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Commentaire. Le président du Faso au Sommet Islamique : message de paix et de solidarité
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- Title
- Commentaire. Le président du Faso au Sommet Islamique : message de paix et de solidarité
- Creator
- Michel Ouédraogo
- Publisher
- Sidwaya
- Date
- February 2, 1987
- Abstract
- Sommet positif ? Sommet historique? Pour le Burkina, l'essentiel était une fois encore de montrer à la communauté internationale en participant à la cinquième conférence islamique, les idéaux de paix et de coopération multiforme qu'il n'a cessé de proclamer avec tous les Etats épris de justice. Vittel. New-York. Yamoussoukro. Hararé sont devenues des villes symboles et des étapes importantes dans la percée diplomatique et la manifestation d'une politique extérieure dynamique. Koweit-City vient s'ajouter à ce long périple en faveur de la paix, de la solidarité et de la coopération au profit du développement et de la fraternité. La marche et le combat pour un monde nouveau, débarrassé de toutes les injustices causées par l'impérialisme. A toutes les tribunes précédentes comme à ce dernier forum islamique, le Burkina a eu droit à la parole pour dire haut et fort ce que d'autres pensent tout bas et qu'ils sont incapables de dénoncer à cause d'un servilisme politique et d'un suivisme idéologique sans bornes, coupables et condamnables. Le Burkina, part la voix du Président du Conseil national de la révolution. Président du Faso, le camarade Thomas Sankara, a développé un plaidoyer en faveur d'un ordre mondial nouveau autour de la question de la paix et de la solidarité. Deux thèmes qui reviennent comme un leitmotiv, mais qui restent les fondements et les bases essentielles pour la construction d'un univers où tous les peuples ont droit à l'existence.
- Subject
- Coopération arabe
- Thomas Sankara
- Organisation de la Coopération Islamique
- Sionisme
- Terrorisme
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0003062
- content
-
Sommet positif ? Sommet historique? Pour le Burkina, l'essentiel était une fois encore de montrer à la communauté internationale en participant à la cinquième conférence islamique, les idéaux de paix et de coopération multiforme qu'il n'a cessé de proclamer avec tous les Etats épris de justice. Vittel. New-York. Yamoussoukro. Hararé sont devenues des villes symboles et des étapes importantes dans la percée diplomatique et la manifestation d'une politique extérieure dynamique. Koweit-City vient s'ajouter à ce long périple en faveur de la paix, de la solidarité et de la coopération au profit du développement et de la fraternité. La marche et le combat pour un monde nouveau, débarrassé de toutes les injustices causées par l'impérialisme. A toutes les tribunes précédentes comme à ce dernier forum islamique, le Burkina a eu droit à la parole pour dire haut et fort ce que d'autres pensent tout bas et qu'ils sont incapables de dénoncer à cause d'un servilisme politique et d'un suivisme idéologique sans bornes, coupables et condamnables. Le Burkina, part la voix du Président du Conseil national de la révolution. Président du Faso, le camarade Thomas Sankara, a développé un plaidoyer en faveur d'un ordre mondial nouveau autour de la question de la paix et de la solidarité. Deux thèmes qui reviennent comme un leitmotiv, mais qui restent les fondements et les bases essentielles pour la construction d'un univers où tous les peuples ont droit à l'existence.
La cinquième conférence islamique et la première à laquelle le Burkina vient de prendre part, constitue un maillon important de la chaîne de solidarité et de la lutte contre la domination, l'exploitation, la guerre, le racisme, le terrorisme, le sionisme et l'apartheid. Koweit-City se présente avec le sommet de l'O.C.I (Organisation de la conférence islamique) comme un autre cadre pour manifester le refus à la soumission et à l'attentisme devant la fresque barbare construite par l'impérialisme international. La Burkina, comme à l'accoutumée, n'a pas hésité sur les mots pour se faire entendre. Suivant des repères géographiques précis où se développent les conflits locaux, régionaux et internationaux, le camarade président du Faso a fustigé la guerre qui engendre partout misère et destruction et invité le monde arabe à s'unir et à s'associer à l'Afrique libre pour combattre tous les fléaux qui divisent le monde.
LA LOI DU PLUS FORT
La constatation de la division de l'humanité est un fait qui, objectivement, ne devait pas échapper à l'analyse de tout observateur des évènements qui se déroulent dans le monde. Cela est une chose, mais l'explication et l'interprétation de ces différents faits par l'analyse politique en est une autre. Il y a aujourd'hui une prise de conscience grandissante de la communauté internationale devant un monde pris en otage et qui ressemble plus à une jungle. Le camarade Thomas Sankara présente un tableau descriptif : "... un monde où la loi du plus fort est en passe de devenir la loi de tous. Un monde où l'exploitation éhontee de l'homme par l'homme, la domination de la majorité par la minorité sont de plus en plus pratiquées ouvertement sans honte et sans qu'aucune voix ne s'élève pour les dénoncer, sans qu'aucune organisation planétaire comme la nôtre, n'entreprenne rien pour y mettre un terme”. Peut-on alors rester inactif au point de voir s'éteindre et s'auto-détruire ce foyer incadescent de la vie qu'est le monde ? Non. C'est pourquoi le camarade président du Faso a pris élément par élément les maux qui minent et rongent la communauté internationale et l'entraînent vers un avenir désastreux.
La question de l'apartheid doit être une préoccupation légitime de tous les peuples qui aspirent À la liberté. L'apartheid voulu par ses doctrinaires le docteur raciste, Hendrik Verwoerd et autres, comme la volonté de permettre aux Blancs (4.700.000), aux Métis (2.800.000), aux Indiens (3.225.000) et aux Noirs (20.000.000) d'œuvrer pour leur propre développement, donc séparé, est plutôt un colonialisme intérieur qui s'est renforcé à travers une idéologie politique raciale influencée par des considérations calvinistes et nazies. Privés de droits civiques et politiques, mutilés et exterminés par le pouvoir minoritaire raciste de Prétoria, les Noirs qui constituent 73% de la population sud-africaine luttent dans le juste but d'anéantir l'apartheid. Ce calvaire des peuples noirs d'Afrique du Sud raciste, le camarade Thomas Sankara l'a bien stigmatisé, et condamné l'apartheid, phénomène philosophique, politique, économique et social, le plus inhumain, indigne et ignoble mode de gouvernement que l'humanité ait pu produire au même titre que le nazisme et le sionisme.
Les pogromes, c'est-à-dire les violences contre la communauté juive, qui se sont déclenchés en Russie en 1881, ont marqué la fin de l'illusion de l'assimilation née du siècle des lumières et de la Révolution française et le début du sionisme. Partout en Europe, les Juifs sont persécutés. Très vite, ils pensent à trouver une terre à eux où ils pourront vivre en communauté. Devant un tel développement de l'antisémitisme, la nécessité de retourner en Palestine est devenue impérieuse, voire vitale. C'est cette nostalgie traditionnelle du retour à Sion (Palestine) que ses initiateurs ont baptisé sionisme. D'abord pratique, culturel, socialiste ou nationaliste, le mouvement va vite prendre une coloration politique avec le manifeste de créer l'Etat des Juifs. En mai 1948, ce rêve devenait réalité et marquait en même temps le début du nomadisme d'un autre peuple : les Palestiniens. Depuis lors, le sionisme est devenu agressif, barbare, conquérant et catalyseur des massacres collectifs d'un peuple frère. Les Sionistes font vivre aujourd'hui leur calvaire d'hier à d'autres peuples. Par son caractère belliciste, impérialiste, le sionisme oblige les palestiniens à lutter pour le droit de vivre et de se construire une patrie. C'est cette lutte de libération nationale que les défenseurs du sionisme appellent terrorisme par abus de langage.
Le vrai terrorisme est un fléau qui prend de l'ampleur avec l'activité destabilisatrice grandissante de l'impérialisme. Né avec le développement du courant populiste révolutionnaire en Europe, les actes terroristes étaient dirigés contre les individualités politiques. Aujourd'hui, tout en conservant son caractère initial, des Etats, dans leur folie de domination, font de cette activité le cheval de bataille contre des peuples qui ont opté pour leur indépendance. Cela a permis le développement d'une variante nouvelle appelée terrorisme d'Etat qui reste différente du terrorisme groupusculaire ou solitaire. Le terrorisme d'Etat se résume comme la manifestation sauvage des agressions militaires d'Etat contre les peuples. Le Président du Faso, le camarade Thomas Sankara, en taisant référence au drame du peuple palestinien, à la lutte héroïque des Nicaraguayens, à l'assassinat du président Samora Machel et au raid sur les villes libyennes de Tripoli et de Benghazi dont les objectifs et visées étaient précis, a définitivement mis à nu l'action subversive et terroriste des Etats responsables de ces tragédies. L'apartheid, le sionisme et le terrorisme sont les préoccupations de toute la communauté internationale au même titre que les conflits armés.
Condamnée avec véhémence, la guerre n'apporte que des malheurs aux peuples opprimés, et enrichit les marchands de poudre et d'engins de la mort. C'est pourquoi, les efforts doivent être menés pour faire taire les canons à la frontière irako-iranienne et au Tchad. Si l'absence de l'Iran n'a pas favorisé un espoir réel du règlement pacifique du conflit, la constitution du Comité islamique de paix est assez encourageant. Quant au Tchad, l'OUA a été invitée à mettre tout en œuvre pour trouver une issue diplomatique à cette situation conflictuelle qui perdure. En résumé, la guerre comme tous les maux qui viennent d'être cités, doivent être combattus par l'action solidaire de tous. Combattre toutes ces injustices, c'est traquer en même temps partout l'impérialisme, principal vecteur de tous ces drames internationaux.
SOLIDARITE DE TOUS
Le Président du Faso, le capitaine Thomas Sankara a, avant d'exiger la solidarité de tous, fait un bilan succint des relations afro-arabes qui se résument à un triste constat d'échec tant tous les espoirs ont été déçus Cette déception est concrétisée par la reprise de relations diplomatiques de certains pays africains avec l'Etat sioniste d'Israël. D'autres pays plus conséquents et plus soucieux de la construction de la paix comme le Burkina, refusent d'établir un dialogue qui fait tord à toute l'Afrique. Mais cette situation est due à l'inertie et au manque de dynamisme dans les rapports arabo-africains. Mieux, à cette coopération, le monde arabe a préféré les contacts rapprochés et intéressés avec le monde occidental. Attitude clairement dénoncé par le camarade Président : “Vous, les Arabes, êtes en général plus en contact, plus en dialogue avec les Américains et autres Occidentaux qu'avec nous les Africains”. Malgré ce constat, la solidarité véritable doit se faire pour lutter contre les véritables fléaux de ce monde. L'ensemble des Etais arabes représente une force certaine capable de faire basculer le destin de l'humanité. Pour combattre l'apartheid en Afrique du Sud, les pays arabes doivent nécessairement arrêter, toute relation commerciale de quelque nature que ce son avec la République raciste sud-africaine. En effet, en Afrique du Sud, se trouvent d'importantes ressources mondiales d'or, de diamant et de platine. Pour l'Afrique du Sud, le prix de l'or détermine son avenir économique et la survie de l'apartheid. Quand on sait que le monde arabe est grand consommateur d'or, il suffirait tout simplement que les émirs, les richissimes et autres cheikhs se passent de leur désir d'extravagance et de cumul du métal jaune pour asphyxier le système le plus ignoble et poser ainsi un acte de militantisme. Quant au sionisme, la seule unité réelle des peuples arabes est suffisante pour la balayer. Mais pour cela, le double jeu et les pactes avec le diable doivent être évités. La construction d'un monde arabe uni qui ferait bloc avec l'Afrique libre sera un tandem efficace pour la lutte anti-impérialiste.
Le cinquième sommet de l'OCI se présente-t-il comme le point de départ d'une nouvelle coopération arabo-africaine ? Marque-t-il le début d'un ordre international nouveau ? Il serait très tôt d'en parler. Mais les résultats des travaux semblent déjà annoncer une nouvelle ère. L'impérialisme international a été condamné Ce qui marquera définitivement ce sommet comme le trait d'union entre l'Afrique et le monde arabe sera le développement futur des relations afro-arabes
Michel OUEDRAOGO