. Établissant une distinction entre sphère publique et privée, il les approche avec une méthodologie différente tout en les investissant du rappel de Dieu, car, "Dire Dieu, c'est dire que la vie a un sens", comme dit Roger Garaudy. L'islam enseigne d'avoir une fidélité aux principes révélés tout en ayant une approche rationnelle des textes. La source en est la même, le Coran ; mais l'articulation du rapport est différente. Le débat proposé est présenté tel un combat entre cléricaux et anti-cléricaux, entre laïcs et religieux, entre démocrates et fascistes, entre conservateurs et réformistes. ou encore, entre traditionalistes et modernistes. Donc, la relation entre les sphères État/Religion devient, aujourd'hui, en proie à une Islam et modernité Comment expliquer le rapport de l'islam à cet ensemble de concepts qui font l'actualité : la violence, le genre, le djihad, le pluralisme politique et culturel ? Pourquoi l'islam accepte-t-il la polygamie et la répudiation et pourquoi tant d'interdits ? Pourquoi le port du voile ? Autant d'interrogations légitimes auxquelles B. ETIENNE, loin de donner des réponses partisanes comme le font beaucoup d'orientalistes et d'islamologues tendancieux, s'appuie sur des sources de l'Islam et de l'actualité, pour fournir des réponses objectives. Certes, on peut trouver à redire sur certaines de ses prises de position par rapport au djihad, au terrorisme, à l'islamisme, mais son discours est en somme une invite à une véritable ouverture du dialogue aussi bien du côté des musulmans que du côté de l'Occident. Dans sa conclusion, B. ETIENNE aborde une mutation profonde. C'est pourquoi, il est indispensable de considérer de nouveaux modes alternatifs de résolution de conflit entre ces deux espaces. Trois scénarios sont possibles : soit l'isolation, qui crée le communautarisme ; soit l'adaptation qui crée la perte de son identité ; ou alors la contribution par laquelle il sera donné, à notre société, de vivre la diversité de ses mémoires et, à l'éthique humaniste de pouvoir contribuer au futur. J'inscrirai ma démarche de citoyen musulman en m'alignant sur la parole du Maître Sadek Charaf, (1936-1993) - sainteté sur son âme - qui commentant le verset coranique ''{Et ce sont là des jours d'expériences que nous faisons trépasser entre les humains}, explique que "le tré-passement des expériences est le laboratoire de la foi." Yacoub MAHI (Belgique) Le rapport Islam Occident fait des précisions terminologiques sur les concepts délicats d'"occident" et d'"islam" avant de faire quelques constats qui donneront à réfléchir à plus d'un : - Toutes les guerres de religion confondues ont Fait, en deux mille ans, bien moins de morts que les guerres laïques de 1914-1918 et 1940-1945. Si l’on y ajoute les morts du stalinisme et du totalitarisme athée sans oublier les Khmers rouges et la Chine, ne serait-ce qu'au Tibet, la comparaison devient encore plus insupportable. Les musulmans ont été, depuis le partage de l'empire Ottoman, bien plus victimes qu'assassins. Il a fallu des victimes civiles américaines en Amérique pour que le monde “libre" prenne en compte le terrorisme alors que les victimes principales en sont massivement les musulmans eux-mêmes depuis plusieurs décennies. Abdoulaye GUITTY (bibliographie) Le Cerfiste N° 004 juin 2007 bibo:issue 5 bibo:numPages 12 --