Article
Situation socio-politique : des religieux fustigent les politiciens
- Title
- Situation socio-politique : des religieux fustigent les politiciens
- Type
- Article de presse
- Creator
- Germaine Boni
- Publisher
-
Le Jour
- Date
- January 22, 2002
- DescriptionAI
- Lors d'une conférence organisée par la Jeune chambre économique d'Abidjan, l'abbé Norbert Abékan et l'imam Djiguiba Cissé ont débattu de la cohabitation pacifique entre les religions. Ils ont convergé sur l'idée qu'une foi sincère en Dieu est essentielle pour une coexistence harmonieuse. L'imam Cissé a affirmé la réalité de cette cohabitation en Côte d'Ivoire et suggéré une charte pour les religieux, tandis que l'abbé Abékan a attribué les tensions à une connaissance superficielle des religions et a appelé à un retour aux principes d'amour et de respect. Les deux conférenciers ont également fustigé les politiciens pour leur opportunisme.
- number of pages
- 1
- Language
- Français
- Contributor
-
Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0012022
- content
-
Situation socio-politique
Des religieux fustigent les politiciens
Dans le cadre de ses activités de 2002, la Jeune chambre économique d'Abidjan a réuni vendrdi dernier, deux religieux sur le même plateau. Il s'agit de l'abbé Norbert Abékan et de l'imam Djiguiba Cissé qui ont débattu sur le thème : "Cohabitation pacifique entre les religions : mythe ou réalité ?". Les deux conférenciers convergent pour dire que seule la foi véritable en Dieu permet de cohabiter en paix.
"La foi en Dieu donne à la vie son sens véritable". Ce bout de phrase a été le leimotiv de la Jeune chambre économique d'Abidjan, au cours de la conférence publique qu'elle a organisée vendredi dernier sur le thème : "Cohabitation pacifique entre les religions : mythe ou réalité ?". La religion, selon l'imam Djiguiba Cissé, est "la relation de l'homme avec un être suprême, la relation entre les deux hommes eux-mêmes, relation entre les hommes et Dieu et la relation entre les hommes et leur environnement en parlant des lois écologiques". De ce point de vue, il y a un contenu affectif dans tous ces différents rapports. Ce qui, selon l'imam, implique la crainte du créateur. En prenant cette définition de la religion, l'islam est ouvert aux autres religions sur la base de l'origine commune qui est Dieu, des symboles et de l'intérêt commun. Car, démontre l'imam, selon les enseignements du Saint Coran' : "Nous sommes tous issus d'Adam et d'Eve et nous n'adorons que Dieu seul. Nous croyons à la doctrine de Jésus, de Moise et de Jacob". En Côte d'Ivoire, les rapports entre l'islam et le christianisme ne sont pas détériorés. La preuve, selon Djiguiba Cissé, "depuis quelques années, nous sommes tous réunis au sein d'un forum des confessions religieuses que préside, sans problème, senior Jacob Ediémou". Pour l'imam, la cohabitation entre les religions n'est pas un mythe mais une réalité. Dans la mesure où, poursuit-il, “nous partageons un même pays, un même territoire, les mêmes traditions". Il propose, par ailleurs, que tous les religieux aient une charte qui les engage à mieux vivre véritablement ensemble dans la paix. Cette conclusion de l'imam est partagée par l'abbé Eric Norbert Abékan pour qui : "Le mythe est une construction de l'esprit qui ne repose pas sur la réalité". La religion, souligne-t-il, est une exigence de vie : "Nous sommes tous appelés à former une famille". Lieu de réconciliation par excellence, la religion est paradoxalement le lieu de tension. Pour la simple raison : "Qu'on ne connaît pas assez bien nos religions. De sorte qu'il y a un dialogue de sourds entre les différentes communautés. Le chrétien se croit supérieur au musulman et le regarde avec un air méprisant et vice versa. Et pourtant; nul ne détient le monopole de Dieu", justifie l'abbé Abékan. Il renforce son argumentation en prenant l'exemple de l'église catholique qu'il connaît le mieux : "A l'église catholique, il n'y a pas assez de formation chrétienne, on ne connaît pas bien sa religion. Nous vivons un christianisme superficiel. Il n'y a pas de lien entre notre foi et notre vécu. Toutes choses qui entraînent le népotisme et l'exclusion". Il s'impose donc un examen de conscience de tous, afin de revenir à l'essentiel qui est Dieu lequel "nous a voulus différents les uns et des autres. Il nous faut reconnaître les uns et les autres. Dieu nous enseigne l'amour, la paix. Il faut donc revoir notre manière de nous adresser à l'autre", recommande l'abbé Abékan. C'est à ce prix que musulmans, chrétiens, bouddhistes, célestes et autres peuvent relever ensemble de grands défis, en posant ensemble des actes, en priant ensemble. Et ne pas être comme "les politiciens qui sont sans boussole, n'ont pas de religion et ne pensent qu'à leurs propres intérêts et nous utilisent", ont conclu les conférenciers.
GERMAINE BONI
L'Abbé Eric Norbert Abékan
