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Cheick Soufi Konaté, guide spirituel des Soufis de Côte d'Ivoire : "Voici pourquoi la Côte d'Ivoire a connu la guerre"
- Title
- Cheick Soufi Konaté, guide spirituel des Soufis de Côte d'Ivoire : "Voici pourquoi la Côte d'Ivoire a connu la guerre"
- Type
- Article de presse
- Creator
- Abou Traoré
- Publisher
-
Le Jour Plus
- Date
- May 8, 2009
- DescriptionAI
- Cheick Soufi Konaté, guide spirituel des Soufis de Côte d'Ivoire, définit le soufisme comme la quête de l'excellence et de la perfection dans l'adoration divine, axée sur l'amour de Dieu et du prochain. Il mène la caravane "Djihad Soufis" pour combattre les fétiches (40 000 détruits) et convertir des individus, tout en promouvant l'amour, la paix et l'unité entre les diverses communautés musulmanes ivoiriennes. Il critique la compréhension actuelle de l'islam dans le pays et exhorte les leaders religieux et politiques à œuvrer pour le bien commun et la paix.
- pages
- 7
- number of pages
- 1
- Subject
- Soufi Konaté
- Mahomet
- Aboubacar Fofana
- Idriss Koudouss Koné
-
Conseil Supérieur des Imams, des Mosquées et des Affaires islamiques
- Soufisme
- Charia
- Djihad
- Spiritualité
- Paix
- Unité
- Spatial Coverage
-
Côte d'Ivoire
- Abengourou
- Adzopé
- Agboville
- Daoukro
- Sinfra
- Tiébissou
- Yamoussoukro
- Daloa
- Oumé
- Abobo
-
Mali
- Abidjan
- Language
- Français
- Contributor
-
Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0011052
- content
-
Cheick Soufi Konaté, guide spirituel des Soufis de Côte d’Ivoire
« Voici pourquoi la Côte d’Ivoire a connu la guerre »
Cheick Soufi Konaté, guide spirituel des soufis de Côte d’Ivoire défraie la chronique par ses prêches orthodoxes et surtout par son engagement dans la lutte contre les fétiches. Dans cet entretien l’homme de Dieu revient les réalités dans la communauté musulmane. Il se prononce également sur l’actualité sociopolitique.
C’est quoi le soufisme ?
Le soufisme est la recherche de l’excellence dans le comportement humain ou de chercher la face cachée de Dieu. La perfection dans l’adoration de Dieu. Le soufisme est simplement d’obéir à Dieu et à son prophète (psl).
Quelles sont les conditions pour être adepte du soufisme ?
D’abord, il faut avoir un maître qui est intégré et digne d’être un soufi. Car seul un bon maître peut aider quelqu’un à être soufi. Il faut également avoir la foi soufi, c’est-à-dire l’amour de Dieu et de son prochain. Il faut se détourner de ce bas monde, purifier son cœur, sa langue (ne pas mentir, ne pas calomnier), purifier le ventre (ne manger que des choses licites), purifier les yeux (s’abstenir de contempler les jouissances terrestres), se purifier intérieurement et extérieurement (faire le lavage de la grande ablution, des habits car ils peuvent être cause de non exaucement de vœux). Les Soufis ne cherchent que la face de Dieu et non le paradis. Nous ne pratiquons pas la religion par amour du paradis ni par la crainte de l’enfer. Car chez les Soufis le paradis et l’enfer sont des créatures de Dieu.
Que représente le soufisme en islam ?
Le soufisme est la pratique mystique ou orthodoxe de l’islam. Depuis le temps du prophète Mahomet certaines personnes ont décidé de se détourner des choses du bas monde. Elles se sont retirées dans la brousse et ont prié pour se rapprocher de Dieu. Nous pratiquons la Tariqa. Dans notre communauté, il y a également des Qadria, des Chiites, des Tydjania. Je suis soufis mais je suis un Cheick Tidjania. J’ai été nommé Moukadam après Khalife. Le Prophète a lui même eu à pratiquer le soufisme car le coran lui a été donné au moment ou il se recueillait dans les grottes.
Vous affirmez qu’au sein de vos élèves, il y a des Qadria, des Chiites, des Ahmadya, des Tydjania. Pourtant, au sein de ces communautés il y a le débat sur le sceau de la sainteté des Guides qui divise… Comment concilier ces différents points de vue ?
Pour nous les Soufis tous ceux qui disent Lahi laha Ilallah sont nos frères en islam. C’est à Dieu de décider qui pratique le bon chemin ou pas. Ce n’est pas à nous de trancher. Nous croyons à tous ceux qui pratiquent les cinq piliers de l’islam, qui jeûnent, qui font le pèlerinage et s’acquittent de la Zakat. Nous respectons toutes les autres communautés et Tariqa. Le Prophète est Universel.
Qu’est ce qui justifie le port des dread ?
Les dread ne sont pas une obligation dans le soufisme. Nous imitons des saints qui sont passés avant nous. C’est une manière de montrer à Dieu et à l’humanité que nous nous sommes détournés de ce bas monde. Les Soufis ont des accoutrements pour ne pas que les femmes les approchent, qu’elles aient même peur d’eux. Car le prophète a dit qu’il a pu fermer toutes les passerelles qui peuvent amener les gens en enfer sauf le trou de l’argent et de la femme. Pour ne pas trop aimer les belles choses en temps qu’un élève soufis, on ne cherche pas à bien s’habiller. Nous ne cherchons pas à imiter les rastas. Il n’a aucun verset ou hadith dans le coran qui interdit de porter des dread.
Quelle est la position du soufisme vis-à-vis de la Charia ?
Les Soufis respectent la Charia plus que les simples croyants. Il arrive que des grands maîtres soufis fassent des choses que beaucoup n’arrivent pas à comprendre. Mais par l’explication, on comprend la portée de leurs gestes. Tout le monde a sa manière de faire son Djihad. C’est pour cela que certaines personnes ont eu à condamner Cheick Ahmad Tidjani qui pour eux n’était pas un homme de Dieu. Un soufi respecte forcement la charia. Avant de devenir soufi, il faut prendre au moins dix engagements : la promesse de ne rien associer à Dieu, de ne jamais voler, tuer ou faire l’adultère. Il faut toujours respecter son Cheick. Sans oublier de suivre la Tariqa. Il faut aimer son prochain.
Combien de fidèles revendiquez-vous à travers la Côte d’Ivoire ?
Nous avons 6 à 7 mille fidèles à travers la Côte d’Ivoire.
Depuis quelques mois vous avez entrepris à travers le pays la caravane « Djihad Soufis »…
Un jour un sympathisant venu d’Abengourou est venu me voir. Il avait un problème qu’il a expliqué à son maître. Ce dernier lui a dit que lorsqu’on avait des problèmes et que Dieu mettait du temps à résoudre, on pouvait passer par d’autres pratiques. Il lui a demandé d’apporter un coq rouge que son maître a voulu égorger sur des idoles. Quand il s’est plaint, son maître lui a dit que si Dieu était vraiment miséricorde. C’est ainsi que j’ai décidé d’aller là bas pour faire des prêches. A travers cette caravane, nous avons dit que si Dieu était vraiment connu, on n’allait pas connaître cette guerre. Si les gens ne s’aiment plus, continuent de se haïr cela peut conduire à beaucoup de choses. Nous avons décidé cette caravane pour aider la Côte d’Ivoire, à sensibiliser les gens à venir vers la raison l’amour, la paix et de revivifier la foi.
Dans cette caravane les séances de destruction des fétiches suscitent la grosse curiosité des populations…
Nous ne nous sommes pas levés seulement pour les fétiches, mais pour Dieu. Nous sommes contre tout ce qui est contre la religion. Ce n’est pas seulement des féticheurs que nous avons pris. Nous avons converti des braqueurs. A Yamoussoukro et Tiebissou des braqueurs ont été convertis. Des femmes qui ne respectaient pas leur mari et qui leur faisaient mal ont changé de comportement. Des hommes ont également changé de comportement envers leurs épouses… Grâce à cette caravane. Nous avons aussi réglé beaucoup de litiges entre les associations, les mosquées…
Combien de fétiches ont été détruits et de personnes converties à travers cette caravane ?
Des centaines de féticheurs convertis et près de 40 000 fétiches détruits. Nous avons commencé par Adzopé, Agboville, Daoukro, Sinfra, Tiebissou, Yamoussoukro, Daloa, Oumé…Quand nous allons dans une ville et que nous entendons parler d’un féticheur, nous nous rendons chez lui pour le convaincre d’abandonner la pratique des fétiches. S’il refuse, nous nous rebellons ses fétiches contre lui. Que nos guides religieux n’aient pas peur des fétiches.
Comment avez-vous acquis ce pouvoir de détruire les fétiches ?
Grâce à Dieu, j’ai pu rencontrer un grand maître du nom de Cheick soufi Bilal qui est connu à travers le monde entier par ses merveilleuses œuvres qu’il a accomplies. Nous nous sommes rencontrés en Côte d’Ivoire. Un jour on m’avait dit qu’il y a un grand maître soufi qui est arrivé et qui réside à Abobo. Je me suis rendu chez lui. Il y avait près de 300 personnes. A mon arrivée je n’ai pas passé plus de cinq minutes qu’il est sorti. Il m’a regardé et a dit alors que tout le monde se lève toi. Jeune homme lève toi. C’est toi que j’étais venu chercher en Côte d’Ivoire. Tu es mon relève de la Côte d’Ivoire. » Pourtant dans la foule, il y avait des imams et des érudits. Ensuite, il m’a dit que Dieu lui a donné des cadeaux pour moi. C’est ainsi qu’il m’a donné des prières et des zikrs et des salat à faire. Quand je les récitais je voyais des choses immenses, je me détournais des choses du bas monde, l’amour des femmes. Avec ces prières je faisais des retraites spirituelles pour me rapprocher de Dieu. Je me suis rendu ensuite au Mali. Là bas Le cheick Bilal m’a envoyé dans les grottes et pendant sept ans j’ai été végétarien. Je ne mangeais aucune chose qui se préparait sur le feu. Je ne devais pas parler à des gens ni dormir. Je ne faisais que des rakats et des zikrs pendant toutes ces années. C’est après tout cela que j’ai pu acquérir des choses. Et j’ai décidé de faire l’œuvre de Dieu.
Depuis quand êtes vous guide spirituel des Soufis de Côte d’Ivoire ?
Nous avons installé notre école spirituelle depuis 1998. Nous avons des sièges et des mosquées dans presque tous les quartiers d’Abidjan.
Quels sont vos rapports avec les organisations telles que le CNI et le Cosim ?
Nous sommes des croyants. Tous les musulmans doivent avoir une tête et tous ont choisi Cheick Aboubacar Fofana (Cosim) comme leur premier responsable. Nous respectons aussi Idriss Koudous Koné président du cni. Nous ne faisons rien sans les informer.
Quel regard jetez-vous sur la pratique de l’islam dans la société ivoirienne aujourd’hui ?
L’islam à mon avis est en classe de CP1. Car à l’intérieur du pays l’islam n’est pas compris du tout. Plusieurs guides religieux sont assis à Abidjan en train de chercher de l’argent. Ils ne font que rassembler les gens pour leurs intérêts égoïstes. Et ne cherchent pas à défendre la cause de Dieu. Que les chefs religieux se réveillent car nous avons vu mille et une choses à l’intérieur du pays. Dans des villes certaines personnes ne savent même pas ce que c’est un Ange. Les prêches n’ont lieu que pendant le Maouloud et la nuit du destin. Et aucun guide n’y va.
Comment voyez-vous l’avenir de la Côte d’Ivoire ?
Avec les chefs religieux que nous avons, nous pensons que les choses avancent. Je dis à tous les Qadria, Chiites, Tydjania… de se donner la main car Dieu est Unique. Nous avons un seul prophète, coran et le même lieu de pèlerinage. Aucun guide religieux n’a la clé du paradis en dehors de Dieu. Le prophète Mouhammad (psl) a dit dans un hadiht : « Il y a dans ma communauté deux groupes. s’ils sont saints tout le monde le sera. mais s’ils sont corrompus tout le monde le sera. Il s’agit des savants et des gouvernants ». Il faut que nos hommes politiques pensent à tout ce peuple. Il ne faut pas qu’ils amènent tout ce monde dans le gouffre par leurs actes et paroles. Il faut qu’ils cultivent la paix, l’amour du prochain. Donnons-nous la main du pardon et notre pays avancera. Je prie Dieu qu’Il descende Sa Miséricorde sur tous les habitants de ce pays. Que Dieu nous guide vers Sa lumière.
Propos recueillis par
ABOU TRAORÉ
