Article
El Hadj Salif Bélem, Président du Cercle d'Études, de Recherche et de Formation Islamiques (CERFI)
- Hierarchies
-
Burkina Faso
- Articles de journaux (3615 items)
- Burkina 24 (279 items)
- Carrefour africain (33 items)
- FasoZine (116 items)
- L'Evénement (45 items)
- L'Observateur (61 items)
- L'Observateur Paalga (509 items)
- La Preuve (28 items)
- Le Pays (709 items)
- LeFaso.net (709 items)
- Mutations (13 items)
- San Finna (9 items)
- Sidwaya (1104 items)
- Publications islamiques (432 items)
- Al Mawadda (11 items)
- An-Nasr Trimestriel (16 items)
- An-Nasr Vendredi (318 items)
- L'Appel (48 items)
- L'Autre Regard (11 items)
- Le CERFIste (13 items)
- Le vrai visage de l'islam (15 items)
- Documents divers (Burkina Faso) (16 items)
- Photographies (Burkina Faso) (9 items)
- Références (Burkina Faso) (297 items)
- Articles de journaux (3615 items)
- Title
- El Hadj Salif Bélem, Président du Cercle d'Études, de Recherche et de Formation Islamiques (CERFI)
- Creator
- Abu Kodjo
- Publisher
- San Finna
- Date
- October 15, 2001
- Abstract
-
Depuis les actes terroristes perpétrés contre les Etats-Unis, une certaine opinion, mal informée, a choisi de souffler dans les trompettes de la guerre : la guerre entre le mal et le bien, entre la civilisation et la barbarie.
Comme s'il présageait du danger, Maître Hermann Yaméogo disait, parlant de ces actes terroristes, qu’il s’agit de crime contre l’humanité et contre l’Islam.
Pour en savoir plus sur la question, nous avons rencontré El Hadji Salif Belém, Président du Cercle d’Etudes, de recherche et de formation islamiques. Pour mémoire, le CERFI est une structure indépendante composée de l’intelligentsia musulmane du Burkina Faso. Lisez plutôt. - Subject
- 11 septembre 2001
- Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques
- Femme en islam
- Intégrisme
- VIH/Sida
- Salifou Belem
- Violence
- Islamisme
- Terrorisme
- Radicalisation
- Spatial Coverage
- États-Unis
- Burkina Faso
- Afghanistan
- Tchétchénie
- Bosnie-Herzégovine
- Palestine
- Irak
- Arabie saoudite
- Chine
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0003093
- content
-
Depuis les actes terroristes perpétrés contre les Etats-Unis, une certaine opinion, mal informée, a choisi de souffler dans les trompettes de la guerre : la guerre entre le mal et le bien, entre la civilisation et la barbarie.
Comme s'il présageait du danger, Maître Hermann Yaméogo disait, parlant de ces actes terroristes, qu’il s’agit de crime contre l’humanité et contre l’Islam.
Pour en savoir plus sur la question, nous avons rencontré El Hadji Salif Belém, Président du Cercle d’Etudes, de recherche et de formation islamiques. Pour mémoire, le CERFI est une structure indépendante composée de l’intelligentsia musulmane du Burkina Faso. Lisez plutôt.
San Fanni : Comment avez-vous vécu les évènements du 11 septembre survenus aux Etats-Unis ?
El Hadj Salif Bélem (B.S) : Toute la louange à Dieu Clément et Miséricordieux en dehors de qui il n’y ni secours ni protection. Que sa bénédiction soit sur le noble messager, sa famille, ses compagnons et sur tous ceux qui lui auront emboîté le pas jusqu’au jour des comptes. Les événement du 11 septembre ont endeuillé de nombreuses familles, notamment américaines. En tant que croyant, en tant qu’humain tout court, j’ai partagé la douleur des parents et proches des innocentes victimes. Je ne m’inscris pas dans cette hypocrisie généralisée faite de lamentations feintes de vraies fausses condamnations, de déclarations farfelues, qui ont caractérisé les nombreuses réactions. J’ai humblement pensé que Dieu a rendu la vie sacrée, en témoigne le Verset 32 de la sourate 32 du St Coran qui stipule que “ ... quiconque tuerait une personne non coupable d’un meurtre ou d’une corruption sur terre, c’est comme s’il avait tué tous les hommes. Et quiconque lui fait don de la vie, c’est comme s’il faisait don de la vie à tous les hommes... ”. J’ai aussi eu une pensée pieuse pour tous ceux qui par le monde perdent la vie chaque jour par la folie meurtrière des hommes : qu’ils s’appellent Tchétchènes, Afghans, Bosniaques, Palestiniens, Irakiens, Africains, Européens, Américains..., qu’ils soient blancs, noirs ou jaunes, qu’ils adorent Boudha, Jehova ou Allah. Pour moi nous sommes tous égaux devant la mort et tous les morts méritent notre respect.
Je crois également qu’après l’émotion, il faut chercher à comprendre (non pas justifier) mais chercher à comprendre le pourquoi, en d’autres termes, les causes. Une telle démarche me semble plus responsable que toute autre gesticulation guerrière qui nous entraînera dans un cycle de vendettas. Lorsque nous regardons froidement comment sont conduites les affaires du monde, la raison du plus fort est presque toujours la règle. Comme le disait quelqu’un, “ il faut avoir la lucidité et le courage, dans l’émotion générale et l’hystérie médiatique, de rappeler la responsabilité historique des USA dans la plupart des conflits ou des coups d’Etat militaires depuis les années 50, la création ou le développement de groupes terroristes d’extrême droite ou intégristes, la mort de millions de civils tout aussi innocents, l’aggravation de profondes et criminelles inégalités entre les pays riches et le tiers monde, sources des affrontements à venir. ” On le voit, le manque de justice qui confine l’homme au désespoir est la sève nourricière de ce qu’on appelle “ terrorisme ”. Il est donc temps de se rappeler ce que le Prophète Isaïe disait il y a 2 700 ans : “ La paix sera le fruit de la justice ” (32-17).
Enfin, j’ai été choqué - mais pas surpris - par l’amalgame qu’on a par ignorance ou par hypocrisie voulu installer dans l’esprit des gens que l’Islam se confond au terrorisme, à la violence, que le musulman est un terroriste potentiel... Pourquoi faut-il se référer systématiquement à sa religion lorsqu’un musulman ou un groupe de musulmans pose un acte décrié ? A-t-on fait état de la religion de Timothée Mc Lear, lorsqu’il a perpétré l’attentat d’Oklahoma City qui fit plus d’une centaine de mots?
San Finna : Condamnez-vous oui ou non les raids américains contre les Taliban ?
B.S : Les raids américains contre les Afghans ne me semblent pas procéder du droit international mais d’une simple vengeance. La question qui vient à l’esprit est la suivante: la mon d’innocents doit-elle être vengée par la mort d’autres tout aussi innocents ? Face à un crime, je pense que c’est la voie du droit qu’il faut suivre à l’exemple des TPR et autre TPI. L’oubli, le mépris ou le refus du droit n'engendre que le cycle de la violence. Dans tous les cas, le droit et la justice doivent être les seules réponses à opposer à tout acte criminel. Pour ce faire, les Nations Unies doivent jouer leur rôle sans partialité.
San Finna : Les Taliban ont appelé à “ faire cesser les attaques américaines " contre Afghanistan en affirmant qu’elles étaient des “ attaques contre le monde musulman ”, Qu'en dites-vous ?
B.S : Le prophète (Paix de Dieu sur lui) disait que notre communauté est à l’exemple du corps humain. Quand une partie a mal, c'est tout le corps qui le ressent. Autant j’ai déploré les victimes innocentes du World Trade Center, autant j’éprouve de la peine pour mes frères musulmans innocents d’Afghanistan qui meurent sous les bombes. Voilà des gens qui depuis une vingtaine d’années endurent peine sur peine : guerres, sécheresse, pauvreté. Il n’y a pas de bons et de mauvais civils morts.
San Finna : L’un de nos leaders politiques a qualifié l’attentat terroriste contre les Etats-Unis de crime contre l’humanité et contre l’Islam. Partagez-vous ce point de vie ?
B.S : Dans certains milieux, on a effectivement évoqué le crime contre l’humanité pour qualifier les évènements du 11 septembre. Cette qualification me paraît impropre. La plupart des gens s’accordent à dire que les attentats du 11 septembre visaient des symboles de la puissance américaine (d’aucuns disent de l’arrogance américaine) mais personne ne croit sérieusement à une volonté délibérée de détruire toute une communauté du fait de son appartenance ethnique, raciale, religieuse, ou nationale. Quant à la qualification de crime contre l’islam, je n’en vois pas très bien les contours.
San Finna : Oussama Ben Laden, le chef “ islamiste ” d’origine saoudienne et son mouvement viennent de lancer un défi en invitant le monde musulman à la guerre sainte. Vous sentez-vous concerné par cet appel ?
B.S : Je ne connais pas de guerre qui soit sainte. En tout cas ce n'est pas un vocable musulman. Si par guerre sainte vous voulez traduire le mot Djihad, permettez que je m’élève vigoureusement contre de telle fausses traductions qui ont causé tant de tort à l’Islam et aux musulmans. Le terme de Djihad est caricaturé par sa traduction française alors qu’en réalité il conduit à la notion “ d’effort dans la voie de Dieu”.
San Finna : Qu'est-ce à dire ?
B.S : Cet effort est d’abord intérieur : Il s’agit pour le croyant de lutter contre ses pulsions négatives et les vices de son âme qui le poussent à commettre des injustices. La prière, le jeûne, l’aumône et d’autres actes d’adoration de Dieu sont les armes de ce Djihad intérieur que le Prophète (PSL) a nommé le “ grand Djihad".
Le Djihad, c’est aussi cet effort pour promouvoir la paix et la justice à travers le monde. Le Djihad (le grand) c’est la lutte multiforme pour l’épanouissement, le développement de l’homme en tant que lieutenant de Dieu sur la terre.
L’islam est une religion de paix et la recherche de la paix dans la sérénité, quelle soit intérieure, familiale, sociale, politique ou internationale est un des fondements de notre religion. Il arrive que cette recherche de paix et de justice soit combattue pas des gens qui cherchent à imposer l’injustice et la corruption. Dans ce cas les musulmans ont le devoir de se défendre, de défendre les faibles, les opprimés. C’est le “ petit Djihad ” comme l’appelait le Prophète. Mais dans ces cas extrêmes, les règles sont strictes tout comme dans le culte car dans l’Islam, la fin ne justifie pas les moyens : les croyants sont responsables des moyens, la fin appartient à Dieu. On le voit, c’est quand il n’y pas d’autre moyen que le combat est prescrit à l’encontre de ceux qui combattent les croyants : “Combattez dans le sentier de Dieu ceux qui vous combattent et ne transgressez pas. Certes Dieu n’aime pas les transgresseurs “ Sourate II V 190”.
Ainsi le petit Djihad est un combat défensif, de légitime défense. Là encore tous les moyens ne sont pas permis. Il est notamment interdit de tuer les civils, les femmes, les enfants, les vieillards...
San Finna : El Hadji, comment doit donc se comporter le musulman pour qu'il y ait la paix?
B.S : Avec l’explication qui a été donnée plus haut, on peut affirmer que toute la vie du croyant musulman devrait être une djihad (la grande notamment) pour l’élévation spirituelle morale et pour l’avènement d’un monde de justice et de paix.
San Finna : L'intégrisme religieux prend de l'ampleur en Afrique. Ne craignez-vous pas que ce mouvement se propage chez nous ?
B.S : Quel contenu donnez-vous au mot “intégrisme” qui, une fois encore est étranger au vocabulaire islamique ? Si intégrisme équivaut à fanatisme, l’Islam est le premier à le condamner car notre religion est celle du juste milieu. Le fanatisme n’est que le produit de l’ignorance et il est du devoir de tout musulman de lutter contre ce mal. N’est-ce pas le prophète de l’Islam qui disait “ La recherche du savoir est une obligation pour tout musulman et toute musulmane ” et “ Chercher la science, fut-ce jusqu’en Chine ” ? De plus l’Islam enseigne que nul ne peut être empêché d’embrasser la religion de son choix. C’est ce que Dieu dit clairement dans le St Coran Sourate II V 256 : “ Point de contrainte en religion. La vérité se distingue de l’erreur... ” L’Islam bien compris et bien appliqué ne peut donc être source de conflit s’il y a respect mutuel.
Si intégrisme désigne tout musulman qui tente de se conformer à l’enseignement de sa religion - et c’est malheureusement souvent le cas - il y a quelque part de l’intolérance.
Dans notre pays, Dieu merci, la sagesse prévaut et il n’est pas rare de trouver dans une même famille des pratiquants de différentes religions et qui vivent en bonne intelligence.
San Finna : Quelle différence faites-vous entre Islam et Islamisme ?
B.S : L’Islam, je connais. Il concerne environ L2 milliards d’individus sur cette planète qui professent qu’il n’y a de Dieu que Dieu lui-même (ALLAH) et que Mohamed est son envoyé. C’est une religion de justice, de paix, de tolérance... L’Islamisme, je crains de ne pas le connaître. Est-ce encore une de ces étiquettes péjoratives qu’on colle volontiers aux musulmans ? Ou est-ce “ la propagande en faveur de l’Islam, “ comme le définit le dictionnaire Le Robert ” ? Vraiment je ne saurais répondre à cette question.
San Finna : Comment le CERFI apprécie-t-il la rentrée politique judiciaire et scolaire qui vient d'avoir lieu ?
B.S : Les présentes rentrées politique et judiciaires ont eu lieu dans un climat beaucoup plus serein. Il faut espérer que le sens de responsabilité qui semble animer les différents acteurs politiques se renforce au profit de la paix sociale sans laquelle te combat pour le développement ne peut avoir lieu. Quant à ceux chargés de nous rendre justice, je suis tenté de redire la sentence du prophète Isaïe que j’ai déjà citée : “ La paix sera le fruit de la justice. ”
La rentrée scolaire a été difficile pour tous le monde et surtout pour les parents d’élèves. Cette année encore, malheureusement, de nombreux enfants n’iront pas à l’école, faute de moyens des parents, manque d’enseignants... La lutte contre l’analphabétisme va être plus dure.
San Finna : Quel est votre point de vue sur l’utilisation du préservatif comme mode de lutte contre le Sida ?
B.S : Cette terrible pandémie qu’est le SIDA nous affecte particulièrement en Afrique au sud du Sahara où la pauvreté, l’ignorance et d’autres facteurs favorisent sa propagation. Son mode de transmission le plus fréquent est le rapport sexuel. A ce niveau, notre religion a toujours enseigné une sexualité responsable dans le seul cadre du mariage. C’est pourquoi les musulmans ne peuvent être les promoteurs des préservatifs. Mais il y a malheureusement d’autres voies de contamination par le Virus comme le sang. Et là, ce ne sont pas seulement les “ vagabonds sexuels ” qui sont exposés. Si donc dans un ménage un des partenaires est infecté, des mesures de protection doivent être prises pour éviter la contamination des autres. En le faisant, le croyant ou la croyante se conforme à l’injonction de Dieu qui nous interdit d’exposer inutilement nos vies.
San Finna : Quelle place occupe les jeunes dans la religion et les femmes ?
B.S : Dans toute communauté les jeunes sont la force et l’avenir. II va sans dire que leur place est prépondérante. Les enseignements de la religion concernent d’abord les jeunes qui ont plus de chance de vivre plus longtemps ces enseignements. En tant qu’éducatrices, les femmes sont les transmetteuses privilégiées de l’enseignement de la religion. C’est pourquoi le Prophète (PSL) a particulièrement insisté sur l’éducation des femmes. En somme les jeunes et les femmes sont la priorité de l’Islam.
San Finna : Le mot de la fin ?
B.S : Je voudrais vous remercier de l’occasion qui m’a été donnée de partager avec vos lecteurs quelques préoccupations de l’heure. Ce que j’ai dit, je l’ai fait en toute humilité et mon propos n’est pas un éclairage de spécialiste, loin s’en faut. Enfin je voudrais avec tous les croyants sincères invoquer Dieu compatissant pour une paix.
Assalamou Aléckoum.
Propos recueillis par Abu Kodjo
Part of El Hadj Salif Bélem, Président du Cercle d'Études, de Recherche et de Formation Islamiques (CERFI)