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Hadj 96 : réactions et propositions concrètes
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- Title
- Hadj 96 : réactions et propositions concrètes
- Creator
- Issouf Zabsonré
- Publisher
- Sidwaya
- Date
- May 15, 1996
- Abstract
- En attendant l'heure du bilan global de l'organisation du Hadj 96 par la commission nationale mise en place à cet effet, nous avons approché le chef de mission, l'ambassadeur du Burkina à Riyahd et quelques responsables religieux, habitués du pèlerinage, pour recueillir leurs avis. Dans l'ensemble, tous reconnaissent le succès de l'organisation. Mieux, certains ont formulé des propositions et suggéré des innovations pour la prochaine édition.
- Subject
- Ittihad Islami
- Hadj
- Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques
- Communauté Musulmane du Burkina Faso
- Commission Nationale d'Organisation du Pèlerinage à La Mecque
- Mouvement Sunnite du Burkina Faso
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0002964
- content
-
En attendant l'heure du bilan global de l'organisation du Hadj 96 par la commission nationale mise en place à cet effet, nous avons approché le chef de mission, l'ambassadeur du Burkina à Riyahd et quelques responsables religieux, habitués du pèlerinage, pour recueillir leurs avis. Dans l'ensemble, tous reconnaissent le succès de l'organisation. Mieux, certains ont formulé des propositions et suggéré des innovations pour la prochaine édition.
Mme Hadja Mariam Nikièma (coordonatrice et chef de mission). Nous pouvons dire que ce pèlerinage s'est très bien déroulé dans la mesure où les objectifs sont atteints ; à savoir que nous avons visité tous les Lieux Saints et accompli tous les rites obligatoires du Hadj. A commencer par Médine (qui abrite la tombe du Prophète) où il faut accomplir quarante prières à raison de cinq prières quotidiennes pendant huit jours. Ensuite, l'étape de la Mecque, la dure épreuve où on prend l'engagement de faire le Hadj en commençant par les sept tours de la Kaaba et la marche sur les monticules de Safa et Marwa. Enfin les dernières étapes à savoir Mina et Arafa qui sont les plus pénibles. Dans l'ensemble, les rites se sont bien passés grâce à la présence d'encadreurs qui donnaient des explications nécessaires. Il y a eu beaucoup de difficultés mais bon nombre ont été surmontées. Les pèlerins ignoraient l'usage des toilettes : il v avait de l'indiscipline quand il s'agissait de monter dans les cars, alors que les 3/4 de nos pèlerins étaient des vieillards. C'est très difficile mais nous allons essayer d'instituer des visites médicales Obligatoires. L'organisation générale a été bien accueillie par le ministère saoudien du pèlerinage et c'est à ce titre que le Burkina Faso et la Gambie sont les deux pays africains seulement qui ont reçu les félicitations et des cadeaux (morceau de tissu qui couvre la Kaaba et un Coran).
Son Excellence Omar Diawara (ambassadeur du Burkina en Arabie Saoudite) :
Ma première impression est extrêmement positive pour plusieurs raisons : grâce à la commission nationale d'organisation, le pèlerinage dans sa formule de cette année a permis à un grand nombre de candidats d'accomplir son Hadj ; contrairement à ce qui s'est passé dans d'autres pays, nos pèlerins ont pu venir malgré l'interdiction qui frappait certains pays. De ce point de vue, nous pouvons dire qu'il a été bénéfique d'avoir institué la commission nationale. En ce qui concerne l'accueil, le transport et l'hébergement des pèlerins, nous pouvons dire que ça été très bien cette année. J'ai une petite expérience du pèlerinage et jamais on a vu un tel degré de satisfaction.
D'abord l'accueil ; pour la première fois, nos pèlerins n'ont pas passé deux à trois nuits à l'aéroport de Djeddah avant d'aller à Médine. Une fois à Medine, les logements étaient déjà prêts. Aucun pèlerin burkinabè n'a dormi dans la mosquée, ni dans la rue, encore moins à la belle étoile. Il en est de même à la Mecque où ils étaient correctement logés dans un immeuble à neuf étages. Son coût est de 750 riyals par pèlerin et par jour ; un prix raisonnable. Le logement à Médine était de 200 riyals par pèlerin également, alors que les autres nationalités (ivoiriennes et sénégalaises) payaient pratiquement le double. Cette année donc même si le début a été difficile, il est néanmoins promoteur puisque nous sommes sur la bonne voie, à savoir être en conformité avec les lois de l'Arabie Saoudite. Le Burkina en tant que Etat responsable ne peut se soustraire aux règlements d'un autre Etat.
Dr El Hadj Alassane Siko (chef de l'équipe médicale) : Nous avons enregistré beaucoup de cas de maladies mais il s'agit essentiellement des maladies du 3e âge ou de la vieillesse et des maladies liées à la fatigue. Dieu merci, tout se passe bien puisque les malades hospitalisés ont recouvré leur santé. Les problèmes concernent les personnes du 3e âge, et nous souhaitons que prochainement, des visites médicales préalables au Hadj soient faites afin que les malades chroniques puissent être retenus à Ouaga. Nous souhaitons également que l'équipe médicale soit étoffée à trois médecins et une douzaine d'infirmiers.
Enfin, notre dernier problème est le manque de local pour les consultations. En moyenne, nous consultons environ 80 personnes par jour alors que notre trousseau était destiné à donner les premiers soins seulement. Heureusement tous nos malades hospitalisés à Mina ont reçu des soins gratuits par les Saoudiens ; mais le suivi post hospitalisation est à la charge du patient. Durant tout le séjour, nous avons malheureusement déploré quatre décès : un décès par accident de circulation, un deuxième par vieillesse, le troisième cas est intervenu sur le chemin du retour par vieillesse également et le quatrième par méningite.
El Hadj Abdoulaye Doukouré (délégué de Ithihad Islami).
Pour cette première organisation du Hadj par le gouvernement, il faut reconnaître qu'elle a été un succès. Même s'il y a quelques insuffisances, cela est normal parce qu'aucune œuvre humaine n'est jamais parfaite. Nous sommes vraiment contents du fait que le gouvernement se soit impliqué dans l'organisation. Cette année, il y a eu un record de participation de pèlerins ; ensuite, les logements à Medine et à la Mecque ont été impécables ; seulement le quartier dans lequel sont logés nos pèlerins n'est pas bon parce qu'il n'y existe pas de restaurants africains. Ensuite le nombre des délégués encadreurs est pléthorique et il faudra le réduire. Le travail d'encadreur est important et n'importe qui ne peut le faire.
Mme Hadja Mariam Nacoulma (déléguée du CERFI) :
Dans l'ensemble tout s'est bien déroulé même s'il y a eu quelques imperfections de part et d'autres. C'est la première expérience et je pense que tout ne peut pas aller comme sur des roulettes. Néanmoins, l'équipe d'encadrement a fait le mieux pour satisfaire les pèlerins sur les plans de l'hygiène, de la santé, des relations humaines. L'équipe médicale a beaucoup souffert parce que les pèlerins ne veulent pas payer leurs ordonnances. Il y a un problème organisationnel parce qu'on a permis aux vendeurs ambulants d'entrer dans les chambres et de perturber le repos des pèlerins. C'était comme une foire et la sécurité n'était pas garantie. Et comme propositions concrètes, il faudra que chaque candidat au Hadj dispose d'un certificat d'aptitude médical ; ensuite, il faut une éducation sanitaire des pèlerins ; enfin assurer la sécurité des gens sur les lieux saints afin qu'une personne étrangère n'ait accès aux chambres.
El Hadj R.W. Sawadogo dit Donky (Représentant des associations islamiques au sein de la commission).
Depuis Djeddah en passant par Médine jusqu'à la Mecque, je pense que nous avons fait un bon pèlerinage. Il n'y a pas eu d'incidents qui puissent troubler ce pèlerinage.
Pour un début, il y a certainement eu des insuffisances au niveau de l'état de compréhension des pèlerins et des membres de la commission. Mais ce que l'on peut dire de positif, c'est qu'au niveau du logement, nous avons été bien hébergés. Nous avons été aussi bien sécurisés au niveau des bagages et de la gestion des personnels. Enfin l'équipe . médicale a déployé tous les efforts pour assurer la santé des pèlerins. Comme aspects négatifs, nous avons déploré un nombre pléthorique d'agents de l'Etat ensuite, pour une toute première expérience, il eût été souhaitable que le président do la commission nationale soit venu pour voir lui-même les choses. C'était notre souhait en allant à Mina de voir nous rejoindre les ministres Yéro Boly ou Ablassé Ouédraogo pour couronner le succès de la commission. Pour l'année prochaine nous souhaitons que l'un des deux fasse le déplacement afin de crédibiliser davantage le travail de la commission. Nous remercions l'Etat burkinabè, à travers lui, le président du Faso pour cette parfaite organisation du Hadj. Nous avons prié Dieu pour demander la paix, la pluie et la concorde au Burkina Faso.
El Hadj Amado Ouédraogo (délégué du mouvement sunnite). De notre côté, nous pensons que ce pèlerinage a été bien organisé même s'il y a eu des imperfections. Nous souhaitons que cette organisation puisse s'améliorer davantage si elle continue sur Ie droit chemin. Comme propositions nous suggérons que l'année prochaine, le logement soit situé à côté de la grande Mosquée et que les préparatifs démarrent plus tôt pour permettre une meilleure organisation.
El Hadj Mahama Sanou (délégué de la communauté musulmane de Bobo) : J'ai constaté beaucoup d'innovations et de différences entre le pèlerinage de cette année et celui des années passées. Dieu Merci, c'est la première fois que l'Etat prend en charge l'organisation du pèlerinage. Au départ, au sein de la communauté musulmane nous avions eu des craintes par rapport à cette organisation ; mais c'est le contraire dès notre arrivée ici, nous avons regretté que ; l'Etat ne se soit intéressé à l'organisation que très tard. J'ai eu à faire plusieurs fois le pèlerinage mais c'est la première fois que je constate que l'organisation est parfaite malgré quelques aspects négatifs. Pour moi la réussite s'évalue à au moins 90 % ; concernant le logement c'est la première fois que les pèlerins burkinabè (Ouga et Bobo) sont hébergés dans un même bâtiment ; cela facilite le travail des encadreurs et de l'équipe médicale. Le logement de cette année-là est pour nous un grand luxe parce que les années précédentes, il n'y avait pas d'eau de toilettes et même de WC dans certains lieux d'hébergement. Mais pour la prochaine édition souhaite que la commission nationale fasse tout pour que le travail s'exécute en équipe une fois à la Mecque. Je souhaite que les étudiants burkinabè à Médine et la Mecque soient officiellement associés à cette organisation.
Propos recueillis à
la Mecque par
El Hadj Issouf ZABSONRE
Envoyé spécial