Article
En prélude aux fêtes du 10e anniversaire de notre indépendance : catholiques, protestants et musulmans ont appelé la bénédiction de Dieu sur le Togo
- Title
- En prélude aux fêtes du 10e anniversaire de notre indépendance : catholiques, protestants et musulmans ont appelé la bénédiction de Dieu sur le Togo
- Type
- Article de presse
- Publisher
-
Togo-Presse
- Date
- April 25, 1970
- Abstract
- La journée d'hier a été une journée de prière. Avec le concours des autorités de l’église catholique, avec celui également des pasteurs de l’église évangélique, avec enfin le concours des musulmans du Togo, la nation entière a rendu grâce à Dieu pour les bienfaits de l’Indépendance.
- pages
- 1
- 5
- number of pages
- 2
- Language
- Français
- Contributor
-
Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0008698
- content
-
La journée d'hier a été une journée de prière. Avec le concours des autorités de l’église catholique, avec celui également des pasteurs de l’église évangélique, avec enfin le concours des musulmans du Togo, la nation entière a rendu grâce à Dieu pour les bienfaits de l’Indépendance.
La cathédrale de Lomé a été la première, à 10 heures, à recevoir les membres du gouvernement conduits par le chef d'Etat lui-même.
Derrière les membres du gouvernement on pouvait remarquer M. Edouard Kodjo, secrétaire général du RPT, M. Gervais Djondo, président du Conseil Economique et Social, et Mme Marie Sivomey, maire de Lomé. Ensuite venait une foule de personnalités et de fidèles.
Le temple protestant, comme la cathédrale catholique, a été trop petit pour recevoir tout le monde. Mais de toute évidence, c'est à la mosquée de Zongo que le record d’affluence a été battu, si l’on s’en tient pour en juger, au nombre des fidèles qui se sont agenouillés à même la rue et se sont prosternés pour implorer Allah de répandre sa grâce sur le Togo tout entier.
Des différentes homélies qui ont été prononcées on retiendra celle de Mgr Dosseh pour qui l’« appartenance à l’église, c’est-à-dire au Christ, ne supprime pas l’enracinement des hommes dans une patrie terrestre, et la prédication du pasteur Adubra qui répond par « oui » à la question qu’il s’était posé de savoir s’il y a une relation entre Dieu et notre fête de l’Indépendance.
Voici, à l’intention de nos lecteurs, les principaux passages de ces sermons.
Mgr DOSSEH : « TOGOLAIS, VOUS AIMEREZ LE TOGO »
« L’appartenance à l’église, c’est-à-dire au Christ, ne supprime pas l’enracinement des hommes dans une patrie terrestre : au contraire, elle reconnaît dans ce fait un des aspects essentiels de l’expérience d’un peuple et elle pousse invinciblement à cette fidélité à la Patrie sanctionnée par Dieu Lui-même dans le quatrième commandement en tête de tous les devoirs des hommes envers eux-mêmes. L’amour de la Patrie restera toujours pour le chrétien un devoir en prolongement de l’amour familial « Honore ton Père et ta Mère, afin d’avoir longue vie sur la Terre que Yahvé ton Dieu te donne ! » (Ex. 20-12 — Deut. 5.16).
« L’histoire moderne de notre Pays prouve à elle seule la part que la foi chrétienne peut prendre dans l’éveil de la conscience chez un peuple ; un Monseigneur Cessou, protestant contre la division de l’ancien Togo Allemand et composant une vigoureuse chanson pour stigmatiser un tel méfait, est l’image véridique du véritable missionnaire envoyé par Dieu pour nous découvrir à nous-mêmes. Cette chanson « Enfants du Togo » court encore sur les lèvres des Togolais et c’est un appel à l’union dans un Togo indivis, entier... elle rejoint en droite ligne cette autre chanson de nos Pères Allemands, le n° 107 du Liederbüchlein du Père Hubert Ehlert (SVD) imprimé à Leipzig pour la mission catholique de Lomé, autour de 1910 : « Ich bin ein Togo Knabe.
Ich bin ein Togo mädchen », chantaient alors tous les élèves de nos écoles catholiques. Voilà les humbles et vaillants artisans de la nation Togolaise, ceux-là qui ont nourri et ennobli l’âme togolaise de ces vertus fortes du christianisme.
Oui, pourra écrire le Père Lebbe à propos de la Chine : « le patriotisme tel que les siècles chrétiens l’ont fait surtout et tel qu’il existe maintenant chez tous les peuples qui ont pris conscience d’eux-mêmes, est avant tout un amour, un élan créateur de dévouement et de sacrifice, un grand idéal et donc une grande force. Ce n’est pas seulement une question d’utilité publique, c’est plus que cela ; c’est ce qui frémit dans l’âme à l’audition du chant national, le souffle qui découvre les têtes les plus fières à la vue du drapeau. Cette force est une noblesse... Mais cette noblesse est surtout une force et peut être le plus sûr rempart d’un Pays... ».
« Et l’on peut conclure avec le Père Lebbe : « ce qui est vertu pour les chrétiens d’Europe doit l’être pour les chrétiens de nos pays. Ce qui est une gloire pour les chrétiens d’Europe et d’Amérique doit l’être pour les chrétiens de chaque Pays. « Togolais, vous aimerez le Togo, « terre de vos aïeux », la Patrie, non point dans un nationalisme étroit qui se complaît dans un chauvinisme, lequel à son tour commande de se recroqueviller sur soi-même, mais de cet amour ouvert à tous nos frères quels qu’ils soient et d’où qu’ils viennent, dans le respect mutuel de nos indépendances complémentaires.
« Revenons donc et tenons-nous en à l’école du Décalogue et de l'Evangile pour bâtir, pour continuer de bâtir solidement notre cité togolaise. Là vous avez appris et savez que l’homme va à sa fin par un libre vouloir : que la loi de sa destinée est un précepte articulé et non une nécessité imposée et que si une harmonie providentielle met ses intérêts d’accord avec ses devoirs, cette coïncidence du bonheur et de la vertu n’est ni assez sensible ni assez immédiate pour rendre inutile ou impossible une fidélité désintéressée !
« Appliquez à la loi du Travail, à l’exercice et à la reconnaissance de la Liberté, à l’amour de la Patrie, cette notion élevée du devoir et vous verrez le labeur humain se relever et s’ennoblir : vous le verrez égaler ni plus ni moins l’exemple du Fils de Dieu fait homme qui nous assure qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour celui que l’on aime et qui, joignant l’exemple à la parole, est mort et ressuscité pour nous, afin que nous nous aimions désormais comme Lui-même nous a aimés. Travail, Liberté, Patrie, n’est-ce point-là la devise du Togo ? Soulevée par la grâce et illuminée par l’enseignement de la Révélation chrétienne, elle sera le mot d’ordre pour cette nouvelle étape de 10 ans qui commence dès aujourd'hui.
« Comment, écrivais-je le 5 avril 1962 à Monsieur le président de la République togolaise, au lendemain de la proclamation de notre nomination au siège archiépiscopal de Lomé », comment, Excellence, ne pas me complaire à vous rappeler en une circonstance si émouvante que dès longtemps nous avons vécu en communion d’idées aux heures difficiles de l’enfantement de la Patrie, et qu'à faire grandir et prospérer cette jeune Nation palpitante de vie et de bonne volonté, nos efforts se rencontreront encore à coup sûr dans une amitié aussi fructueuse ? J’ai eu l'occasion de vous dire lors de mes vœux de nouvel an à quel point nos idéaux se recouvraient dans la visée qui doit nous être commune de la recherche d’un humanisme intégral conçu aux dimensions même du programme rédempteur du Christ. Permettez-moi donc de vous assurer à mon tour que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que le gouvernement togolais et l’Eglise du Christ qui est au Togo puissent communier intensément par la correspondance à la grâce du Salut de l'Homme en Jésus-Christ et en son Eglise, en regardant ensemble dans la même direction, la direction de l’Homme Total, citoyen de la terre et citoyen du Royaume à venir ».
LE PASTEUR ADUBRA : « NOUS DEVONS CELEBRER LA FETE DE L’INDEPENDANCE DEVANT DIEU
« Chaque peuple a son histoire. Mais qu’est-ce que l’histoire d’un peuple ? Elle est l’ensemble des événements de son existence. Et cette histoire se développe au fur et à mesure que ce peuple évolue. Nous sommes aujourd'hui à une étape très importante dans l'histoire de notre nation. Nous célébrons (par anticipation) le 10e anniversaire de notre indépendance. Or, cette courte phrase « 10e anniversaire » réellement en soit une longue histoire. Mais qu’elle relation peut exister entre une fête d’Indépendance d’une nation et l'église. Ne nous suffit-il pas de nous assembler autour de notre monument de l'indépendance et dans nos palais pour nos réjouissances ? Je pense bien que vous comprenez tous ce qu'ici je désigne par « église ». Cet endroit où nous pensons que Dieu habite, et où nous allons le prier pour demander sa faveur ou pour lui rendre grâce pour des bienfaits. Je veux donc vous demander s’il y a une relation entre Dieu et notre fête d’Indépendance ?
« Mes frères, est-ce que cela a un sens pour nous de nous présenter devant Dieu quand nous célébrons notre Fête d’Indépendance ? Cette Indépendance que nous avons acquise au prix de nos propres luttes ? Bien sûr que oui ! Il n’y a point d’histoire de peuple dont Dieu ne soit le Maître. Et tout peuple qui bannit Dieu de son histoire ne tarde pas à s'effacer de l'histoire des Nations. Frères et sœurs togolais et togolaises, Monsieur le président et vous — honorables membres du gouvernement, je crois que nous sommes tous conscients de cette vérité, et c'est la raison pour laquelle nous avons placé le début des festivités de cet anniversaire sous le signe de l'adoration. Or une nation peut posséder des temples et tous les jours y appeler le nom du Dieu. Mais en réalité ce nom de Dieu ne serait qu’un mot des lèvres et les temples et les monuments vides de sens. Ou bien elle transforme le Dieu maître en un Dieu serviteur à qui elle demande seulement d’obéir à ses caprices.
« Avez-vous bien écouté le passage biblique que nous venons de lire ? Les Israélites se disaient aussi avoir Dieu pour eux. Ils avaient envoyé le prophète Jérémie leur rapporter un message de la part de Dieu. Mais parce que le contenu du message ne correspondait pas à leur désir, ils le repoussèrent disant qu'il n’était pas de Dieu.
De nous aussi Dieu exige beaucoup de chose : apportez la pierre angulaire qui est le Seigneur lui-même et sa parole de vie pour l'édification de notre nation togolaise. Et pour cela, implorons le Seigneur de donner son Esprit, pour que nous soyions prêts et éveillés pour lui obéir, et servir notre patrie ».
L'IMAN : « QUE LA BENEDICTION D’ALLAH SOIT SUR VOUS »
« A l'aube de ce 10e anniversaire de notre accession à la souveraineté internationale, un sincère examen de conscience s’impose à chaque citoyen afin que se réalise d'avantage la devise nationale :
« TRAVAIL, LIBERTE, PATRIE »
« Prions :
« Oh Allah ! Clément et Miséricordieux ! fais de la piété notre viatique, dirige vers la religion notre effort, mets en Toi notre confiance et sois notre constant appui.
« Oh Allah ! affermis-nous dans la vole de la droiture, dans la voie où lorsque nous y marchons, nous attirons sur nous tes grâces et ton plaisir. Délivre le peuple des calamités qui secouent le monde.
« Eloigne de nous l'orgueil, le mépris de la justice, la débauche, source de malheur et cause de ta colère contre les peuples ; éclaire nos dirigeants de ta lumière afin qu’ils conduisent le peuple selon ta volonté.
Que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur le Saint Prophète et les bons serviteurs de Dieu.
Que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur Vous ».