Article
Commentaire : les aventures de Koweït
- Title
- Commentaire : les aventures de Koweït
- Type
- Article de presse
- Creator
- A. Sangaré
- Publisher
-
Le Jour
- Date
- February 19, 1998
- DescriptionAI
- Un individu surnommé "Koweït" (Alus Mondagita Dialy) a orchestré une supercherie majeure à l'aéroport d'Abidjan, réussissant à faire passer un ministre étranger pour le Grand Imam de la Mecque. Cette tromperie a dupé de hauts dignitaires ivoiriens, la presse nationale et le public, révélant un manque criant d'information au sein de l'État. L'incident soulève des questions sur l'image de la Côte d'Ivoire et la manipulation exercée par "Koweït".
- number of pages
- 1
- Subject
- Diaby Moustapha
- Congrès mondial islamique
- Imamat
- Gouvernement
- Moustapha Diaby
- Essy Amara
- Mohamed Lamine Fadika
- Saliou Touré
- Émile Constant Bombet
- Politique
- Médias
- Language
- Français
- Contributor
-
Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0010266
- content
-
COMMENTAIRE
Les aventures de Koweït
Il ne s'agit pas du Koweït, Etat pétrolier du Golfe, mais de notre Koweït national, alias Moustapha Diaby. A force d'acharnement, d'entêtement même, l'enfant terrible de Samatiguila a réussi à embarquer, sur son navire de chimères, le sommet de la République, une partie de l'opinion publique et, par-dessus tout, la presse nationale. Quelle sacrée aventure !
Mardi à l'aéroport international d'Abidjan, la confusion était si grande que ni le ministre des Affaires étrangères, El hadj Amara Essy, ni celui des Ressources minières et pétrolières, El hadj Mohamed Lamine Fadika, ni celui de l'enseignement supérieur, El hadj Saliou Touré, ni le haut commissaire, El hadj Amadou Hamed Timité n'ont pu identifier le grand imam de la Mecque à sa descente d'avion. Pour des personnalités de ce rang, ayant de surcroît signé un «appel aux musulmans», cette ignorance est injustifiable et inquiétante. Elle est d'autant plus inquiétante qu'au sein du comité d'accueil au bas de la passerelle se trouvait le ministre de l'Intérieur, Emile Constant Bombet.
Abdallah Ben Abdel Moshen Al-Turki, ministre des Affaires islamiques, a été présenté à tout le monde comme étant Mohamed Abdallah Al Soubaïl, grand imam de la Mecque. Erreur de «gawa».
On a été «doublé». La télévision nationale, Première chaîne a annoncé une chose et son contraire en l'espace de quelques minutes. Nous-mêmes avons écrit la même chose et son contraire. D'autres confrères son tombés également dans ce qui apparaît clairement aujourd'hui comme un traquenard. Abdallah Ben Abdel n'est pas Mohamed Abdallah. Le ministre représentant le roi Fahd et dont nous avons publié la photo dans notre édition d'hier, n'est pas «le grand imam de la Mecque.»
Qu'une personnalité étrangère de ce rang débarque en Côte d'Ivoire, sans que le ministre des Affaires étrangères et son collègue de l'Intérieur n'aient la moindre information pouvant permettre de l'identifier démontre, de manière évidente, que l'Etat ivoirien s'est engagé dans une affaire sans en connaître ni le fond, ni les acteurs. Au finish, c'est l'inénarrable Diaby Koweït qui a tiré les marrons du feu, convainquant les derniers incrédules sur l'influence qu'il exerce sur certains hommes de l'appareil d'Etat, pour ne pas en dire plus.
Comme un prestidigitateur, il a réussi son coup : faire passer un ministre pour un grand imam. Et surtout, faire avaler la couleuvre à une pléiade d'hommes d'Etat, à la presse nationale et à une poignée de fidèles à qui l'illusion d'avoir vu de si près, d'avoir touché même pour certains, «le grand imam» de la sainte Mecque a dû procurer un bonheur incommensurable. Mais, posons-nous une seule question : dans cette affaire, «la nécessité impérieuse de préserver l'image de la Côte d'Ivoire» n'a-t-elle pas été malmenée ?
A. SANGARÉ


