Article
M. Ahmed Mamadou Koné (président de l'UCAMCI) : "L'État a récupéré le hadj pour en faire un business"
- Title
- M. Ahmed Mamadou Koné (président de l'UCAMCI) : "L'État a récupéré le hadj pour en faire un business"
- Type
- Article de presse
- Creator
- Lanzéni Castor
- Publisher
-
Le Jour Plus
- Date
- June 12, 2008
- DescriptionAI
- Le président de l'UCAMCI, M. Ahmed Mamadou Koné, dénonce la mainmise de l'État ivoirien sur l'organisation du Hadj, qu'il accuse d'avoir transformé ce rite religieux en une affaire lucrative pour des "cols blancs". Il critique la mauvaise gestion étatique du pèlerinage de 2007, marquée par des coûts élevés, des problèmes de transport et de logement, contrastant avec le succès et les meilleures conditions offertes par l'UCAMCI lors du Hadj 2006 bis. L'UCAMCI réclame l'autonomie de la communauté musulmane dans l'organisation du Hadj, propose la création d'un office de régulation et exige un audit des fonds pour garantir la transparence et éviter l'enrichissement personnel au détriment des pèlerins.
- number of pages
- 3
- Subject
- Union des Cadres Musulmans de Côte d'Ivoire
-
Conseil Supérieur des Imams, des Mosquées et des Affaires islamiques
- Hadj
- Politique
- Économie
- Language
- Français
- Contributor
-
Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0010298
- content
-
Le ministre Koné Ahmed (Pdt de l'UCAMCI) révèle
"Le Hadj est devenu un business pour l'Etat
Le prochain pèlerinage est compromis"
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Quel est l'avenir du Hadj ?
Je mets au défi quiconque me prouverait le contraire que tous les pèlerins de Côte d'Ivoire avaient souhaité s'inscrire auprès de l'Ucamci si la libre entreprise d'organisation du pèlerinage prévalait. Je réitère que la communauté musulmane place tout son espoir dans la mise en place de l'office et non dans l'organisation à laquelle nous assistons depuis deux ans.
Avez-vous à ce niveau de réelles craintes quant à la participation de la Côte d'Ivoire au prochain Hadj ?
Le hadj compromis ou non, cela dépend des conditions d'organisation. L'année dernière, on nous a imposé Air Ivoire malgré les désagréments multiples du coût primitif. Ce choix du transporteur sera déterminant en fonction du tarif qu'il propose. Il n'est pas question qu'on impose un tarif de plus d'un million avec Air Ivoire. Car la communauté n'a pas besoin que l'Etat subventionne le transport aérien. L'organisation du Hadj se fera-t-elle en associant la communauté musulmane ? Car, il n'est pas question que les conditions de notre participation soient comme l'année dernière. C'était un hadj de collaboration entre l'Etat et le Cosim. En définitive, nous nous sommes rendus compte que c'est l'Etat qui l'a organisé. Même si nous étions présents au comité de pilotage. Cette année, si les conditions de franche collaboration sont établies avec la certitude que l'office sera mis en œuvre dans le hadj prochain, la communauté s'impliquera pleinement dans le processus. Dans le cas contraire, le Hadj prochain serait fortement compromis.
Pour vous, quelle est la part de responsabilité de la communauté musulmane dans ces blocages?
Le pèlerinage est l'objet d'intérêt financier assez important. C'est pour cela que nous avons toujours dit que le Hadj est un rite religieux et non un business. Si nous le prenons comme tel, on doit pouvoir le réussir simplement. Les associations qui font des efforts doivent avoir le mérite de leurs efforts. La communauté musulmane pourrait faire face à ce dysfonctionnement qu'on a constaté depuis des années. Une association forte serait la solution, mais en même temps, en faisant bloc vers ce que la communauté veut aujourd'hui avec la création de l'office du pèlerinage. Parce que le pèlerinage musulman n'est pas celui de Lourdes parce que mobilisant de milliers de personnes et demandant des précautions particulières. Je constate qu'il y a des effets bloquants. Si l'Etat ne peut garantir la mise en œuvre de l'office, je souhaite que les associations soient comme elles étaient avant. Dans ce cas, on va s'atteler à ce que les associations appliquent le cahier de charges. Je refuse cette façon de faire de l'Etat à s'impliquer dans le Hadj. Si toute la communauté avait échoué, on aurait dit que la communauté est défaillante. Mais, il y a une structure qui a réussi c'est bien, mais à qui on ne demande même pas de donner son avis.
Vous réclamez l'autonomie de l'organisation du Hadj par la communauté musulmane. L'Etat ne doute-t-il pas du sérieux des associations de façon globale et de la communauté musulmane?
Nous sommes l'émanation de la communauté musulmane à notre humble niveau. J'entends par là que, l'Ucamci a démontré que le Hadj pouvait se faire dans de bonnes conditions et à moindre coût. Le Hadj que nous avons fait en 2006 bis était un hadj de confort et organisé sans catégorisation. On n'a jamais eu de subventions de qui que ce soit. Quand vous prenez toutes les composantes de l'économie, on retrouve des cadres de très haut niveau. Pourquoi ils sont performants dans leurs entreprises et au niveau de l'Etat et ils ne peuvent pas l'être dans leur communauté ? Les ressources du Hadj doivent servir au financement des œuvres de la communauté et non à remplir les poches des petits fonctionnaires. L'Ucamci a démontré qu'un niveau inférieur, on pouvait réussir de bonnes choses. La mosquée du Plateau a été par exemple l'objet de sollicitudes de la part de pays frères et amis. Ses ressources importantes ont été versées pour sa construction et son achèvement. Aujourd'hui, on constate que cette mosquée est inachevée. Les ressources n'ont pas été utilisées. Cette mosquée est devenue un Fonds de commerce pour les hommes politiques. Or, les ressources sont toujours dans les caisses de l'Etat. Si l'Etat ne peut pas assurer son achèvement, la communauté peut le faire. Le sanctuaire marial a coûté 4 milliards, la Cathédrale 6 milliards et la Basilique 90 milliards. Ce n'est pas une mosquée de 4 milliards qui va poser un problème. La communauté ne doit pas avoir l'image de mendiant. Face donc à tout cela, j'en appelle à la cohésion et à la générosité de l'ensemble de nos frères et sœurs en Islam. Pour qu'ils se mobilisent afin que les œuvres communautaires soient réalisées grâce à leurs concours. Car on sait par exemple que la Zakat à lui seul peut rapporter 20 millions facilement à la communauté.
Entretien réalisé par LANZENI CASTOR

