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Dialogue intérieur. Ouagadougou : un refuge pour terroristes algériens?
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- Title
- Dialogue intérieur. Ouagadougou : un refuge pour terroristes algériens?
- Publisher
- Le Pays
- Date
- November 4, 1998
- Abstract
- En aout 1994, le Burkina Faso a accueilli vingt islamistes expulsés de Folembray, en France. Six d'entre eux se trouveraient toujours à Ouagadougou, tandis que les autres auraient quitté, sur la pointe des pieds, la capitale burkinabè. Depuis la semaine dernière, un autre islamiste, plus influent, semble-t-il, a débarqué au pays des hommes Intègres et serait logé dans une villa gardée par des forces de l'ordre en civil, non loin de l'Aéroport international de Ouagadougou. Ahmed Zaoui, puisque c'est de lui qu'il s'agit, traînerait dans son sillage un passé inquiétant pour toute âme réfractaire à la violence.
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0003855
- content
-
En aout 1994, le Burkina Faso a accueilli vingt islamistes expulsés de Folembray, en France. Six d'entre eux se trouveraient toujours à Ouagadougou, tandis que les autres auraient quitté, sur la pointe des pieds, la capitale burkinabè. Depuis la semaine dernière, un autre islamiste, plus influent, semble-t-il, a débarqué au pays des hommes Intègres et serait logé dans une villa gardée par des forces de l'ordre en civil, non loin de l'Aéroport international de Ouagadougou. Ahmed Zaoui, puisque c'est de lui qu'il s'agit, traînerait dans son sillage un passé inquiétant pour toute âme réfractaire à la violence.
Agé de 38 ans, Ahmed Zaoui avait clandestinement quitté la Belgique où il avait été assigné à résidence, après sa condamnation en 1995 à 4 ans de prison avec sursis pour association de malfaiteurs. Les autorités suisses l'assignèrent également à résidence à Sion, lorsqu'il fit son entrée sur leur territoire avec sa famille. En mai dernier, mis formellement en examen par un juge français, l'islamiste algérien a subi, pendant plusieurs heures, un interrogatoire en règle, dans les locaux du ministère public à Berne. Accusé en Algérie pour son appartenance au GIA (Groupe islamique armé), Ahmed Zaoui, qui s'affirme plutôt proche du FIS (Front islamique du salut), a été condamné à mort, par contumace. On constate donc que le Burkina Faso, une fois de plus, n'a pas accueilli un entant de choeur, encore moins un ange, mais plutôt un homme que Berne a expulsé, au motif qu'il représentait "un risque pour la sécurité du pays”. Et c'est fort de cette logique que Alger est sortie de ses gonds pour condamner l'attitude du Burkina Faso, qui assure la présidence en exercice de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), à un “moment où la communauté internationale se mobilise contre le terrorisme et où l'Afrique elle-même est la cible de ce fléau". La déclaration du porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères, Abdelaziz Sebâa, par rapport à l'asile accordé à un “dirigeant de groupe terroriste", ne souffre d'aucune ambiguïté et, du reste, le chargé d'Affaires burkinabè à Alger a été convoqué par les responsables politiques de ce pays pour être entendu sur “l'affaire" Ahmed Zaoui. De même, l'ambassadeur d'Algérie à Ouagadougou aurait pris contact avec les autorités burkinabè pour en savoir davantage sur leur position.
Si le Burkina Faso n'est pas à son coup d'essai quant aux actes "vexatoires" à l'encontre d'Alger, Ouagadougou en est peut-être à son premier coup de maître, vu la réaction de Liamine Zéroual. Tout porte à croire que sur le plan des relations diplomatiques, les deux pays ne filent pas le parfait amour et ce n'est pas la demande de réintégration du Maroc au sein de l'OUA, formulée par le Burkina, contre l'exclusion de la République arabe sahraoui démocratique (RASD), lors du dernier sommet de l'Organisation à Ouagadougou en juin 1998, qui nous contredira, quand on connaît la sympathie d'Alger pour la RASD et l'animosité réciproque qui règne entre l'Algérie et le Royaume chérifien.
Sur un autre plan, l'inconscient collectif Burkinabè se demande, une fois de plus, ce que visent réellement les autorités burkinabè qui, au nom d'un, certain "humanisme" et du sacro-saint principe de l'hospitalité africaine, exposent, à moyen, ou long terme, le pays des hommes intégrés aux menaces possibles de l'intégrisme religieux.
Tout en espérant que les explications et conciliabules permettront aux deux pays d'accorder leurs violons, on s'interroge sur le climat dans lequel se déroulera la passation de témoin entre le président sortant de l'OUA (le Burkina Faso) et le président entrant (l'Algérie) en juin prochain à Alger.
"Le Pays"
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