Article
Constitution de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation : le président Faure Essozimna Gnassingbé a consulté les confessions religieuses hier
- Title
- Constitution de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation : le président Faure Essozimna Gnassingbé a consulté les confessions religieuses hier
- Type
- Article de presse
- Creator
- Patouani Batchamla
- Publisher
-
Togo-Presse
- Date
- February 10, 2009
- pages
- 1
- 3
- 4
- number of pages
- 3
- Subject
- Union Musulmane du Togo
- Language
- Français
- Contributor
-
Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0008683
- content
-
CONSTITUTION DE LA COMMISSION VÉRITÉ-JUSTICE ET RÉCONCILIATION
LE PRÉSIDENT FAURE ESSOZIMNA GNASSINGBÉ
A CONSULTÉ LES CONFESSIONS RELIGIEUSES HIER
Les différentes délégations religieuses, dont l'Union Musulmane du Togo...
Le chef de l'État Faure Essozimna Gnassingbé à l'écoute des différentes confessions religieuses.
Celle du Conseil pontifical "Justice et Paix" menée par son éminence Renato Raffaele Cardinal Martino (à droite) et...
le Conseil Chrétien avec à sa tête le pasteur Djakouti (à droite). (Photos SASSA)
CONSTITUTION DE LA COMMISSION VÉRITÉ - JUSTICE ET RÉCONCILIATION
Le président Faure Essozimna Gnassingbé a consulté les confessions religieuses hier.
Le président de la République, Faure Essozimna Gnassingbé, a reçu, au palais de la présidence de la République à Lomé, diverses délégations de confessions religieuses du Togo. Il s'agit notamment de l'Union Musulmane du Togo (UMT) conduite par son président par intérim, El Hadj Inoussa Bouraïma, du Conseil Chrétien du Togo, avec à sa tête le pasteur Djakouti Mitré. La délégation de l'Église Méthodiste était menée par son président, le pasteur Charles Klagba. Quant à la délégation du Conseil pontifical « Justice et Paix », elle a été conduite par son président, l'éminence Renato Raffaele Cardinal Martino.
Les discussions avec le chef de l'État ont porté sur la mise sur pied de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation. Les différents groupes religieux se sont prononcés sur le profil de la personnalité qui devrait présider cette commission et aussi sur les critères du choix des membres de cette instance très importante pour le Togo.
À l'issue de ces entretiens avec le chef de l'État, les responsables de ces confessions religieuses ont fait des déclarations. Le ministre des Droits de l'Homme, de la Consolidation de la Démocratie et de la Formation civique, M. Yacoubou Koumadjo Hamadou, qui a pris part aux différentes rencontres, a, pour sa part, dressé un bref bilan des consultations nationales lancées le 15 avril dernier pour la mise en place de cette Commission.
Ici, la délégation de l'Église Méthodiste conduite par le pasteur Klagba (à droite).
M. Hamadou lors de sa déclaration à la presse. (Photo SASSA).
DÉCLARATION DES DIVERSES DÉLÉGATIONS
Conseil Chrétien
El Hadj Inoussa Bouraïma, le pasteur Djakouti Mitré, président par intérim de l'Union Musulmane du Togo
D'abord, nous avons répondu à l'invitation de son Excellence, M. le Président de la République, pour nous parler de la pertinence de la réconciliation nationale au Togo. Il nous a dit le bien-fondé de cette réconciliation. Nous lui avons fait part de ce que nous faisons dans le cadre de cette réconciliation. Nous avons été consultés par le Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l'Homme (HCDH). Nous avons participé à des séminaires qui traitaient de la réconciliation nationale et nous avons été, non seulement participants, mais nous avons aussi pris une part active. Nous avons présidé certaines commissions et les travaux de suivi pour la réconciliation. Le chef de l'État nous a demandé si nous pouvons nous prononcer sur la ou les personnes qui pourraient éventuellement présider la commission. Mais là, il n'y a pas une carte blanche donnée à notre commission.
« Vous avez devant vous le bureau du Conseil Chrétien. Nous avons eu cet honneur d'être reçus par le chef de l'État parce que, comme vous le savez, notre pays entre dans la phase de la réconciliation et c'est dans cet objectif que le gouvernement a fait honneur aux religieux pour les consulter afin que la grâce divine nous accompagne dans cette réconciliation. Nous avons discuté et nous avons pensé que, vraiment, il est avantageux que le peuple de ce pays puisse se réconcilier et que chaque personne, chaque population comprenne que la vengeance ne fait qu'engendrer la vengeance. Le pardon apporte l'amour, la paix et il est temps que chacun puisse faire un pas, un arrêt pour réfléchir et dire : nous pouvons développer notre pays, bâtir notre pays dans l'amour, dans la paix, la compréhension. Cela ne sert à rien de continuer à engendrer la vengeance, de continuer à déchirer le tissu national. Personne n'aura rien à en profiter. Celui qui va profiter, peut-être vous serez naïfs, c'est l'ennemi, le diable qui profite parce que la Bible a dit que le diable est venu pour diviser et régner, c'est pourquoi Dieu nous avertit. Mais nous, nous devons nous réconcilier et vivre en paix. Donc, nous allons contribuer dans ce processus, dans nos églises, dans nos mosquées et dans nos cathédrales pour que, vraiment, nous conscientisions les gens à comprendre ce que c'est que le vrai pardon. C'est très important. Regarder ton frère et ta sœur comme toi-même et c'est là ce que nous allons développer pour notre pays. C'est là le vœu profond du président et de son gouvernement. Et nous, les religieux, nous sommes prêts à l'accompagner dans ce processus pour prier afin que Dieu ait pitié de notre pays pour que nous puissions vivre en paix, en harmonie pour la gloire de son nom. »
Le pasteur Charles Klagba de l'Église Méthodiste du Togo
D'après les consultations nationales, il ressort que le peuple togolais souhaite, dans sa grande majorité, que cette commission soit présidée par un responsable religieux. Donc, c'est un grand honneur qui est fait aux religieux mais c'est aussi une marque de confiance au rôle que les institutions religieuses jouent dans ce pays. Et donc, nous sommes allés dire au chef de l'État notre disponibilité à participer activement à ce processus. S'agissant de celui qui doit être le président de la Commission, je pense que c'est quelqu'un qui doit être profondément religieux et croyant, c'est-à-dire qui croit en Dieu, en l'Église et qui a aussi des compétences et des expériences en ce qui concerne les ramifications, la complexité de vivre ensemble, que ce soit sur le plan politique, social, économique, etc. Donc, quelqu'un qui est capable de faire à la fois la synthèse entre le spirituel et la réalité existentielle. Je dis souvent qu'un bon pasteur, selon un théologien allemand, doit avoir la Bible dans sa main droite et le journal dans sa main gauche. Donc, c'est quelqu'un qui doit être crédible, audible mais profondément ancré dans la parole de Dieu. Et c'est ce que nous voulons en tant qu'Église apporter à ce processus pour la renaissance d'un État nouveau au Togo.
M. Yacoubou Koumadjo Hamadou, ministre des Droits de l'Homme
« Vous connaissez l'attachement du président de la République aux deux principes fondamentaux. D'abord, son attachement à la réconciliation nationale de tous les Togolais et, ensuite, son esprit de consensus au niveau de la classe politique et au niveau des couches socio-professionnelles de notre pays. Et c'est dans cet ordre d'idées que les consultations avaient été lancées le 15 avril 2008. Les consultations ont eu lieu, le rapport de ces consultations a été transmis au président de la République et au gouvernement. Le chef de l'État, toujours dans son souci de concertation large, de consensus et également dans son souci de respect, aussi bien de la légitimité politique que de la légitimité démocratique populaire, a pris sur lui de respecter, point par point, les recommandations de ces consultations. Les consultations ont été claires. Elles ont dégagé clairement la volonté du peuple qui voudrait que la Commission Vérité et Réconciliation soit dirigée par un religieux. Aujourd'hui, le chef de l'État a pris sur lui de consulter toutes les instances religieuses. Il a reçu les confessions musulmane, protestante et méthodiste. Et c'est dans le souci de définir ensemble avec les confessions concernées le profil même et les critères de la personnalité qui devrait diriger cette instance. Il ne s'agit pas seulement de désigner un religieux pour avoir un religieux à la tête de cette instance. Mais que ce religieux-là réponde à des critères rigoureux. Il faut d'abord que ce soit quelqu'un d'une grande culture, d'une grande probité, aussi bien intellectuelle que morale. Que ce ne soit pas quelqu'un qui se cantonne seulement dans son savoir religieux. Il doit voir aussi la réalité, connaître les réalités du pays pour pouvoir combiner cet ensemble comme nous l'a dit un des responsables. Ce profil-là doit être défini ensemble avec les confessions religieuses qui sont les premières concernées par la désignation du premier responsable. Ces critères sont valables aussi pour tous les autres membres de la commission. Le bilan aujourd'hui, c'est que la création de la commission est imminente. Et il est tout à fait opportun de consulter les classes en tenant compte des diversités et en tenant compte surtout des résultats des consultations. Le chef de l'État, qui est toujours attaché au respect de la volonté populaire, tient à respecter, mot à mot, et point par point les résultats des consultations. »
Propos recueillis par Patouani Batchamla