Article
Religion : que retenir de la charia?
- Title
- Religion : que retenir de la charia?
- Type
- Article de presse
- Creator
- Moussouloumi Boukari
- Publisher
-
Togo-Presse
- Date
- October 28, 2011
- pages
- 8
- number of pages
- 1
- Language
- Français
- Contributor
-
Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0008647
- content
-
RELIGION
Que retenir de la charia ?
Lundi dernier, les dirigeants du Conseil National de Transition (CNT) ont annoncé qu'en attendant la formation d'un gouvernement de transition, la Libye serait régie par la charia (la loi islamique). Cette annonce a provoqué quelques inquiétudes en Libye, surtout parmi les femmes, ainsi qu'à l'étranger. Mais au fait, c'est quoi la charia ?
La charia (littéralement « la voie d'accès à la loi divine ») est la loi islamique codifiant l'ensemble des droits et des devoirs tant individuels que collectifs des musulmans. Elle dicte le statut personnel et familial, le droit pénal et public. Pour être plus clair, la charia, c'est la constitution de l'Islam. Elle codifie tant les aspects publics que privés de la vie d'un musulman au quotidien.
La charia est basée sur la Sunna (le livre qui reprend les dires du prophète Mohammed). Mais celle-ci n'est pas un ensemble de règles figées. Il n'existe pas un « guide » de la charia qui édicte des règles noires sur blanc. D'où des interprétations très différentes entre les différents pays musulmans.
« C'est à l'origine une notion plus religieuse que juridique », souligne le juriste Baudouin Dupret, directeur du centre de recherches Jacques Berque, à Rabat, au Maroc.
« Ce n'est que progressivement que l'on a eu tendance à vouloir incorporer des préceptes moraux dans la loi moderne. La charia, c'est à la fois des principes très généraux comme la justice, la tolérance, et des notions plus précises comme le droit de la famille ou le droit pénal », explique Saïd Haddad, chercheur à l'Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman.
Au nom de la loi islamique, on peut régir les transactions financières, le code de la famille qui, par exemple, autorise la polygamie, l'héritage (les hommes héritent du double de leurs sœurs), et un certain nombre d'interdits concernant la tenue vestimentaire, les règles alimentaires, mais aussi les infractions pénales et les affaires judiciaires.
« La charia n'est pas un corpus de règles détaillées », indique M. Haddad. Dans les pays où la constitution fait référence à la charia, « rien n'établit concrètement ce qu'il faut entendre par ce mot ».
Certaines interprétations de la charia sont très répressives. En Arabie Saoudite, par exemple, le droit pénal prévoit, notamment, la peine de mort pour l'homicide, cent coups de fouet pour le délit d'adultère (homme ou femme) et l'amputation de la main droite pour vol. L'adultère peut aussi être passible de la peine de mort par lapidation, dans certains cas.
Pour Baudouin Dupret, « La charia est appliquée avec plus ou moins de rigueur dans certains États musulmans. La charia, c'est la normativité, le référent normatif pour les croyants musulmans. C'est une source d'inspiration de laquelle peuvent découler des choses différentes. Par exemple, au Soudan, c'est un code très restrictif. En Égypte, il s'agit de suivre des principes généraux. »
Quel statut pour la femme dans un pays régi par la charia ?
Là encore, tout est question des différentes interprétations. Dans certains pays, la législation est assez « tolérante » et pour d'autres, comme l'Arabie Saoudite, il est interdit aux femmes jusqu'au droit de conduire une voiture (sous peine de prison).
En revanche, les règles, en termes de mariage, sont strictement édictées. L'islam autorise la polygamie et admet trois modes de rupture d'un mariage : l'annulation prononcée par le cadi (magistrat musulman), le divorce par consentement mutuel et la répudiation unilatérale par le mari ou la femme si une demande en ce sens de sa part est inscrite dans le contrat de mariage. Le droit de divorcer revient d'abord à l'homme. Un divorce civil n'est ainsi automatiquement validé que si l'homme a donné son consentement.
La charia donne aussi lieu à plusieurs interprétations concernant la réglementation de la tenue vestimentaire de la femme. Le port et la forme du hijab (voile islamique) diffèrent selon les différents pays, donc selon les différentes interprétations. Il peut, soit recouvrir l'intégralité du corps, sauf le visage, soit moins, soit une seule partie du corps.
Où est-elle en vigueur ? Les pays dont la législation s'inspire plus ou moins fortement de la charia sont les suivants : l'Arabie Saoudite, le Koweït, le Bahreïn, les Émirats arabes unis, le Qatar, Oman, le Yémen, l'Iran, le Pakistan, l'Afghanistan et la Libye.
De plus, la charia a été introduite dans la législation de certains pays au cours du XXe siècle : le Soudan, l'Égypte en tant que « source du droit », quelques États du nord du Nigéria, et la Somalie. Le mariage civil n'existe pas en Israël, les musulmans de ce pays sont soumis au droit musulman en ce qui concerne le statut personnel.
Moussouloumi BOUKARI
(Sources : Wikipédia)