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Désignation de l'Imam de la Mosquée centrale de Jonquet : lettre de contestation et d'explication de M. Karim da Silva
- Title
- Désignation de l'Imam de la Mosquée centrale de Jonquet : lettre de contestation et d'explication de M. Karim da Silva
- Publisher
- La Nation
- Date
- May 27, 1998
- Abstract
-
Porto-Novo, le 21 mai 1998
Karim da SILVA
KAMAR-DEEN II
Haut dignitaire de la Communauté Islamique du Bénin - Page(s)
- 1
- 12
- Subject
- Coran
- Imamat
- Karim Urbain da Silva
- Mahomet
- Paix
- Pluralisme religieux
- Rivalités et tensions imams
- Unité
- Spatial Coverage
- Cotonou
- Mosquée centrale de Cotonou Jonquet
- Mosquée centrale de Zongo (Cotonou)
- Porto-Novo
- Rights Holder
- La Nation
- Language
- Français
- Identifier
- iwac-article-0004097
- content
-
Porto-Novo, le 21 mai 1998
Karim da SILVA
KAMAR-DEEN II
Haut dignitaire de la Communauté Islamique du Bénin
Porto-Novo, République du Bénin Objet: A/S votre procès-verbal de réunion de Comité Islamique
J’ai pris connaissance du procès-verbal du Comité Islamique de la Mosquée Centrale de Jonquet de Cotonou que tu m’as adressé en date du 20 mai 1998.
A mon avis, les conditions de fond et de forme selon les prescriptions du Saint-Coran et de la Souna du Prophète Mohamed (SBPL) ne sont pas remplies pour la désignation d’un quelconque Imâm; à l’orée de l’an 2000, au moment où l’on parle de la mondialisation et de meilleure coexistence entre les diverses religions de la planète, à l'heure du dialogue Islamo-chrétien, de la tolérance, il semble plus souhaitable que le profil de tout bon Imâm-Djamiou en l’occurrence, celui devant présider à la destinée de n’importe quelle Mosquée Centrale sur toute l’étendue du territoire national puisse répondre à des critères plus valables à savoir:
1) Être de très bonne moralité: avoir une pratique religieuse sociale exemplaire; être doté d’une certaine expérience de la vie communautaire et de la pratique religieuse et sociale.
2) Disposer d’une incontestable maîtrise des dogmes de l’ISLAM.
3) Avoir une certaine ouverture d’esprit indispensable à la résolution de nombreux problèmes qui se posent à la Mosquée de demain et ceci dans le contexte purement local.
4) Toutes ces considérations exigent de l’Imâm de l’an 2000, une solide formation intellectuele en Islam, ce qui désormais devra lui permettre de discuter directement et valablement avec les autorités politico-administratives et tout autre responsable de toute autre religion.
Pour toutes ces raisons, l’élection de l’Imâm de la grande Mosquée Centrale de Jonquet de Cotonou, tel qu’en fait état le procès-verbal, ne peut donner satisfaction à aucun musulman partageant le modernisme avec l’ISLAM; ce qui du reste, risquerait d’engendrer des conflits graves et à tous égards, très préjudiciables à la promotion, à la protection et au rayonnement de l'ISLAM dans notre pays.
Nous devons désormais finir avec le «Maraboutage», la Résignation, la Mendicité quotidienne, l’Exploitation éhontée des fidèles, l’Obscurantisme, le Culte de la personnalité.
Nous devons et qu’à cela ne déplaise, garder d’extériorer nos sentiments politiques, etc...
Je tiens, pour conclure, à rappeler tout haut ceci: il a été défini au moment de l’implantation de la Mosquée de Zongo, que compte tenu de la pratique et de la traduction en langues Batonou, Dendi, etc... la direction est normalement réservée à nos frères du septentrion et, à ce titre, j’avais des années durant, mis à leur disposition sur mon domaine, une vaste concession sur laquelle ils ont édifié leur minaret et accompli régulièrement leur dévotion pendant les fêtes de Tabaski et de fin de Ramadan.
Ainsi, la direction de la grande Mosquée Centrale de Jonquet est aussi normalement réservée aux fidèles, héritiers de la pratique et des commentaires en langue Yoruba et autres langues du Sud, de même que la place Idi du PK 6.
Il nous faut éviter toute situation conflictuelle pouvant dégénérer en affrontements généralisés.
Le pays traverse déjà en ce moment une crise économique et une crise énergétique sans précédent auxquelles viennent s’ajouter la crise sociale des grèves intermittentes et, plus récemment, la crise politique au sein même du gouvernement.
Gardons-nous donc, d’assombrir plus le tableau par une des plus terribles encore, la crise d’affrontements religieux, alors que l’ISLAM est une religion de paix, de tolérance, de consultation et de dialogue.
Je réitère ici ma proposition du dimanche dernier qui consiste à surseoir à toute procédure de désignation d’un quelconque Imâm.
Un Islamologue compétent pourrait être désigné par le Comité des sages et des personnalités Islamiques pour assurer la transition.
Très religieusement vôtre.