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Sommet de l'O.C.I. à Dakar : le grand tournant
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- Title
- Sommet de l'O.C.I. à Dakar : le grand tournant
- Creator
- Ephrem Dossavi-Messy
- Publisher
- La Nation
- Date
- December 11, 1991
- Abstract
- Parti dimanche dernier de Cotonou pour Dakar (Sénégal) en vue de prendre part au 6e sommet de l’Organisation de la Conférence Islamique, le chef de l’Etat, le président Nicéphore Soglo est rentré hier matin à Cotonou.
- Page(s)
- 1
- 3
- Subject
- Abdou Diouf
- Akbar Hachemi Rafsandjani
- Amadou Cheffou
- Coopération arabe
- Jaber Al Ahmed Al Sabah
- Nicéphore Soglo
- Omar Bongo
- Organisation de la Coopération Islamique
- Organisation de l'Union Africaine
- Salim Ahmed Salim
- Réconciliation
- Spatial Coverage
- Afghanistan
- Afrique du Sud
- Cotonou
- Dakar
- Gambie
- Irak
- Iran
- Koweït
- Liban
- Niger
- Palestine
- Sénégal
- Togo
- Rights Holder
- La Nation
- Language
- Français
- Source
- La Nation
- Identifier
- iwac-article-0003664
- content
-
Parti dimanche dernier de Cotonou pour Dakar (Sénégal) en vue de prendre part au 6e sommet de l’Organisation de la Conférence Islamique, le chef de l’Etat, le président Nicéphore Soglo est rentré hier matin à Cotonou.
Dans une interview à la presse nationale, le président Soglo a insisté sur le fait que la guerre du Golfe a laissé de profondes plaies avant de souhaiter que progressivement ces plaies se cicatrisent. «On voulait mettre le somme de l’OCI de Dakar sous le signe de la réconciliation» a ajouté le chef de l’Etat.
Par ailleurs, à propos de la situation au Togo qui demeure préoccupante au point que le président Abdou Diouf avait estimé qu’une intervention militaire française ne serait pas choquante, le chef de l’Etat a révélé que son séjour dans la capitale sénégalaise lui a donné l’occasion de prendre des contacts utiles en vue de parvenir à renouer dans ce pays voisin tous les fils du dialogue.
Pour le président Soglo qui n’admet pas que ce soit une puissance extérieure qui vienne se substituer aux Africains pour résoudre la crise Togolaise, seul le dialogue peut aboutir à l’instar de ce qui s’est passé dans notre pays. «Il y a certains équilibrer à respecter» a estimé le chef de l’Etat qui demeure convaincu que le dialogue peut permettre aux Togolais de résoudre la crise.
L'histoire retiendra dans les annales de l'Organisation de la Conférence Islamique la participation au Sommet d'un chef d'Etat béninois en la personne de M. Nicéphore Soglo. Il s'agit du 6e sommet islamique qui s'est ouvert lundi dernier au Complexe du Roi Fahd à Dakar.
En effet, dimanche 8 décembre 1991, à 11 h 30, heures locales, l’avion spécial transportant le président Soglo atterrit à l'aéroport international de Dakar-Yoff au milieu d'un dispositif impressionnant de sécurité.
A l’accueil, le président Abdou Diouf. Accolade, exécution de l'hymne national. Honneur militaire, Salve de coups de canon et revue des troupes...
Tel était le décor à l'arrivée du président Soglo. Le chef de l’Etat béninois a été immédiatement à la résidence «Pasteur» en face de l'hôpital A. Le Dantec, résidence gui lui était réservée pour le deroulement du sommet de l’O.C.I.
Le 6e sommet islamique qui s’est ouvert lundi dernier et dont les travaux se poursuivent encore dans la capitale sénégalaise a mobilisé plus de 3500 participants dont une trentaine de chefs d’Etat.
L’organisation de la conférence islamique (O.C.I.) est un ensemble de plus d’un milliard d’habitants repartis dans 45 pays. Créée le 21 août 1969 l’OCI avait pour objectif de relever les multiples défis au monde islamique par la marginalisation croissante dont il était victime et par les nombreuses agressions extérieures qui avaient frappé certains de ses membres, notamment la Palestine. Au fil des ans, l’OCI s’est tranformée en un forum de réflexion et d’action, service de développement, de la coopération et de la solidarité entre les pays islamiques.
L’OCI fait son chemin avec les difficultés inhérentes à toute organisation. Elle a 22 ans aujourd'hui et le 6e sommet qui se tient actuellement intervient dans un contexte critique où ses pays membres viennent de subir le plus grave choc de toute leur histoire. Les plaies sont encore ouvertes. Pas seulement dans le Golfe où les séquelles de la guerre dominent les esprits, et le comportement des Etats, mais aussi dans les autres pays islamiques, confrontés à l’effondrement de l'empire soviétique et à l'émergence de nouvelles nations islamiques. L’Afghanistan n'est plus sous occupation étrangère.
Cela fait dire aux observateurs, que l'OCI se trouve face à de nouveaux défis autrement plus redoutables. Comment allier authenticité et modernité, progrès et attachement aux valeurs spirituelles ? Comment gagner l'un sans perdre l'autre? Quelles stratégies économiques adopter face aux marchés communs en Occident et en Asie ? Comment maintenir la paix au Proche Orient et au Moyen Orient? La paix, cette conquête Permanente.
Comment démontrer à la face du monde que pour l’OCI les concepts de tolérance, solidarité, unité et coopération, ont une signification profonde et agissante entre les Etats musulmans ? Comment enfin, prouver au monde entier que les Etats de l'OCI, parlent d’une même voix nonobstant leur diversité parce que le ciment de leur unité est intangible : l’Islam.
Ce sont là les préoccupations exprimées dans toutes les interventions enregistrées lors de la séance inaugurale du 6e sommet dans la salle des congrès du complexe du Roi Fahd.
C'est d'abord le président sortant de l’OCI, son altesse royale Cheikh Jaber Al Ahmed Al Sabah, émir du Koweit, qui a pris la parole pour saluer tous les participants et appeler les musulmans divisés à une fraternité de la foi. Mais pour y arriver la lutte sera longue et exigera «science et conscience, sacrifices et abnégations» Son altesse royale rappelera les cinq principes fondamentaux de l’OCI qui s’imposent à tous et auxquels tous les pays membres ont adhéré et qui pourtant subissent de flagrantes violations de la part de certains pays comme l’Irak. L’Emir du Koweit a rappelé cette guerre de triste mémoire qu'a été la guerre du Golfe, qui lui a valu l’invasion de son territoire. Son bilan aurait pu meilleur si des circonstances exceptionnelles ne l’avaient pas entravée au cours de son mandat. Il rappelle les gros dossiers en cours de règlement et ceux à entreprendre...
Puis, il rappelle les qualités exceptionnelles d’homme d’Etat du président Abdou Diouf, ayant les ressources nécessaires pour conduire durant les prochaines années, les destinées de l'OCI. Il lui passe le témoin et le président Diouf vient s'installer à la table d’honneur en tant que président de la 6e conférence. C’est pour la première fois que se tient un tel sommet en Afrique au Sud du Sahara. Remerciant les chefs d’Etat et tous les participants, M. Diouf a fait observer «votre présence ici est une manifestation d’amitié à mon égard... Ce pays est le vôtre...» Ses mots de remerciements sont allés vers tous les pays qui ont contribué par diverses manières à la tenue de ce 6e sommet.
Le contexte historique actuel, les espoirs et craintes qui secouent le monde, les préceptes de l'Islam, la crise du Golfe, l’évolution de la situation dans la région du Moyen-Orient, la conférence de Madrid et le recours à la solidarité internationale, ont été les temps forts de son intervention, solidarité à l'égard de certaines communautés musulmanes du monde, solidarité à l'égard de l'Afrique du Sud également.
Le président Diouf a émis l'espoir qu'avec l'aide et la bénédiction de Dieu, les résultats du 6e sommet à travers les décisions qui seront adoptées favorisent la renaissance de la foi islamique. «Il nous restera alors à maintenir ardente et lumineuse la flamme ainsi rallumée. La meilleure façon de le faire est de reserrer nos rangs ,en continuant de nous soutenir mutuellement et de nous entraider avec engagement et générosité...»
Après lui, des porte-parole de groupes arabe (Liban) asiatique (Iran) et Afrique (Gambie) ont pris la parole ainsi que le Docteur Hamid Algabide SG/OCI), le SG sortant de l'ONU, le SG de l'OUA «le secrétaire général adjoint de la ligue arabe pour prévenir les querelles, et maintenir le processus de paix engagé au Proche Orient et faire de l'OCI, un véritable outil de coopération fructueuse entre ses membres»,..
Les travaux de ce 6e sommet se poursuivront jusqu’à demain.
EN MARCHE DU SOMMET
Dimanche dernier, peu après son arrivée à Dakar, le président Nicéphore Soglo a été chaleureusement accueilli par une délégation de la communauté béninoise à la résidence «PASTEUR». Les Béninois de Dakar ont demandé spécialement une autre visite au chef de l’Etat, visite au cours de laquelle ils pourront discuter de certains problèmes internes du pays, et rechercher les voies et moyens pour relancer l’économie. Il a ensuite tenu une séance de travail avec le bureau de la colonie béninoise de Dakar. Nos compatriotes étaient heureux de l'entendre parler des grands axes de son programme de développement et ont déploré le manque de communication entre Dakar et Cotonou.
Les étudiants béninois à Dakar se sont également manifestés et ont eu à soumettre au président de la République, quelque unes de leur doléance.
INTRETIENS BILATERAUX
Dans la soirée de dimanche le président Amadou Toumani Touré du Mali a rendu visite au président Soglo ainsi que le secrétaire général de l'OUA M. Salim Ahmed Salim et le premier ministre du Niger M. Amadou Cheffou. Au centre de tous ces entretiens, les difficultés économiques du continent, le processus démocratique en Afrique, le drame du Togo.
Puis, lundi peu avant l’ouverture officielle du 6e sommet, le président Soglo s'est entretenu avec Mme Sadako Ogata, Haut commissaire des Nations-Unies pour les Réfugiés avec qui il a discuté des réfugiés togolais au Bénin. Mme Sadako a promis examiner avec diligence cette question.
Le président Soglo a eu par ailleurs après la séance inaugurale une longue entrevue en tête-à-tête avec son Altesse royale M. Cheikh Jaber Al Ahmed Al Sabah, émir du Koweit. Les problèmes de coopération bilatérale ont dominé cet entretien. Il en a été de même avec le président de l'Iran Son Excellence H. W. M. Akbar Hachemi Rafsandjani et le premier ministre marocain. Le président Soglo a enfin discuté avec son homologue gabonais Omar Bongo des questions d’intérêt commun.