Article
Conflit foncier à Locodjro. M. Sackho Mamadou (président de la communauté musulmane d'"Awa") : le maire d'Attecoubé veut nous arracher notre terrain
- Title
- Conflit foncier à Locodjro. M. Sackho Mamadou (président de la communauté musulmane d'"Awa") : le maire d'Attecoubé veut nous arracher notre terrain
- Type
- Article de presse
- Creator
- Sindou Cissé
- Publisher
-
Le Patriote
- Date
- January 23, 2004
- DescriptionAI
- Le maire d'Attécoubé a tenté de poser la première pierre d'une école à Locodjro, mais la cérémonie a été annulée suite à l'opposition de la communauté musulmane locale. Cette dernière revendique la propriété légale du terrain depuis 1993 pour y construire un centre culturel islamique et une mosquée, accusant le maire d'abus d'autorité et de tentative d'expropriation. La communauté considère l'annulation comme une victoire de la légalité sur la force.
- Spatial Coverage
- Abidjan
-
Arabie saoudite
-
Côte d'Ivoire
- Dori
- Attécoubé
- Centre Culturel Islamique de Lomé II
- Language
- Français
- Contributor
-
Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0011183
- content
-
Le maire d'Attécoubé voulait procéder, hier, à la pose de la première pierre d'une école qu'elle entend construire à Locodjro, dans le sous quartier «Awa». La cérémonie était prévue à 9 heures. Mais, dans la même matinée, la délégation du maire était attendue de pied ferme sur ledit site par la communauté musulmane locale, prête à s'opposer par tous les moyens, à cette cérémonie.
Jusqu'à midi, heure à laquelle nous sommes partis des lieux, aucune autorité municipale ne s'était présentée. Seuls quelques invités étaient venus, leurs cartes d'invitation en main et sont repartis aussitôt. Cette pose de première pierre qui présageait un affrontement entre les deux parties n'a finalement pas eu lieu. En lieu et place, les journalistes ont eu droit à un point de presse animé par M. Sackho Mamadou, président de la communauté musulmane du quartier «Awa». Ce dernier a expliqué que lui et son groupe étaient là pour «opposer une résistance à l'abus d'autorité» du maire Danho Paulin (maire d'Attécoubé), qu'il a accusé de vouloir leur arracher, de force, le site en question (Ilot n°02 sis à Locodjro) que les musulmans dudit quartier ont pourtant acquis de façon légale.
Le début de cette histoire, a-t-il rapporté, remonte en 1990 où la communauté musulmane locale, déclarée au ministre de l'Intérieur sous l'appellation «Communauté musulmane de la mosquée centrale d'Attécoubé et de Toit Rouge (CMMCATR)», a obtenu de l'ancien maire d'Attécoubé et de la ville d'Abidjan, Ernest N'Koumo Mobio, ce lot en vue de la construction d'un grand Centre culturel islamique et d'une mosquée financée par l'Arabie Saoudite. Ce dernier adhère au projet et aide les demandeurs à faire déclasser ce terrain qui, en son temps, relevait du domaine public et prévu pour la construction d'une école. Le site a été déclassé par l'Arrêté ministériel n°1347 signé le 25 octobre 1993 par l'ex-ministre de l'Environnement, de la Construction et de l'Urbanisme Ezan Akélé.
Il est alors morcelé en deux Ilots : l'un destiné à la construction du nouveau marché de Locodjro, aujourd'hui fonctionnel et l'autre de 6422 m2 attribué à la communauté musulmane. La lettre d'attribution n°197/MECU/SDU du 04 septembre délivrée ensuite à la communauté viendra confirmer sa propriété sur le deuxième lot. En attendant le début effectif de leurs travaux, retardés par des procédures administratives entre l'Arabie Saoudite et la Côte d'Ivoire, les musulmans ont voulu construire, sur une partie de leur lot, une mosquée provisoire. Mais à leur grande surprise, un jour, les premiers murs de cette mosquée ont été démolis par une équipe de la mairie d'Attécoubé, au motif que le terrain fait partie du patrimoine municipal. Après le décès, en décembre 2002, du premier président du CMMCATR, El Hadj Sackho Vassindou, qui en réponse à cette demolition avait porté plainte contre le maire Danho Paulin, la mairie d'Attécoubé est revenue à la charge en déniant toute propriété de la communauté musulmane sur le terrain.
M. Mamadou Sackho qui venait donc de succéder à feu El Hadj Sackho Vassindou décide alors d'entreprendre les démarches nécessaires pour une autre confirmation de leur titre de propriété. Ses démarches sont sanctionnées par une nouvelle lettre d'attribution n°04842/MCU/SDU du 27 novembre 2003, signée des mains du ministre de la construction Abouo-N'Dori Raymond .Et c'est au mépris de cette lettre que le maire qui, entre temps aurait vendu une partie du terrain, à une communauté chrétienne, voulait hier procéder à la pose de la première pierre d'une école sur le même terrain. Ayant appris cela, les responsables du CMMCATR ont saisi la Présidence de la République, la Primature, le ministère des Cultes et le ministère de l'Intérieur pour que ces autorités rappellent le maire Danho Paulin à l'ordre. Au cours de son point de presse, Mamadou Sackho a rappelé qu'il considère leur acte comme une victoire de la légalité sur la force. Il a également lancé un appel à la communauté musulmane nationale, l'invitant à venir en aide au CMMCATR pour la construction, autour du site, d'une clôture qui les épargnerait de tout autre abus. Demain, la réaction du maire d'Attécoubé.