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Séjour du colonel Kadhafi au Burkina : "Les visites se succèdent mais ne se ressemblent pas"
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- Title
- Séjour du colonel Kadhafi au Burkina : "Les visites se succèdent mais ne se ressemblent pas"
- Creator
- Oumar Ouédraogo
- Publisher
- Sidwaya
- Date
- December 11, 1985
- Abstract
- Arrivé lundi dernier dans notre capitale pour une visite de 72 heures au Burkina, le chef de la Révolution libyenne le colonel Moammar El Kadhafi a été l'hôte dans la soirée d'une réception offerte à son honneur par le camarade capitaine Thomas Sankara au palais de la présidence. Y étaient invités les membres du gouvernement, du Conseil national de la révolution et le corps diplomatique accrédité dans notre pays.
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0002980
- content
-
Arrivé lundi dernier dans notre capitale pour une visite de 72 heures au Burkina, le chef de la Révolution libyenne le colonel Moammar El Kadhafi a été l'hôte dans la soirée d'une réception offerte à son honneur par le camarade capitaine Thomas Sankara au palais de la présidence. Y étaient invités les membres du gouvernement, du Conseil national de la révolution et le corps diplomatique accrédité dans notre pays. Intervenant le premier, le camarade président du CNR et du Faso, après avoir souhaité la bienvenue au colonel Kadhafi et à sa suite, a souligné que l'homme à lui tout seul symbolise le peuple libyen et représente la somme et le sang que ce-lu l'hôte crifié pour être aujourd'hui le maître de son destin afin de bâtir une Libye libre et prospère. Les nombreuses réalisations, dira le camarade président du CNR, sont l'œuvre du peuple libyen. Kadhafi n'est pas étranger au Burkina ni inconnu du peuple burkinabè. Il foule le sol burkinabè pour la troisième fois. Mais pour le camarade Sankara, “les visites se succèdent mais ne se ressemblent pas. C'est la première fois que vous découvrez le peuple burkinabè sous le processus révolutionnaire”. Après avoir reconnu les mérites du peuple libyen et remercié tous les combattants du 1er septembre 1969, le camarade capitaine Thomas Sankara a décoré son homologue libyen de la médaille suprême du peuple burkinabè : la Médaille d'or de l'Etoile du Nahouri. Il a souhaité que son frère libyen porte ce bouclier tant au Burkina qu'en Libye et partant, où il ira afin qu'il le protège contre tout ennemi.
DECOUVERTE D'UNE NOUVELLE JEUNESSE REVOLUTIONNAIRE AFRICAINE
Prenant à son tour la parole, le colonel Kadhafi, tout ému, a d'abord exprimé sa gratitude au président du CNR et au peuple révolutionnaire du Burkina pour leur accueil chaleureux et fraternel "La dernière fois que j'étais venu ici, j'avais assisté à une rencontre avec les dirigeants de l'époque J'avais estimé que la révolution n'était pas totalement au point. Maintenant, le conflit est tranché en faveur de la révolution populaire et des aspirations des masses africaines”, a-t-il poursuivi. Cela a été possible grâce à la personnalité du capitaine Sankara et le soutien de ses camarades de lutte. Les distances entre révolutionnaires ne se mesurent pas en km selon le colonel Kadhafi. “Je voudrais vous confirmer que je suis chez moi au Burkina Faso et là-bas en Libye, vous êtes chez vous. Cette tournée n'a permis de connaître les réalités africaines. La jeunesse du Sénégal, du Mali et du Ghana m'ont exprimé des nouvelles importantes. Je découvre en effet une nouvelle jeunesse africaine révolutionnaire". Ces jeunesses m'ont exprimé leur disponibilité au combat affirme le leader libyen. "Les réactionnaires oeuvrent contre la jeunesse africaine, mais nous triompherons parce que nous exprimons les aspirations profondes de cette jeunesse. Les réactionnaires coulerons l'un après l'autre”.
1986 sera l'année de l'escalade contre le régime raciste de Prétoria a révélé le chef de la Révolution libyenne. Dans cette confrontation, il compte sur la jeunesse africaine pour l'assaut contre l'apartheid. Ce sera un tribut, poursuivra-t-il, aux pays africains que de soutenir les Etats de la Ligne de front. Il n'y a de rencontre entre les racistes et l'Afrique progressiste que sur le champ de bataille et nous devons faire face et sanctionner les Européens qui soutiennent l'odieux système sud-africain, devait-il préciser avant d'indiquer que les sionistes collaborent avec le régime de l'apartheid dans le domaine du nucléaire. L'Afrique ne peut pas se développer dans ses conditions car cela est un poignard empoisonné dans le dos du continent qu'il faut arracher. Plus il y aura la collusion entre le racisme et le sionnisme, plus il y aura le soutien entre les arabes et l'Afrique pour l'abolition définitive de l'apartheid, souligne avec force le colonel Kadhafi.
LES FINANCES : COMPLEMENT POUR L'EXPLOITATION DES RESSOURCES MINIERES
Abordant les relations entre son pays et l'Afrique, Kadhafi affirme que le continent n'est pas pauvre. Cependant, insiste-t-il, les richesses de l'Afrique doivent revenir aux Africains. La Libye a les finances et le Burkina Faso possède la matière première ; des richesses minières. C'est pourquoi, estime le leader de la Révolution du 1er septembre, la Libye avance l'idée d'une banque commune dans le but de l'autosuffisance et l'indépendance totale de l'Afrique. "Le climat est favorable et nous permettra de réaliser beaucoup de choses, car nous combattons sur plusieurs fronts Le colonel Kadhafi, en appréciation du grand combat que mène le camarade Thomas Sankara au service de la révolution de notre peuple et son action en faveur de la liberté de l'Afrique et son progrès, a décoré le président du CNR et du Faso de la médaille du Grand Fatah. Une animation remarquable des troupes Koulédafourou et de la Maison des jeunes et de la culture ainsi que les Petits chanteurs au poing levé ont mis fin à cette importante cérémonie.
KADHAFI A LA DECOUVERTE DE PÔ
Au lendemain de sa décoration, notre hôte a tenu à se rendre à Pô dans la province du Nahouri afin de découvrir le bastion incandescent d'où est partie la Révolution du 4 août 1983. Auparavant, il a pu visiter la cité An II située dans le secteur 6, ex-quartier Ipelcé. Les camarades Kadhafi et Sankara ont été accueillis à l'entrée de la ville de Pô par les camarades Blaise Compaoré et Aïcha Traoré, respectivement ministre d'Etat délégué à la présidence, ministre de la Justice et haut commissaire de la province du Nahouri qu'entouraient trois autres ministres du gouvernement révolutionnaire. Après 500 mètres de marche pour répondre aux ovations de la grande foule mobilisée pour la circonstance, le cortège s'est aussitôt ébranlé à la place du futur aéroport Al Gourdabia à environ trois km de la ville. Le nom de cet aérodrome signifie, dira le représentant des pionniers du Nahouri un lieu dans le désert libyen ou le vaillant peuple frère de la Libye a livre une bataille contre les colonisateurs italiens en 1915. L'armée impérialiste de Grazziani a été battue et dispersé dans le désert. L'aéroport de Syrte a été édifié à cet endroit juste à côté du village natal du président Kadhafi. Autant ce nom symbolise la lutte du peuple libyen, dira-t-il, autant il symbolisera l'aéroport de Pô. Long de 3 km et large de 45 mètres, l'enveloppe financière est estimée à 58 millions de francs du budget national. La durée des travaux après le démarrage est de six mois maximum. De l'aéroport, le convoi s'est ensuite rendu à l'Académie militaire Georges Namoano. Le lieutenant Mamadou Pingrenoma Zagré, commandant de l'Académie a souhaité la bienvenue au camarade colonel Kadhafi avant de lui retracer brièvement la vie de l'école créée le 10 octobre 1984 par le CNR sous le nom Académie militaire de Pô. C'est en effet le 23 août dernier qu'elle a pris l'appelation “Académie militaire Georges Namoano” par Kiti présidentiel en hommage au regretté et illustre camarade Georges Namoano héroïque combattant de la Révolution démocratique et populaire (RDP) mort tragiquement le 22 août 1985. L'école dont la première promotion est sortie le 12 octobre dernier a pour mission de former et de perfectionner des cadres militaires révolutionnaires. Les portes de l'Académie sont ouvertes aux autres pays frères et amis. C'est ainsi que deux camarades élèves-officiers ghanéens sont en formation avec les Burkinabè. Le camarade Zagré a exprimé le vœu sincère de ses camarades de voir se renforcer et se développer des échanges fraternels avec leurs frères de la célèbre Académie militaire de Tripoli, pour qu'ensemble, ils mènent victorieusement la lutte commune antiimpérialiste.
Dans sa brève intervention, le leader libyen s'est réjouit de se trouver à Pô, avant d'apposer sa signature dans le livre d'or où il a écrit ceci : “la utile de Pô est la ville dans laquelle est partie la résistance de la révolution au Burkina Faso. La ville de Pô, visage de la liberté est un symbole. Je souhaite que de là sortent des combattants capables de poursuivre la lutte révolutionnaire”. Avant le départ pour Ouagadougou, un rafraîchissement a eu lieu au foyer “Commando Woro” au cours duquel la camarade Aïcha Traoré, haut commissaire de la province est intervenue pour exprimer au nom des militants, la grande joie que ceux-ci ont ressentie dès l'annonce de la venue du leader libyen dans le Nahouri. D'innombrables acquis ont été enregistrés depuis l'avènement de la RDP dont le Nahouri porte les entrailles en s'enorgueillissant de voir conférer son nom à la plus haute distinction dont seuls les hommes valeureux et militants peuvent être bénéficiaires, a-t-elle reconnu. Celle-ci a remis au colonel Kadhafi un magnifique ensemble traditionnel du Nahouri en souvenir de sa visite, courte mais mémorable pour les patriotes sincères. De retour de Pô, notre hôte a tenu un important meeting au stade du 4 août.
Oumar OUEDRAOGO