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Dossier : crise algérienne. Le point de vue des Ivoiriens
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- Title
- Dossier : crise algérienne. Le point de vue des Ivoiriens
- Creator
- Moussa Sangaré
- Publisher
- Plume Libre
- Date
- February 1992
- issue
- 5
- Page(s)
- 5
- 11
- number of pages
- 2
- Is Part Of
- Plume Libre #05
- Subject
- Intégrisme
- Language
- Français
- content
-
Le point de vue des Ivoiriens
La situation en Algérie, on s'en doute n'a pas laissé les ivoiriens indifférents. Quelques personnes interrogées nous livrent ici leurs impressions.
Fofana Ousmane : Etudiant en droit : Sur le plan sociologique il faut dire que l'Algérie est un pays à majorité musulmane et normalement toutes les règles devant régir la société devaient être inspirées des pratiques religieuses. Je ne vais pas cependant tomber dans un fanatisme qui consiste à penser qu'il faut strictement appliquer les règles du Coran.
Les événements actuels étaient prévisibles car toute société a un fondement et l'Algérie est essentiellement musulmane. De toute évidence cet aspect religieux va jouer un rôle dans l'histoire ; ce rôle ne doit pas pour les musulmans être négateurs. On ne doit pas faire table rase de tout ce qui existe déjà comme institutions. Sur le plan idéologique, je pense qu'on peut être islamiste et pro-occidental. Les occidentaux ont peur des islamistes : c'est une erreur. À travers l'histoire ces derniers se sont montrés durs, ce qui
Fojana Ousmane (Etudiant en droit)
part même des principes fondamentaux de la religion. Il faut en tout état de cause conserver son authenticité. Les occidentaux veulent toujours que les gens vivent à leur image. Pourquoi ne pas vivre à l'image de soi-même ?
Les Algériens doivent savoir qu'on doit faire un amalgame pour suivre le mouvement actuel du monde. Il est évident qu'aucun État du monde ne peut vivre en autarcie. Si cela est vrai un pays qui veut un épanouissement de ses citoyens doit accorder une importance aux relations internationales. C'est un début et nous souhaitons que les islamistes fassent un clin d'œil dans ce sens.
La tendance à bloquer le processus démocratique est un échec car lorsqu'on veut aller contre la volonté d'un peuple cela peut avoir beaucoup de conséquences par exemple la guerre civile. Il faut que les français se plient à la volonté de la majorité des Algériens.
Kamagaté Ben Ahmed Fac droit : L'occident se sent menacé du fait que le FIS ait pris le pouvoir si bien qu'ils veulent boycotter l'ascension
Kamayate Ben Ahmed. (étudiant en Droit)
de ce parti. À mon sens on doit laisser les Algériens souverainement choisir le parti qui leur plaît. On doit bannir l'ingérence dans les affaires extérieures d'un État. Il est normal qu'un pays musulman soit dirigé par des musulmans. Être musulman ne signifie pas être antidémocratique. Tout ce que l'Islam dit le droit laïc le dit aussi je le sais en tant qu'étudiant de la fac de droit. Que l'Algérie choisisse son dirigeant est mieux.
Gohou Sery Honoré Fac des Lettres Arts et Sciences Humaines : Nous suivons avec beaucoup d'intérêts les événements qui se déroulent en Algérie. Faisons observer que toute innovation est accompagnée de grands mouvements et ce qui se passe en Algérie n'est pas étranger à cela. Ce que les uns et les autres souhaitent c'est que ce mouvement n'aboutisse pas à l'irréparable. Il faut que tout se passe dans un esprit de transparence. J'espère que la démission du Président Chadli ne va pas remettre en cause le processus démocratique. La démocratisation passe par le rassemblement de toutes les forces vives de la nation. L'Algérie est un pays qui
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nous coûte cher pour la simple raison qu'elle a obtenu son indépendance au prix d'un effort soutenu. Il ne serait pas bien de voir ce pays replonger
Gonou Séry Honore (étudiant en Fac de Lettres)
dans une guerre fratricide ce qui n'arrange pas le monde.
Je suis convaincu que c'est la victoire partielle du FIS qui est non loin de s'accaparer de la majorité qui a bouleversé le mouvement démocratique. Ce qu'on souhaite c'est que les uns et les autres reviennent à de meilleurs sentiments. Nous souhaitons que la démocratie reprenne son train car il n'y a pas de développement sans démocratie, sans liberté. On espère que l'Algérie servira d'exemple et retrouvera son lustre d'antan afin d'inspirer les autres pays qui sont en cours de démocratisation.
Les mouvements islamistes ont été pour beaucoup dans la vie politique de L'Algérie. Il faut se rappeler lorsque les Algériens criaient avec à leur tête les Oulémas : L'Algérie est notre patrie ; l'islam notre religion ; l'arabe notre langue. C'est l'islam qui a été utilisé pour acquérir leur indépendance. Aujourd'hui encore il se trouve que l'islam est au centre du débat. L'islam est beaucoup ancré dans les mœurs Algériennes. Il régit la vie économique, sociale, politique, culturelle des Algériens de sorte que lorsqu'il y a un problème politique on a comme un sentiment de recourir à l'islam. Aujourd'hui le FIS se trouve comme dans une situation de départ. Parce qu'à chaque crise politique l'Islam réapparaît. Le programme du FIS fait peur aux pays occidentaux qui sont en relation avec l'Algérie. Il est difficile de comprendre que le FIS qui a remporté les élections partielles puissent faire peur aux Algériens mêmes qui l'ont porté au devant de la scène politique.
On doit laisser les Algériens aussi bien que les autres pays faire leur politique. Vus les intérêts politiques et économiques en jeu il faudrait que le FIS ne soit pas trop catégorique, qu'il ait des positions plus flexibles.
Coulibaly Ahoun Fac Sciences économiques, Licence Pub. : Je soutiens le FIS et il m'arrive même de faire du Zikr (des prières) dans ce sens. Ce sont les élections qui ont porté le FIS au pouvoir et pour moi c'est un complot de la part des occidentaux qui ont peur de la montée de ce qu'ils appellent intégrisme. Mais on voit bien que c'est la force de l'Islam qui peut contrecarrer les USA dans leur lancée monopolitique.
En ce qui concerne la réaction des femmes, elle résulte d'une déformation par l'éducation occidentale. Du jour au lendemain on leur demande de changer radicalement c'est ce qui provoque les remous. Mais il suffit qu'on les fasse venir à la raison et ça ira.
Koné Fatou, 3e année Pharmacie : Ces Occidentaux s'infiltrent trop dans la politique intérieure algérienne. Le FIS met tous les pions en place pour le jeu afin que les gens prennent leur responsabilité et puissent voter librement tout en sachant ce qui les attend. Si les gens ont voté et que le FIS l'a emporté, quoi de plus normal ! Mais les Occidentaux donnent l'impression que les gens étaient obligés de suivre le FIS. Les Algériens ont voté pourtant en sachant ce qui va se passer. Je ne vois pas pourquoi on fait tout ce tapage pour faire croire que c'est la chute... de la démocratie. En fait n'est-ce pas la démocratie qui a fait accéder le FIS au pouvoir ?
A propos des libertés des femmes il faut dire que les gens jugent de l'extérieur. Car quand on connaît les droits de la femme musulmane on ne peut pas avoir peur. Je leur demande d'attendre et de voir ce qui va se passer, si les Algériens n'ont pas ce qu'ils voulaient, ils vont changer, ils vont se révolter.
Les droits de la femme sont mieux garantis en Islam que dans les civilisations occidentales. En Islam tout est déjà écrit alors que de l'autre côté avec l'émancipation, il y a trop de fluctuations. Au fur et à mesure on se rend compte que ceci n'est pas bon et on change. Mais il faut reconnaître que ce sont les gens qui mettent en applications les textes religieux qui le font de mauvaises manières quelque fois. Et puis les femmes Algériennes savent ce qu'elles veulent. Après avoir lu Jeune Afrique je me suis rendu compte qu'en fait les femmes supportent le FIS.
Propos recueillis par Sangaré Moussa.
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Plume Libre #05
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