o:id 11341 url https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/11341 o:resource_template Newspaper article o:resource_class bibo:Issue dcterms:title Al Maoulid Magazine #11 dcterms:publisher https://islam.zmo.de/s/westafrica/item-set/2218 dcterms:contributor https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/858 dcterms:date 2009-07 dcterms:identifier iwac-issue-0000194 dcterms:source https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/1284 dcterms:language https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/8355 dcterms:rights In Copyright - Rights-Holder(s) Unlocatable or Unidentifiable bibo:content n il ae juillet 2009 - Tel: (227) 96 59 00 62 / E-mail: almaouhdinfo@yahoo.fr Fêtes d’anniversaire de Mawlana Cheikh Al Islam El Hadj Ibrahima Niasse: "Où est Bâta et qui est Bâta!" - Baye Niasse Baye Niasse L’affaire des “yan boko haramun" qui avait occasionné plus de mille morts suivis de la destruction de tout un quartier à Bauchi est l'exemple type des dangers qui guettent à l'avenir notre pays. Le Yan Boko Haramun est né des cendres des Yan Tatsiné de triste mémoire qui endeuilla le Nigeria dans les années quatre-vingt. Leur QG, un village frontalier du Niger, est le sanctuaire du gourou de cette secte millénariste, un certain Mohamed Youssouf tué par la police lors des émeutes. Ses membres qui comptent parmi eux des Nigériens ont depuis proclamé leur appartenance aux talibans afghans! Au même moment, au Nord de notre pays, en Algérie, des salafistes de l'ex GSPC assassinaient dans le Tipaza quatorze soldats algériens. On sait qu'une frange non négligeable de ces salafistes algériens avait élu domicile... Sur la longue frontière Algéro-Nigéro-Malienne. D'ailleurs, leurs premières prises d'otages d'occidentaux se sont effectuées à quelques encablures seulement de notre Capitale. Eux aussi ont déjà fait allégeance à Ben Laden et autre Ayman al-Zawahiri. Sur le flanc Est de notre pays, là aussi le Tchad continue de brûler toujours sous les feux “d'islamistes soudanais", à en croire le Président Idriss Deby Itno... Quoi qu'il en soit, le Niger semble pris dans un étau Taliban qui se resserre chaque jour un peu plus. Dans une sous-région déjà perturbée du Soudan à la Mauritanie en passant par l’Algérie, la Centrafrique, le Tchad et maintenant le Nigeria voisin, “le verrou nigérien" si cher à Koutché finira-t-il par sauter? Il y a vraiment de quoi le craindre!! Comment sortir alors de cette situation? Le seul et unique rempart possible reste et demeure une bonne, vraiment très bonne gouvernance mais aussi la justice sociale et le développement. À bon entendeur la paix! Al Maoulid Mag N°10 de Juillet 2009 Société Un pionnier nommé Baye Niasse Le Phd. Ousmane Kane Ce document est un résumé de la vie de Baye Niasse par le Phd. Ousmane Kane (Université de Saint-Louis). EL HADJ IBRAHIMA NIASSE, Sénégal, 1900-1975 (Extrait du Dictionnaire des savants et grandes figures du monde musulman périphérique du XIXe siècle à nos jours, fascicule N°1, avril 1992). Né à Kaolack-Niassène dans l'actuelle région du Sine-Saloum (Sénégal) en octobre 1900 et mort à Londres le 26 juillet 1975, Ibrahim Niasse, fils de Abdoulaye Niasse (1844-1922), importante figure de la Tijaniyya sénégalaise et agriculteur prospère du bassin arachidier. La position stratégique de Kaolack et les relations suivies de son père avec les lettrés du Sénégal, de la Mauritanie et de l'Afrique du Nord font de sa maison paternelle un endroit privilégié où le jeune Ibrahim étudie non seulement les sciences religieuses (exégèse, jurisprudence, théologie, grammaire arabe, rhétorique, métrique, biographie du Prophète (SAS), etc.), mais également cultive un goût prononcé. Pour le mysticisme musulman. Témoigne de ses connaissances ésotériques d'acquisition précoce, son premier ouvrage Rûh al Adab écrit à l'âge de 18 ans (En fait, l'auteur Ibrahima Niass dit à la fin de son ouvrage qu'il avait 21 ans quand il écrivit son œuvre, Note du présentateur), ainsi que son fameux Kâshif al Ilbas (1930) [Traité fondamental de Soufisme et de la Voie Tijaniyya, Note du présentateur]. À la mort de son père, en 1922, son frère aîné Mouhammad (Khalifa) prend en charge la communauté des "Niassènes" et Ibrahima enseigne dans les écoles coraniques de son père de Taïba, Kossi et Kaolack. Son érudition et sa piété lui attirent très vite de nombreux adeptes. Dès 1930, il se proclame héritier spirituel de Ahmed Tijani, et obtient l’allégeance massive des disciples de son père ainsi que celle de nombreux cheikhs maures qu'il initie à la tarbiyya (initiation mystique) dont le but est de parvenir à la ma'rifa (gnose) qui marque la spécificité de sa branche Tijaniyya. Toutefois, son audience reste limitée. Jusqu'en 1937, année où il effectue son premier pèlerinage à la Mecque et y rencontre l'Émir de Kano, Abdoulahi Bayero, qui renouvelle son affiliation à la Tijaniyya auprès de lui et l'invite à Kano. Il y obtient l'adhésion de la majorité des oulémas de la Tijaniyya qui, dès la fin de la deuxième guerre mondiale, se font les moteurs de l'expansion de son mouvement dans toute l'Afrique de l'Ouest. À la mort de l'Émir Abdoulahi Bayero en 1953, son fils Mouhamed Sanussi lui succède et renforce ses liens avec Ibrahima Niasse. À la fin des années 60, grâce à ses appuis politiques, le zèle de ses disciples nord-nigérians, son action éducative, le zèle de son prosélytisme, il se trouve à la tête d'une communauté transnationale de plusieurs millions de membres répartis entre le Nord Nigéria, lieu par excellence de son rayonnement, le Ghana, le Niger, le Togo, le Libéria, la Sierra Leone, le Tchad, le Cameroun, la Gambie, la Mauritanie et la région du Sine Saloum. Selon Mervyn Hiskett (Development of Islam in West Africa, p. 287), "by the end of the colonial period, there is little doubt that it was by then the largest single Muslim organisation in West Africa." (Il n'y a aucun doute que son mouvement était la plus grande organisation musulmane en Afrique de l'Ouest à la fin de la période coloniale). Premier Chef religieux africain à établir des contacts avec les organisations islamiques internationales, Ibrahim Niasse a été membre fondateur et vice-président de la Ligue Mondiale Islamique basée à la Mecque, membre de l'Académie de Recherches de l'Université d'Al-Azhar et vice-président de la Conférence Mondiale Islamique dont le siège est à Karachi. Plus qu'un érudit et un leader charismatique, Ibrahim Niasse était un homme politique d'envergure. Non seulement, il entretenait des relations étroites avec des leaders africains et arabes dont l'ancien président égyptien Nasser et le premier président du Ghana Kwame Nkrumah qui, bien que chrétien, passe pour avoir été un de ses disciples, mais il a été dans les années 1950 et 1960, très actif dans l'arène politique africaine en général et nigérienne en particulier. Le titre est de la Rédaction Impression IBB 2000 exemplaires Service commercial: Boubé Kountché Tarey Comité de rédaction: Dr. Med Rabany Zakarya Mamadou Tayab Issa Mouhamed Mamoudou Dr. Abdoul Lawi Cheikh Périodique Islamique d'Information et de réflexion paraissant à l'occasion des fêtes du maoulid - N°10 du 08/09 Mars 2001 (56e édition de Kiota) Tel: (227) 96 59 00 62 E-mail: almaoulidinfo@yahoo.fr Directeur de publication: Elh. Barham Cheikh Al Maoulid Mag N°10 de Juillet 2009 Société Anniversaire de Cheikh Ibrahima Niasse: “Où est Barhama et qui est Barhama!” Dicton de Baye Niasse Chaque année la fête d'anniversaire de Cheikh al islam Elhadj Ibrahima Niasse, affectueusement appelé Baye Niasse du côté de Kaolack, draine une foule immense, transnationale. Et cette rencontre qui fait, de plus en plus Tâche d'huile est l’occasion de découvrir davantage la vie et l’œuvre gigantesque de cette personnalité riche et emblématique qui marque encore notre vie et notre religion en Afrique de l’Ouest. Cette année encore, à Kiota, son maoulid avait fait le plein du monde du 07 au 15 juillet 2009. C'était l'occasion pour écouter des témoignages vivants et des histoires vécues en rapport avec le Cheikh. Toute chose qui concourait à faire plonger les fidèles talibés dans cet océan de sciences et de mysticisme que fut la vie de Baye Niass. Le maoulid en réalité est une fête islamique censée commémorer une importante personnalité musulmane tout en proposant des pistes de réflexion sur les voies et moyens de traduire en acte ses enseignements. Baye Niass est, sans conteste, l'une des figures importantes de l’islam contemporain. C'est un Bahrul ilm, bila sahel, (c’est-à-dire un océan de connaissances, sans rivage). Homme de Dieu, il le fut dans l'acception pleine du terme. C'était un érudit prolixe ayant à son actif plusieurs dizaines d'ouvrages de valeur couvrant tous les domaines des sciences islamiques. Sa stature politique et son aura internationale ne sont plus à démontrer. Il avait côtoyé N’Krumah et Nasser et présida en son temps des instances islamiques internationales. Ce même Baye Niasse disait que la tidjaniya n’est pas une voie faite pour des ignorants indolents, mais une voie pour des gens déterminés à chercher le savoir “du berceau à la tombe"!. Sans connaissance, comment serait-il possible de découvrir son Créateur? Comment pourrait-on se positionner par rapport à Lui? Voilà qui nous interpelle déjà sur le rôle central du savoir dans l’adoration d’Allah mais aussi sur notre système d'éducation de façon générale. Seuls la connaissance et la persévérance permettent l'élévation spirituelle au plus haut sommet de la Ma'rifa (gnose), laquelle peut se manifester par des miracles. Lesquels miracles ne sont que la conséquence d'un travail et non le travail lui-même. Dès lors, ce serait contrarier Cheikh al islam que de rester ignorant tout en se réclamant de lui. Et ce serait mal le servir que de circonscrire sa personnalité si immense à de simples “faits” miraculeux parfois fantaisistes dont elle n’a que faire! L'amour pour Baye et pour le prophète, doit être une louange au Créateur et non un slogan encore moins une simple effigie! Aimer Baye, être un vrai disciple de Baye, c’est copier Baye dans ce qu’il avait le mieux possédé au monde; le savoir et la foi! Aimer cet homme, c'est surtout éviter de distraire ses disciples devant l’urgence de traduire en actes concrets ses précieux enseignements! Car Baye avait tracé un immense chantier à ses disciples dans tous les domaines de la vie. Membre observateur à l'OUA et au non aligné, Baye était proche des mouvements d’émancipation des peuples et de la société civile plus qu'il ne l'était avec les partis politiques classiques. Quand bien même il était fier de voir ses disciples investir tous les champs de la vie. Écoutons ce qu'il disait à propos dans la "Lettre de Niamey": Ces millions de croyants musulmans d'obédience tidjane sont en fait de l'élite des fils d’Afrique. Car nous avons constaté leur présence effective dans les petites et grandes mosquées tout comme sur les périmètres agricoles, dans les écoles, les universités, les marchés, dans les formations politiques, les parlements, les gouvernements, dans les palais de justice, les usines et partout ailleurs. Et il ajoute: “Oui! Il y a aujourd'hui devant le musulman africain un large chantier de réflexion et d’action; à vous de persévérer dans le cadre de vos écoles pour former des promotions qui soient rigoureuses dans leur pensée, consciencieuses dans leur foi mais aussi respectueuses des gens pieux avec lesquels elles sont appelées à traiter avec vérité, sincérité et crainte d’Allah!" Il est indéniable que le Cheikh se préoccupait beaucoup des enjeux du monde contemporain. L'intellectuel chevronné qu'il est et l'abnégation au travail laissée par lui. Les miracles, comme certains en raffolent! Ils ont beau être Spectaculaires, ne font pourtant feu. Imam Hassane Cissé, recevant un trophée international, n'hésitait pas à prendre sa plume, à chaque fois que nécessaire, pour matérialiser ses idées sur des questions internationales et islamiques brûlantes comme ce fut le cas lors de la polémique suscitée un moment par un projet de déplacement de la station d'Abraham du pied de la Kaaba vers un autre endroit plus éloigné, pour une raison de modernisation disait-on. Baye Niasse prit alors sa plume et sortit un bouquin qui fit forte sensation et qui conduisit finalement à l'abandon, par les Saoudiens, du-dit projet. Voyageur infatigable, il avait toujours en main son bâton de pèlerinage à parcourir le monde pour la cause juste, la cause de l'islam. Pour Cheikh al Islam, les rues du Caire, de Londres, de Paris, de Hong Kong, de Bangkok, de Karachi, de Lahore, de Kano, de Conakry ou de Niamey n'ont plus de secret. Ses écrits sont une véritable encyclopédie géographique du monde. L'Imam Cheikh Hassan Cissé, son petit-fils et... Son pur produit, décédé le 13 août 2008, est l'un des rares à s'être bien saisi de l'héritage du Cheikh. Il avait ouvert à la tidjaniya le nouveau monde ainsi que l'Europe et l'Afrique du Sud ! Si l’Imam Hassane avait réussi ce “miracle", c’est justement en raison d’une application stricte d'un principe simple du maître : faire du savoir et de la foi son cheval de bataille. L'Imam Hassane, en ce qui le concerne, ne s’était pas laissé aller à la facilité improductive qui consiste à ressasser à longueur de temps les miracles de Baye comme moyen de l'aimer, non ! Il s'était attelé avec courage à la religion ni le soufisme d'ailleurs. Baye, à son corps défendant, en avait produit des plus beaux, mais que pèsent tous les miracles du monde devant un seul écrit de Baye ? Les plus petits des miracles chez Baye, n'est-ce pas ce sont justement... ses miracles (miracles, en termes de faits mystiques sortant de l'ordinaire) ? Les vrais miracles de Cheikh al islam, pour ceux qui ne l’ont pas encore compris, sont à chercher. Justement au-delà de simples manifestations mystiques de circonstance! Barham Cheikh Al Maojlid Mag N°10 de Juillet 2009 Société Cheikh Une autre incarnation. Agriculteur né, reconnu et salué en son temps pour cela par le Président Kountché qui ne perdait pas de vue les grands agriculteurs de son espèce, Cheikh Kiota n’en est pas moins un grand chef spirituel. Ses champs sont kilométriques. L’homme avait tôt fait du travail de la terre, l’un des trois piliers sacrés de son système à savoir: la foi, la recherche du savoir et le travail de la terre. Contrairement à d’autres, le Cheikh adore le progrès et la nouveauté. Il innova dans le domaine agricole en introduisant de nouvelles variétés qu’il commandait parfois de l’extérieur. Il fut le premier à introduire dans la zone la traction animale et divers autres systèmes de mécanisation dont les tracteurs. Enfants déjà, c’était sur les chantiers du Cheikh que nous découvrions pour la première fois les visages des techniciens chinois qui y venaient régulièrement. flanqués de leurs interprètes. Dans le Boboye où l'eau de la nappe phréatique se trouve en moyenne à moins de deux mètres de la surface, les gens ignoraient, jusqu’au retour du Cheikh de ses études, tout de l'irrigation et du jardinage. Ainsi, lors de grandes famines, il arrivait que le Boboye aussi se vide de sa population au même titre que les hauts plateaux sinistrés alors même que sa population avait un océan sous les pieds! Cheikh Kiota fut ainsi donc l'inspirateur et le prêcheur par l'exemple, en faveur de l'introduction d'une nouvelle façon de produire de la nourriture par la culture dite, plus tard, de contre-saison. Une véritable révolution, se rappelait-il plus tard, parce que personne à l’époque n’était en mesure de comprendre sa démarche! De même, il fut incompris à ses débuts, pour son amour poussé de la diversification sur ses périmètres agricoles même si les céréales occupaient toujours l'essentiel de ses travaux. Histoire d’effacer tout tabou dans le domaine agricole. L'agriculture pour Lui est aussi une école. Il eût ainsi l'initiative d'installer pour la première fois au Niger une usine de production de farine de manioc connue sous le nom de "Gari" tout en assurant en amont un vaste champ de manioc frais. Un projet qui intéressa particulièrement le Président Kountché, connu pour sa quête effrénée de l'autosuffisance alimentaire. Pour Cheikh Kiota, le travail est une composante de la foi musulmane avant d’être un acte éducatif, social ou politique. "Ce que la terre ne vous donne pas, personne d'autre ne vous le donnera!" plaisantait-il souvent. Rigueur et détermination sont ses maîtres mots dans le travail. Une philosophie qu'il tenait de Baye Niasse, son maître qu'il avait eu le temps d'observer. Mais malgré son ouverture d'esprit et son amour pour la diversification et l’innovation agricoles, il est une culture que le Cheikh détestait presque, c'est la culture de l'arachide! Pour avoir vu les cultivateurs sénégalais sacrifier les cultures vivrières au profit de la seule culture de rente. Qu’est l'arachide, Cheikh Kiota en était presque choqué. "C'est une culture qui a plongé les agriculteurs sénégalais dans la misère et la famine chronique! Puisque quelle que soit la quantité produite en une saison, on finit toujours par la céder contre des billets de banque pour ensuite s'acheter de quoi offrir à sa famille. Quel gâchis! Et dites-moi, quel est le père de famille qui, le soir tombant, osera se présenter devant sa femme et ses enfants avec une gousse d'arachide comme repas?!" s'interrogeait-il. Curieusement, le Cheikh a toujours réservé un lopin de terre à l'arachide, allant parfois même jusqu'à y réaliser des prouesses. Pourquoi cela? "J'ai vu Cheikh al Islam le faire, et je voudrais faire comme lui, c'est tout!" disait-il. L’amour de son Cheikh par l’amour de son travail... Barham Cheikh Al Maoulid Mag N 10 de Juillet 2009 DIM; Société aux sources Voyage Pour la première fois, une centaine de dignitaires religieux Tidjanes du Niger conduits par le khalife Cheikh Moussa de... Kiota s'était rendu au Maroc pour une Ziyara à la grande Zawiya-mère de la Tidjaniya de Fez. Cette grande Ziyara qui s'était déroulée du 17 au 23 mai 2009 avait de toute évidence tenu toutes ses promesses tant sur les plans spirituels, touristiques qu'organisationnel : non seulement c'était un rassemblement de toute la crème tidjane de ce pays, mais ce fut un voyage inoubliable qui avait bénéficié d'une parfaite organisation menée de main de maître par l'agence organisatrice, l'agence CROIX DU SUD. La veille du départ déjà, le vendredi 14 mai, en avant-goût, l'arrivée à Niamey du Khalife Cheikh Moussa depuis Kiota avait connu un accueil sans précédent le long de la route menant de Kiota à Niamey ; dans chaque village ou hameau, et souvent en pleine brousse, les foules se massaient des deux côtés de la voie bitumée pour saluer le départ du Khalife. On avait même vu des localités, où cela ne s'était jamais produit auparavant, accueillir le Khalife ce jour-là. Et à chaque étape, le long cortège était obligé de... s'arrêter. C'est ainsi que la prière du Maghreb prévue pour se dérouler à la grande zawiya du quartier complexe où déjà une foule impressionnante attendait depuis les environs de 16H, s'était finalement déroulée à Sorey près de Niamey! À Niamey, les fidèles durent finalement se contenter de prier l'Isha avec le Khalife qui prononça à la fin un discours où il remercia les fidèles avant de situer le but du voyage ainsi que son importance dans la vie du disciple tidjane. Le Khalife ne manqua pas de voir dans l'effervescence et la mobilisation extraordinaires spontanées suscitées par ce voyage, le signe manifeste par avance d'une bénédiction. Il annonça enfin le départ pour le lendemain tard dans la nuit. Et compte tenu de l'heure tardive, 3H du matin, le Khalife dispensa les accompagnateurs de vouloir faire le déplacement à l'Aéroport. SAMEDI 17 MAI : Le départ de l'Aéroport Diori Hamani de Niamey Vers 2H du matin, plusieurs dignitaires religieux arrivèrent au domicile du Khalife dont Sidi Ibrahim, le khalife de Cheikh Chouaïb Ali, avec sa suite, et vers 3H00 c'était un grand cortège qui s'ébranla en direction de l'Aéroport. Devant l'Aérogare, il y avait déjà foule. Chacun des pèlerins (ils étaient une centaine), s'était habillé en boubous blancs, une simple coïncidence, ce qui donnait à l'événement un cachet supplémentaire de solennité. Les formalités ayant été déjà faites par l'agence, le passage à la salle d'attente se fit sans coup férir. Et un peu avant 4H00, le vol 730-700 d'Air Maroc s'immobilisa sur le tarmac de l'Aéroport. Une fois à bord, après le décollage, était servi un petit déjeuner chaud fait de poulet et de légumes frais, ce qui contribua à rendre le trajet beaucoup moins long pour les passagers dont certains venaient de prendre l'avion pour la première fois de leur vie. La distance Niamey-Casablanca fut parcourue en 3H30 mn. Et notre première surprise fut cet accueil extraordinaire qui nous fut réservé dans la pure tradition marocaine, dans le hall même de l'Aéroport Mohamed V, et devant une foule de Casablancais médusés. Il y avait eu d'abord une cérémonie de présentation d'un bouquet de fleurs à Marna Kiota, qui faisait partie du voyage, par une jeune femme marocaine, puis l'installation des visiteurs sur un air aménagé où fut servie une quantité d'amuse-gueules allant des dattes aux gâteaux en passant par des limonades, du thé, du café, etc. C'était un service impeccable mené de main de maître par des hommes et des femmes bien attentionnés et habillés en smoking. Séduits, certains Marocains venus accueillir les leurs ne purent résister à la tentation de se joindre à nous. Au dehors, deux grands bus climatisés flambant neufs attendent déjà d'embarquer tout le monde en direction de Fès. Le programme tracé ne prévoyait pas d’escale à l'aller à Casa. On prit la route confortablement installés par un temps très clément. Le seul souci à présent était de rattraper la prière du matin que personne n'avait pu faire alors qu'il faisait déjà 11H00 heure locale! Encore une bonne demi-heure de marche, le Le chauffeur rangea son camion dans le parking d'un espace aménagé doté de boutiques et restaurants pour marquer une pause pour la prière. Il y avait aussi toutes les commodités dont aurait besoin un groupe de musulmans dans de telles circonstances, à commencer par une petite et coquette mosquée très bien tenue. Le devoir religieux accompli, on avait l'impression, devant tant de restaurants, de sentir un petit creux dans le ventre, mais rien hélas n'était prévu comme restauration avant la destination Fez. On dut prendre son mal en patience. Pourtant entre Fez et Casa, c'était près de 400 km ! Le voyage était plaisant et il y avait tant d'autres merveilles à voir à vous couper la faim ! À commencer par le climat et surtout les paysages, tout était absolument magnifique ! Ni la fatigue ni cette petite faim qui gagnait du terrain, n'empêchaient de se délecter des étendues des champs de blé qui attendaient d'être moissonnés. Même en période morte, les champs contrastaient fortement avec les nôtres. Al Maouhd Mag Nc10 de Juillet 2009 Société de la Tidjaniya Des champs de blé qui forment un tapis doré ondulant sur les dunes et montagnes à l'infini ! On devinait aisément la beauté paradisiaque de ces plaines marocaines une fois les premières gouttes de pluie tombées... Après quelques quatre heures de route, disons d'autoroute, la ville de Fez se pointa enfin. Les bus traversèrent toute la ville pour nous déposer devant un restaurant appelé ZAGORA dans le quartier du centre-ville à Fez Sais où la délégation nigérienne se vit servir le fameux Tajine marocain, un plat de viande de bœuf agrémenté d'olives et de légumes divers. Pour des Nigériens grands consommateurs de viande, ce plat à priori pas particulièrement exotique, peut-on dire, facilita le premier contact avec la cuisine marocaine! Au bout d’une heure de temps, on regagna les bus, direction l'Hôtel TGHAT ! C'était un Hôtel. Seidina Cheikh Ahmed Tidjani a dit : "Celui qui m'aime pour l'amour d'Allah et de son Messager est béni, mais Quant à celui qui m'aime pour autre raison, je ne suis qu'un mortel. Quatre étoiles de quatre étages situé en plein centre-ville avec des chambres climatisées bien propres. On répartit les occupants en deux par chambre, exceptés les Khalifes et d'autres dignitaires qui avaient droit à des chambres individuelles. Quant au repas de la nuit, il était servi en service libre dans le restaurant juste au rez-de-chaussée. Le reste de la soirée était réservé au repos. DIMANCHE 18 MAI : Visite de la ville de Fez Après une bonne nuit réparatrice et grâce à une baisse sensible de la température, la délégation se réveilla très tôt dans la bonne humeur pour accomplir la prière matinale autour du Khalife qui était logé au troisième étage. Une petite mosquée informelle fut improvisée devant la chambre du Khalife Cheikh Moussa où, dans ces moments, les Wirds habituels sont tenus. Après quoi tout le monde redescendit pour un petit déjeuner copieux dans le restaurant, toujours en libre-service. La journée de ce dimanche devait... être mis à profit pour attendre la venue le soir même d'une partie de la délégation composée de treize personnes laissées à Niamey faute de place dans l'avion. Dans ces conditions, la visite du Mausolée de Cheikh Ahmed Tidjani ne commencerait donc que le lendemain après l'arrivée de la suite du convoi. N'empêche que l'agence de voyage avait prévu une randonnée à travers la ville de Fez. Elle dota chaque bus d'un guide professionnel flanqué d'un traducteur improvisé en Haoussa et Djerma, ce qui permit à la délégation de remonter l'histoire millénaire de cette glorieuse cité de Fez. Les guides nous conduisirent ainsi tout d'abord devant le Palais royal de Fez, le plus imposant de tout le Royaume semble-t-il. Le roi Mohamed VI, nous apprend-on, s'y trouvait d'ailleurs depuis six mois au moment de notre visite, cela se savait d'ailleurs par la présence des gardes royaux habillés de blanc, de toques et tenant des sabres dorés. Le jeune monarque était venu semble-t-il au chevet du prince héritier qui souffrait d'une crise d’asthme. Du somptueux palais aux portails géants dorés bien hermétiques, on nous guida vers un vieux fort colonial situé en hauteur de la ville de Fez et qui sert aujourd'hui de musée. L'endroit était très apprécié des touristes européens pour la vue panoramique magnifique qu'il offre de la ville de Fez et surtout de la Médina. De là on pouvait apercevoir le minaret du Mausolée du fondateur de la Tidjaniya juste derrière celui de la Qaraouiyine. La délégation apprécia passionnément surtout que nos guides, en fins connaisseurs, n'étaient surtout pas avares de détails intéressants concernant la vie et l'histoire de cette ville qui nous a toujours fascinés nous les Tidjanes en particulier et les soufis en général. À la lumière des explications, on se rend compte que Fez qui a 1200 ans est l'une des plus vieilles villes islamiques et les plus riches en patrimoines islamiques de valeur. On profita de la présence sur place de vendeurs ambulants d'objets divers et des photographes pour faire quelques souvenirs. L’occasion de faire des photos était propice surtout qu'on trouvait là à moindre frais tout ce que le Niger compte de grands dignitaires tidjanes. À écouter nos guides marocains, véritables griots modernes, impossible de voir s’écouler le temps. Il était déjà treize heures, alors que la prière du Zouhr était prévue pour se dérouler à la Mosquée Tagmaati, la plus grande de Fez, située en plein centre-ville. On dut refaire le tour des remparts et de la médina avant d'y arriver. Les remparts, ces murailles géantes protégeant autrefois la ville des assauts extérieurs, souffraient de vétusté tout comme la médina faisait face à un grave problème de surpopulation. De nombreux échafaudages en bois attestent d'ailleurs de la continuation des efforts de restauration entrepris depuis des années par l'UNESCO pour la sauvegarde de ces sites classés patrimoines historiques de l'humanité. À la Mosquée Tagmaati, les Fessis (habitants de Fez), visiblement impressionnés par la présence de tous ces Cheikhs noirs habillés de Blancs et regroupés autour d'un guide, n'avaient pas hésité, la prière finie, à nous témoigner toute leur déférence et à demander la bénédiction du Khalife. Les plus curieux demandaient aussi notre nationalité. Les fessis se disaient “tous tidjanes" et surtout honorés de notre présence sur le sol du Royaume. Les Marocains en général ont de très bons sentiments vis-à-vis des délégations tidjanes. Même les quelques salafistes barbus très sourcilleux qui autrefois tentaient désespérément de dissuader les visiteurs tidjanes à coup de propagandes mensongères, se sont trouvé d'autres occupations. A plus d'une fois, nous avions vu des gentils marocains s'improviser guides afin de nous frayer du chemin dans une foule! LUNDI 19 MAI : La rencontre de Cheikh Ahmed Tidjani Dans l'après-midi du lundi, c'était une délégation au grand complet qui prit place dans les deux bus pour reprendre à peu de choses près le même trajet que la veille, car la Zawiya de Cheikh Ahmed Tidjani se trouve dans l'ancienne médina. Les ruelles tortueuses et exigües de la vieille cité ne permettaient pas à nos imposants autobus d'accéder jusqu'au Mausolée. Dans ce cas, le restant du trajet, une centaine de mètres tout au plus, déferlant sur le quartier de la Médina, ne pouvait échapper naturellement à la curiosité des Marocains qui nous souhaitaient qui la bienvenue, qui un salut poli, etc. Et tout au long du trajet étroit, les Marocains autrefois quelque peu moqueurs, se relayaient presque pour dégager sur notre passage la ruelle continuellement encombrée par des ânes et autres mulets chargés de bagages... C’est aussi cela la Médina! Enfin la Zawiya! Le bâtiment qui fait office de nombril de la tariqa Tidjaniya est constitué d'une seule mosquée, si l'on peut. dire, et qui abritait le Mausolée du fondateur en son sein. Les portails bien sculptés de l'édifice, étaient grandement ouverts pour la circonstance laissant entrevoir le maître des lieux, le Shérif Moulaye Zoubir bin Slimane qui semblait attendre avec impatience notre arrivée. L'homme, la cinquantaine, habillé d'un boubou blanc en shedda cousu "à la mode haoussa" partit d’un pas accéléré vers le Khalife Cheikh longuement en répétant des politesses, des bienvenues et des salamalecs à n'en plus finir! Le Khalife Cheikh Moussa lui présenta aussi les autres Cheikhs qui étaient avec lui dont Cheikh Sidi Ibrahim, le Cheikh Ali Cissé de Koussa et d’autres. C'est alors que l'arrière-arrière-petit-fils de Cheikh Tidjani invita tout le monde à prendre place. Dans un discours en arabe, non écrit, le Shérif salua les fidèles avant de souligner l'importance de cette Zawiya en ce sens qu'elle représente la Zawiya-mère de la tidjaniya dans sa globalité, celle fondée par le saint shérif. Sidina Cheikh Ahmed el Tidjani lui-même. C'est aussi la Zawiya où repose encore son corps béni. C'est une Zawiya qui avait vu défiler tous les Mouqaddams de Cheikh Ahmed Tidjani, ceux de son vivant que ceux d'après, disait-il. Dans cette Zawiya, avait-il poursuivi, il existe un des grands noms d'Allah (Ismullah al a'azam) qui aurait été dissimulé dans un des piliers de l'édifice par le fondateur lui-même au moment de la construction des fondements de la Mosquée. Ce pilier est assurément un pilier béni. C'est au terme d'un long discours englobant plusieurs aspects de la du Maghreb suivie de la traditionnelle Wazifa, un moment de grande émotion, un instant très attendu. Dans la première Zawiya de la tariqa Tidjaniya, les anneaux formés autour du voile blanc pour la lecture de la Wazifa se font sur toute la longueur de la Mosquée. L'émotion était réelle pour les fidèles d'accomplir ce zikr dans la Zawiya où repose son fondateur. Aussitôt après le zikr, on fit la prière de l'isha avant de passer à la... visite du tombeau du Cheikh. Afin de permettre à tout le monde d'y accéder, le Khalife Cheikh Moussa prit la décision de scinder la délégation en trois groupes, qui allaient se succéder pour le recueillement sur la tombe de Cheikh Ahmed Tidjani, compte tenu de l'exiguïté de l'enclos autour de la tombe. Une fois à l'intérieur des grilles du Mausolée, il était demandé à chacun de lire simplement une douzaine de Jawharatul kamali (la perle de la perfection), une prière sur le prophète Mohamed formulée par Cheikh Ahmed Tidjani lui-même. La visite du Mausolée qui est pourtant un des temps forts de la Ziyara, prit ainsi fin dans la plus grande simplicité. On allait vider les locaux n'eût été l'hospitalité légendaire des Shouraf'a, nos hôtes, ces descendants de Cheikh Ahmed Tidjani qui étaient venus en nombre pour la circonstance, et qui invitèrent la délégation à écouter un bel récital composé d'un chant d'Alburdat à l’honneur du prophète Mohamed (psl). Bercés et transportés par les douces voix des chanteurs, on eût bien du mal à s'y extraire pour prendre place autour du fameux plat de couscous marocain présenté sur des plateaux géants. Un couscous qui était garni de gros poulets, de légumes et le tout arrosé d'une sauce jaunâtre dans la pure tradition légendaire marocaine. Ce fut un festin inoubliable vu la valeur des locaux et des convives. C'est ainsi que prit fin la visite du Mausolée de Cheikh Ahmed Tidjani dans la saveur spirituelle, la senteur culinaire et la bonne humeur peut-on dire ! Au sein de la délégation c'était le sentiment d'un devoir bien accompli. Et dès le lendemain matin, on peut vaquer à ses occupations. La délégation visita ainsi les sources thermales de Moulaye Yacoub à une vingtaine de km de Fez avant de reprendre la route pour Casablanca. MARDI 20 MAI : L'escale au Mausolée Sidi Al Arabi As Saeh : Après trois heures de route marquée d'une seule escale pour les prières, c'était à la tombée de la nuit que les bus s'arrêtèrent. devant le Mausolée de SIDI BEL ARABI AS SAEH à Salé, dans la banlieue de Rabat. Ce saint bien connu au Maroc, n'était pas un compagnon de Sidi Ahmed Tidjani. Il était tout aussi valeureux que lui et avait fini, au terme d'un rêve prémonitoire, de lui faire symboliquement allégeance avant même la naissance du fondateur de la Tidjaniya. Après une brève visite du tombeau qui était situé avant l'entrée de la Mosquée, le Shérif Moulaye Attaher, le maître des lieux, très âgé, reçut la délégation nigérienne. Il se dit très fier de la visite et fit longuement les éloges du khalife Cheikh Moussa et de son action très bénéfique en faveur de la Tidjaniya au Niger. Le Shérif fit des prières et des invocations avant de libérer la délégation. MERCREDI 21 MAI : Visite à la Mosquée Hassan II À l'arrivée de la délégation nigérienne sur les lieux, c'était un petit peu le branle-bas général chez les gardiens et autres photographes-chasseurs d’images. Quant aux touristes européens qui ne Cessaient de débarquer sur les lieux et qui tiraient sur tout ce qui bougeait, ils profitèrent de l'aubaine que représentait notre présence, pour faire de belles images de souvenir. En effet, "ce n'est pas tous les jours qu'un tel nombre de dignitaires religieux qui, plus est, africains, se voit ici" nous confie un gardien. Pour notre part, on était resté ébahi devant le gigantisme phénoménal du monument. Des guides nous ont restitué toute l'historique de la Mosquée avant de nous faire visiter les différentes merveilles qu'elle contenait. "Érigée en partie sur l'eau, la Mosquée Hassan II est l'une des plus belles édifications initiées par feu Sa Majesté le Roi Hassan II en se référant au verset du Coran qui dit '...le trône de Dieu était sur l'eau'. Chef-d'œuvre de l'architecture arabo-musulmane, la Mosquée Hassan II est l'une des prouesses du vingtième siècle. Elle est unique à travers le monde de par ses dimensions et son architecture" peut-on lire sur un dépliant. Cette Mosquée, le moins qu'on puisse... dire, fait la fierté de tout musulman digne de ce nom. À sa construction, les Marocains de toutes les couches sociales ont cotisé paraît-il, ce qui restitue davantage tout son côté symbolique ! C'était vraiment l'endroit idéal pour filmer tous ces dignitaires tidjanés présents sur le site, les uns et les autres en profitèrent largement pour faire des photos uniques en leur genre grâce à un bon ensoleillement et à la présence de photographes professionnels installés sur le site. Dans l'après-midi, la délégation profita pour faire des achats et visiter, pour ceux qui le désiraient, le Mausolée de Moulaye Youssef, le grand-père de Hassan II, un shérif. MERCREDI 22 MAI : Prière de vendredi à la Mosquée Hassan II et départ pour l'Aéroport Comme la veille, notre retour sur l'esplanade de cette Mosquée géante ne pouvait passer inaperçu. Surtout en ce jour de vendredi où les lieux craquaient de monde. Les sempiternels paparazzis et la télévision nationale qui était là comme d'habitude le vendredi, filma abondamment. La délégation. Regroupés autour du Khalife, les Nigériens prirent place au milieu de la Mosquée juste au moment où l'imam montait sur la chaire pour donner le sermon. Le thème du jour portait surtout sur la tolérance en islam, une nécessité, avait rappelé l'Imam, pour le parachèvement de la foi chez le croyant. Il plaida par la suite, hadiths et versets du Coran à l'appui, sur la nécessité pour la société marocaine en particulier et les sociétés musulmanes en général, d'un retour aux valeurs islamiques fondamentales, celles de tolérance et du respect mutuel, notamment le respect dû aux personnes âgées. Cette valeur aujourd'hui menacée, devrait être replacée, disait-il, au centre du système éducatif à tous les niveaux dans nos pays. Une fois la prière terminée, alors que les gardiens paraissaient pressés de refermer les portails géants de la Mosquée, la délégation resta sur place pour une ultime prière, celle devant clore la Ziyara. Très touchés, beaucoup de Casablancais en profitèrent pour prier à nos côtés. D'autres se sont précipités devant le Khalife Moussa pour recueillir prières et bénédiction. C'était sur ce beau tableau que prit fin le séjour marocain d'une semaine du Khalife de la Tidjaniya du Niger, Cheikh Moussa Aboubacar et de sa délégation. Un véritable succès dans l'utile et l'agréable. Cette visite qui s'était déroulée sans le moindre contact officiel, intéressa les plus hautes autorités marocaines dont le Roi Mohamed VI qui exprima son intérêt et même son regret, d'après certaines sources, de n'avoir pas rencontré un représentant de la délégation nigérienne. Normal, c'était qu'une visite spirituelle, après tout. Barham Cheikh A Al Maoulid Mag N° 10 de Juillet 2009 Le sens et l'encens d'une Zivara à Fez La visite des tidjanes du Niger à Fez en avril dernier, sous la direction du khalife Cheikh Moussa de Kiota, reste incontestablement un événement historique majeur et un tournant dans la vie de cette communauté. Au-delà de la réussite de cette visite, les enseignements à en tirer sont nombreux. D'abord en décidant de cette Ziyara de manière si spontanée et en la menant sans la moindre difficulté, et avec l'adhésion et la présence physique de tous les dignitaires tidjanes de ce pays et d’autres venus des pays voisins, le khalife de Kiota confirme, si besoin est, son incontestable leadership. Quant à la communauté tidjaniya, elle venait ainsi de faire la preuve de son unité jamais démentie, une unité qui s’affirme plus que jamais autour des objectifs communs et autour d'un leader charismatique. Si le Khalife de Kiota avait en personne pris cette mission en main, c’est parce que c’était plus une visite initiatique qu'une simple visite routinière pour beaucoup de jeunes leaders tidjanes qui l’accompagnaient. En effet ces dernières années, la classe dirigeante tidjane s’est fortement renouvelée suite à la disparition presque totale de la vieille garde. Et c'était donc une classe dirigeante tidjane, jeune, renouvelée à 80%, qui avait participé. L’extinction normale de l'ancienne classe dirigeante, loin d'être un malheur absolu, a favorisé plutôt une renaissance salutaire de la Tidjaniya qui se trouve désormais aux mains de jeunes formés à l'école moderne. N’en déplaise aux soi-disant réformistes musulmans qui jubilent si cyniquement à la mort de chaque grand Cheikh croyant naïvement à la fin d'une frange aussi importante de l'islam qu’est la Tidjaniya. Autres enseignements de ce voyage, l'apprentissage indispensable de l’humilité dont le disciple tidjane doit faire preuve en toute circonstance. Dès Niamey, pour montrer la voie, le Khalife Moussa s’était défait de son petit turban ne gardant que le bonnet, par humilité et respect envers la mémoire de Seïdina Ahmed Tidjani. Et tous les autres leaders avaient dû faire autant. Quant à la visite proprement dite du Mausolée, elle avait commencé par un prêche et deux prières (Maghreb et Isha) à leurs heures respectives, suivies de la Wazifa et d’une autre séance de chant d'Alburdat avant de se terminer sur la tombe de Cheikh Ahmed Tidjane. Comme quoi la visite en tant que telle de la tombe de Cheikh Tidjane ne figurait pas, contrairement à l’imagination fertile de certains, au premier plan de cette Ziyara. Au contraire, c'était par le contact physique, si l’on peut dire, avec le tombeau que la visite prit fin. Et d’ailleurs, à l’intérieur de ce Mausolée très décoré, tout ce qui avait été lu par la délégation était une prière sur le prophète Mohamed (psl) que Cheikh Tidjani avait lui-même formulée. Au-delà de l'hospitalité et de l'accueil plus que chaleureux des Marocains, un autre enseignement de cette visite resté vif dans les mémoires est la volonté des Marocains de s'approprier de manière définitive la Tidjaniya comme un patrimoine spirituel national irremplaçable. COMMENT VISITER LE TOMBEAU DE SEÏDINA AHMED TIDJANI... Cette formule bien connue est Tire du livre Kachf el Hiajab de l'Imam Soukeirej La visite ou Ziyara comprend au moins quatre étapes : 1) Se mettre face au tombeau et réciter : "Attahiyaatu lillehi wa zakiyaatu lillahi wa tayibaatu salwaatu lillahi, Assalamou Aleika Ayyouha nabi wa rahamatoullah" à lire 7 fois. Puis à la 8ème fois, la réciter entièrement jusqu’à "...wa barkatouhou Assalamou Alaïna wa ala ibaadullahi saalihin, Ach'hadou an laa illaha ilia llah wahda-hou la charika lahou wa ach'hadou anna Mouhammadan abdouhou wa rassou-louhou." 2) Puis dire : "Assalamou alaïka ya khalifatou-llah, Assalamou alaïka ya khalifatou rassouloul-lah, Assalam alaïka ya ayyouhal qoutboul makhtoum, Assalam alaïka ya Seïdina wa Cheikhina wa Maoulana Ahmed Tidjani." Traduction : "Que le salut soit sur toi Ô! Khalife d'Allah, que le salut soit sur toi Ô! Khalife du Messager d'Allah, que le salut soit sur toi Ô! Pôle caché, que le salut soit sur toi Ô! notre excellence, notre Cheikh et notre maître Ahmed Tidjani." 3) Réciter 4 fois la Fàtiha el Kitab et réciter 11 fois la Salat al fatihi (ou plus selon la capacité de chacun) en offrant la récompense à Seïdina Cheikh Ahmed Tidjani. 4) Dire enfin : "Allahoumma bi haqqi ibadika allazina iza nazarta ileihim sakana ghadabouka wa bi haqqil haffina min hawlil 'arch, wa bi haqqi Seïdina Mouhammaadin wa bi haqqi Seïdina wa Chaïkhina wa mawlana Ahmad Tidjani if'al li...(puis nommer ce qu'on désire)" Traduction : Ô ! Seigneur par le droit de tes esclaves qui lorsque Tu les regardes, Ta colère s’estompe, et par le droit de ceux qui entourent le Trône et par le droit de notre excellence Mohammed et par le droit de notre excellence, notre Cheikh et maître Ahmed Tidjani, je te demande ...(nommer ce qu'on désire)" Traduction de la Zawiya Tidjaniya el Kobra d'Europe Al Maoulid Mag N° 10 de Juillet 2009 H. Ces salafistes qui se veulent plus modernes que Bill Gates Les salafistes sont un mouvement de souche Wahhabite, les izalistes aussi tout comme les yan Boko haram, les Tablighs et autres Talibans. Tout ce beau monde Issus du même tronc fondamentaliste, ils se nourrissent tous de la même sève. C'est la même veine islamiste réformiste et radicaliste. Tous prônent un retour aux valeurs d'antan y compris les plus moyenâgeuses, seule façon selon eux, de rester dans l’authenticité islamique. Ils partagent aussi et surtout le rêve chimérique de voir un jour la fin de l'existence du monde occidental en tant que civilisation, seul moyen selon eux de rétablir l’islam dans sa gloire et sa splendeur d'autrefois ! Et voilà que des voix se lèvent aujourd’hui, chez nous, au Niger, pour qualifier de tels individus de “modernes", voire même de plus modernes que le commun des croyants musulmans! C’est ce qu'avait tenté de faire avaler à son auditoire en ce début de ramadan, un conférencier, barbu de son état, lors d'une conférence. “La modernité, disait-il, peut être une arme pour atteindre facilement les objectifs du salafisme!" Ah! oui! quels sont donc ces objectifs avait-on envie de dire?! Bien malin qui le saura, car notre conferencier se garda d’en dire plus. Il révéla toutefois que Bill Gates, le célèbre magnat de l’informatique américain, n'est en fait qu'un “ouvrier" créé par Dieu au service des salafistes!! Si jamais un agent de la CIA rôdait par là, il se serait déjà lancé aux trousses de Bill Gates, n’est-ce pas? Voilà un thème bateau, un des registres favoris sur lesquels jouent ces barbus pour tenter de charmer la masse des croyants dans la lutte féroce qu’ils mènent, depuis un temps, pour le contrôle du pays. Soutenus par des fonds arabes occultes, que d'aucuns qualifient de FIS pour “Fonds Islamiques de Subversion” dont l'objectif inavoué est de constituer une large clientèle dans les PPTI (Pays Pauvres Très Islamisés) au profit de quelques riches Émirats pétroliers du Golfe, les mercenaires formés et armés, usent alors et abusent des qualificatifs venimeux envers les autres confessions et congrégations religieuses tout en se réservant les qualificatifs les plus doux et les plus heureux. Alors qu’en réalité ils sont à mille lieux de là. Ils se disent d'abord pompeusement “sunnites" avant de se faire appeler dans les villes “réformistes" ou “modernistes" puis enfin "salafistes". L'idée est de fuir leur véritable identité de Wahhabites qui leur colle désespérément aux basques. Les réserves émises par le Niger, traduites et commentées en langue arabe! Peut-on seulement être à la fois modernistes et salafistes? C’est en tout cas la contradiction flagrante, en noir et blanc, dans laquelle ils se débattent. Il ne suffit pas seulement d'utiliser les nouvelles technologies de l’information et de la communication pour s'attribuer l’étiquette d'homme moderne, car le salafisme et la modernité c'est comme le jour et la nuit. Être salafiste, pour un homme d'aujourd'hui, c'est pratiquement être un homme de la caverne (rappelez-vous de cette image d'un Ben Laden assis dans une de ces grottes de Tora Bora ou enfourchant une de ces montures médiévales...) Le salafisme par définition nous renvoie en arrière au fond des obscurités des temps. et des grottes... Il se traduit, dans sa forme la plus pure, par le rejet sans autres formes de procès de tout progrès! Les yan Boko Haram qui sont une des formes les plus parfaites du salafisme, ne revendiquent-ils pas d'ailleurs leur appartenance à la mouvance taliban? Dans le mouvement islamiste réformiste, il existe plusieurs courants et sensibilités différentes mais qui remontent tous vers une même source, celle des salafs. Afin de permettre à la grande majorité des musulmans toujours exclue des débats sur les questions intéressant la vie de la nation, le journal Al Maoulid, dans sa version arabe, met à la disposition des Oulémas une documentation traduite leur permettant d’accéder en toute objectivité aux contenus du texte du fameux “protocole” connu sous le nom de la CEDEF: Lisez et faites lire le Magazine Al Maoulid en version arabe. De même que les groupes de Tabligh préparent le terrain au wahhabisme pur et dur, celui-ci à son tour prépare bien le terrain au salafisme pur et dur. Et c'est le cerle vicieux. Le Wahhabisme n'est désormais qu'un nom générique, il s'est trouvé, depuis longtemps, un nom d'emprunt sous tous les cieux. Bachir Ousman dit Giles Al Maoulid Mag N°10 du de Juillet 2009 Religion = 14 À propos du tissu blanc de la Wazifa... Le tapis Bid’a! À Fez, la wazifa est lue sans heure. C'est-à-dire à chaque fois qu'il y a un groupe de visiteurs, elle est lue et toujours avec la fameuse toile blanche. Ici le tissu n'a pas été taillé dans une forme carrée ou rectangulaire, il est longitudinal et couvre toute la longueur des deux premières rangées de la Mosquée. Cette toile blanche que l'on trouve, sous une forme ou une autre, partout où la wazifa est lue dans le monde, avait fait couler tant d'encre du fait que des professionnels du mensonge en islam ne voulaient y voir qu'un objet de "Chirk". À quand remonte donc l'usage de ce tissu blanc chez les tidjanes ? À quoi est dû cet usage ? Avant que ne soit construite la Zawiya bénie de Fez, les séances de zikr se faisaient dans la demeure même du Cheikh Ahmed Tidjani et précisément dans un petit couloir qui devait aussi être traversé par les passants. C'est alors que, pour confirmer la piété des lieux où le nom de Dieu est évoqué, Cheikh Ahmed Tidjani fit installer un tissu blanc sur lequel il s'installa lui et ses compagnons le temps du zikr pour éviter ainsi d'être perturbés et pour que la pureté symbolique des lieux soit préservée. Par la suite, cet agissement fut conservé même lorsqu'il y eut la Zawiya bénie et c'était devenu un acte méritoire dans la récitation en groupe et ce n'est en aucun cas une condition de validité du zikr. (C'est-à-dire que son usage ou non n'a aucune conséquence sur la validité du zikr). La pose du tissu prend aussi le symbole d'honorer la présence des Anges en mettant ce qui permet d'avoir un surplus de pureté. Cette pratique honorifique était accomplie par le prophète et ses compagnons, en effet il est établi que le prophète a étendu son noble rida (tissu servant à couvrir le haut de la personne), pour honorer sa sœur de lait, Chaïma, lorsqu'elle vint le voir. De même le prophète a fait la même chose pour Dahiya El Kalbi lorsqu'il vint chercher l'islam. Il est établi aussi d'Abou Bakr Siddiq (premier Khalife de l'islam) qu'il étendait un tissu pour les Anges comme cela est rapporté par Ch'arani dans le livre AHOUD MOHAMMEDIYA. Il rapporte aussi dans Tanbiyh el Moughtarine qu'Ibrahim Adham a dit : "il nous a été rapporté qu'Othman bin Affan (le troisième Khalife), étendait son rida à la porte du lieu d'isolement (toilette) en disant : asseyez-vous ici jusqu'à ce que je revienne (en parlant aux Anges scribes)." Ainsi donc il n'y a aucune réprobation que ce soit au niveau de la logique ou au niveau de la Loi concernant le fait de poser un drap pour honorer la présence des êtres purs et honorables tels les Anges qui participent à ces cercles d'évocation comme cela a été rapporté par le célèbre Muslim, d'après Abou Horeira, que le prophète Mohamed (psl) avait dit : "Allah a des Anges itinérants de très grand mérite. Ils vivent à la recherche des cercles d'évocation de Dieu. Dès qu'ils trouvent une réunion où l'on évoque Dieu, ils s'associent avec eux... Tout cela montre que les critiques des "réformistes" islamistes ne sont d'aucun fondement. Est-ce vraiment l'innovation qui dérange tant certains qui critiquent une chose sans vraiment la connaître ou c'est la maladie du cœur qui les met dans cet état? L'imam Chafi'i a dit : "Tout rejet ou contestation d'une chose sans connaissance approfondie de celle-ci est une forme de Chirk." Les tapis de prières et autres moquettes seraient-ils du "chirka"? La question peut surprendre plus d’un. Pourtant des hadiths du bien-aimé prophète le disent! D'après Tabarani dans Mou'jam el Aoussat selon Houdheifa, le prophète avait dit : "Il n'y a pas un état où l'adorateur est le plus aimé de Dieu que celui où Il le voit, prosterné, la face contre terre." Et de même il blâma un serviteur qui répugnait de poser son front sur la terre, en effet Oum Salma a déclaré : Le prophète vit souffler pendant sa prosternation un serviteur à nous du nom d'Aflah, il lui dit : "Ô! Aflah que ton visage soit couvert de terre !", (Rapporté par Tirmidhi et Ibn Hibban). C'est pour cette raison que dans l'école juridique Chiite il est recommandé de se prosterner sur une matière d'origine naturelle telle que les cailloux, la paille, la pierre, le sable, etc. Donc ils seraient de leur droit, n'est-ce pas, de dire de nous (les gens de la Sounnah) que nous commettons de la Bid'a (innovation) en nous prosternant sur des tapis et des moquettes... Moralité : il faut essayer d'être moins critique envers les autres, car la Loi (Charia) a ses règles que chacun se doit de respecter pour ne pas juger et condamner selon des penchants maladifs. Car avant d'utiliser des mots tels que "innovation", "Bid'a", il faut en connaître le sens, les implications et les conséquences sous peine de tomber dans l’intolérance religieuse. Al Maoulid Mag N 10 de Juillet 2009 SOCIETE Souvenir de Fez Mémoire d’hommes, les disciples de la Tidjaniya du Niger n’ont jamais vu pareille ziyara! En effet, du 17 au 24 mai s’était déroulée la ziyara tidjaniya de Fez 2009 avec la participation d’une centaine de marabouts nigériens, et pas des moindres, dont le khalife de Kiota et beaucoup d’autres. Pour les adeptes tidjanes que nous sommes, il s’agissait avant tout d’une ziyara spirituelle alors que pour l’agence organisatrice, la Croix du Sud et son correspondant marocain, “Objectif Maroc”, la visite s’inscrivait aussi et surtout dans le cadre d'un circuit touristique normal avec pour objectif principal la visite de la ville de Fez et de ses nombreux sites historiques, puis les villes cosmopolites de Rabat et de Casablanca. Dès le lundi 18 mai, après une nuit et plus d’une demi-journée de voyage, le contact tant rêvé avec la ville sainte de Fez devint une réalité. Embarqués dans des bus et flanqués de guides dignes de touristes européens fortunés, nous découvrîmes la ville millénaire de Fez dans toute sa splendeur. A l’origine du mot Fez, il y a sa version originale en arabe "Faass" qui signifie une pioche. Le nom de la ville vient, dit-on, d'une pioche retrouvée sur place et le Roi Moulay Idriss décida de nommer ainsi sa ville. Autrefois, c’était une zone hautement stratégique car protégée par les collines alentour qui lui servent de remparts naturels. Fez est aussi gâtée par la nature avec la présence en abondance de l’eau de l’oued, mais aussi des célèbres sources thermales de Moulay Yacoub et de Sidi Harazem. La légende fessie parle d'une quarantaine de sources d'eau disséminées à travers toute la ville. Tout cela fit dire au Roi Moulay Idriss que le choix du site de Fez ne relevait pas d’un hasard. Ancienne capitale du royaume, de par le traité de colonisation de 1912 à 1956 avant que les Français transfèrent la capitale à Rabat, aujourd'hui, Fez est une grande ville très moderne. C'est un joyau qui a su merveilleusement conserver ses traditions dans la modernité. En témoignent ses vieux quartiers. bien entretenus comme la célèbre Médina ou le quartier royal ou encore celui de Melha (qui veut dire le sel en arabe marocain) lesquels côtoient harmonieusement les nouveaux quartiers chics. À l'origine, Melha fut un quartier des juifs lesquels y vendaient autrefois du sel, d'où son nom. Il faut rappeler que Fez, comme le reste du Royaume, abrite toujours une importante communauté juive qui vivait depuis des millénaires aux côtés des autres Marocains musulmans comme des citoyens à part entière. Aujourd'hui, du fait de la promiscuité qui gangrène la Médina et le vieux quartier Melha, les juifs ont, en grande partie, quitté les lieux au profit de quartiers plus modernes. Preuve que Fez, à l’image de tout le Maroc d'ailleurs, reste une ville de paix et de tolérance. Fez, pour nous autres visiteurs, c'est aussi ces remparts géants bâtis par les Al Mouahad il y a de cela 1200 ans. Ces murailles emblématiques qui sont ornées de treize portes colossales taillées selon l'architecture islamique. Les remparts sont les signes d'une citée imprenable, d'une ville impériale témoin d'un passé faste et glorieux. Ces remparts géants aujourd’hui en restauration semblent protéger de nos jours encore un riche patrimoine de l’histoire de l’humanité. Fez est une ville grouillante à l'économie florissante du fait de sa position de ville-carrefour et de sa proximité d'avec l'Europe. Sa population, surtout celle des vieux quartiers, vit du tourisme et de l'artisanat, toute chose qui rapporte énormément de devises à la ville. Autre quartier important de la ville, le quartier royal, autrement dit, le palais royal, le plus grand de tout le Maroc. Le Palais est implanté hors de la Médina sur 85 ha. Et pas moins de sept portails géants sont sculptés dans ses murs (le chiffre 7 n'est pas sans évoquer les 7 jours de la semaine mais aussi les 7 versets de la première sourate du saint coran). À la devanture de chaque portail du palais, se trouve un vieux quartier de cimetière! Preuve que les Alawites (c'est ainsi qu'on appelle la famille Régnante qui sont des Shourafa'a, c'est-à-dire des descendants du prophète Mohamed (psl), sont proches du peuple et font une place à la mort comme le recommande l'islam à tout croyant doté de foi. La ville de Fez est surplombée d’un vieux fort militaire vestige du règne des Saadiens, les maîtres de Marrakech. Les lieux qui sont devenus un véritable site d’observation de la ville sainte, sont occupés par les militaires. De là, on pouvait parfaitement apercevoir le Mausolée où repose le saint shérif Sidi Ahmed Tidjani dont le Mausolée côtoie la célèbre université des Qarawiyyine. Sidi Ahmed Tidjani (né en 1150H et mort en 1230 à l'âge de 80 ans), repose dans une Zawiya qui est assurément l’une des attractions de cette ville. Cheikh Tidjani est non seulement un descendant du prophète mais aussi un érudit et surtout un grand saint qui reçut son “izn” (permis) de la part du prophète Mohamed (psl). Son corps repose ici dans l’enceinte même de sa Mosquée où il avait enfoui de ses saintes mains un secret (un nom). caché d’Allah) accompagnée d’une prière destinée à protéger les lieux et ses adeptes. Cheikh Tidjani n'avait pas inventé la tidjaniya par hasard. À l'âge de sept ans, il mémorisa le saint coran et à 15 ans, il devint Mufti. Sidi Tidjani, comme l'appellent affectueusement les Marocains, embrassa plusieurs wirds différents avant de fonder le sien propre, le wird Tidjani, après une vingtaine d’années passée dans la retraite spirituelle. C'est ce digne fils d’Afrique, ce grand Waly, que les tidjanes du Niger avaient visité. Et au-delà de notre délégation, c'était le Niger tout entier qui s'était vu honoré lors de ce mémorable voyage! Al Maoulid Mag N° 10 de Juillet 2009 bibo:issue 11 bibo:numPages 16 --