o:id 11760 url https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/11760 o:resource_template Newspaper article o:resource_class bibo:Issue dcterms:title An-Nasr Vendredi #266 (À quand une justice pour le peuple palestinien?) dcterms:creator https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/909 dcterms:subject https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/909 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/569 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/84 dcterms:publisher https://islam.zmo.de/s/westafrica/item-set/2198 dcterms:contributor https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/858 dcterms:date 2008-12-19 dcterms:identifier iwac-issue-0000381 dcterms:source https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/569 dcterms:language https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/8355 dcterms:rights In Copyright - Educational Use Permitted dcterms:spatial https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/408 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/407 dcterms:rightsHolder Association des Élèves et Étudiants Musulmans au Burkina bibo:content Lorsque vient le secours d'Allah ainsi que la victoire, célèbre les louanges de ton Seigneur et implore son pardon. La politique israélienne, fondée sur la force brutale et la négation des droits fondamentaux des Palestiniens, ne peut trouver écho dans nos cités et nos quartiers. Elle y éveille, comme dans le monde arabo-musulman, une immense colère. À l’écoute des sentiments exprimés par les musulmans à travers le monde, on perçoit une émotion de colère et de révolte mêlée à une profonde expression d’impuissance. Les massacres actuels ne sont que la confirmation de ce qui est bien connu : « la communauté internationale » s'intéresse très peu au sort des Palestiniens ; tout se passe comme si l’État d’Israël, avec le soutien des États-Unis et de quelques États européens, avait imposé un état de terreur intellectuelle. Parmi les présidents et les rois, personne n’ose parler, personne n’est prête à dire la vérité. Tous sont paralysés par la peur. Alors que le conflit... Israélo-palestinien est parfois perçu, et vécu, comme crucial quant à la relation entre l’Occident et l'islam. De nombreux musulmans ne savent plus comment agir et réagir. Qu’est-ce que l'islam a à voir dans ce conflit ? Doit-on en faire une préoccupation religieuse dans le but d’appeler la « umma » entière à se mobiliser ? Questions essentielles en vérité. Les musulmans à travers le monde font face à trois phénomènes distincts. Premièrement, dans les sociétés majoritairement islamiques ou en Occident, ils voient qu’ils ne peuvent attendre aucune réaction des gouvernements, et particulièrement des États arabes. Ils adoptent la position de la complicité silencieuse, de l’hypocrisie et du mépris des vies palestiniennes. Deuxièmement, la couverture des médias occidentaux est alarmante, avec une majorité d’entre eux acceptant et reproduisant la version israélienne des faits : les deux belligérants seraient de force égale, avec la victime agressée (Israël) agissant en légitime défense. Quelle distorsion ! Toutefois, le troisième facteur est particulièrement intéressant : alors que 73 % des Européens soutenaient Israël en 1967, plus de 67 % soutiennent aujourd’hui les Palestiniens. Avec le temps, la compréhension et la sensibilité ont évolué ; les populations ne suivent plus aveuglément les jeux et les prises de position hypocrites de leurs élites politiques. En considérant ces facteurs, les musulmans à travers le monde, et particulièrement en Occident, doivent clarifier leur position. Tout en refusant de transformer la guerre israélo-palestinienne en un conflit religieux, ils ne doivent pas nier sa dimension religieuse et donc, prendre une position claire. D’un point de vue islamique, il doit être clair que leur résistance n’est pas dirigée contre les Juifs (l’antisémitisme est anti-islamique) ; cibler des civils innocents doit être condamné des deux côtés et l’objectif doit être pour les Juifs, les chrétiens et les musulmans (avec les femmes et les hommes d’autres religions ou sans religion) de vivre ensemble. avec des droits égaux et une égale dignité. Les Palestiniens ne céderont jamais et Israël, nonobstant son incroyable puissance de feu, n’a pas gagné le conflit. Les musulmans à travers le monde doivent être la cheville ouvrière du souvenir et de la résistance. Non pas comme des musulmans contre Israël, ou les États arabes hypocrites, mais, plus largement, pour la justice avec tous ceux (croyants ou non) qui refusent de subir un lavage de cerveau et d’être réduits à l’état de spectateurs impuissants. Il est temps de créer de larges alliances et des synergies autour d’objectifs politiques clairs. Si le Moyen-Orient est en train d’apprendre quelque chose aux musulmans, c’est de cesser d’agir isolément et de revenir aux valeurs universelles qu’ils partagent avec les concitoyens. Ils doivent réaliser qu’ils sont dans et avec la majorité. Manifestations, articles et autres sont nécessaires mais il faut aller plus loin. Lancer un mouvement global de résistance non violente à la politique violente et extrémiste de L’état d’Israël est devenu impératif. La violence infligée, sous nos yeux, à une population d’un million et demi d’êtres humains fait de notre silence, de nos divisions et même de nos réactions émotionnelles très limitées des attitudes somme toute indignes, malsaines, inhumaines. Une vraie et digne résistance exige un engagement, de la patience, une stratégie à long terme, d’information, d’alliance et de participation démocratique non violente. Il est surprenant, et au fond révoltant, de voir combien, quand il s’agit des Palestiniens, nous manquons de mémoire et de mises en perspective. Alors que la conscience juive appelle, avec juste raison, tous les pouvoirs et tous les citoyens du monde à un constant travail de mémoire pour ne pas oublier les atrocités, les massacres et les génocides du passé, voilà que nous sommes invités à des évaluations instantanées et sans perspectives quand il s’agit de la politique de l’État d’Israël. Ainsi, nous aurions à faire à deux belligérants de puissances égales et Après six mois de trêve, un des deux acteurs du conflit (les Palestiniens) aurait donc rompu la trêve en lançant des roquettes. L’agressé (Israël) n’aurait eu d’autre choix que de se défendre. C’est ce que vend au monde le pouvoir israélien et que relaie la majorité des médias occidentaux, soutenus par l’administration Bush et de nombreux gouvernements d’Europe. Les plus courageux osent à peine relever, avec maintes réserves de circonstances, une disproportion dans la « réaction israélienne ». Quel courage ! Quels mensonges surtout ! Cela fait des décennies - et bien avant l’arrivée au pouvoir du Hamas - que les Palestiniens voient leur dignité bafouée et leurs droits légitimes niés. Des accords de « paix » d’Oslo aux différentes négociations (et parfois compromissions), des multiples promesses aux mises en scène « médiatiques », les représentants palestiniens n’ont rien obtenu pour le peuple. Le gouvernement israélien, de gauche comme de droite, gagne du temps, ment, exécute sommairement des opposants, compte. Pour rien, ou presque, les morts civils palestiniens (autant de dommages collatéraux à la sécurité d’Israël) alors qu’il continue à autoriser les colonies de peuplement et à pousser toujours plus loin sa politique du fait accompli. De nombreux experts, dont le rapporteur spécial des Nations Unies pour les droits de l’homme, Richard Falk, affirment que la politique israélienne ne respecte pas les conventions de Genève, et qu’elle est en train, dans les faits, de rendre impossible la solution des deux États. Le gouvernement israélien a décidé la construction d’un mur qui enferme la population de Cisjordanie (en se moquant des décisions de l’Assemblée des Nations Unies) et a soumis la population de Gaza à un siège et à un embargo qui ont entraîné une situation de famine, une pénurie de médicaments et de soins, un chômage massif et un quotidien misérable et sans espérance. Les associations humanitaires, venues du monde entier, se sont vues empêchées de travailler, de pourvoir aux besoins et de faire parvenir du... matériel et des vivres. En sus, il faut rappeler que la trêve du 19 juin au 19 décembre 2008 était soumise à des conditions : la levée du siège et de l’embargo de Gaza et l’ouverture partielle de la frontière avec l’Égypte. Aucune condition n’a été respectée par Israël (et l’Égypte) et la population palestinienne a été livrée à un traitement inhumain depuis des années, des mois et des semaines. Il faudrait oublier ces réalités et voir justifiés des massacres de ces derniers jours ! Les Palestiniens seraient responsables de leur sort parce que des roquettes ont été envoyées depuis Gaza ? S’ajoutent aux 189 absences de mémoire coupable, une perte du sens des proportions : le nombre de victimes israéliennes est à multiplier par cent, deux cents, trois cents par rapport aux civils palestiniens tués par les décisions officielles du gouvernement israélien. Ce dernier se moque des institutions et de la soi-disant « communauté internationale ». Ce qui compte, désormais, c’est de s’assurer un soutien unilatéral des États-Unis et du silence complice des gouvernements européens. Un travail efficace de communication et de relais médiatique (avec une dose de désinformation caractérisée) suffit, par ailleurs, au gouvernement israélien pour gagner du temps et soumettre une population d’un million et demi d’âmes à un siège inhumain puis à un massacre insupportable. Nous sommes tous réduits à l’état de spectateurs que la « neutralité » devrait sauver de la mauvaise conscience. D’autant que le cynisme est à son comble lorsque l’on sait que la mort de centaines de civils palestiniens est aussi liée aux calculs politiciens des leaders israéliens soucieux de montrer leur force et leur détermination avant les prochaines élections. La déroute libanaise en août 2006 devrait être rectifiée : Qu’importe la vie des innocents, des enfants des Palestiniens, puisque ce qui compte c’est de mobiliser les votants et gagner les élections. Opérations réussies s’il en faut : 80 % des Israéliens soutiennent les opérations meurtrières à Gaza. Effrayant ! Peut-on encore espérer quelque chose de la « communauté internationale » des États et des gouvernements lorsque l’on observe comment ceux-ci réagissent en Orient comme en Occident ? Le silence complice, l’hypocrisie, l’attentisme, voire le mépris pour la vie des Palestiniens que d’aucuns aimeraient voir disparaître en Jordanie, au Liban ou dans n’importe quels camps de réfugiés « temporairement définitifs ». Il est l’heure d’engager un mouvement international, global, de résistance non violente à la politique violente et extrémiste de l’État d’Israël. Il importe de mobiliser l’opinion publique en diffusant une information rigoureuse et permanente sur la situation de la population palestinienne, en multipliant les articles, les conférences et les manifestations de soutien au peuple palestinien tout en développant une meilleure synergie entre les efforts et les activités qui sont déjà menés par de nombreuses organisations à travers le monde. Les Palestiniens, nous le savons, ne céderont pas et continueront à défendre leurs droits légitimes sur le terrain et il importe que, à travers le monde, nous soutenions de façon déterminée et pacifique leur résistance. Israël, contrairement aux apparences et à sa phénoménale puissance militaire, n’a de loin gagné ce conflit et sa société est traversée par des crises multiples et profondes. Il est urgent que l’État et la population d’Israël comprennent qu’il n’y a pour eux aucun avenir de sécurité, et simplement de survie, sans la reconnaissance des droits et de la dignité des Palestiniens. Gagner du temps, s’enfermer dans les opérations invraisemblables et d’horribles massacres ne garantit pas la victoire. Au contraire. Bien au contraire. Tariq RAMADAN 190 bibo:issue 266 bibo:numPages 4 --