Article
Les religieux aux Ivoiriens : "Faisons l'économie du sang versé"
- Title
- Les religieux aux Ivoiriens : "Faisons l'économie du sang versé"
- Type
- Article de presse
- Publisher
-
Le Jour
- Date
- October 18, 2002
- DescriptionAI
- Le Forum national des confessions religieuses s'est réuni à Abidjan en octobre 2002 pour lancer un appel urgent à la paix et à la fin des hostilités en Côte d'Ivoire, suite aux événements tragiques débutés le 19 septembre. Il condamne l'usage de la force armée à des fins politiques et exhorte toutes les parties – Ivoiriens, responsables politiques et belligérants – à privilégier le dialogue, l'unité et la non-violence. Les religieux appellent à la solidarité, au pardon et au respect de l'hospitalité ivoirienne pour la stabilité et la prospérité du pays.
- pages
- 1
- 2
- number of pages
- 2
- Language
- Français
- Contributor
-
Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0012005
- content
-
◆ LE CRI DU CŒUR DES RELIGIEUX
"Faisons l'économie du sang versé"
Le forum des confessions religieuses s'est réuni mercredi dernier à la cathédrale St Paul d'Abidjan, pour tirer la sonnette d'alarme sur les événements tragiques débutés en Côte d'Ivoire depuis le 19 septembre 2002. Dans leur déclaration, les religieux s'inquiètent de l'évolution de la situation et appellent à un arrêt des hostilités.
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Les religieux aux Ivoiriens
"Faisons l'économie du sang versé"
Le forum des confessions religieuses s'est réuni mercredi dernier à la cathédrale St Paul d'Abidjan, pour tirer la sonnette d'alarme sur les événements tragiques débutés en Côte d'Ivoire depuis le 19 septembre 2002. Dans leur déclaration, les religieux s'inquiètent de l'évolution de la situation et appellent à un arrêt des hostilités.
Chers frères et soeurs,
Chers Ivoiriens.
Dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002, le peuple de Côte d'Ivoire a été réveillé par le bruit des armes. Ce que les uns et les autres ont appelé «coup d'Etat», «attaque extérieure», «invasion par les assaillants», «attaque par les terroristes», nous amène à prendre conscience de la gravité des événements que nous vivons.
Le Forum national des confessions religieuses, soucieux de la place prépondérante que tient la paix dans un pays ;
• Condamne l'usage de la force armée à des fins politiques.
• Déplore la destruction des biens privés et publics et la mort des filles et des fils de notre pays.
• Présente ses condoléances les plus attristées aux nombreuses familles que ces actes barbares ont endeuillées.
• Remercie tous ceux qui, au nom de l'amour du prochain, ont fait des dons pour aider ces familles et les populations déplacées.
Aussi, solidaire du peuple ivoirien et des peuples frères vivant sur notre territoire, nous nous permettons de vous inviter à faire preuve de retenue, afin de rester dignes même dans la douleur, dans cette crise socio-politique.
Point n'est besoin d'affirmer que nous sommes dans un Etat de droit et que tout acte, aussi légitime soit-il, doit s'inscrire dans le respect des règles qui régissent le pays.
Ne tombons pas dans le piège qui consiste à diviser pour mieux régner. Appliquons-nous plutôt à créer un environnement d'union et d'amour, valeurs fondamentales que nous enseignent nos différentes religions.
Frères et soeurs,
Nous sommes une terre d'hospitalité. C'est ce qui fait notre grandeur. Nous devons demeurer dignes dans l'adversité et fidèles à notre vocation. Evitons l'escalade de la violence. Soyons les apôtres de la non-violence, tout en défendant notre identité nationale et notre souveraineté.
Après tant d'événement douloureux, le Forum national des confessions religieuses, appelle encore, chaque habitant de Côte d'Ivoire, à faire triompher l'amour sur la haine, afin que le pardon l'emporte sur la vengeance.
A vous nos frères et soeurs responsables des partis politiques
Nous vous supplions, rentrez en vous-mêmes, restez en silence, un silence de médiation et de prières. Dieu vous écoute, parlez-lui à coeur ouvert. Faites chacun pour sa part et tous ensembles, une immersion spirituelle.
Même en politique et surtout en politique, le spirituel a sa place. Et devant Dieu et devant notre conscience, dans la foule des sentiments qui s'entrechoquent dans votre coeur, choisissez les meilleurs, choisissez des sentiments les plus nobles pour élever le débat et donner des chances à ce pays afin que tous, dans une solidarité active, nous puissions gérer le patrimoine reçu à profusion dans cette Afrique saturée de mauvaises nouvelles.
Dieu nous demandera compte de ce que nous faisons aujourd'hui.
A vous nos frères, qui avez décidé de prendre les armes pour défendre votre cause
Nous disons que quelles que soient vos motivations, l'usage des armes ou la force n'est pas le meilleur moyen. Car, après la guerre la plus brève ou la plus longue, reste toujours dans l'histoire un seul geste : c'est la rencontre autour d'une table pour dialoguer. Alors, chers frères, pourquoi ne pas commencer par-là ?
Faisons l'économie de sang versé inutilement. Et nous sommes sûrs que la Côte d'Ivoire en sortira grandie, car en définitive, c'est elle que tous et chacun, nous voulons servir.
A vous nos frères venus d'ailleurs partager notre vie sur le territoire ivoirien
A vous, nous disons, au nom de notre peuple, notre joie de vous accueillir. La Côte d'Ivoire, dès ses origines, a fait de l'hospitalité, un élément essentiel de son principe de vie. Elle voudrait être une «oasis de paix» où chaque être humain, quel qu'il soit et d'où qu'il vienne, expérimente ou redécouvre les vertus de l'accueil et la joie de vivre.
L'hospitalité que les Ivoiriens pratiquent à votre endroit est un signe de confiance et une volonté manifeste de construire, avec vous, la solidarité africaine et la fraternité universelle. Cette hospitalité appelle normalement la réciprocité qui est une règle d'or dans les relations, internationales.
Elle implique de votre part, de vivre en bonne intelligence avec ce peuple, dans le souci constant de sauvegarder l'acquis et de promouvoir l'unité et la paix sociale et de travailler honnêtement à la prospérité économique, dans l'intérêt bien compris de tous.
Peuple de Côte d'Ivoire, montrons-nous encore et toujours solidaires dans cette nouvelle crise.
Chers frères croyants et hommes et femmes de bonne volonté, notre foi commune au même et unique Dieu constitue une chance pour ce pays.
Quelles que soient notre origine ethnique, notre condition sociale, notre appartenance religieuse et notre sensibilité politique, oeuvrons dans l'amour, à la recherche et à la sauvegarde de la paix, pour la stabilité de notre cher et beau pays la Côte d'Ivoire.
Puisse nos prières dans nos différentes communautés de foi se faire unanimes et ferventes, pour la paix dans ce pays, et le bien-être pour tous ceux qui l'habitent.
Que Dieu bénisse la Côte d'Ivoire.
Amen, Amin !
Fait à Abidjan, le 16 octobre 2002
Le Forum national des confessions religieuses
Senior Jacob Ediémou, président du Forum national des confessions religieuses.
