o:id 10241 url https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/10241 o:resource_template Newspaper article o:resource_class bibo:Issue dcterms:title La Preuve #31 dcterms:subject https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/10 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/641 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/13 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/9 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/909 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/80 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/81 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/83 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/84 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/85 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/87 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/21 Fondamentalisme islamique https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/24 Islamisme https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/33 Terrorisme https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/63372 Extrémisme dcterms:publisher https://islam.zmo.de/s/westafrica/item-set/2205 dcterms:contributor https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/859 dcterms:date 2010-05 dcterms:identifier iwac-issue-0000018 dcterms:source https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/859 dcterms:language https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/8355 dcterms:rights In Copyright - Educational Use Permitted dcterms:spatial https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/408 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/407 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/332 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/443 bibo:content Les sept qui seront sous l'ombre d'Allah le jour de la résurrection P. 3 LEADERSHIP Pour un réveil de la jeunesse musulmane ! P.8 Le visage non islamiste du terrorisme P.9 Qui sont les musulmans modérés ? P.15 Système de santé au Burkina Faso : Où sont passés les musulmans ? P.7 RECENSEMENT ELECTORAL Une abstention qui en dit long Rien à dire ! Malgré une prolongation de deux semaines pour la révision exceptionnelle des listes électorales, les Burkinabè ont donné une fin de non-recevoir cinglante à la CENI qui les invitait à aller s'inscrire. Pourquoi une telle désaffection pour la chose politique, quand on sait qu’ailleurs, et pas très loin de nous, les inscriptions sur les listes électorales sont l’objet de toutes les convoitises et de toutes les querelles. Parce que qui veut aller loin ménage sa monture ; et il est surtout connu que sous les tropiques, les élections se gagnent dans la constitution du corps électoral. C’est en ce sens que l'attitude des partis politiques dans cette morosité générale est toute aussi curieuse. Si on s’aventure dans une analyse sur les causes de ce manque d'intérêt notoire des populations burkinabè pour les questions électorales, on pourrait sans risque de se tromper, affirmer que c’est en partie à cause de l’attitude globalement dégoûtante des hommes politiques. Ainsi, la corde de la confiance entre les citoyens et leurs dirigeants est rompue. Pouvait-il en être autrement quand on observe toutes ces tromperies, ces mauvais agissements en matière de gouvernance politique et économique, toute cette arrogance, cette insolence... de la part des hommes politiques ? A quoi sert d’aller voter une personne, quand on imagine que le lendemain, il ne respectera pas ses engagements, il vous narguera avec ses richesses mal acquises, en votre nom, et il conduira votre chère patrie vers la déchéance, vers plus de misère, vers moins de prospérité ? Pourrait se demander avec juste raison, n'importe quel citoyen. Cette attitude, en outre, se justifie par le fait que la démocratie n’a pas été suffisamment expliquée aux populations, surtout celles des zones rurales, afin qu'elles comprennent leurs rôles et qu'elles l’assument pleinement. C’est certainement à dessein car un tel flou artistique arrange bien les politiques dont les attitudes et les ambitions ne s’accommodent guère avec la transparence, l’équité et la justice qui sont le trépied d’une bonne élection. C’est enfin, sans que la liste ne soit exhaustive, parce que les partis politiques ne jouent pas pleinement leur rôle. En effet, ils attendent seulement les élections pour s’agiter et créer la polémique systématique et stérile, espérant ainsi obtenir le financement de l’Etat ou de tout autre avantage lié à ce folklore, qui serviront d’ailleurs à remplir les poches de leaders fauchés. Pourtant, en tant que principaux animateurs de la vie politique nationale, ils devraient être à l’avant-garde de la sensibilisation et de l'éducation des citoyens. Au lieu de rire de cette situation, nous Devons plutôt en pleurer, surtout quand on se souvient que même les populations instruites ne sont pas allées s’inscrire. C’est notre processus démocratique qui est en danger. Que vaut une élection quand c’est une infime partie du corps électoral qui est allée voter ? Quelle est, dans ce cas, la légitimité des personnes qui y seront élues ? Et quel est l’avenir d’une démocratie dont les citoyens ne mesurent plus suffisamment la portée, et qui n’ont plus confiance en ceux qui les gouvernent ou qui aspirent à les gouverner ? Personne n'a donc intérêt à prendre à la légère ce signal des citoyens qui dure depuis le renouveau démocratique en 1991. La Rédaction La Preuve Récépissé de déclaration N° ACA-G1/OUA/PF du 27 juillet 2007 ISSN 0796-4424 Tel. 50 37 94 30 Cell. 70 75 48 85 Email: preuve2007@yahoo.fr Directeur de Publication: Mikulou Kéré Secrétaire de rédaction: Saka GNESSE Responsable commercial: Moussa DOUGMA Mise en page et impression: Altesse Burkina 50 36 73 11 Nombre de tirage: 2000 exemplaires La Preuve 31 Mai 2010 Religion de vérité Les sept qui seront sous l'ombre d'Allah le jour de la résurrection Par Cheick Albayan Dans un de ses célèbres hadiths, le Prophète (SAW) parle des actes d'adoration qui, bien qu’ils soient modestes, méritent une récompense énorme ; celle de mériter l’honneur de se retrouver à l’ombre d'Allah le jour où il n'y aura aucune ombre sauf la sienne. Cela peut paraître comme une mince récompense à première vue, mais considérez un instant le hadith suivant : « Au jour de la Résurrection, le soleil se rapprochera tellement des gens qu'il ne sera plus qu'à une distance d'un mille (quelques mètres). Les gens seront submergés dans leur propre sueur selon les actions qu’ils auront accomplies de leur vivant; certains jusqu'aux chevilles, certains jusqu'aux genoux, d'autres jusqu'à la taille et d'autres encore en auront jusqu'au menton » (Et en disant cela, le Prophète fit un geste de la main devant sa bouche.) (Rapporté par al Miqdaad ibn Aswad et recueilli dans Sahih). On comprend donc qu'en ce jour, rien ne sera plus souhaitable que de se retrouver sous l'ombre d'Allah, à l'abri du soleil. Quelles sont ces personnes qui bénéficieront de ce privilège ? Le Prophète (SAW) dit : « Il y a sept catégories de personnes qu'Allah accueillera sous Son ombre au jour où il n'y aura aucune ombre sauf la sienne : un dirigeant juste; un jeune qui a grandi dans l'adoration d'Allah, le Puissant et Majestueux; un homme dont le cœur est attaché aux mosquées; deux personnes qui s'aiment pour Allah, qui se rencontrent pour cette raison et se quittent sur le même sentiment; un homme qu'une femme de grande beauté et de statut social important appelle à elle et qui refuse en disant : "Je crains Allah"; une personne qui donne en charité si discrètement que sa main gauche ignore ce qu'a donné sa main droite; et une personne qui, dans la solitude, pense à Allah et se met à pleurer doucement.» (Rapporté par Abou Hourayrah et recueilli dans Sahih al-Boukhari et dans Sahih Mouslim) Étudions Maintenant les vertus et traits caractéristiques des personnes faisant partie de ces sept catégories qui mériteront une telle récompense au jour du Rassemblement. 1. Un dirigeant juste Dans ce monde, le dirigeant juste, quel que soit le domaine de l’exercice de son pouvoir (politique, religieux, social, familial...), est un oiseau rare, tant notre monde est corrompu. Le fondement de la plupart des pouvoirs est le faux, le mensonge, l'injustice et l’hypocrisie. C’est en cela qu’il faut comprendre pourquoi le dirigeant juste est cité parmi les honorés de Dieu le jour du jugement. Parce que dans un monde pareil, il est difficile d'être un dirigeant juste. En islam, le concept de justice est très important ; les musulmans, qu'ils dirigent ou qu’ils soient dirigés, doivent appliquer la justice en toutes circonstances, sans exception. La justice signifie reconnaître et donner à chacun les droits qui lui reviennent, qu'il soit musulman ou non, qu'il soit un parent ou un étranger, un ami ou un ennemi. Allah dit dans le Coran : « ô les croyants ! Soyez stricts (dans vos devoirs) envers Allah et (soyez) des témoins équitables. Et que la haine pour un peuple ne vous incite pas à être injuste. Pratiquez l'équité : cela est plus proche de la piété. Et craignez Allah. Car Allah est certes Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites. » (Coran, 5:8). Malheureusement, même si nous le reconnaissons en théorie, nous l'oublions rapidement dans la réalité. Souvent, lorsque nous parlons de nos amis ou de nos parents, nous les louons exagérément, mais lorsque nous parlons de ceux avec qui nous ne nous entendons pas, nous ne trouvons rien de bon à dire à leur sujet et nous nous concentrons sur leurs défauts. Cela est bien loin de la justice qu'Allah aime et qu'Il rétribue, tel que mentionné dans le hadith suivant : « Ceux qui auront appliqué la justice seront sur des trônes de lumière près de la main droite d'Allah - et les mains d'Allah sont toutes des mains divines - ceux qui étaient justes dans leurs sentences, envers leurs familles et... » envers tous ceux sur qui ils avaient autorité. Lorsque le prophète (SAW) affecta Abdoullah ibn Mas'oud aux terrains de Médine situés entre les habitations et les palmeraies des Ansar, Banou abd ibn Zouhrah dit : «Éloigne de nous le fils de Oumm Abd (Ibn Mas'oud)». Le Prophète répondit : «Pourquoi Allah m'a-t-il donc envoyé? Allah ne bénit pas un peuple qui ne donne pas ses droits à un homme, faible.» (Tirmidhi) Le concept de justice est encore plus important pour le dirigeant puisqu'il est responsable de son peuple et qu'il est le principal acteur de la justice dans son pays qu’il doit pratiquer et faire appliquer. Pour cette raison, le dirigeant qui sait se montrer juste fera partie des sept catégories de personnes qui auront l'honneur d’être abritées à l'ombre d'Allah. 2. Un jeune qui a grandi dans l'adoration d’Allah... La jeunesse, voilà la phase de la vie où l'Homme commence à goûter à la saveur de la vie. C’est la période à laquelle il est le plus Vulnérable aux tentations de la vie éphémère et le plus susceptible de s'égarer du droit chemin. La religion est mise au second plan. Cela est évident lorsque l'on regarde la société qui nous entoure et que l'on constate que la plupart des choses comme la musique, les jeux, les boîtes de nuit, le sexe, le sport, le cinéma, l’imitation des stars, sont les vraies préoccupations des jeunes. «On n'a qu'une seule jeunesse, il faut en profiter pour faire sa vie», entend-on souvent répéter par les jeunes. C'est pourquoi tant de jeunes musulmans, de nos jours, s'imaginent qu’ils commenceront à prier, à fréquenter les mosquées, à s'habiller de façon islamique, bref, à adorer Dieu lorsqu'ils seront vieux. Comme si Dieu leur avait garanti qu'ils allaient atteindre l’âge de la vieillesse! Alors, les jeunes qui s'intéressent à la religion, surtout à l’islam, sont très peu. Donc, qu’un jeune grandisse dans l’adoration de Dieu est une exception dans notre société et une guidance de Dieu. C’est pourquoi il méritera d’être Parmi les convives de Dieu sous son ombre le jour où il n'y aura d’ombre que la sienne. Qu'un jeune vive dans l'adoration d'Allah et fréquente des gens vertueux est une grande bénédiction d'Allah. Les parents doivent accompagner leurs enfants en cela par leur éducation religieuse. Dans une société où on ne laisse aucune place pour Dieu et que tout est fait contre Dieu, seul l’effort des parents, des autorités religieuses et des associations islamiques pourront garantir la pratique religieuse aux jeunes. Cela va de l'intérêt de l’islam car une société qui espère un avenir radieux doit former sa jeunesse. On a qu’à mettre en pratique le conseil du Prophète (SAW) lorsqu'il a dit : « Profitez de cinq choses avant cinq autres ; de votre jeunesse avant votre vieillesse, de votre santé avant que ne vienne la maladie, de vos richesses avant que ne vienne la pauvreté, de votre temps libre avant que vous ne soyez trop occupés, et de votre vie avant votre mort. » (Rapporté par Ibn Abbas et recueilli dans al-Hakim et 3. Un homme dont le cœur est attaché à la mosquée La mosquée est une institution qui occupe une place importante en islam. Elle est à la fois un lieu de culte, de formation et de toutes les stratégies entrant dans la vie de la communauté musulmane. Dans ce sens, elle doit être le lieu de fréquentation privilégié du musulman. Cinq fois par jour au moins, il doit aller à la mosquée pour prier. Car la prière à la mosquée est vingt-cinq ou vingt-sept fois plus méritoire que celle accomplie seul dans un autre lieu. En outre, les prêches y sont organisés, des cours religieux et c'est aussi un lieu de rencontre et de fraternisation des fidèles. Voici plusieurs raisons qui doivent motiver la fréquentation de la mosquée par les musulmans. Cela donne non seulement aux gens qui s'y rendent la possibilité d'être abrités à l’ombre d'Allah au jour du Jugement, mais aussi un hadith rapporte que « chaque pas qu'il fait en direction de la mosquée l'élève d'un rang et lui efface un péché. Puis, lorsqu'il prie, les anges ne cessent de prier pour lui tant et aussi longtemps qu'il ne quitte pas sa place. Les anges disent : «Ô Allah, envoie-lui Tes bénédictions; ô Allah, sois miséricordieux envers lui...» (Rapporté par Abou Hourayrah et recueilli par al-Boukhari) Il faut souligner, ici, que tous les hadiths encourageant les hommes à fréquenter assidûment les mosquées ne doivent pas nous faire croire que l'islam est une religion confinée aux mosquées, comme plusieurs l'imaginent. Néanmoins, la mosquée doit demeurer au cœur de la communauté musulmane et le rôle joué par les responsables de la mosquée est essentiel, car ce sont eux qui doivent faire de ce lieu un refuge accueillant pour les musulmans plutôt qu'un lieu de luttes pour l’imamat et de conflits intestins pour des intérêts partisans comme c'est trop souvent le cas de nos jours. 4. Deux personnes qui s'aiment pour Allah, qui se rencontrent pour cette raison et se quittent sur le même sentiment. D’ordinaire, l’amour qu'on éprouve pour quelqu'un est très souvent motivé par d’autres raisons que la religion. S'aimer mutuellement pour Allah est une des meilleures choses qui mènent au succès dans l'au-delà. S'aimer mutuellement pour Allah signifie que le musulman aime son frère musulman seulement et uniquement parce que ce dernier suit la bonne voie et la bonne religion. L'apparence de la personne, les vêtements qu'elle porte, sa fortune ou sa pauvreté, ses origines et la couleur de sa peau importent peu; peut-être même que vous détestez plusieurs choses chez cette personne, mais vous l’aimez tout de même pour sa foi et parce qu'elle suit la religion de vérité, et c'est justement cela, aimer pour Allah. Dieu dit : «Ceux qui s'aiment pour Ma gloire seront illuminés et seront enviés des prophètes et martyrs.» (at-Tirmidhi et Ahmad) Imaginez; être envié par les messagers élus d'Allah et par ceux qui sont morts dans Sa voie! Telle est la récompense de ceux qui s'aiment pour Allah. C’est pourquoi ils mériteront d’être sous l'ombre de Dieu le jour dernier. Si ce genre de fraternité a été vécu au temps du prophète (SAW) notamment à Médine entre les Ansars et les Mouhadjirines, elle reste un vain mot. La Preuve n° 31 - Mai 2010. Religion de vérité chez les musulmans contemporains chez lesquels le comportement est dominé par le racisme, l'ethnicisme, l'égoïsme, l'individualisme... Si nous voulons mériter la grâce de Dieu et être sous son ombre, il nous faut revenir à la sunna du prophète, lui qui a dit que le musulman et son frère musulman forment un seul corps de sorte que quand une partie du corps souffre, le corps entier en pâtit. 5. Un homme qu'une femme de grande beauté et de statut social important appelle à elle et qui refuse en disant : « Je crains Allah ». Ce monde est plein de tentations qui peuvent nous mener au feu de l'Enfer et parmi elles, l'attirance pour les femmes. Le sexe est devenu le sport quotidien des gens de sorte que même des dirigeants de haut rang n’hésitent pas à se comporter moins que des animaux. Combien d'hommes ont mené leur âme à la destruction pour une femme? Les femmes s'habillent tout en restant nues, dans des vêtements dits sexy pour attirer les hommes. De sorte que même les femmes laides font succomber les hommes. C'est la raison pour laquelle le Prophète (SAW) a mis en garde les hommes de sa oummah lorsqu'il a dit : "Le monde est beau et vert et Allah va vous établir comme successeurs sur cette terre afin de voir comment vous allez vous y comporter. Alors évitez la séduction des femmes; en vérité, la première épreuve des enfants d'Israël avait trait aux femmes." (Sahih Mouslim) La seule chose qui puisse vraiment nous protéger contre le fait de succomber à cette tentation (et à toutes les autres tentations de ce monde) est la crainte d'Allah. C'est d'ailleurs écrit clairement dans le Coran : «Quant à celui qui aura craint de comparaître devant son Seigneur et qui aura préservé son âme de ses (mauvaises) passions, il aura le Jardin pour refuge.» (Coran 79:40-41). Alors Dieu récompensera celui qui réussira à surmonter ses tentations pour le visage de Dieu en l’accueillant. sous son ombre. 6. Une personne qui donne en charité si discrètement que sa main gauche ignore ce qu'a donné sa main droite... C'est là la description d'une personne qui fait tout son possible pour se protéger de l’ostentation. Ar-riyaa signifie, accomplir des actions dans l'intention d'être glorifié et reconnu par les gens. Ce péché détruit tout ce qu'une personne aurait pu retirer de ses bonnes actions en plus de lui mériter un châtiment que seul Allah connaît. L’ostentation est dangereuse parce qu'il est dans la nature de l'homme d'aimer recevoir des éloges. Il faut donc faire très attention à ce que son intention soit pure dès le départ et qu'elle ne se transforme pas au moment d'accomplir l'action. De nos jours, dans certaines mosquées, on voit parfois des tableaux où sont inscrits les noms de ceux qui ont fait des dons, dans d’autres, le nom de ceux qui font est communiqué par les haut-parleurs. Certains fidèles n'hésitent pas à aligner les nécessiteux devant leur porte et sous les projecteurs des caméras. pour distribuer leur zakat. Tous les petits dons à l’endroit des pauvres sont diffusés. Pourtant, Allah nous met en garde : «O vous qui croyez! Ne rendez pas vaines vos aumônes en les faisant suivre d'un rappel ou d'un tort, comme celui qui ne dépense ses biens que pour être vu des autres et qui ne croit point en Dieu et au Jour dernier.» (Coran 2:264) Qu'Allah nous préserve de cela. Alors celui qui donnera au pauvre son droit en préservant sa dignité aura les félicitations de Dieu qui l’admettra sous son ombre. 7. Une personne qui, dans la solitude, pense à Allah et se met à pleurer doucement. La méditation est un exercice spirituel très important pour l'ascension spirituelle du croyant. C'était un exercice favori des prophètes avec à leur tête Mohammed (SAW) qui s'adonnait à cette pratique avant même sa mission prophétique. Cette méditation doit porter sur les signes de Dieu dans les cieux, la terre, les mers, les montagnes, les étoiles, les versets. A ce propos, Dieu dit : «Le moment n'est-il pas venu pour Ceux qui ont cru, que leurs cœurs s'humilient à l'évocation d'Allah et devant ce qui est descendu de la vérité [le Coran] ? Et de ne point être pareils à ceux qui ont reçu le Livre avant eux. Ceux-ci trouvèrent le temps assez long et leurs cœurs s'endurcirent, et beaucoup d'entre eux sont pervers» C57V16. Si cet exercice est fait avec concentration, il aboutit aux pleurs. Le Prophète (SAW) a dit : «Si vous saviez ce que je sais, vous ririez peu et pleureriez beaucoup» (Rapporté par Abou Hourayrah et Anas et recueilli dans Sahih al Boukhari). Il ne faut pas croire que pleurer soit un acte efféminé. Le Prophète, qui était le meilleur homme de la création, pleurait, tout comme ses compagnons. Les larmes sont l’expression sincère de la crainte, du respect profond et de l'amour que l'on ressent envers Allah. Mais à quelle fréquence nous arrive-t-il de penser à Allah, dans la solitude, et d'en être émus aux larmes? À quel point rions-nous et à quel point nos larmes sont-elles rares? Le Prophète a dit : «Rien n'est plus cher à Allah que deux gouttes et deux traces : une larme versée par crainte de Lui et une goutte de sang versée pour Sa cause. Et une cicatrice récoltée dans la lutte pour Sa cause, de même qu'une trace laissée par l'accomplissement d'un des devoirs qu'Il nous a rendus obligatoires.» (at-Tirmidhi et al-Mishkaat) Une personne qui, dans la solitude, pense à Allah et se met à pleurer doucement sera sous l'ombre de Dieu. En définitive, ce magnifique hadith nous indique clairement les moyens qui sont à notre portée pour obtenir la satisfaction d'Allah. Alors chers frères et chères sœurs en islam, déployez tous les efforts possibles pour faire partie d'au moins l'une de ces catégories, car heureux seront ceux qui profiteront de l'ombre d'Allah au Jour où il n'y aura aucune autre ombre que la Sienne. Et cela est en soi un indice clair du succès au paradis. Car il ne plaira pas à Dieu de châtier celui qu'il aura hébergé sous son ombre. La Preuve n° 31 - Mai 2010 Preuve évidente Le vrai visage de satan ... Par Cheick Albuyan Dieu dit dans le Coran : « ô hommes ! La promesse d'Allah est vérité. Ne laissez pas la vie présente vous tromper, et que le grand trompeur (Satan) ne vous trompe pas à propos d'Allah. Le Diable (Satan) est pour vous un ennemi. Prenez-le donc pour un ennemi. Il ne fait qu'appeler ses partisans pour qu'ils soient des gens de la Fournaise (l’enfer) ». C35V6-7 Après notre lettre adressée à notre ennemi numéro un Satan, il a réagi en nous accordant une interview. Dans cet entretien, Iblis (Satan) dévoile sa personnalité, sa mission, ses stratégies mais aussi les moyens qu’il faut mettre en œuvre pour échapper à ses stratagèmes. Voici une occasion de plus pour nous de découvrir le vrai visage de Satan et d’éviter d’être pris dans ses pièges. P : Comment t'appelles-tu ? Satan (S) : Je m'appelle Iblis. P : Comment as-tu été créé ? S : Mon Seigneur m'a créé du feu (flamme). P : Où habitais-tu ? S : J’habitais au paradis mais j'y ai été chassé par Dieu. P : Pourquoi ? S : Car ALLAH m’avait demandé de me prosterner devant Un homme fait d’argile et de terre prénommé Adam alors que moi j'ai été créé de feu, et j'ai refusé car le feu est supérieur à l’argile. Que faisais-tu au Paradis? Je faisais beaucoup de zikr d'ALLAH de sidjdahs... et j'étais beaucoup respecté parmi les anges mais j'avoue que je n’avais pas l'amour d'ALLAH dans mon cœur par rapport aux anges ; voilà pourquoi je n'ai pas obéi à ALLAH et j'ai été chassé du Paradis. Que deviens-tu maintenant? J'avais demandé à Allah un délai afin que je puisse détourner ces hommes que je hais, pour qu'ils m'accompagnent dans l'enfer mais ALLAH m'a annoncé que seuls ceux qui ont l’amour d'ALLAH dans leur cœur, L'obéissent et suivent la Sounnah de Raçoulloullah (SAWS) ne seront pas détournés ! Donc je piège les humains avec mes objets favoris qui sont les péchés comme la médisance, le mensonge, la calomnie, l'adultère, la prostitution, l'alcool, la rébellion à la loi divine, la négligence de la prière, l'amour des biens mondains, etc... Comment te nourris-tu ? Je me nourris comme les hommes mais je ne peux pas manger lorsque quelqu'un prononce le nom d'ALLAH et dit bismillah. D'ailleurs, je ne peux entrer dans les demeures où sont lus le coran, où l'on parle tout le temps d'Allah, où l'on fait sa prière constamment, où l'on lit les dons avant d'entrer et de sortir de la maison, et où l'on prononce as salam'ou alaikoum en entrant et en sortant! Où te trouves-tu généralement ? Dans les endroits impurs comme les toilettes, dans les lieux sombres, dans les lieux comme les piscines, les clubs, les plages, les bazars, les marchés bref les endroits où il y a foule, aussi dans les boîtes de nuit, les concerts bref où règne la musique ; je suis le compagnon permanent des insouciants qui ont oublié Dieu, ceux qui suivent leur passion.... Es-tu tout seul ? Non je suis avec des djinns maléfiques, des shaitans comme moi et dans le lieu le plus sombre dans la nuit la plus sombre on se réunit pour faire l'inventaire de nos actes. Et j'offre une récompense spéciale pour les diables qui ont Causé des problèmes entre les époux, des ruptures familiales, qui ont poussé un musulman vers les péchés comme cesser d'aller à la mosquée, ou à désobéir aux parents, ou négliger la prière, etc. Qui sont tes ennemis ? Je déteste les personnes pieuses, ensuite ceux qui pratiquent régulièrement leur prière, les savants, ceux qui cherchent le savoir religieux, qui obéissent à ALLAH en évitant les péchés, qui lisent le Coran et qui suivent les pratiques de l'Envoyé d'ALLAH (SAW). Ces personnes sont mes ennemis car je ne peux pas les approcher ; ils ont l'aide et la protection d'ALLAH et je ne peux rien faire face à la puissance d'ALLAH. Qui peut tomber dans tes pièges ? Ceux qui commencent à négliger leur prière ou tout autre acte d'obéissance à ALLAH ! Ceux-là, je leur fais des fausses promesses en disant qu'ALLAH les pardonnera quel que soit le péché, et qu'ils pourraient le faire continuellement. Certes, ALLAH est Pardonneur et Très Miséricordieux. J'abuse les hommes pour les tromper mais ils ne savent pas. que c'est ALLAH seul qui décide de pardonner quelqu'un ou de ne pas le faire mais je les trompe, que ce n'est pas grave que c'est sûr qu'ils seront pardonnés, alors que leur sort dépend réellement d'ALLAH. Ainsi, ceux qui me croient et tombent dans le péché, ne savent pas comment je me réjouis car en réalité ils deviennent un habitant de plus à m'accompagner en enfer et je serai gagnant face aux humains que je déteste!!!!!! Comment peut-on se protéger de toi ? Suite page 7... La Preuve n° 31 - Mai 2010 À partir du 3 juin prochain, le BEPC donnera le top départ des examens scolaires dans notre pays. Après, suivront les concours de la fonction publique, dont les dates n'ont pas encore été communiquées. Depuis quelques années, les examens et concours riment avec fraudes, malgré les efforts qui semblent déployés par les autorités. Ce qui est certain, la bataille est loin d’être gagnée, et chacun pour ce qui le concerne, doit redoubler d’effort. On ne cessera jamais de le dire, la persistance des fraudes, Malgré les moyens de dissuasion mis en place, est à l’aune de la déliquescence morale de notre société. Pourquoi autant de ténacité et d’abnégation dans le mal ? Si on n’y prend garde, ce phénomène grandissant qui tend à se généraliser va finir par produire une génération de tricheurs, de paresseux aimant la courte échelle. Il n’y a pas d’avenir pour un État avec ces personnes, elles-mêmes qui n’ont pas d’avenir. C’est pourquoi, les pouvoirs publics doivent autant trouver les mécanismes adéquats que les personnes à même de les porter, pour que cette gangrène ne finisse par atteindre ceux qui ont encore un grain de morale et d’éthique et qui ont fait le vœu de résister à cette forte tentation. Mais ils doivent aller plus loin en dénonçant ceux qui trichent autour d’eux et qui les empêchent de réussir. C’est à ce deuxième niveau de foi qu’il faut passer pour mettre fin à cette injustice. Car le pire n’est pas la méchanceté des gens mauvais mais le silence des gens bien. SAGESSE DU MOIS Paysan avec 3 de ses ânes se rendait au marché pour vendre sa récolte. La ville était loin et il lui faudrait plusieurs jours pour l'atteindre. Le premier soir, il s’arrête pour bivouaquer non loin de la maison d’un vieil ermite. Au moment d’attacher son dernier âne, il s’aperçoit qu'il lui manque une corde. "Si je n’attache pas mon âne," se dit-il, "demain, il se sera sauvé dans la montagne!" Il monte sur son âne après avoir solidement attaché les 2 autres et prend la direction de la maison du vieil ermite. Arrivé, il demande au vieil homme s'il n'aurait pas une corde à lui donner. Le vieillard avait depuis longtemps fait... vœux de pauvreté et n'avait pas la moindre corde, cependant, il s'adressa au paysan et lui dit : “Retourne à ton campement et comme chaque jour fais le geste de passer une corde autour du cou de ton âne et n'oublie pas de feindre de l'attacher à un arbre." Perdu pour perdu, le paysan fit exactement ce que lui avait conseillé le vieil homme. Le lendemain dès qu'il fût réveillé, le premier regard du paysan fut pour son âne. Il était toujours là! Après avoir chargé les 3 baudets, il décide de se mettre en demande tawbah (le repentir) auprès d'ALLAH sincèrement et ne commet plus un péché et au contraire lit le Coran, obéit à ALLAH, implore Sa protection, lit la sourate Yas-sin le matin après fajr, bref tous ceux qui obéissent à ALLAH en souhaitant Son contentement et ont un amour pour Son bien-aimé prophète (SAW) attirent sur eux l’amour d'ALLAH ainsi que toutes Ses faveurs. Ceux qui route, mais là, il eut beau faire, tirer sur son âne, le pousser, rien n'y fit. L’âne refusait de bouger. Désespéré, Il retourne voir Termite et lui raconte sa mésaventure. “As-tu pensé à enlever la corde ?” lui demanda-t-il. “Mais il n'y a pas de corde !" répondit le paysan. "Pour toi oui, mais pour l'âne...” Le paysan retourne au campement et, d'un ample mouvement, il mime le geste de retirer la corde. L’âne le suit sans aucune résistance. Ne nous moquons pas de cet âne. Ne sommes-nous pas, nous aussi, esclaves de nos persuasions (imaginer qu’on "se doit" de faire ceci, ou qu'on “doit être" comme cela, la crainte du regard des autres, etc.) et pire encore : esclaves de nos habitudes mentales (peurs, jalousies, orgueil, envie, etc.) ? Tout ceci n'est pourtant pas difficile à éviter pour ceux qui écoutent les rappels et qui demeurent en compagnie des pieux ! Oh! pauvre petit Satan, tu nous as donné les moyens de te combattre dans cet interview, alors croyants, croyantes, musulmans, musulmanes, prions ALLAH et obéissons-Lui, faisons nos prières, lisons le Coran, évitons les péchés, aimons ALLAH sincèrement et suivons les pratiques de notre prophète. qu’imagination de notre part... car rien ni personne ne nous oblige à quoi que ce soit en réalité, c'est nous qui nous obligeons à certains actes. Dans tous nos actes, nous avons toujours le choix, il ne s'agit que de le vouloir vraiment. Demandez-vous donc quelle(s) corde(s) invisible(s) vous empêche(nt) de vous exprimer, de vivre, de vous épanouir et de progresser. Mouhammad (SAWS) et ne tombons pas dans les pièges de satan, combattons-le avec un Iman fort et soyons certains qu’ALLAH nous aime et nous aidera!!! Amine. Nous savons désormais tout sur satan notre ennemi juré et nous sommes avertis de ses tentations ! Alors à chacun d’être vigilant et de se prémunir. La Preuve n° 30 - Avril 2010 Plume du mois LEADERSHIP Pour un réveil de la jeunesse musulmane ! Le sujet que nous évoquons ce mois est tout particulier, et peint une réalité qui caractérise à plusieurs égards la jeunesse croyante, notamment celle musulmane. Comment vivre sa foi tout en s’affirmant dans son milieu social, économique, culturel et... Cette question mérite d'être posée au regard du paradoxe qui existe entre la rigueur et le sérieux, propre à l'éducation de la jeunesse croyante et son absence totale dans la sphère du leadership. La maison de Dieu et le livre saint seraient-ils une barrière à l’affirmation de soi dans l'espace public ? Assurément non. Lorsque nous posons notre regard sur les jeunes musulmans, nous constatons que le sentiment de leadership n’est pas beaucoup développé par cette catégorie de citoyens au sein de leur groupe ou de leur quartier. Certes, la solidarité familiale, les dons pour les nécessiteux ou le bon voisinage restent choses communes dans le monde islamique. Ces comportements traduisent un sentiment de responsabilité réel envers autrui. Néanmoins, certains sentiments de responsabilité sont quasi-inexistants : celui du leader modèle au service de tous, celui du citoyen responsable qui lutte contre les nuisances publiques, celui d’avoir le Message de vérité et de félicité qu’il faut partager avec l'humanité. Est-ce que la plupart des musulmans en se comportant ainsi sont conformes à l’Islam ? Est-ce que l’Islam demande à chacun de ne se préoccuper que de sa propre personne, en fermant les yeux sur les malheurs et atrocités qui se déroulent autour de lui ? Non. L’Islam, c’est la responsabilité envers autrui dans sa forme la plus aboutie. L’Islam surpasse toutes les idéologies en développant un véritable sens des responsabilités, généreux et complet. Le processus du positionnement dans la société est généralement perçu, à tort ou à raison, comme une démarche aux antipodes de l’exigence de la morale et de l’éthique. C’est sans doute cette perception qui influence négativement toute entreprise de leadership social au sein de la jeunesse croyante. Mais ce prétexte justifie peu une telle démission devant une responsabilité collective et individuelle. L'on ne peut se prétendre Calife de Dieu sur terre et demeurer absent quand il s’agit de l'occupation de l’espace public. Chacun devrait faire un bilan personnel de sa participation aux prises de décisions dans son environnement immédiat. Chacun devrait évaluer son apport, l'impact de ses actions en tant que croyant, mais en tant que simple citoyen, dans la zone d’influence qui est la sienne. C’est connu, si tu ne façonnes pas ton environnement, c’est bien cet environnement qui te façonnera. Loin d’être un obstacle à la participation, la foi est plutôt un tremplin dans la confiance en soi, nécessaire dans l’action pour le changement de son milieu. C’est pourquoi, un réveil est nécessaire au sein de la jeunesse croyante, chacun dans le milieu qui est le sien. En attendant, le décor est peu reluisant. C’est à croire que le jeune croyant, notamment musulman, est celui qui malgré sa sagesse, son instruction, son intégrité, est ce personnage qui s’impose des rôles secondaires dans la société. Puisqu’une responsabilité sociale suppose la prise en charge des préoccupations diverses, y compris des préoccupations non spirituelles, les gens préfèrent s’en abstenir. Le revers est que L’on est contraint alors dans ce cas, de subir les actions même néfastes de ceux qui acceptent à leurs risques, d’assumer leurs responsabilités. Et ainsi va la vie. Il faut vivre avec les hommes en étant avec Dieu. C'est dire que notre responsabilité sociale est engagée à tous les niveaux. Le croyant que tu es, doit impulser une dynamique aussi bien au profit des âmes que des corps. Quand on ne veut pas être mené en bateau, vaut mieux être aux premières loges des cadres de concertation, sinon en tenir les rênes. Cette ambition manque toujours aux jeunes musulmans. C'est maintenant qu'il faut se rendre compte de l’immense potentialité que représente la foi. Cette foi est le meilleur moyen d'action pour le changement de comportement. C’est une valeur dont les sources ne sont pas monnayables et ceux qui en sont dépositaires doivent s'inviter en permanence à l’action au profit des hommes. Et la parole du Messager (SAW) est on ne peut plus claire : «Celui d'entre vous qui voit un acte répréhensible, doit le corriger. Matériellement. S'il ne peut pas physiquement alors il le corrige verbalement. S'il ne peut pas verbalement, alors, qu'il le corrige dans son cœur, et c'est là la foi minimale» Muslim, 'Abû-Dâwud, Ibn Mâja, at-Tirmidhî, an-Nasâ'î, 'Ahmad. La Preuve n° 31 - Mai 2010 Flash Back Le visage non islamiste du terrorisme S'il est un phénomène qui a marqué ce début de 21ème siècle, c’est bien le phénomène du terrorisme. À tort, il a été attribué à l'islam, exposant et mettant mal à l’aise de nombreux musulmans. Nous avons voulu dans cet article, remonter aux origines de ce mal et montrer les nombreux actes terroristes commis par des non-musulmans. Des origines à la 2nde guerre mondiale Le mot terrorisme est lié à la période de la Révolution française connue sous le nom de Terreur (1793-1794). Mais avant cette époque, la Réforme au XVIe siècle, a instauré des pratiques terroristes entre les groupes protestants et catholiques notamment en Irlande. C'est après la Révolution française, que le terrorisme, dans sa forme... Moderne, s'est considérablement développé. Partisans et adversaires des valeurs révolutionnaires s'engagent en effet dans le terrorisme au lendemain des guerres napoléoniennes. Au Japon, le nationalisme pro-impérial qui conduit à la restauration de Meiji en 1868, s'accompagne de nombreuses attaques terroristes contre le shogunat Tokugawa. Dans le sud des États-Unis, le Ku Klux Klan se constitue après la défaite des États confédérés pendant la guerre de Sécession (1861-1865), dans le but de terroriser les anciens esclaves, ainsi que les représentants des administrations responsables de la reconstruction imposée par le gouvernement fédéral. En Europe, à la fin du XIXe siècle, les partisans de l'anarchisme lancent des attaques terroristes par anarchistes contre de hauts fonctionnaires ou contre de simples citoyens, dont la victime la plus célèbre reste l'impératrice Élisabeth, épouse de François-Joseph 1er, assassinée par un anarchiste italien en 1898. Avant la Première Guerre mondiale, le mouvement révolutionnaire Russe a aussi une forte connotation terroriste. Au XXe siècle, des groupes tels que l'Organisation révolutionnaire macédonienne, les Oustachis croates, et l’Armée républicaine irlandaise (Irish Republican Army, IRA) ont souvent exporté leurs activités terroristes en dehors des frontières nationales. C’est ce type de terrorisme nationaliste qui est à l'origine de l'assassinat de l'archiduc héritier François-Ferdinand, perpétré à Sarajevo en 1914 par un nationaliste serbe, et qui déclencha la Première Guerre mondiale. Par ailleurs, fascisme et communisme ont l'un et l’autre fait du terrorisme le principal instrument de leur politique, terrorisme qu’ont, par exemple, prôné Léon Trotski et Georges Sorel (journaliste et théoricien politique français, il fut l’un des principaux inspirateurs du syndicalisme révolutionnaire). Dans les années 1920 et 1930, l'instabilité politique fait une large place à l’activité terroriste. Mais, dans l'ensemble, ce phénomène a fini par disparaître dans le conflit de plus grande... Après la Seconde Guerre mondiale, le conflit ouvert entre les pays arabes et Israël au Proche-Orient est à l'origine de la vague de terrorisme qu’ont connue les années 1960. À la fin des années 1940, des groupes radicaux juifs, comme le groupe Stern ou l'organisation Irgoun, ont recours au terrorisme contre les communautés arabes et contre les Britanniques durant la lutte pour l’indépendance d'Israël. À compter des années 1960, leurs adversaires arabes font un usage beaucoup plus systématique du terrorisme. Ainsi, l'expulsion des guérilleros palestiniens de Jordanie, en septembre 1970, est-elle commémorée par la création d’une armée terroriste extrémiste appelée Septembre noir. Par ailleurs, l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) mène des opérations de commandos et des actions terroristes (prises d'otages, détournements d'avions). Au milieu des années 1980, après le détournement d'un Boeing de la TWA et du paquebot italien Achille Lauro (1985), le terrorisme international de... souche palestinienne décline, l’OLP privilégiant dorénavant la voie des négociations avec Israël. De nouvelles formes de terrorisme, liées à la révolution en Iran (1979) et à la montée du fondamentalisme islamique, apparaissent. Le 21 décembre 1988, une bombe détruit le vol Pan American 103 au-dessus de Lockerbie, en Écosse, provoquant la mort de 270 personnes. L'Iran et la Libye sont soupçonnés par l'Agence centrale de renseignements des États-Unis. Le 19 avril 1995, l'attentat d'Oklahoma City, perpétré par des extrémistes de droite américains, cause la mort de 168 personnes. En Allemagne de l’Ouest, la Fraction Armée rouge (Rote Armee Fraktion, RAF), mieux connue sous le nom de « bande à Baader », cambriole de nombreuses banques et organise maintes attaques contre les installations militaires américaines dans les années 1970. Ses attentats les plus spectaculaires sont l'enlèvement et l’assassinat du grand industriel Hans Martin Schleyer en 1977, ainsi que le détournement. d’un avion de ligne de la Lufthansa à Mogadiscio, en Somalie, afin de faire pression pour que les dirigeants de la RAF, Andreas Baader et Gudrun Ensslin, soient libérés de prison. Tout comme l’organisation terroriste japonaise de l’Armée rouge, les membres de la RAF coopèrent fréquemment avec les terroristes palestiniens, comme lors de l’assassinat de onze athlètes israéliens par un commando de Septembre noir, aux jeux Olympiques de Munich en 1972. Dès la fin des années 1970, la plupart des militants de la Fraction Armée rouge sont morts ou emprisonnés. En Italie, la puissance des terroristes, dont les plus importants ont été les Brigades rouges, repose sans doute sur la tradition anarchiste du pays et sur son instabilité politique. Leurs activités culminent en 1978, avec l'enlèvement et l'assassinat de l’ancien président du Conseil Aldo Moro. Par la suite, le terrorisme gauchiste décline, grâce aux mesures policières, sans toutefois disparaître entièrement. En revanche, le terrorisme de droite tend à se renforcer, illustré en 1980 par l'attentat à la bombe de la gare de Bologne. En 1993, c'est le musée historique des Offices de Florence qui est visé lors de la série d'attentats à la bombe qui seront attribués à la Mafia. Beaucoup de ces attentats ont été considérés comme des exercices de «propagande noire» mis en œuvre par la droite ou par tout autre groupe ayant intérêt à entretenir un climat d'instabilité politique afin de favoriser un régime autoritaire. Au Japon, un attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo, perpétré par la secte Aum le 20 mars 1995, et ayant fait 12 victimes et intoxiqué plus de 5 000 personnes, en cristallise les craintes latentes face à un terrorisme qui aurait recours aux armes dites non conventionnelles (chimiques, bactériologiques ou nucléaires). Dans les années 2000, les indépendantistes de Tchétchénie répondent à la guerre menée par la Russie par le terrorisme. En octobre 2002, un commando tchétchène prend en otage plus de 700 spectateurs dans un théâtre de Moscou. Dirigé par Movsar Baraïev (23 ans), le commando réclame la fin des combats et le retrait des troupes russes de Tchétchénie. La prise d’otages se conclut tragiquement dans la nuit du 25 au 26 octobre par l'assaut des forces spéciales russes. En septembre 2004, le chef de guerre islamiste Chamil Bassaïev revendique la prise d'otages dans l’école de Beslan (Ossétie), pour laquelle l’assaut s'est soldé par la mort de plus de 300 personnes, dont de nombreux enfants. En Irlande, la campagne terroriste menée par l'Armée républicaine irlandaise (Irish Republican Army, IRA) est issue du mouvement pour les droits civils irlandais, qui lutte dans les années 1960 pour améliorer le statut des catholiques en Irlande du Nord. La montée du terrorisme dans les camps catholiques et protestants impose la séparation des deux communautés en deux zones protégées par des troupes militaires. Portés par une idéologie révolutionnaire, les membres de l'IRA se lancent dans des attentats à la bombe, des fusillades et des attaques armées en Irlande ou en Grande-Bretagne, prenant pour cible l'armée ou les civils. Le 7 juillet 2005 ont lieu quatre attentats-suicides dans le métro et un autobus de Londres. Revendiqués par un groupe islamiste, ils font plus de cinquante morts. Pour la première fois en Europe, ces attentats sont de type kamikaze. En Espagne, la branche militaire de l'organisation nationaliste basque, ETA, fondée au milieu des années 1950 (le sigle ETA date de 1959), est à l'origine en 1979 d'une vague d’attentats, consécutive à l’adoption d’un nouveau statut pour le Pays basque. De 1976 à 1993, la lutte armée menée par l’ETA a causé la mort de 800 personnes. Aujourd’hui, l’ETA continue dans la voie de la violence. Le 12 juillet 1997, elle a ainsi exécuté un conseiller municipal basque, Miguel Angel Blanco, qu’elle avait pris en otage quelques jours plus tôt. En réaction, près de trois millions de personnes ont manifesté à Madrid, Barcelone et Bilbao contre le terrorisme de l’ETA (14 juillet 1997). Le 11 mars 2004, quatre trains dans des gares de Madrid et sa banlieue sont touchés par dix bombes qui explosent en quelques minutes, faisant plus de 200 morts et près de 1 500 blessés. Dans un premier temps, le gouvernement attribue ces attentats à l’ETA, mais l'enquête s'oriente rapidement vers la piste islamiste, et notamment celle d'Al-Qaida. Le traumatisme collectif rappelle celui du 11 septembre 2001 aux États-Unis, d’autant que l’Espagne avait alors servi de base logistique à la préparation des attaques de New York et de Washington. Des attentats ont aussi été commis en France par des ressortissants français, tels que ceux constituant le groupuscule d’extrême gauche Action directe. Actifs de 1979 à 1987, les membres d'Action directe défendent une idéologie antaméricaine et luttent contre l’impérialisme en posant des bombes dans les institutions représentant l'ordre et le pouvoir. En outre, des actes terroristes sont commis à partir des années 1970 par le Front de libération nationale de la Corse (FLNC) qui prend pour cible, en Corse et sur le continent, des symboles de l'État français. continent, des bâtiments représentant l'État et des structures touristiques. Depuis 1976, le FLNC a ainsi revendiqué plus de 5 000 actions armées. Pour juger les actes terroristes, une section spécialisée dans la lutte antiterroriste a été créée par une loi du 9 septembre 1986 au sein du tribunal de grande instance de Paris. Les crimes terroristes sont jugés par une formation spéciale en cour d'assises, constituée de sept magistrats, sans jury populaire. Une association, SOS Attentats, a été créée en janvier 1986 par Françoise Rudetzki, afin de faire évoluer la législation en faveur des victimes d'actes de terrorisme. En Amérique latine, les mouvements terroristes s’inscrivent dans une longue tradition nationale de violence politique. Avec la formidable croissance des villes, les mouvements de guérilla urbaine se sont multipliés. Le Sentier lumineux, organisation terroriste maoïste péruvienne, en est l’un des plus célèbres exemples : il a recours à des tactiques particulièrement sanglantes et aveugles pour déstabiliser l'État et provoquer des contre-mesures répressives. Dans les années 1990, certains membres du cartel de la cocaïne en Colombie emploient des méthodes terroristes afin que le gouvernement limite l'application des lois interdisant le trafic des stupéfiants. La même stratégie est suivie par le crime organisé en Italie dans la défense des intérêts du cartel. Source : Microsoft Encarta 2008 La Preuve n° 31 - Mai 2010 Système de santé au Burkina Faso : Où sont passés les musulmans ? Par E.A.C La santé est au cœur des préoccupations des hommes. Elle fait partie des besoins fondamentaux de l'homme. Ne dit-on pas que le pire ennemi de l'homme est la maladie ? L’espérance de vie en Occident a été élevée suite à une amélioration de l’offre de soins. Dans les pays en développement comme le Burkina Faso, le domaine de la santé fait partie des secteurs sociaux qui bénéficient des initiatives liées à la réduction de la dette. L'organisation du système sanitaire au Burkina Faso est de type pyramidal. Les Structures de soins sont classées à quatre échelons. Le 1er étant le CSPS, ensuite le CMA, puis le CHR et enfin le CHU au sommet de la pyramide. En dehors des hôpitaux publics, on a aussi des hôpitaux privés et communautaires. C'est la traduction du rôle que jouent le privé et les communautés dans l'offre de soins au côté de l'État. Votre mensuel La PREUVE s’intéresse ce mois à la participation des musulmans à l'amélioration de la santé des populations. En effet, l'islam prône la solidarité et l’entraide entre les hommes et déclare que celui qui sauve un homme c'est comme s'il avait sauvé toute l'humanité. Que font les musulmans aujourd'hui pour se soigner et soigner les autres? That is the question. La demande en santé est très élevée. Et il faut des structures privées pour soutenir l'État dans l'offre de soins au Burkina Faso. L'État l’a bien compris en encourageant l’ouverture des centres de santé privés et communautaires et en adoptant une politique de contractualisation avec les associations dans le... domaine de la sensibilisation face à certaines maladies. Les communautés aussi s'organisent pour se soigner et rendre service aux populations. La ummah suit timidement cette dynamique communautaire. En effet, dans la ville de Ouagadougou par exemple, on dénombre les dispensaires islamiques de la Ligue mondiale islamique à la Patte d’Oie et à Hamdallahi, le centre médical de l'Agence des Musulmans d'Afrique à Dassasgho et le centre de santé de la fondation Ibn Massoud à Tanghin. Ces quelques centres de santé sont tous au 1er échelon. Regardons ce qui se passe dans les autres communautés, nous nous limiterons aux seuls centres de renommée nationale, voire internationale. Les protestants ont le centre médical Schiphra protestant que tous les Ouagalais connaissent bien et d'autres centres médicaux de moindre importance que Schiphra. Au niveau des catholiques, on connaît bien le centre médical Saint Camille. Nous connaissons tous la renommée de ces centres médicaux par l'étendue des services offerts et le nombre élevé. de consultations qui s’y déroulent. Ces communautés ont plusieurs autres centres de santé dans les différents quartiers de la ville. Les catholiques sont même allés plus loin en décidant de se donner les moyens de former eux-mêmes leur personnel. En effet, ils ont créé la faculté de médecine à l’université catholique Saint Thomas d'Aquin. Cette initiative devra se poursuivre avec la construction d’un CHU et l'ouverture de la prochaine faculté de pharmacie. On voit donc que les autres communautés se donnent les moyens de prendre en charge la santé de leur communauté et des Burkinabè. Il y a quelques mois, un ami après avoir conduit son épouse à Saint Camille, nous dit avoir remarqué que le centre est plein de femmes musulmanes voilées. Elles y viennent pour leurs consultations. Et ce dernier s’étonnait que les musulmans ne disposent pas de services semblables. Mais où est donc passée la communauté des musulmans quand le Coran les qualifie de communauté de témoignage ? Et que tout dans leur religion les appelle à la solidarité, au soutien de leurs semblables. Certainement en train d'attendre les fonds arabes pour les uns, pour les autres c'est la nostalgie des siècles glorieux des musulmans dans le monde qui remplit leur imagination et les derniers en quête de leadership se battent plus pour leurs intérêts personnels que pour toute autre chose. Pourtant ce n'est pas la mise en œuvre d'un projet de centre de santé qui est compliqué. Et l’État accompagne toujours les initiatives communautaires et associatives dans ce domaine. Du reste, on connaît comment ont débuté les activités du centre médical protestant. Ce centre a fonctionné au début sous forme de dispensaire avec du personnel infirmier fourni par l’État. Et progressivement, il s'est agrandi jusqu'à recruter lui-même son personnel en devenant un centre de référence en matière d’offre de soins. On a vu le ministère de la santé, suite aux dommages causés par les inondations du 1er septembre, faire un don de 50 millions de F CFA et d'une ambulance à ce centre. On peut évoquer la responsabilité des premiers marabouts et responsables musulmans qui n’ont pas eu la clairvoyance de concevoir des projets sociaux et d'avoir maximisé leurs efforts sur la construction de mosquées. Cela est peut-être vrai mais ces derniers ont fait de leur mieux pour nous permettre de vivre notre foi. Ils ont travaillé dans la limite de leur connaissance car il faut le rappeler, beaucoup d'entre eux n’ont pas fait l’école. Aujourd'hui, la question de l'offre sanitaire et de l'engagement dans les autres domaines sociaux relève de la responsabilité de la génération actuelle. Et ce ne sont pas les compétences qui manquent. À tous les niveaux, de la conception à la mise en œuvre, il existe des hommes et des femmes pour la réalisation de ces projets au nom des musulmans. Les associations islamiques ont la responsabilité de proposer aux musulmans une vision globale de la ummah au Burkina. Il faut arrêter ce cycle où les autres enseignent vos enfants, vous soignent, accouchent vos femmes. Il ne restera qu'à vous. Après cela, quelle communauté de témoignage seriez-vous ? Combien de personnes pourriez-vous encore convaincre de la justesse et de la bonté de l'islam ? L'élite musulmane doit particulièrement s'impliquer dans cette question. Elle a la responsabilité de la réflexion et de l’action dans la communauté. Elle doit proposer aux responsables des projets concrets de santé et d'éducation et prendre en main leur mise en œuvre. Il faut que les musulmans arrêtent de penser que le développement de l’islam se fera par les fonds arabes. C’est parce que nous sommes restés dans cette logique que la communauté est dans cet état aujourd’hui. Nos projets doivent trouver leur financement au niveau local et cela est possible. Personne ne viendra faire avancer nos affaires si nous restons les bras croisés. Alors, communauté de juste milieu et de témoignage, que diras-tu à ton Seigneur quand tu as laissé tes enfants éduqués par d'autres, tes femmes accouchées par d’autres, tes vieillards sans soins ? Quel témoignage fais-tu ? Ressaisis-toi, cesses tes querelles intestines et penses à ton développement, car il est encore temps de faire ton retard. Tes fils et filles t'accompagneront. Offres-nous des centres de santé modèles et de référence, nous avons aussi besoin de nous soigner dans la quiétude. La Preuve n° 31 - Mai 2010 Parole de femme Formation et engagement de la femme Par S.S Une analyse actuelle et sans complaisance de la situation des femmes musulmanes révèle des insuffisances majeures dans leur formation et leur engagement à tous les niveaux. La formation et l'engagement militant ont constitué et constituent encore un défi majeur et permanent de la gente féminine. Et pourtant aujourd’hui, plus que jamais, l’engagement de la femme est une nécessité absolue et une exigence citoyenne, car le silence, l’enfermement, le retrait ou l'absence sur les chantiers du développement est une chose révolue. Cette modestie maladive de nos sœurs n'a aucun fondement religieux, encore moins islamique. L'Islam n’a-t-il pas porté la femme de... sa situation la plus basse au plus haut niveau de l’échelle sociale ? La réponse est certes oui et l'on serait tenté de se demander mais pourquoi traîne-t-elle toujours les pas ? Les efforts sont certes faits pour l'amélioration de la qualité de la formation et de l’engagement de nos sœurs par l'organisation d’activités spécifiques aux femmes comme les conférences, les journées spéciales et les séminaires. Malgré cet état de fait, force est de reconnaître que l’objectif visé qui est celui de rendre les sœurs compétentes, dynamiques et engagées dans la lutte sociale ne semble toujours pas atteint. Cet engagement tant voulu et recherché de la gente féminine peut être ou est même confronté à un certain nombre d’exigences familiales, matrimoniales, professionnelles, sociales ou contextuelles. Mais cela ne devrait pas constituer un obstacle majeur à sa formation et à son engagement social. C'est donc à la femme de trouver le meilleur moyen de s’en sortir en dépit de tout. Cela implique très certainement la prise En compte de plusieurs exigences dont la femme doit s’approprier : une spiritualité et une proximité avec l'Unique, une sincérité et une pureté de l’intention car les « actes ne valent que par l'intention qui les soutient » nous dit le Messager d’Allah. Pour réussir sa formation, la femme musulmane doit avoir la volonté, la détermination dans le travail et la persévérance face aux épreuves. Elle doit aussi et surtout faire preuve de modestie et d'humilité, « Soyez modeste jusqu'à ce que nul ne se vante de sa supériorité sur son prochain et que nul n’agresse son prochain » hadith. La bonne collaboration et l'esprit de discernement doivent guider sa conduite et constituer ainsi une source de stabilité psychique, psychologique et morale pour la famille et partant la société. Elle doit avoir confiance en ses qualités et capacités personnelles et être toujours à la recherche d'une formation de pointe, permanente, soutenue et actualisée. Une bonne culture générale et une connaissance parfaite de son contexte et de Son public cible l’aideront dans son action. La construction d’une société islamique moderne, de paix et de justice sociale passe aussi bien par l’homme que par la femme qui constitue d'ailleurs son pivot et son centre d'intérêt. L'éducation sociale et le changement positif des mentalités pour une vie sociale harmonieuse est une responsabilité et un devoir qui incombent à l’homme et surtout à la femme compte tenu de ses prédispositions féminines naturelles. L’histoire musulmane nous révèle des exemples édifiants de femmes musulmanes engagées et déterminées comme Soumaya, Khadijat et Aicha pour ne citer que celles-ci. Grâce à sa perspicacité et sa curiosité aiguisée par le sens de la perfection, Aicha finit par exceller dans toutes les sciences. Elle a élaboré ainsi sa propre méthodologie dans l'interprétation du Coran, rapporta plus de 2000 hadiths et forma bon nombre de savants de l’époque. Aicha était considérée comme l'un des grands exégètes de son époque et le Prophète (SAW) dit en parlant d'elle « Compléter votre religion auprès de cette dame. Les femmes musulmanes trouveront dans ces grandes figures féminines la meilleure indication de ce qui permet à la femme ou à l'homme d'être savant. Et au coran de s’interroger, sont-ils égaux ceux qui savent et ceux qui ne savent pas ? L’importance de la recherche du savoir lui a donné un caractère obligatoire et un devoir pour tout croyant de toute époque. Ainsi dit, la femme doit travailler à acquérir toute science susceptible d'améliorer ses conditions de vie et de travail. Autrement dit, toute science pouvant contribuer à son bien-être physique et spirituel. Il est crucial de viser l'amélioration de la qualité de la formation et de l'engagement de la femme. Pour l’émergence véritable de la communauté musulmane, nous avons besoin de l’apport de la gente féminine à tous les niveaux. Cet appel à une prise de conscience féminine est un cri de cœur qui a l'espoir d'être entendu, apprécié à sa juste valeur et mis en œuvre par la gente féminine dans le soutien. indéfectible de l'autre moitié La Preuve n° 31 - Mai 2010 Leçon de vie Tel comportement, telle culture spirituelle Par Idriss Cher lecteur, ce mois-ci je n'ai pas de fait divers à te raconter. Mais j’ai autre chose à te proposer. Une inquiétude ou des inquiétudes relatives à la spiritualité. Cette chose dont tout le monde parle mais que visiblement chacun peine à appliquer. L’homme est divers et ondoyant dit-on. La spiritualité est d’autant plus fluide et instable. Des débuts glorieux, j’en ai connu en spiritualité. J’entrai dans l'islam avec cette volonté ferme de marquer une rupture profonde avec les pratiques traditionnelles qui n’asservissaient pas à la volonté alla-hique. Contre vents et marées, contre critiques et menaces, privations et malédictions, je tins bon. Alhamdou lil-lah. Il y avait de quoi, car la lecture de cette sourate m'édifia tant je m’y retrouvai entièrement. J’appris rapidement les rudiments de la prière, du jeûne... Je ne manquais aucune occasion d'exécuter les obligations divines. Au moment indiqué, malgré les occupations et obstacles. Mon quotidien était bien garni et rythmé : prières, études, Coran, lectures islamiques, rencontres et activités musulmanes. Mon sommeil était certes lourd. Toutefois, ma force spirituelle de l'époque n'éprouvait aucune peine à m'arracher de mon lit pour accomplir des prières surérogatoires. Il m’arriva à plusieurs reprises de veiller toute une nuit, seul dans ma maison, jeûnant et récitant le Coran, priant, exaltant et glorifiant le Très-Haut. Comment pourrais-je oublier ces printemps de ma foi ? Ces bonnes habitudes que j’avais de jeûner le lundi, jeudi, Arafat, les 13, 14, 15, la décade de Dhul-Hijja sans m’interdire la participation ponctuelle aux activités organisées par les associations islamiques. C'était la concrétisation par excellence de cette recommandation divine : « Ô croyants ! Voulez-vous que Je vous indique un commerce qui vous sauvera d'un châtiment cruel ? C'est celui de croire en Dieu et à Son Prophète ; de lutter pour la Cause de Dieu par vos biens. et vos personnes. Cela est dans votre propre intérêt, si vous pouviez savoir ! En échange, Dieu vous pardonnera vos péchés et vous accueillera dans des Jardins baignés de ruisseaux et dans de magnifiques demeures au Paradis d'Éden. Et ce sera pour vous le triomphe suprême !» S61 Quelle époque ! Des privations, je sus en faire : cinémas, télévision, vidéoclub, bar, alcool, femme, regards malveillants, mensonge, médisance, vols, haine, égoïsme, paresse. Des sacrifices aussi, je ne m’en privais jamais lorsque l’occasion se présentait : cotisations diverses ; missions au compte de l’association, aide et assistance diverses aux frères et sœurs. Exactement comme m’y exhortait la sourate 79 : «alors quiconque se sera conduit en rebelle, préférant la vie d’ici-bas, aura, en vérité, l'Enfer pour refuge : tandis que celui qui, redoutant de comparaître devant son Seigneur, aura dompté ses passions, c'est le Paradis qui constituera son séjour.» Quelle glorieuse période ! J'étais encore sur les bancs. Déjà j'avais Beaucoup appris, réalisé sur le plan spirituel. Ensuite les choses ont évolué. Qu’est-ce qui m’est arrivé ? J’ai terminé les études et suis rentré dans la vie active. J’ai tout comme l'impression que la situation s’est renversée. Tout d’abord ma vigilance a baissé. Je ne fais plus trop attention à l'interdit. Je regarde la TV, et vais au cinéma sans trier. Pourtant au début, je disais Astaghfiroullah à la vue d’obscénités ; maintenant et de plus en plus j’ai envie d'assister à la fin. Sans oublier que je prends plus de goût à écouter des chansons et à regarder des clips. J’ai perdu le réflexe de discipliner mon regard étant donné d’ailleurs que je me laisse convaincre que c’est la vie qui est devenue ainsi. Quelle vie ! Cela me fait frissonner quand je parcours ce hadith réformateur de conscience : « que celui d'entre vous qui est témoin d'un mal, le corrige avec ses mains, s'il ne peut, avec sa bouche, s’il ne peut qu'il le condamne avec son cœur ; ceci est le plus bas degré de la foi ». Cher lecteur, à Quel niveau sommes-nous ? Je ne puis répondre. Ensuite il y a cette paresse indescriptible mais surtout incompréhensible qui s'empare de mon corps et de ma volonté. Pour preuve, je ne me rappelle plus de quand j'ai effectué ma dernière prière nocturne ; du moins, c’était la dernière nuit de ramadan. En plus, c’était comme si le jeûne de chawal m’avait pris le jeûne surérogatoire. Depuis un certain temps, je calcule mes dépenses et compte mon argent avant de jeter une piécette dans la caisse de la mosquée. Le plus dur est le souvenir douloureux que j'ai de ce geste, lorsque je me dis qu’il a renforcé ou précipité ma galère. Quelle vie ! Dans ces derniers temps, j'ai peur de tout : la maladie, les rumeurs, les cauchemars, l'obscurité, les superstitions ; j'ai comme l’impression que ma flamme spirituelle vacille, sinon agonise. Pourquoi suis-je étonné ? Le Messager (SAW) m'avait pourtant prévenu : « La foi est comme le fer ; si on ne l'entretient pas elle se rouille ». Je ne récolte que les pots cassés de ma... négligence, de mon oubli. J'ai cessé d'œuvrer dans le sens de maintenir la bonne santé de ma foi et, au contraire, toutes mes attitudes ont concouru à compromettre tous mes acquis. À cette allure, le pire est à craindre. Mon dernier rempart ne peut se trouver que dans les actes cultuels obligatoires : faire les cinq prières à la mosquée, jeûner les 30 jours de ramadan, donner la zakat. Cher lecteur, au début, exécuter ces obligations divines relevait du naturel pour moi. Avec cette baisse du mercure spirituel, leur accomplissement à l'heure et à la mosquée est devenu un objectif. De plus en plus, je lutte pour y accomplir trois sur cinq. Quelle régression ! À qui la faute ? Il n'y a pas de fumée sans feu, dit-on. Ali (RA) nous martèle : « Ne vous attendez pas à être joué ». Alors je décide d’approfondir ce mea culpa. Tout de suite, j’accuse mon programme d’activité. Il est très chargé : beaucoup de ce temps est consacré à ma profession ; la TV, la radio, les cérémonies se partageant le reste. Je me retrouve ainsi toujours coincé entre deux activités. Le portable m’accapare le menu temps que j’avais consacré à mon zikr. En vérité cet emploi du temps n’est que potentiel : il n’est pas planifié, rationalisé, actualisé, d’où son inefficacité. Très souvent, rien n’étant prévu, j’exécute ce qui me vient tout de suite à l’esprit, reléguant ainsi le plus important dans les oubliettes. Au fait, il y a quelques mois de cela ; j’avais renoué un peu avec le rappel. C’était sans oublier l’émulation à laquelle m’avait entraîné la présence des frères. Après ce séminaire, je gardai le cap pendant deux semaines et je relâchai ensuite. De ce fait, l’éloignement du groupe spirituel se révèle un handicap pour l’ascension spirituelle. Par ailleurs cher lecteur, je ne dois pas oublier de mentionner ces médias qui m’abreuvent d’obscénités, d’insanités, de distractions à tel point que mon cœur ne vibre qu’à leur rythme. Cependant, ne devrais-je pas être comme ces gens que le Très-Indulgent décrit dans son noble Coran : «S23V» Les médias ont fini par émousser ma volonté spirituelle. J’arrive facilement, malgré mes occupations nombreuses, à veiller sur un film, un match de football. Pendant combien d’heures ? Je ne sais pas exactement ; 2, 3, 4 ou 5 heures par jour. Et quand arrive l'heure d’aller au lit, je me découvre une lourdeur inhibant ma volonté et capacité à exécuter ne serait-ce que deux rakates. Pourtant selon Allah, prier sera plus salutaire que de s'accrocher à ces choses éphémères : «S! 3». De retour à la maison, je suis trop éreinté pour prier la nuit. Alors je remets ces activités à demain. Demain, le même scénario se répète, alors je les reporte au lendemain. Ainsi de suite, cela fera bientôt une année. De fermes résolutions ont caractérisé la vie spirituelle de nos pieux devanciers. Je vais faire comme eux afin de sauver ma pirogue qui tangue dans les marécages de la vie. Il n'y a pas à se casser la tête. Ma première résolution s'inspire de glorieuses paroles d'Allah : "Je prends le temps à témoin que l'humanité court à sa perte, hormis ceux qui croient, pratiquent les bonnes œuvres, se recommandent mutuellement la droiture et se recommandent mutuellement l'endurance !» Ainsi, je dois revoir ma façon de gérer mon temps. Il me faut, à cet effet, dresser un emploi du temps fiable, réaliste et exhaustif : j'y réunirai quelques frères du quartier autour d'un programme spirituel adapté et individualisé. L’émulation et l’énergie du groupe donneront un coup de pouce à ce cheminement spirituel. En plus, cet emploi du temps me rassure quant à la réponse que je fournirai à la question : «qu'avez-vous fait de votre temps libre ?» le jour de la résurrection. Pour remplir avec plénitude sa fonction, cette résolution a besoin de mesures d’accompagnement. Il faut s’abstenir de l'interdit ; au mieux, il faut éviter de le côtoyer. Désormais, je ne suivrai plus la TV parce qu'elle est en marche, mais je l’allumerai pour suivre une émission précise. Je diminuerai considérablement mes fréquentations au "café". J’ai aménagé à côté d'une... mosquée récemment. Pour l’accomplissement des prières, il y a une nette amélioration. Al hamdou lil-lah. Je vais aussi changer mes habitudes nocturnes : je mangerai tôt, si possible léger; je dormirai tôt avec un réveil posé un peu loin de moi. Je m'efforcerai à écouter les prêches, conférences sans distinction de thèmes ou d’exposants. Au finish, j'en sortirai toujours grandi en science sans oublier que je me donnerai de la peine à ruminer les exhortations que j’entendrai. Cher lecteur, je ne suis pas sûr d'avoir cerné tous les paramètres de la promotion spirituelle. Je pense cependant qu’on peut la comparer pour partie à un portable. Lors des premiers pas de l’individu dans la foi, à l'exemple d’une batterie, Allah charge suffisamment son esclave de provisions spirituelles. En quelque sorte, ce sont des anticorps qui l’aideront à résister à toutes les tentations et épreuves de la vie. Au fil du temps, cette intensité peut baisser. Alors il revient au musulman de la recharger à la borne convenable. Nous devons nous... donner les moyens et les conditions de notre cheminement vers Allah. Allahoumma a’inna ala zikkrik, wa choukrika wa housni ibaadatika (Seigneur, aide-nous à Ton souvenir, à Ton remerciement et au perfectionnement de l’adoration que nous Te vouons). Aaamiina !!! ■ 14 La Preuve n° 31 - Mai 2010 Extrait Qui sont les musulmans modérés ? Tariq Ramadan La formule a fleuri à travers le monde après les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis. Face à l’horreur et à l’inacceptable, on cherchait des « musulmans modérés » capables de réagir, de se distancer et de critiquer les actions des « musulmans extrémistes », des « fondamentalistes » ou des « islamistes ». On a vu ainsi se créer deux camps : « les bons musulmans » et les « mauvais musulmans », d’un côté ceux que l'on nommait les « modérés », « les libéraux », les « laïques », etc. et de l'autre les « fondamentalistes », les « extrémistes » ou les « islamistes », etc. Cette catégorisation n’est en fait pas nouvelle car la littérature produite par les autorités coloniales (sous les règnes britanniques, français ou hollandais par exemple) et certains orientalistes à la fin du XIXème et au début du XXème siècle présentent souvent les musulmans selon ce même rapport binaire : il y a les bons et les mauvais et les « bons » sont ceux qui soit collaborent avec la présence coloniale soit acceptent les valeurs et les coutumes du dominant. Les autres, les « résistants », religieusement, culturellement ou politiquement sont presque systématiquement qualifiés négativement : ils sont « l'autre » et le « danger ». Les temps ont pourtant bien changé mais les structures mentales, les cadres de références et les qualifications simplificatrices et simplistes restent très présents dans les débats intellectuels, politiques et médiatiques de notre époque. De quoi parle-t-on au demeurant ? De pratiques religieuses modérées ? De positions politiques ? Du rapport à la violence ? Du rapport à l’Occident ? Ce qui caractérise le débat contemporain sur l’islam et les musulmans est cette confusion générale. des ordres : parce que, dit-on, l’islam ne fait pas de différence entre religion et politique, on pourrait s’autoriser les qualifications générales sans distinguer les conceptions et les pratiques religieuses des positionnements politiques. Une perception simplificatrice du «monde musulman» permettrait ainsi de faire fi des principes élémentaires de la catégorisation précise des domaines autant que du respect des principes d’analyses issues de la théologie et du droit d’une part et des sciences sociales et politiques d’autre part. Le sujet est complexe et il faut commencer par sérier les questions : il importe d’abord d’étudier la question d’un point de vue religieux. Existe-t-il ou non une modération par opposition à des excès dans la pratique des musulmans ? Comment peut-on catégoriser les différentes tendances qui s’expriment au sein de l’islam ? Qu’en est-il des positionnements politiques des uns et des autres ? Sur un plan plus global, que peuvent nous apprendre les différentes perceptions de «l'Occident» ? L’ordre et la nature de ces questions permettent de clarifier la question relative aux «musulmans modérés» et nous allons tâcher de les aborder successivement. Le thème de la modération dans la pratique traverse la littérature islamique depuis l’origine. Dans le Coran et dans les traditions prophétiques qui l’accompagnent, les musulmanes et les musulmans sont appelés à faire preuve de modération dans tous les domaines de la pratique. «Dieu veut pour vous la facilité et non la difficulté» rappelle le Coran et Muhammad (PBSL) affirme «allégez les choses, ne les rendez point difficiles» et il donnait lui-même l'exemple en choisissant les allégements (comme de ne pas jeûner le ramadan en voyage) pour que les fidèles ne tombent pas dans l'excès. C’est ainsi que, dès l'origine, la majorité des savants ont compris la formule coranique qualifiant les musulmans de «la communauté du juste milieu». Très tôt, il est apparu deux tendances dans la nature de la pratique : ceux qui appliquaient les enseignements à la lettre sans tenir compte du contexte ou des allégements (ahl al-‘azîma) et ceux (ahl ar-rakhas) qui tenaient compte de ces derniers et de la flexibilité de la pratique selon le contexte social et l'époque et en situation de besoin (hâja) et/ou de nécessité (darûra). L'immense majorité des savants (ulamâ) et des musulmans à travers le monde ou en Occident (quelles que soient les traditions chiites ou sunnites et les écoles de droit) promeuvent et suivent la voie de la modération et de la flexibilité dans la pratique. Ils restent stricts sur les principes fondamentaux mais proposent des adaptations selon l'environnement et l'époque. Sans doute est-ce déjà à ce premier niveau qu'opère un premier malentendu sur la notion de modération. Dans les sociétés occidentales où la pratique et la visibilité quotidiennes de la religion sont quasiment absentes (même aux États-Unis où la référence religieuse est plus présente), le fait de parler de prière, de jeûne, d'obligations morales et vestimentaires liées à la religion semble déjà presque excessif. Les musulmans modérés seraient donc ceux qui ne manifestent pas de distinction vestimentaire, qui boivent de l'alcool ou qui pratiquent leur religion «comme nous la nôtre», c'est-à-dire plus vraiment ou en tout cas de façon invisible. Les histoires et les références ne sont pas les mêmes et la notion de modération est toujours à considérer de l'intérieur de chaque univers de référence. Il ne faut pourtant pas nier que parmi les différents courants musulmans (littéraliste, traditionnaliste, réformiste, rationaliste, mystique et exclusivement politique), il existe des interprétations dogmatiques et excessives. C'est bien sûr dans les courants littéralistes, traditionnalistes et politisés que l’on trouve les interprétations les plus fermées qui vont promouvoir des avis juridiques qui ne tiennent pas compte des contextes historiques et sociaux tant sur la pratique proprement dite que sur la culture, les relations humaines, les femmes ou les rapports avec les «non musulmans». Vis-à-vis de ces derniers, certains groupes peuvent inviter les musulmans à ne pas engager de relations avec les chrétiens, les juifs ou les athées, voire parfois tenir des propos de rejet ou d'hostilité à leur encontre. Sur le plan interne, certains de ces groupes minoritaires critiquent les autres tendances musulmanes et vont même jusqu’à remettre en cause le caractère islamique de leur croyance et de leurs pratiques. Ce qui est troublant, et rend les catégorisations très complexes, c’est que des groupes réformistes, rationalistes ou mystiques développent - sur le plan interne - la même attitude dogmatique vis-à-vis de leurs coreligionnaires, délégitimant leur appartenance avec des jugements tranchés et parfois exclusivistes. On le voit, la modération est multidimensionnelle et ne s’exprime pas seulement par rapport à l'Occident ou aux «musulmans». Il importe de reconnaître et de respecter la diversité des interprétations islamiques car c’est le seul moyen de pouvoir engager un dialogue intracommunautaire si nécessaire aujourd'hui. L’analyse des positionnements politiques rend les choses plus complexes encore tant la confusion est grande et les qualificatifs changeants. De qui parle-t-on et de quoi parle-t-on au juste ? La question de la modération politique est tout à fait subjective. L’exemple de l'Afghanistan est assez symptomatique ; les mêmes qui hier étaient présentés comme des « résistants » face à l’invasion russe sont aujourd’hui décrits comme des « terroristes » lorsqu’ils font face à l'occupation américano-britannique. Si tout le monde s’accorde à condamner les actes de terrorisme ciblant des civils aux États-Unis, à Casablanca, Bali, Amman, Madrid ou Londres, qu’en est-il de la résistance irakienne, afghane ou palestinienne vis-à-vis d’occupations considérées ou perçues comme illégales ? Les « extrémistes » sont-ils les résistants et les « modérés » ceux qui acceptent la présence des forces américaines, britanniques, russes ou israéliennes ? Ou encore... les opposants diabolisés, unilatéralement décrits comme «extrémistes» ou «terroristes», par certains régimes despotiques ? Qui décide et à partir de quels paramètres ? J'ai eu personnellement à faire avec ce type de qualification à géométrie variable. Reçu en 2003 au Département d'État américain, j'y étais présenté comme un musulman «ouvert» et «modéré». Près d'une année plus tard, sous l'administration Bush, mes critiques sur la politique américaine en Irak et en Palestine (dont je reconnaissais la légitimité de la résistance sans en cautionner aucunement les attaques contre les civils et les innocents) m’ont transformé en potentiel «soutien des terroristes» et m’ont interdit d'entrer aux États-Unis. Six ans plus tard, l’accusation en relation avec le terrorisme est tombée et voilà que l'administration Obama considère que mes opinions ne sont pas dangereuses et que je suis utile au débat critique autour de l’islam : je peux à nouveau entrer sur le territoire américain. Non seulement la «modération» politique est un concept discutable mais la confusion entre les sphères religieuses et politiques rend l’analyse plus aléatoire encore. On suppose très vite, bien trop vite, qu’une femme ou un homme religieusement «libéral» quand il est question de la pratique de l’islam va développer des opinions politiques tout autant «libérales». Or, il n'en est rien et les exemples sont légions d’acteurs politiques, d’intellectuels ou de militants associatifs qui sont effectivement des musulmans avec des conceptions et des pratiques très libérales (ou absentes) mais qui politiquement soutiennent des régimes dictatoriaux et très durs. La modération religieuse ne dit rien de la modération politique : on tend parfois à confondre ces ordres dans les analyses proposées en Occident. Des études plus minutieuses s'imposent afin de permettre une évaluation plus claire des positionnements respectifs et des tendances religieuses et politiques en présence. Le rapport à «l’Occident» est également un paramètre intéressant pour évaluer les positionnements religieux et politiques des musulmans contemporains. Si les groupes extrémistes violents envisagent le rapport à l'Occident sous l’angle exclusif de l'opposition et du rapport de force religieux, politiques, culturels et économiques ; la très grande majorité des musulmans du monde - et notamment bien sûr les Occidentaux musulmans - reconnaissent les acquis des sociétés occidentales tout en revendiquant le droit à déterminer pour eux-mêmes les contours de leurs identités, de leurs pratiques et de leurs espérances spirituelles. En ce sens, les critiques et les rejets de l'Occident sont d’abord liés à un refus du rapport de domination politique, économique et culturelle. La religion est souvent un vecteur de mobilisation naturelle dans les sociétés majoritairement musulmanes mais ce qui est critiqué est avant tout la mainmise politique et économique et les incohérences du soutien occidental aux régimes les plus autocrates et les plus corrompus. Le discours strictement religieux est très Majoritairement modéré vis-à-vis de l'Occident et ce même dans les rangs de mouvements islamistes de la Malaisie jusqu’au Maroc en passant par le gouvernement turc actuel dont l'objectif est d'adhérer à l'Union européenne. L'aire de tension et de potentiel conflit n'est pas religieuse et n'a rien à voir avec l’islam ou les « musulmans modérés » : il s'agit de questions politiques qu'il conviendrait de traiter comme telles. On peut en Occident décider que les musulmans modérés sont ceux qui sont invisibles, ou ceux qui nous ressemblent, ou encore ceux qui acceptent les termes de leur domination. De tels raisonnements et conclusions ne permettent pourtant pas de comprendre les dynamiques qui traversent les sociétés majoritairement musulmanes et les communautés établies en Occident. Or celles-ci sont multiples et complexes : il existe un débat strictement religieux (en termes de philosophie du droit islamique et de ses fondements) sur la notion de modération (wasatiyya) qu'il est important d’appréhender dans... son envergure. Il permet de mieux comprendre les enjeux des débats intracommunautaires entre les différentes tendances et les dispositions exclusivistes et parfois dogmatiques au sein des courants apparemment les plus ouverts. Cette approche permet d'aborder les questions politiques avec moins de parti pris et/ou de naïveté. Une fois condamnés les groupes extrémistes violents qui tuent les civils et les innocents, il convient de contextualiser les positions politiques afin de ne pas simplifier la grille d'analyse avec des conclusions du type : les « modérés » sont ceux qui nous soutiennent ou nous ressemblent et les autres sont des fondamentalistes ou des islamistes extrémistes. Ces considérations sont idéologiques et entretiennent des confusions qui ne permettent pas d'appréhender la nature des enjeux d’abord essentiellement politiques et économiques. C'est bien ce que cache la rhétorique du « conflit des civilisations » qui oppose en termes religieux et culturels des entités construites qui ne traduisent en nen les aspirations de justice et de liberté qui s'expriment dans les deux univers de référence. C’est en ce sens que la voix de ceux qui défendent avec force la modération religieuse (qui représente, nous l’avons dit, l’immense majorité des musulmans) doit se faire entendre de façon plus «radicale» afin de traduire en des termes adéquats la similarité des valeurs éthiques mais aussi la nature des rapports de force politiques et économiques profondément dissymétriques. Il importe que ces voix se fassent entendre et expriment que la modération religieuse, d'une part, peut se marier avec la radicalité d'un discours politique, non violent et démocrate, opposé à la domination, à l'exploitation et à l'oppression sous toutes ses formes. La Preuve n° 31 - Mai 2010 bibo:issue 31 bibo:numPages 16 --