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Somalie. Restore Hope : les dessous d'une opération militaro-humanitaire
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- Title
- Somalie. Restore Hope : les dessous d'une opération militaro-humanitaire
- Creator
- Dembélé Al Séni
- Publisher
- Plume Libre
- Date
- April 1993
- issue
- 14
- Page(s)
- 6
- number of pages
- 1
- Is Part Of
- Plume Libre #14
- Subject
- Intégrisme
- Language
- Français
- content
-
Somalie
Restore Hope : Les dessous d'une opération militaro-humanitaire
Par Dembélé Al Séni
DÉCEMBRE 1992, des milliers de marines américains débarquent en Somalie. Pour distribuer dit-on du pain aux faméliques populations, créer un minimum de sécurité dans ce pays déchiré par des hordes armées et permettre le retour à une situation vivable. Au-delà de ce qui a constitué l'un des derniers shows militaro-médiatiques de George Bush finissant, se cache des intentions à peine voilées. "Mogadiscio est pire que Beyrouth des années 80", cette phrase lancée après une bouffée de cigarette par un représentant d'une ONG dans la capitale de ce qui fut pendant plus de 20 ans le "domaine" du Général Syad Barré traduit le calvaire des populations depuis sa chute. Ses tombeurs de la CSU (Congrès de la Somalie Unifié) ont retourné leurs Kalachnikovs les uns contre les autres et depuis près de deux ans s'entretuent. Les hommes du Général Farah Sidid et ceux du président Ali Mahdi ne font pas de quartier. La ville était divisée par une ligne de démarcation entre les belligérants, les diverses milices et autres bandes de pillards (formés en partie par les soldats de l'ancienne armée nationale) écumaient l'ensemble du pays jusqu'aux confins de la frontière Kenyane. Ce triste décor de la vie quotidienne en Somalie avant le débarquement américain était connu. Ce qu'on savait moins, c'est que dans les décombres et les cliquetis des armes, des hommes et des femmes essayaient courageusement d'organiser la vie, de sauver ce qui pouvait l'être et de "redonner espoir" à la population.
A la capitale, dans le vieux quartier de Médina, ils ont mis en déroute les pillards, instauré un conseil de cheicks chargé de rendre la justice et de veiller à la tranquillité des populations. A Marka, un port sur l'Océan Indien à quelques 150 km de Mogadiscio, ils ont organisé les activités du port, remis en état l'hôpital, rouvert les nombreuses écoles coraniques et protégé les établissements et centres de distribution d'aide du CICR (Comité International de la Croix Rouge). Leurs activités et leurs influences petit à petit ont commencé à s'étendre à l'ensemble du pays. Toutefois, selon un représentant du CICR à Marka "ils expriment leur foi et fréquentent assidûment les mosquées, prononcent de violents discours contre l'infidélité... La majeure partie de la population est séduite par ce message de paix, et les considèrent comme des sauveurs, surtout qu'ils annoncent vouloir désarmer la population et arrêter les pillards..." Toute cette action et ce trésor d'imagination pour sauver un peuple en détresse et qui a été nourri des décennies durant par des idéologies venues de l'Occident se faisait au nom de l'Islam. Et c'est là qu'il y a problème. La Somalie au plan géopolitique est une région stratégique malgré la fin de la guerre froide (l'URSS ayant sombré dans les contradictions de son communisme). Les américains n'entendent pas voir cette région leur échapper. Le mouvement islamique qui se développe en Somalie est pour eux un signe inquiétant. Dans la zone, l'Ethiopie et surtout l'Erythrée connait un regain d'activité des mouvements islamistes. Le Soudan du Général El Béchir est considéré par les stratèges américains comme le plus grand centre d'expansion de "l'intégrisme islamique". Il est donc aisé de comprendre les véritables mobiles du débarquement Yankee en Somalie en compagnie de quelques supplétifs Français. Il s'agit d'une part de briser l'action des mouvements islamistes au Soudan et donc d'annihiler une probable prise du pouvoir par ces mouvements et d'autre, part de faire pression sur le Soudan en amassant à ses portes des milliers de soldats avec une armada impressionnante. L'action contre le Soudan pouvait d'ailleurs se déclencher avec l'aide de l'Egypte de Moubarak qui multiplie depuis quelques mois des incidents militaires à sa frontière avec le pays de Hassan El Tourab. En tout état de cause, les somaliens fatigués par une guerre meurtrière et les souffrances de toutes sortes, las des promesses d'idéologies en déphasage avec leur être et leur pensée savent désormais que leur avenir c'est avec l'islam et rien d'autre. Les américains le comprendront tôt ou tard, inch'Allah ★
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Plume Libre #14
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