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Affrontements entre zangbéto et musulmans à Porto-Novo : tout faire pour éviter l'embrasement
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- Title
- Affrontements entre zangbéto et musulmans à Porto-Novo : tout faire pour éviter l'embrasement
- Creator
- Hubert O. Akponikpe
- Publisher
- La Nation
- Date
- April 20, 1993
- Abstract
- Vendredi et dimanche derniers, Porto-Novo, notre capitale politique, a vécu les heures les plus chaudes de son histoire.En effet, elle a été le théâtre d’un brusque déferlement de violence qui est le fait principalement d’éléments incontrôlables et incontrôlés, se réclamant les uns de la société secrète des «Zangbéto», les autres de la communauté musulmane de Porto-Novo.Que s’est-il donc passé pour que Goun et musulmans de Porto-Novo, qui de tout temps ont vécu dans une parfaite harmonie pour ne pas dire une certaine symbiose, se braquent soudain les uns contre les autres, au point qu’il y ait déjà mort d’hommes parmi eux?
- Page(s)
- 1
- 3
- Rights Holder
- La Nation
- Language
- Français
- Identifier
- iwac-article-0004084
- content
-
Vendredi et dimanche derniers, Porto-Novo, notre capitale politique, a vécu les heures les plus chaudes de son histoire.
En effet, elle a été le théâtre d’un brusque déferlement de violence qui est le fait principalement d’éléments incontrôlables et incontrôlés, se réclamant les uns de la société secrète des «Zangbéto», les autres de la communauté musulmane de Porto-Novo.
Que s’est-il donc passé pour que Goun et musulmans de Porto-Novo, qui de tout temps ont vécu dans une parfaite harmonie pour ne pas dire une certaine symbiose, se braquent soudain les uns contre les autres, au point qu’il y ait déjà mort d’hommes parmi eux?
Tout serait parti ces temps derniers d’un différend entre un musulman, en l’occurrence Bello Liamidi qui, bien qu’appartenant au groupe des Zangbéto, a commencé par fouler aux pieds les règles et autres principes qui régissent cette secte.
Une nuit, alors qu’il rentrait chez lui, il a été interpellé par les «Zangbéto». N’ayant pas répondu au mot de passe comme c’est de coutume, la décision a été prise par les membres du groupe de le juger. Ce qui a été fait et l’intéressé a été condamné à se soumettre aux cérémonies de purification dites «man». Selon certaines sources, Bello Liamidi aurait été molesté. Ses fils Amad et Tiamiou, informés, auraient décidé de le venger. Ce sont eux qui auraient ameuté leurs co-religionnaires qui, le mercredi, en plein midi, seraient allés chercher une case de Zangbéto à Déguè-Gare qu’ils auraient brûlée publiquement au carrefour de l’Ecole urbaine centre de Porto-Novo.
Mais la goutte d’eau qui fera déborder le vase est que, dans la nuit du jeudi à vendredi, il a été trouvé à Déguè-gare, trois représentations de cadavres, deux représentations de cases de Zangbéto, trois écriteaux portant «Liamidi est mort» et un imam représenté avec son coran et son chapelet.
Sitôt informé, l’Imam Djamiou Damala de la Mosquée centrale de Porto-Novo en a parlé à ses fidèles au cours de la grande prière du vendredi. Et toute la vague de violence serait partie de là.
Dimanche, la journée plus éprouvante
Dans leur furie, les jeunes musulmans qui ont été rejoints certainement par des délinquants et autres «Klébés» de Kraké brûleront des cases des Zangbéto partout où ils en trouvèrent: à Akron, Agbokou, Gbêkon, Avassa, Zèbou pour ne citer que ces endroits-là.
S’il y a eu une légère accalmie samedi, il importe de préciser que la journée de dimanche a été la plus terrifiante et la plus éprouvante pour les populations: des voies barricadées avec des pneus en flammes, des motos brûlées, des maisons saccagées, le grand fétiche «Avessa» de Porto-Novo, incarnant le monstre à 9 têtes complètement détruit à Akron, le centre d’enseignement arabe islamique «An-Sar Dine» d’Agbokou IV et le centre islamique Assayidiath avec internat sis à Akron complètement mis à sac, des étals détruits sur la voie ABM-marché Ahouangbo.
A ces dégâts matériels, s’ajoutent bien entendu un mort en la personne de Firmin Togbé, douze blessés et 44 interpellations dont deux femmes.
C’est donc pour trouver très rapidement une solution à ce douloureux problème que le préfet du département de l’Ouémé, M. Godfried Johnson a convoqué et présidé hier matin dans la salle de conférence de la préfecture à Porto-Novo, une réunion à laquelle ont pris part tout ce que Porto-Novo compte comme sages, le commissaire central de la ville de Porto-Novo, (M. Nicolas Adjovi), le capitaine commandant la compagnie de gendarmerie de Porto-Novo, les membres de l’ADESCP (Association pour le Développement Economique, social et culturel de Porto-Novo), le président du Parti «Notre cause commune», les représentants des cinq dynasties de Porto-Novo (Déhakpon, Dè Lokpon, Dè Houdé, Dè Messè et Dè Houngni). L’Imam Djamiou Damala de la mosquée centrale de Porto-Novo, El Hadj Badirou Gafary. dit Baba Dine, chef de la Communauté musulmane de Porto-Novo et André Yèkèdo, responsable du culte des Zangbéto ont également pris part à cette rencontre qui a essentiellement réfléchi sur la recherche des voies et moyens à mettre en oeuvre pour ramener la paix et la quiétude dans la ville de Porto-Novo.
Au cours de cette rencontre, il a été mis sur pied un comité dit «comité d’apaisement» formé de cinq représentants des Goun, de cinq représentants des musulmans, et des représentants des sages, de l’ADESCP et de l’administration pour aller apaiser les esprits à Akron, Avassa, Agbokou, Zèbou, Houéyogbé, Gbêkon, à la grande mosquée, Déguè-gare etc...
Hier, la tension était encore vive
Ce comité qui a bénéficié de la protection d’un détachement des éléments du commissariat central de Porto-Novo et ayant à leur tête le commissaire central lui-même et le commandent de compagnie de la gendarmerie de Porto-Novo, a commencé sa mission à Akron où le jeune Firmin Togbé qui trouvera la mort plus tard, avait été blessé et où le Avessan, le fétiche des fétiches de Porto-Novo a été saccagé. Mais là, les membres de la délégation ont dû rebrousser chemin parce que la tension y était encore maintenue vive par les éléments incontrôlables et incontrôlés.
Le moins que l’on puisse dire est qu’il urge de trouver très rapidement une solution à cette crise si l’on ne veut pas voir Porto-Novo, notre capitale politique, sombrer dans le chaos et un cycle de violence inutile.