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Ces Burkinabè oubliés du Soudan : en escale définitive sur la route de la Mecque
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- Title
- Ces Burkinabè oubliés du Soudan : en escale définitive sur la route de la Mecque
- Creator
- Kimségninga Savadogo
- Publisher
- Sidwaya
- Date
- February 20, 2001
- Abstract
- De façon solidaire, près d'un demi-million de Burkinabè vivent au Soudan où ils ne rencontrent apparemment pas de difficultés majeures pour se procurer des terres cultivables. Initialement partis pour le Hadj beaucoup se sont retrouvés dans ce pays, là où s'arrête pour eux, la route de la Mecque.
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0003902
- content
-
De façon solidaire, près d'un demi-million de Burkinabè vivent au Soudan où ils ne rencontrent apparemment pas de difficultés majeures pour se procurer des terres cultivables. Initialement partis pour le Hadj beaucoup se sont retrouvés dans ce pays, là où s'arrête pour eux, la route de la Mecque.
Khartoum capitale du Soudan, le plus vaste pays du continent africain. A l'arrivée, un constat se dégage dès les premiers instants. Le peuple soudanais est visiblement anime de la même courtoisie et de la meme «chaleur dans l'accueil» que les hommes et femmes du pays des hommes intègres, le Burkina Faso. Toujours disponible le Soudanais l'est. Prêt à se sacrifier et à sacrifier son temps à l'hôte, à l'étranger. Cela traduit toute l'hospitalité et la solidarité africaine des trésors, qu'il convient d'entretenir et de perpétuer au fil des générations. Ces qualités humaines des Soudanais ne devraient pas en principe surprendre les Burkinabè quand on sait que ce pays accueille près d'un demi-million de nos compatriotes. L'ouverture du Soudan au reste du monde a été mentionnée par le président Omar Hassan Ahmed Al Béchir à l'occasion du IIIe sommet de la Communauté des Etats sahelo-sahariens qui vient de se tenir à Khartoum du 12 au 13 février. «Nos portes demeureront ouvertes à tous pour une coopération et une coordination sur toutes les questions d'intérêt pour le continent» a laissé entendre le général Al Béchir qui a évoqué au passage l'historique du Soudan comme une plaque tournante (jadis) du commerce au plan continental. «La route du Soudan est celle que prenaient les pèlerins commerçants de l'Ouest lointain à travers cette région pour se diriger vers les lieux saints, à savoir la Mecque, Médine, et Jérusalem. Ces contacts permanents ont permis aux peuples de cette région de voyager facilement à travers ses vallées et ses pâturages sans être inquiétés ni par des obstacles frontaliers ni par des barrières humaines. L'intégration entre les peuples, le brassage culturel et la solidarité interethniques sont une réalité», rappelle le président soudanais.
Ceux que la mer Rouge a repoussé
Après la République de Côte d'Ivoire et probablement le Ghana, la plus grande communauté burkinabè résidant à l'étranger se rencontre au Soudan, un pays situé à des milliers de kilomètres du Burkina. Cette longue distance n'a constitué aucun obstacle pour ces centaines de milliers de Burkinabè qui se sont aujourd'hui retrouvés dans ce pays situé sur la route du pèlerinage à la Mecque. Située de l'autre côté de la mer Rouge, la grande majorité des Burkinabè qui y résident étaient en partance pour le Lieu Saint (la Mecque). Faute de moyens financiers pour franchir la mer Rouge beaucoup se sont vus obligés de s'installer au Soudan. M. Aboubacary Yao Bara raconte: «Je vis au Soudan depuis 63 ans. Je suis venu à pied au bout de sept (7) mois de marche. Je suis allé accomplir le pèlerinage à la Mecque et au retour je suis resté ici. Depuis lors je ne suis jamais reparti au Burkina faute de moyens financiers. J'ai fondé un ménage ici; actuellement ma famille compte sept membres. Mes enfants ne veulent pas rentrer et moi aussi je ne suis pas prêt à les abandonner pour me retrouver seul au pays où je ne suis pas sûr de me réintégrer facilement». Propos qui ressemblent à un cri de cœur, un cri d'alarme. Si au moins lui il a pu accomplir le Hadj, beaucoup ont été repoussés par la mer Rouge après avoir parcouru des milliers de kilomètres soit à pied, soit à dos d'âne ou par des moyens de transports en commun, routiers. Dans tous les cas, le parcours terrestre s'arrête au Soudan d'où il faut nécessairement emprunter l'avion ou le bateau pour atteindre la Mecque. Pendant que nous nous entretenons avec le vieux Bara, une femme (Aoua) la cinquantaine révolue, s'approche la main sur la poitrine... pour «vomir ce qu'elle avait dans le ventre». Son père est Burkinabè. Elle est née au Soudan. Depuis sa naissance elle n'est jamais rentrée au pays. Aujourd'hui son père est décédé. Elle-même mariée et mère de sept (7) enfants dont six garçons résidant au Soudan avec elle une fille actuellement mariée et vivant au Burkina: «Si je réussis à mettre le pied au Burkina je ne bougerai plus. Ici les conditions de vie sont difficiles, je suis désœuvrée, j'ai des rhumatismes osseuses qui m'empêchent de me donner au travail de la terre. Je vis dans la pauvreté». Faut-il conclure que celle-là a de la fibre patriotique ou simplement avouer qu'elle ne cherche qu'à fuir la misère? Pour certains, le retour définitif au bercail n'est pas pour aujourd'hui. Chez eux, la reconversion est presque totale. Pire, leurs enfants ne peuvent ou ne savent pas aujourd'hui s'exprimer dans leurs langues maternelles. Maintenant, c'est l'arabe ou rien. Heureusement que ceux-ci apparaissent minoritaires. Il y en a qui s'échinent pour maintenir les liens avec la culture initiale, burkinabè et c'est tant mieux.
Kimségninga SAVADOGO
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