Article
Tabaski. La flambée des prix : un mouton plus cher qu'un boeuf
- Title
- Tabaski. La flambée des prix : un mouton plus cher qu'un boeuf
- Type
- Article de presse
- Creator
- Y. Gbané
- Publisher
-
Le Jour
- Date
- March 15, 2000
- DescriptionAI
- À l'approche de l'Aïd El Kébir (Tabaski), les prix des moutons ont flambé sur les marchés d'Abidjan, dépassant souvent ceux des bœufs. Cette hausse pénalise de nombreux fidèles musulmans aux revenus modestes, qui peinent à s'offrir un animal pour le sacrifice. Les vendeurs attribuent cette flambée aux tracasseries policières et douanières ainsi qu'aux coûts de transport, tandis que les consommateurs réclament une intervention des autorités pour réguler les prix.
- number of pages
- 2
- Subject
- Yamoussoukro
- Language
- Français
- Contributor
-
Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0011922
- content
-
TABASKI FLAMBÉE DES PRIX
Un mouton plus cher qu'un bœuf
Les musulmans célèbrent, demain jeudi, l'Aïd El Kébir ou la fête de la Tabaski. Seulement voilà, les prix du mouton sont devenus excessifs sur les différents marchés.
--- Page 2 ---
Tabaski: la flambée des prix
Un mouton plus cher qu'un boeuf
Les musulmans célèbrent, demain jeudi, l'Aïd El Kébir ou la fête de la Tabaski. Seulement voilà, les prix du mouton sont devenus excessifs sur les différents marchés.
Mardi 14 mars, 8 heures. Il fait un temps maussade sur Abidjan. Le marché de mouton de Williamsville grouille de monde. On prépare l'avant-Tabaski. Discussion autour des prix, bêlement des moutons, ballets incessants des véhicules font partie du décor. Les fidèles musulmans se bousculent pour s'offrir un mouton en vue d'honorer le sacrifice d'Abraham, acte de témoignage de foi en Dieu. Malheureusement, les prix pratiqués sur ce marché sont excessifs. Ils varient entre 45000 Fcfa et 130000 Fcfa pour un mouton, selon la taille et la masse. Des musulmans, ayant un revenu faible, ne savent plus à quel saint se vouer. «Les prix pratiqués cette année ne nous arrangent pas. Pourquoi les vendeurs font-ils de la surenchère à l'approche de la Tabaski?», s'interroge Yaya Traoré, commerçant. Certaines personnes aisées sont obligées de réduire le nombre de moutons qu'ils achetaient d'habitude. C'est le cas de Souleymane Kamagaté, agent commercial. Au lieu de cinq moutons, il en a acheté trois. «A cette allure, on se demande si on pourra continuer à acheter les moutons aussi chers», fait-il remarquer. D'autres préfèrent attendre le dernier jour pour se procurer leur mouton, en espérant que les vendeurs reviseront les prix à la baisse. D'autres réagissent par dépit. Oumar Cissé, instituteur, a décidé de se passer du mouton cette année. «Comment un mouton peut-il coûter plus de 100000 Fcfa? Je préfère acheter un bœuf. Ce n'est pas normal», déplore-t-il.
Au marché de Port-Bouet, le décor est le même. Ici, les prix vont de 45000 à 250000 Fcfa. Plus qu'un bœuf. Une situation qui met des fidèles en colère. «Aujourd'hui, on ne peut s'acheter un petit mouton à un prix raisonnable. Les moutons ont le même prix que les bœufs. Cela est anormal», dénonce Mme Fatoumata Yékini, commerçante. Même son de cloche chez Abdoulaye Sawadogo: «Notre faible revenu ne nous permet pas d'acheter un mouton cette année. Les vendeurs exagèrent. Ils doivent tenir compte de notre pouvoir d'achat». De nombreux musulmans souhaitent tous que les autorités prennent des mesures pour remédier à cette inflation. En outre, ils dénoncent le fait que les agents du ministère du Commerce ne font aucun contrôle sur les lieux de vente.
Les vendeurs, eux, soutiennent que la chereté des moutons est la conséquence des tracasseries policières et douanières. Car, disent-ils, il leur faut débourser environ 30000 Fcfa à chaque barrage. «Malgré les papiers au complet, les forces de l'ordre nous soutirent de l'argent. Ces derniers crient à qui veut les entendre, que ce ne sont pas les papiers qu'ils mangent», explique Mohamed Sidi, vendeur nigérien. Cet avis est partagé par Abdoulaye Diallo, vendeur malien: «A la frontière ivoiro-malienne, nous laissons au moins 100000 Fcfa. Sans compter les autres barrages. Pour ne pas avoir de problème, je prévois 500000 Fcfa pour les tracasseries». A ces tracasseries, il faut ajouter le problème de transport. Selon des marchands de moutons, il faut débourser au moins 350000 Fcfa pour une cargaison. Pour minimiser ce coût, ils s'associent pour louer un camion. Face à cette situation, les marchands estiment qu'ils ne peuvent pas faire autrement. «Nous sommes obligés d'augmenter les prix de nos moutons. Le jour où tous ces problèmes seront réglés, nous allons revenir sur nos décisions», affirment-ils. Pour le reste, il revient au ministère du Commerce de trouver les réponses adéquates à ce phénomène cyclique qui pénalise des millions de consommateurs et enrichit une poignée d'intermédiaires parasites.
Y. GBANÉ
Pour de nombreux fidèles, le mouton est hors de prix en cette fête de l'Aid El Kébir.
