Article
Ouagadougou et Ramatoulaye à l'heure du "Maouloud"
- en
- fr
- Hierarchies
-
Burkina Faso
- Articles de journaux (3615 items)
- Burkina 24 (279 items)
- Carrefour africain (33 items)
- FasoZine (116 items)
- L'Evénement (45 items)
- L'Observateur (61 items)
- L'Observateur Paalga (509 items)
- La Preuve (28 items)
- Le Pays (709 items)
- LeFaso.net (709 items)
- Mutations (13 items)
- San Finna (9 items)
- Sidwaya (1104 items)
- Publications islamiques (432 items)
- Al Mawadda (11 items)
- An-Nasr Trimestriel (16 items)
- An-Nasr Vendredi (318 items)
- L'Appel (48 items)
- L'Autre Regard (11 items)
- Le CERFIste (13 items)
- Le vrai visage de l'islam (15 items)
- Documents divers (Burkina Faso) (16 items)
- Photographies (Burkina Faso) (9 items)
- Références (Burkina Faso) (297 items)
- Articles de journaux (3615 items)
- Title
- Ouagadougou et Ramatoulaye à l'heure du "Maouloud"
- Publisher
- Carrefour africain
- Date
- May 6, 1972
- Abstract
- A Ramatoulaye, dans la nuit du mardi 25 au mercredi 26 avril, le Cheik Sidi Mahomed Maïga a présidé le «Maouloud» naissance du prophète en présence des grands dignitaires de l'islam : « Shérifs » descendant directs du prophète, Cheiks, imans, représentants de la communauté musulmans de Haute-Volta, délégations de Côte d'Ivoire, du Mali, du Ghana, du Nigéria, du Niger, du Sénégal, de la Mauritanie, de la Guinée et nombreux fidèles accourus des quatre coins de la Haute-Volta.
- Spatial Coverage
- Gourcy
- Ouagadougou
- Ouahigouya
- Ramatoulaye
- Côte d'Ivoire
- Ghana
- Guinée
- Mali
- Mauritanie
- Niger
- Nigéria
- Sénégal
- Grande Mosquée de Ouagadougou
- Rights Holder
- Sidwaya
- Language
- Français
- Source
- Bibliothèque du Congrès
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0003987
- content
-
A Ramatoulaye, dans la nuit du mardi 25 au mercredi 26 avril, le Cheik Sidi Mahomed Maïga a présidé le «Maouloud» naissance du prophète en présence des grands dignitaires de l'islam : « Shérifs » descendant directs du prophète, Cheiks, imans, représentants de la communauté musulmans de Haute-Volta, délégations de Côte d'Ivoire, du Mali, du Ghana, du Nigéria, du Niger, du Sénégal, de la Mauritanie, de la Guinée et nombreux fidèles accourus des quatre coins de la Haute-Volta.
Comme chaque année, le Cheik de Ramatoulape dans son message aux fidèles évalués à 10.000 personnes a tout d'abord rendu hommage au gouvernement qui, a-t-il dit respecte la liberté religieuse, permettant ainsi annuellement la tenue de cette fête religieuse. Il a en conséquence exhorté les fidèles à soutenir le gouvernement afin qu'il puisse promouvoir le développement social et économique aussi bien des musulmans que des non-musulmans dans un monde où la famine et les insuffisances pluviométriques sont permanentes.
Abordant le problème purement religieux, le Cheik a stigmatisé ceux qui, par ignorance minimisent la force divine. Il a souligné que de tels hommes ont le cœur dur comme la pierre et que pour les ramener sur le droit chemin, il faudra briser ce cœur. Le Cheik devait ensuite, durant toute la nuit prodiguer de nombreux conseils aux fidèles comme par exemple le devoir de chaque fidèle de respecter les 5 prières de la journée.
« LA PAIX DIVINE »
Le nom de Ramatoulaye est rattaché à celui qui fut son fondateur, le Cheik El Hadj Boubakary Maïga. Dès son jeune, âge, 23 ans, il quitta son village alors appelé à l'époque Niamissiguima. En quittant le berceau natal, il n'avait nullement le dessein d'aller faire des études. Il était simplement envoyé pour aller récolter un crédit de 500 francs CFA contracté à son père près de Gourcy.
Pris de soif en cours de route, il abandonna sa course et passant près d'un puits, il sollicita de l'eau pour étancher sa soif. C'est alors qu'un vieillard le pressa de questions sur son identité. Et l'intéressé d'expliquer l'objet de sa mission — Etonné, le vieillard répondit que mieux valait étudier le coran que de faire cette longue distance à pied pour uniquement aller récolter une modique somme de 500 fr CFA. Ce qui parait également étonnant car n'oublions pas, que nous sommes en 1905 époque ou avec 25 fr CFA on pouvait acheter un taureau. Toujours est-il que celui qui plus tard allait devenir le Cheik le plus populaire de Haute-Volta et qui allait inspirer plus de respect prit aussitôt la décision d'aller à la conquête des connaissances. C'était, comme nous le disions, en 1905. Le voilà à Balmadougou (Mali) où il passa 5 ans chez un professeur musulman. Les 5 années passées, il obtint une permission de son maître pour effectuer un pélérinage dans lés lieux-Saints — Permission qui lui fut accordée avec la bénédiction du maître. A l'époque, il n'existait d'autres moyens que la marche à pieds. Il effectua le voyage aller-retour pendant 5 ans.
De retour, ses premières escales furent Frazan, ensuite Omodourmana où il approfondit ses connaissances — on le retrouve ensuite dans différentes régions du Ghana, notamment à Bako, toujours dans le souci d'approfondir ses connaissances. De là, on le vit à Karki, Salaga, Wankanré et enfin Ouagadougou. Dans la capitale voltaïque, l'administration coloniale l'emprisonna pendant 12 jours — Libéré, on le voit à Kibtanga et enfin à Ouahigouya où il connut une peine de 8 jours de prison. Encore libéré, il regagna Namissiguima, son village natal et c'est alors qu'il construisit dans le champ paternel, l'embryon d'un village qui devait par la suite s'appeler Ramatoulaye.
Aujourd'hui, Namissiguima existe et Ramatoulaye est pour Namissiguima ce que le Vatican est pour Rome. Une sorte de Saint-Siège qui signifie «la paix divine».
Installé chez lui, l'administration coloniale de Ouahigouya le convoqua et l'emprisonna de nouveau pendant une année, Transféré par la suite à Bamako, puis à Kayes, il fut interné dans une fosse pendant 8 mois — Ensuite ce fut le voyage sous surveillance à Ségou, Mopti et Tombouctou.
Il connut là également les Geôles coloniales durant 3 ans et 5 mois. Lorsque l'administration le libéra de nouveau, il resta 73 jours à Tombouctou — Là, il emprunta un bateau et au terme de 14 jours de voyage, il arriva à Ouahigouya où il vécut 3 mois 1 jour (toujours sur ordre du pouvoir central).
COMPROMETTRES LES CHANCES
Nous avons demandé au Cheik Sidi Mahomed de nous expliquer pourquoi son père était tant maltraité ?
— Parce que, nous a-t-il expliqué, il avait des ennemis. Parce qu'il conseillait à ses semblables de bonnes vertus : ne pas boire, ne pas commettre l'adultère, ne pas consulter les charlatans, ne pas tuer, ne pas assister aux funérailles d'un païen. Il compromettait ainsi, les chances de ceux qui tiraient profit de toutes ces pratiques — Alors, pour eux, il fallait coûte, que coûte l'éliminer de la circulation.
Pourtant, rien ne lui était reprochable, car il n'avait ni tué, ni volé, ni commis l'adultère. Simplement parce qu'il exhortait les hommes à croire en Dieu, ce qui obligatoirement impliquait le respect à toutes ces vertus.
Or, pour l'administration coloniale, de telles idées risquaient de détourner les masses pour des activités qui n'avaient rien à voir avec la logique coloniale.
LES 12 COMMANDEMENTS
Enfin, arrivé chez lui, il mourut après avoir vécu 3 mois 5 jours. Après 49 jours, son fils Sidi Mahomed lui succéda, après que celui-ci lui a légué la responsabilité de l'autorité divine dont il avait été investie. Qu'a-t-il donc légué à son fils ? : la responsabilité d'attirer à Dieu, de nombreux croyants, empêcher les hommes de céder à la tentation de faire du mal, les incliner à faire du bien. Tout ce qui est interdit par Dieu, le Cheik est tenu de faire comprendre aux hommes afin qu'ils puissent faire attention. D'autre part, le Cheik est chargé de donner la bénédiction aux fidèles qui viennent lui tendre la main. Alors le Cheik lui fixe les 12 lignes de conduite suivantes : ne reconnaître qu'un seul Dieu, ne pas faire des sacrifices, ne pas mentir, ne pas tuer, ne pas commettre l'adultère, ne pas voler, ne pas frapper, faire ses ablitions et prier régulièrement, faire l'aumône, effectuer le pélérinage à la mecque selon que le bon Dieu vous accorde les moyens. En fait, dit le Cheik, ces recommandations que m'ont laissées mon père, pour les enseigner à la postérité ont été dictées par le coran.
Ainsi, le Cheik Sidi Mahomed a succédé à son père pour être son continuateur. Cette place de continuateur de propagation de la foi musulmane, il l'a acquise non pas grâce à ses connaissances, bien qu'il ait beaucoup étudié, mais à la demande expresse de son père, juste la veille de sa mort.
La fête anniversaire de la naissance du Prophète Mohamed a été célébré à la grande mosquée de Ouagadougou le mercredi 26 avril. Cette fête appelée « Maouloud » a vu se réunir tous les musulmans pour écouter les maîtres de l'islam leur expliquer la philosophie de l'existance de cette religion.
C'est au cours de cette fête que les conseils concernant les prières, la vie familiale, la recherche de la pureté, le bien agir en offrant des aumônes et des cadeaux sont prodigués aux fidèles et aux adeptes de l'islam.
C'est donc sous l'égide de la communauté musulmane que les mohomettants ont écouté chanter et réciter les versets du Coran et cela durant toute la nuit.