Article
Organisation du hadj : les imams se battent
- Title
- Organisation du hadj : les imams se battent
- Type
- Article de presse
- Creator
- Abou Traoré
- Publisher
-
Le Jour Plus
- Date
- April 2, 2009
- DescriptionAI
- L'organisation du Hadj en Côte d'Ivoire est une source majeure de division au sein de la communauté musulmane, les guides religieux s'affrontant violemment pour le contrôle et les bénéfices financiers liés au pèlerinage. Une récente réunion a mis en lumière cette discorde, marquée par des accusations de malversations et une lutte d'influence entre structures comme le CNI et le COSIM, menaçant l'unité et la transparence de la gestion du Hadj.
- pages
- 1
- 9
- number of pages
- 2
- Language
- Français
- Contributor
-
Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0010765
- content
-
L'organisation du Hadj est en train de devenir le grand diviseur commun des musulmans en Côte d'Ivoire. Les uns (musulmans), sont accusés par les autres (musulmans), de voleurs, d'imposteurs, de truands à travers prônes, prêches et sermons. Le triste spectacle auquel se sont livrés les imams, lundi dernier à l'hôtel du district d'Abidjan lors de la réunion bilan du hadj, a mis au grand jour la division de la communauté.
Les guides religieux musulmans s'entre déchirent autour de l'organisation du hadj. C'est la lutte sans merci au niveau de chaque structure pour le contrôle de l'organisation du pèlerinage. Le triste spectacle auquel se sont livrés les imams, lundi dernier à l'hôtel du district d'Abidjan lors de la réunion bilan du hadj 2008 a mis au grand jour la division de la communauté. Les imams ont failli en venir aux mains. Les structures proches du conseil national islamique (Cni) ne veulent plus accepter que le Conseil supérieur des imams (Cosim) soit co-acteur ou co-organisateur du pèlerinage. « Le Cosim n'est pas l'émanation de tous les imams. Nous devons mettre en place une nouvelle structure. Laquelle sera coorganisatrice du hadj avec l'Etat, le porte parole de cette nouvelle structure sera le porte parole de la communauté musulmane ivoirienne », a décidé a l'occasion le président du Cni, Idriss Koudouss.
Des propos qui ont mis en exergue la profonde dissension au sein de la communauté. Il a fallu de peu que ceux qui sont censés éclairer la communauté n'en viennent aux mains. La rencontre s'est transformée en une foire aux injures et empoignades à l'encontre du président du Cosim, Cheick abboubakar Fofana. Une semaine, avant, El Hadj Mamadou Dosso, Imam en charges de Recherches et de documentation au Centre d'Education et de Recherches Islamiques-C.E.D.R.IS avait tiré la sonnette d'alarme. Selon lui, la communauté musulmane dans les mosquées connait à présent ses maux: « Il y existe des oppositions entre Imams, entre Imams et membres de structures de gestion, entre musulmans arabisants et francisants, entre musulmans ivoiriens et non ivoiriens, toutes, des oppositions créées et entretenues par ceux et celles qui voient en ce haut lieu de cultes, une occasion d'hégémonie associative et de promotion individuelle, et une opportunité d'affaires lucratives », avait-il prévenu.
Pour lui, l'organisation du Hadj reste depuis 1994 l'année de sa cession à la communauté musulmane, le plus grand diviseur commun des musulmans en Côte d'Ivoire. « Les uns (musulmans), sont accusés par les autres (musulmans), de voleurs, d'imposteurs, de truands à travers prônes, prêches et sermons relayés par la presse. « Si vous croyez en Allah et au jugement dernier disait le Prophète Muhammad (saw), tenez des propos décents ou taisez-vous », déplore l'homme de Dieu. Qui s'interroge: « On peut se poser des questions: organise-t-on le hadj au nom d'Allah et pour les musulmans? L'organise-t-on pour avoir de l'argent et/ou de l'ascendance sur ses coreligionnaires? Pendant qu'on s'entredéchire autour de l'organisation du Hadj, une partie des musulmans du pays refusent de célébrer les fêtes de Tabaski et de fin de Ramadan aux dates fixées par des structures musulmanes, au motif que celles-ci seraient inféodées aux pouvoirs publics ». Le hadj est devenu, tout bien calculé, un fonds de commerce pour nombre d'hommes de Dieu. Les imams, après l'échec du hadj 2006 bis ont pris la relève des démarcheurs dans l'organisation du pèlerinage aux côtés de l'Etat. Mais les choses vont toujours de mal en pis car des Imams semblent vouloir se remplir eux aussi les poches. « Aujourd'hui, personne ne sait la structuration du prix du hadj que les organisateurs (Imams et Etat) tiennent pour secret. Pour mieux se sucrer sur le dos des pèlerins. Cette guéguerre n'est rien d'autre que la course à l'argent que le pèlerinage génère », accuse un responsable d'association de démarcheurs qui a requit l'anonymat. Le ministre de l'intérieur, Desiré Tagro a donné, pour sa part, une semaine aux musulmans de réfléchir sur la rétrocession du hadj aux musulmans ou la poursuite de l'organisation du pèlerinage par l'Etat. A l'allure où vont les choses, il sera très difficile pour les structures musulmans de trouver une décision commune. Tant les divergences sont profondes.
ABOU TRAORÉ