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Comité de réconciliation de l'Ambassadeur Abou Doumbia : encore un piège contre l'Islam !
- Title
- Comité de réconciliation de l'Ambassadeur Abou Doumbia : encore un piège contre l'Islam !
- Type
- Article de presse
- Creator
- Dembélé Al Séni
- Publisher
-
Plume Libre
- Date
- October 1994
- issue
- 32
- pages
- 4
- 7
- number of pages
- 2
- Subject
- Intégrisme
- Language
- Français
- Is Part Of
-
Plume Libre #32
- content
-
SOUVENIRS 1992.
Après maintes revendications des musulmans et la prise de position d'un leader de l'opposition sur la question, le gouvernement ivoirien ouvre enfin une ambassade en Terre Sainte. Le poste d'ambassadeur dans ce pays échoit au sieur Abou Doumbia, un bon musulman laïc (pour ne pas en dire plus).
07 décembre 1993, décès du "vieux". La Côte d'Ivoire connaît un changement de président et de gouvernement. Comme tout bon politicien des tropiques, notre ambassadeur se met dans la bonne direction du vent. Pour mieux "taper" dans l'œil du pouvoir, il n'a pas cherché loin. La communauté musulmane, celle à laquelle il appartient est secouée par des convulsions. En effet tel un volcan en ébullition, Diaby Koweït, à coup de millions et avec l'appui déclaré du pouvoir, cherche à déstabiliser les musulmans, à les assujettir à ses desseins et à ceux de ses commanditaires. La riposte des musulmans est à la mesure de l'acte. Images, encre et salive continuent aujourd'hui encore d'en rendre compte. Dans ce que l'on s'ingénie à présenter surtout du côté du pouvoir comme une division des musulmans, plusieurs personnes (quelques naïfs, beaucoup de courtisans et nombre d'opportunistes) ont cherché à tirer profit. Au premier chef, l'inénarrable... Abou Doumbia. Profitant d'un séjour au pays il y a quelques semaines, il se fait recevoir par le président Bédié à qui il explique son projet et remet une liste. Cette liste comporte des noms de cadres musulmans susceptibles d'avoir une certaine influence sur cette communauté. Beaucoup ont d'ailleurs été mis devant le fait accompli. Les principaux animateurs de ce comité aux côtés de l'initiateur sont le député Oumar Diarra et le préfet de Man Abdoulaye Touré (un autre qui est dans tous les coups fumants contre l'Islam).
Le comité de réconciliation de l'ambassadeur Abou Doumbia :
Encore un piège contre l'Islam
Par Dembélé Al Séni
Depuis quelque temps, un comité dit de "réconciliation" entre les musulmans s'active dans les allées du pouvoir et près des principaux leaders de cette communauté. Il prétend vouloir sceller l'unité des musulmans. Qui en sont les initiateurs, quelles sont les intentions inavouées et que faut-il en attendre? Notre analyse sur cette mascarade qui n'est rien d'autre qu'un piège de plus contre l'Islam.
A regarder de près, ce comité qui ambitionne de devenir le tampon entre le pouvoir et les musulmans est formé de personnes qui ont toujours brillé par leur absence sur le terrain de la lutte. Malgré les hauts postes occupés, ils ne se sont préoccupés que de leur promotion et de leur devenir politique. C'est un choix. Tout en le déplorant, il faut le respecter. Mais comme tout choix, il faut que ces cadres musulmans l'assument. Au tant ils ont déserté le terrain de la lutte pour l'épanouissement de l'Islam aux côtés de leurs coreligionnaires, au tant leur irruption sur la scène religieuse pour en faire un tremplin ne sera acceptée par les musulmans. Il faut dès à présent savoir que la logique coloniale qui consistait à faire encadrer les musulmans par des fonctionnaires est bel et bien révolue. Chacun devra avoir le courage de ses ambitions politiques et recourir aux méthodes et moyens adéquats. Entre autre, on peut leur suggérer les partis politiques allant des conservateurs indécrottables au progressistes les plus généreux... Ils sont nombreux ces cadres pour qui la religion n'a qu'une fonction sociale. La foi, ils n'en ont cure. Soit! Mais le minimum pour eux est de respecter leurs frères de foi surtout les chefs religieux: les imams. Ces honorables serviteurs du Tout-Puissant ont pendant longtemps été manipulés, utilisés, travestis à souhait par le pouvoir à l'initiative de ces cadres à la foi de caméléon. Il est temps d'en finir avec ces pratiques.
Pourquoi la réconciliation maintenant?
Depuis 1992, Diaby Koweït pollue l'atmosphère islamique en Côte d'Ivoire. Pendant ce temps, que de gâchis! Est-il nécessaire de rappeler ici le sabotage du pèlerinage 94, la tentative de sabotage du congrès des femmes, les actes de vandalisme à la mosquée de l'Avenue 8 à Treichville? Tout ceci s'est fait au vu et au su de nos "réconciliateurs de la 25e heure". Avaient-ils perdu la vue? L'usage de la parole? la faculté d'entendre? Pourquoi sont-ils demeurés silencieux? Assurément, leur attitude les disqualifie pour une quelconque réconciliation et leurs actions actuelles cachent une intention souterraine. Veulent-ils s'insérer dans la dynamique actuelle de l'Islam en Côte d'Ivoire? Ils n'ont qu'à faire amende honorable. Le pardon est islamique; il seront acceptés sans tambour ni trompette!
La réalité du terrain
Parler de réconciliation suppose d'ailleurs qu'il y ait deux camps opposés et qu'il existe potentiellement un consensus acceptable par les différentes parties. La réalité au niveau de l'Islam en Côte d'Ivoire est tout autre. Point n'est besoin de porter des lentilles pour voir le corps social islamique dans ce pays formé de bloc. Les imams, les communautés, les associations, les mosquées sont en harmonie et parlent d'une voix à travers le Conseil Supérieur des imams et le Conseil National Islamique. Ou se trouve donc la division? Le Conseil Supérieur Islamique? Tiens! il existe! Mais car il y a un mais; sa réalité ne dépasse pas les bureaux d'enregistrement du ministre de l'intérieur, les écrans de la télévision nationale et les antennes de radio Côte d'Ivoire. Des regroupements comme ce fameux Conseil Supérieur Islamique, on peut en créer des dizaines au nom de la liberté d'association! D'ailleurs ils sont les bienvenus car ils permettent de séparer les croyants des hypocrites. Mais ce qui compte, c'est la réalité sur le terrain et ici, cette réalité crève les yeux. Lors des sorties d'installation du CNI à travers le pays, ce sont des flots humains qui se mobilisent. L'adhésion affective et effective se traduit par la prise en charge de tous les frais de l'organisation par les populations (derniers exemples en date: Daloa et Bondoukou après San-Pédro, Bouaké, Korhogo et bien d'autres villes); la communion est totale entre les musulmans et leurs chefs religieux. En face de cela, les rares tentatives de Koweït et de son conseil en direction de la population n'ont réuni que des dizaines de personnes venues pour la plupart sur convocation expresse du préfet.
Il en a été ainsi à Bouaké et à Daoukro. Alors, quelle est cette communauté divisée qu'on veut réconcilier ?
Au demeurant, aucun consensus ne peut être obtenus entre les musulmans cherchant à s'organiser, à obtenir plus de justice et d'égalité et des hommes sans foi ni loi cherchant uniquement à faire de l'Islam un char pour porter leurs ambitions politiques. Sur le terrain de l'Islam, les croyants le savent, il faut s'aligner sur les décisions, les orientations et les prescriptions des imams. C'est l'autorité. Le CNI est la manifestation sur terrain par les fidèles. de la volonté unanimement manifestée par tous les imams de Côte d'Ivoire. Celui qui se met contre cette volonté choisit d'avoir les musulmans sur le dos. De plus, sur un plan strictement laïc (même pour les partis politiques) le poids des structures est fonction de leur représentativité! Là encore aucune ambiguïté n'est possible: le CNI, c'est la voix des musulmans, de tous les musulmans.
Les intentions souterraines
Le comité de réconciliation en fait, c'est le constat de l'échec de la politique Diaby Koweït par le pouvoir. L'objectif, c'est de créer un véritable panier à crabes où les musulmans passeraient le clair du temps à se batailler avec les hypocrites. Sachant par ailleurs que les musulmans ne se laisseront pas facilement prendre à ce jeu, un autre objectif sous-jacent est d'arriver à montrer aux yeux de l'opinion que les imams et le CNI sont des "jusqu'auboutistes", refusant toute conciliation et tout dialogue. De là à en faire des intégristes, le pas sera très vite franchi. On pourra alors allègrement mettre en marche la machine des exactions, de la répression, voire des dissolutions dont la première tentative puérile a été engagée par le Conseil Supérieur islamique contre le CNI.
Non, les musulmans ont choisi. Ils veulent avancer. Ils n'entendent plus se laisser distraire. Même par des cadres qui se réclament d'eux. Il faut tout simplement en prendre acte.*
DAS
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Plume Libre #32
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