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La dépigmentation à la lumière de l'islam et du christianisme : un acte de désobéissance et injurieux envers Dieu
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- Title
- La dépigmentation à la lumière de l'islam et du christianisme : un acte de désobéissance et injurieux envers Dieu
- Publisher
- La Nation
- Date
- October 8, 2013
- Abstract
- Le phénomène de la dépigmentation gagne du terrain et de nouveaux adeptes au Bénin. En dehors des femmes de tous âges qui en sont championnes, des hommes âgés et même des jeunes sont aussi entrés dans cette danse en blanchissant leur peau noire. Devant l’ampleur de ce phénomène qui traduit la négation de la race noire, les milieux religieux expriment leur désapprobation et l’analysent plutôt comme une désobéissance et une injure au Dieu créateur des races et auteur de diversité raciale.
- Page(s)
- 13
- Subject
- Catholiques
- Coran
- Dépigmentation
- Femme en islam
- Idrissou Aboubakar Lemanou
- Pluralisme religieux
- Rights Holder
- La Nation
- Language
- Français
- Source
- La Nation
- Identifier
- iwac-article-0003513
- content
-
Le phénomène de la dépigmentation gagne du terrain et de nouveaux adeptes au Bénin. En dehors des femmes de tous âges qui en sont championnes, des hommes âgés et même des jeunes sont aussi entrés dans cette danse en blanchissant leur peau noire. Devant l’ampleur de ce phénomène qui traduit la négation de la race noire, les milieux religieux expriment leur désapprobation et l’analysent plutôt comme une désobéissance et une injure au Dieu créateur des races et auteur de diversité raciale.
Appelée tcha-tcho au Mali, khessal au Sénégal, ambi au Gabon, akonti au Togo, dorot au Niger et bodjou au Bénin, la dépigmentation est un phénomène qui n’honore pas Dieu. C’est une pratique déviante, injurieuse pour Dieu, le Créateur de toutes les races. Autrement dit, changer la peau noire en peau blanche est un acte grave qui ne plaît pas à Dieu. C’est du moins ce qui ressort des philosophies chrétienne et musulmane selon lesquelles, le phénomène est perçu comme un acte de désobéissance vis-à-vis de Dieu de la part de l’être humain qui s’y adonne.
Dans l’Islam, la dépigmentation est perçue comme un interdit. Cette pratique est répréhensible, indique El hadj Idrissou Boukari, imam de la mosquée centrale de Bohicon, qui reconnaît qu’elle est également observée chez des fidèles musulmans. Il estime qu’une grande proportion s’y adonne malgré les prescriptions du Saint Coran et les divers prêches islamiques. Certes, certaines femmes se ressaisissent, mais d’autres persistent encore, se désole-t-il. A l’en croire, cet acte relève de Satan qui, chassé du paradis par Dieu, a menacé d’entraîner les humains à agir contre sa volonté et ce, en modifiant toutes ses créatures. Cette affirmation trouve tout son sens dans les versets 118-119 de la Sourate femme qui rapportent les propos du diable qui dit : «Certainement, je saisirai parmi tes serviteurs une partie déterminée. Certes, je ne manquerai pas de les égarer, je leur donnerai de faux espoirs, je leur commanderai, et ils fendront les oreilles aux bestiaux ; je leur commanderai, et ils altéreront la création d’Allah ». Dieu a maudit Satan pour cela et selon le Coran, celui ou celle qui prend le diable pour allié au lieu d’Allah, sera voué à une perte évidente, ajoute l’iman Idrissou Boukari pour préciser ce qui attend tous ceux qui suivent les prescriptions contraires à la volonté de Dieu. Au-delà de ce que cette pratique doit être considérée comme une insulte à Dieu, elle peut aussi être interprétée, ajoute l’imam de la mosquée centrale de Bohicon, comme un reproche adressé à Dieu par l’être humain de l’avoir fait Noir.
Se dépigmenter, c’est trouver Dieu imparfait
Du côté de l’Eglise catholique, le phénomène est aussi décrié. L’abbé Samson Amoussou, administrateur de la paroisse Ste Trinité de Zassa à Abomey, estime que le phénomène n’est pas dénoncé de façon explicite par la parole de Dieu. Mais, soutient-il, quand on se réfère à certains passages de la Bible, on peut aisément trouver des raisons qui peuvent sous-tendre la désapprobation de l’Eglise vis-à-vis de la dépigmentation.
D’une part, sur la base du texte de la Genèse au chapitre 1, verset 27, selon lequel Dieu a créé l’homme à son image, l’abbé Samson Amoussou trouve que l’être humain qui vient au monde doit se considérer comme image de Dieu. Cela veut dire que le Blanc, le Jaune, le Rouge et le Noir sont tous à l’image de Dieu ; Lui qui est l’auteur de la diversité des races. Et après avoir créé l’être humain tel qu’il est, et suite aux autres créatures, il a apprécié toutes ses œuvres. C’est ce qui ressort de Genèse 1, verset 31 : « Dieu vit tout ce qu’il avait : cela était très bon... ». Dans cette référence, l’abbé Amoussou soulignera l’expression « très bon » pour montrer à quel point Dieu est satisfait de son œuvre, de sa création. «Dieu en nous créant tels que nous sommes a vu que nous sommes bons comme cela et il en est content», explique-t-il pour déduire que la dépigmentation est un signe d’insatisfaction de celui qui la pratique par rapport à l’œuvre de Dieu qu’est son corps. « Cela signifie que Dieu rie m’a pas bien créé et je vais alors me créer », poursuit-il pour mettre en évidence la gravité de l’acte. Cette gravité est mieux saisie quand on sait que la dépigmentation exprime une négation de la perfection de Dieu. Celui qui trouve que l’œuvre de Dieu n’est pas parfaite ni bonne, trouve aussi que Dieu n’est ni parfait ni bon, tente d’expliquer l’abbé Amoussou. En matière de foi, cette démarche pose un grave problème : la négation d’un attribut de Dieu. «Un tel individu nie la perfection de Dieu», relève-t-il tout en soulignant que Dieu dans sa perfection sait que la race noire pourra vivre sans souci en Afrique où il fait beaucoup soleil. «L'être humain serait-il plus intelligent que Dieu, son créateur, pour décider de la couleur de sa peau?», ironise-t-il.
La dépigmentation comme refus de son corps
Après avoir interprété la dépigmentation comme le refus de son corps par le Noir, l’abbé Samson Amoussou indiquera qu’il s’agit surtout «d’une négation de soi». En effet, relève-t-il, l’être humain est comme vecteur principal de tout ce qui bonifie son intégrité physique. Toutefois, le père Sam-son Amoussou note que «toute modification est une déformation». Dans cette perspective, le changement du teint noir en blanc est une sorte de déformation et de dénaturation; ce qui correspond à l’altération d’une forme antérieure. Analysant le phénomène, il indique aussi que si le Noir en vient à faire subir une modification à son corps, c’est qu’il n’en est pas satisfait contrairement à Dieu qui le juge très bon. «De façon implicite ou explicite, il y a un rejet du corps qui est sien à un moment du temps, avec un désir tacite ou explicite d’acquérir un autre type de corps», soutient l’abbé Samson Amoussou avant de montrer que la dépigmentation est l’expression d’un rejet du créateur.
A ce niveau de son analyse, il se réfère aux convenances sociales pour déduire que le refus d’un don peut être interprété de façon négative. Car, souligne-t-il, l’on rejette rarement le don d’un ami ou d’une personne aimée, même quand il ne nous plaît pas. A l’en croire, pour les humains en général et pour le croyant en particulier, la vie humaine et tout ce qui la porte sont des dons de Dieu. «Le corps est donc un don de Dieu et, quel qu’il soit, il devrait être accepté comme tel», recommande-t-il. Dans ces conditions, refuser un don de Dieu correspond, sans le moindre doute, à un rejet de Dieu lui-même ou à une injure à Dieu. Ce qui est un acte grave. «Les modifications corporelles peuvent être interprétées comme des refus du corps donné par Dieu, et donc comme un rejet de Dieu lui-même», fait-il valoir en se demandant si le fait de troquer le corps avec lequel on est né contre un autre type voulu ne cache pas une volonté de se passer de Dieu et de ses vues afin de correspondre à un modèl défini par l’homme.